Machete, de Robert Rodriguez et Ethan Maniquis (Etats-Unis, 2010)

 

Note :

 

La conception même de « Machete » tiendrait presque de la blague potache : devant l’enthousiasme suscité par la fausse bande annonce réalisée en pré-programme de son précédent film, « Planète terreur », Robert Rodriguez a
carrément décidé de transformer celle-ci en long métrage… Ca aurait pu être casse-gueule, n’empêche que l’on s’amuse comme un petit fou devant cette pelloche quelque part entre l’absurde excessif
et le vintage façon « Grindhouse ». Une vraie petite pépite pour les amateurs de cinéma d’exploitation, auquel Rodriguez et Maniquis rendent un hommage parodique et ludique !

« Culte ! » est le premier mot qui peut venir à l’esprit pour qualifier « Machete », long métrage au style « pourri » volontaire et méticuleusement soigné, et aux images souvent complètement «
horrigolotes », mixant allègrement gore et humour dans des effets joyeusement sanglants ! Toute la « subtilité » du film (si l’on puit dire) vient justement de ce dérapage toujours contrôlé qui
illumine les plans… Les réalisateurs n’hésitent jamais à en rajouter dans le débile ou le lourdaud, mais toujours avec une vraie jouissance cinéphagesque ! On peut ainsi délirer sur un tas de
scènes incroyables dans ce « Machete » galvanisant : rien que la scène d’ouverture, dans laquelle le héros découpe à la machette tout ce qu’il peut, nous plonge dans des dérives gores
chorégraphiques magistrales ! Un peu plus loin, on découvre une fille nue qui range son portable dans sa chatte (!), d’autres filles nues, un prêtre qui manie mieux les armes qu’il ne respecte le
secret de la confession, encore des filles nues, une vendeuse de tacos qui se reconvertit parfois dans la guérilla pour aider les clandestins mexicains à s’incruster aux Etats-Unis… (elle est
surnommée « Shé », comme une Guevara au féminin !) Dans une autre scène mythique (mais il y en aura beaucoup d’autres, n’ayez crainte !), Machete voudra vérifier la longueur des intestins humains
dont on vient de lui parler, en s’agrippant à ceux d’un méchant pour sauter par une fenêtre… "Tripant", dans tous les sens du terme ! Mais aussi drôle et dégueu, comme se revendique d’ailleurs ce
film en forme de pur « plaisir coupable » !

Sans temps morts, « Machete » fait vibrer nos pupilles de cinéphiles déviants comme jamais et multiplie les trouvailles ébouriffantes ! On a même droit à des « guest » grandioses, comme Robert De
Niro et Steven Seagal en vrai méchants puants… Evoquons enfin le contexte socio-politique du film, tellement manichéen qu’il en devient efficace et extrêmement lumineux, clair comme un immigré
basané peut être gentil et serviable tant qu’on le fait pas chier ou que des connards de conservateurs nationalistes ne viennent pas faire leur chasse à courre aux frontières de leur pays, tirant
sadiquement sur les mexicains irréguliers, femmes enceintes incluses ! On ne peut pas dire que ce soit très recherché, mais le message « socialiste » a le mérite d’être présent… On n’est pas non
plus au niveau de grandeur de « Planète terreur »,
mais on attend quand même impatiemment les suites promises à la fin du film !

 

Mise en perspective :

- Planète terreur : un film Grindhouse, de Robert
Rodriguez (Etats-Unis, 2007)