mercredi 13 janvier 2010

Just another love story, d’Ole Bornedal (Danemark, 2010)

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Note :
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Encore une fois, les pays nordiques n'ont pas fini de nous surprendre avec leur cinéma ! Dans cette petite merveille danoise, Ole Bornedal se permet toutes les audaces formelles... Mais commençons
plutôt par le récit ! Laissons de côté, d'abord, ce titre anglais parfaitement idiot qui nous fait dériver du côté d'une adaptation d'un roman de Marc Levy. A lire le synopsis du film, d'ailleurs,
on pourrait y croire : témoin d'un accident de voiture dans lequel il est lui-même impliqué, un homme va s'inquiéter du sort d'une jeune femme plongée dans le coma. Il se fait passer pour son petit
ami pour lui rendre visite à l'hôpital et il va tomber amoureux d'elle... Mais l'illusion de romance à l'eau de rose s'arrête à ces quelques apparences, car cet homme est déjà marié avec enfants et
on apprendra plus tard que quelqu'un a mis enceinte la femme alors qu'elle « comatait » et que son ancien petit ami était un trafiquant un brin psychopathe, qui ne va bien sûr pas tarder à entrer
en scène ! On se retrouve du coup dans un mélange de styles et de genres qui auraient pu déstabiliser et qui au final s'avère payant et très excitant : tantôt mélodrame romantique, tantôt film noir
poisseux, entre thriller psychologique et drame de la vie conjugale, le film n'en est pas moins ponctué d'un humour bien particulier, qui arrive parfois au moment que l'on attend le moins, ce qui
n'est quand même pas rien...

Côté mise en scène, c'est l'extase ! Le cinéaste, à qui l'on devait déjà le très bon "Veilleur de nuit" (il y a déjà plus d’une décennie), multiplie les ruptures et les superpositions d'images, les
cuts impromptus et les fulgurances de montage. Il tente des expérimentations diverses, procède à un travail très intéressant sur le son et signe de la sorte un film multiple, éclaté, véritable
synthèse d'influences nombreuses et a priori incompatibles : de Bergman à Lars Von Trier, en passant par une atmosphère moite et glauque à la "Millennium", adaptation de la série de romans de Stieg
Larsson. Le plus étonnant, c'est que ça fonctionne et que l'on se retrouve littéralement subjugué par une telle débauche d'inventivité. Le film atteint une sorte de paroxysme dans une scène
bluffante, construite comme une sorte de gageure : il s'agit de la sortie de l'hôpital de la fille (ex-comateuse, donc), pour qui une nouvelle vie commence avec son nouvel ami usurpant l'identité
de l'ancien, scène qui est montée en parallèle avec la rupture de celui-ci avec sa femme. Le tout se déroule dans une sorte de délire musical sur « Les quatre saisons » de Vivaldi, la musique ou
même simplement le volume sonore composant le rythme même de l’action. Entre comédie et tragédie musicale, cette alternance entre l’espoir d’un bonheur et une scène de ménage violente marquant la
fin d’un autre désormais révolu fait exploser à l’écran une séquence en forme de chant du cygne, une apothéose, ou plus modestement un vrai moment de bravoure filmique, qui fait rudement plaisir à
voir et qui confirme finalement un grand cinéaste ! L’une des scènes finales, où la jeune femme tue son ancien ami psychopathe à grands coups de pierre et de latte cloutée dans la gueule, qui dure
à en devenir presque insoutenable, ne suggère ainsi pas simplement une attirance morbide pour une violence crue et nue, mais représente plus précisément un geste artistique fort, une façon
provocante de se faire remarquer pour un auteur hélas encore trop ignoré. Faut-il y voir encore comme un appel au secours et une demande de réhabilitation tout à fait légitime d’Ole Bornedal au
panthéon des réalisateurs contemporains ?






























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2 commentaires:

  1. Moi qui adore le cinéma danois, je crois que je vais essayer de voir ce film...

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  2. il ne faut avoir aucune hésitation, ça vaut le coup !

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