lundi 28 février 2011

[Critique DVD] Harpoon, de Julius Kemp


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Harpoon, de Julius Kemp (Islande, 2009)



Sortie DVD le 1er mars 2011 chez ICO Video



Note :
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Ce serait mentir que de qualifier « Harpoon » de grand film d’horreur. Entre un scénario « bateau » (tiens, l’histoire se passe justement sur un bateau… ha ha !), une mise en scène sans véritable
originalité et un rythme assez bancal, le film accumule assez vite toute une série de maladresses… Pourtant, il n’en demeure pas moins tout à fait regardable et propose au fil de l’eau (ça se
passe en mer, vous l’aviez sans doute compris !) toute une série d’idées assez originales et surprenantes, qui font progressivement oublier au spectateur ses aspects un peu plus « honteux ».

« Harpoon », de son vrai titre à rallonge digne des série B les plus prometteuses « Reykjavik Whale Watching Massacre », évoque le massacre au large des côtes islandaises d’un groupe de touristes
parti observer les baleines par une famille de pêcheurs dégénérés… Mais les tueurs ne sont pas les seuls personnages ignobles et débiles de l’histoire, puisque les touristes eux aussi participent
au portrait d’une humanité immonde, en proie sans cesse à leurs pires instincts primaires, les poussant à des bassesses inqualifiables ! Avec une telle galerie de caractères, Julius Kemp dresse
le portrait d’une humanité perfide et sans âme, égoïste et méchante, vénale et désespérément perdue… Le seul personnage un peu héroïque du lot, prêt à aider son prochain, s’avère être un
homosexuel noir, que les autres pourtant rejettent, détail intéressant à signaler. Surtout que l’une des dernières séquences nous rappellera combien les apparences, à savoir la couleur de peau,
peuvent être fatales pour les hommes, condamnés alors à être maltraités même s’ils se sont conduits en héros !

Si l’histoire s’éparpille étrangement, dénotant quelques incohérences et un manque de rigueur à l’écriture du scénario, les effets gore viennent combler assez joyeusement certains vides laissés
par l’intrigue. Le cinéaste privilégie finalement une certaine forme d’atmosphère, évocation sombre d’un univers crasse et profondément glauque, offrant dans une outrance parfaitement assumée des
effets spéciaux une certaine forme d’ironie et de jouissance horrifique ! Marteau planté en plein crâne, nageur harponné en plein effort pour fuir, têtes tranchées ou explosées, giclées de sang à
foison… Sans oublier une apparition de baleine (en réalité un orque) assez amusante, semblant nous rappeler que la nature aussi sait se faire cruelle, à moins qu’elle ne cherche tout simplement à
se venger de l’homme, cette espèce atroce et nocive pour l’environnement…

Sans être un chef d’œuvre, « Harpoon » sait pourtant « harponner » son spectateur avec une certaine vigueur, lui servant des moments de tension comme il aime, mais le déroutant aussi à de
nombreuses reprises, quitte à le perdre parfois, en sachant pourtant toujours le divertir…































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dimanche 27 février 2011

[Critique] Chromosome 3, de David Cronenberg


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"Le jour du saigneur", c'est chaque semaine la critique d'un film d'horreur bien gore, bien
saignant ou bien barré sur la Cinémathèque de Phil Siné...




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Chromosome 3, de David Cronenberg (Canada, 1979)



Note :
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« Chromosome 3 », un des premiers films de Cronenberg, a, admet-on le d’emblée, un titre français assez incompréhensible, si ce n’est ridicule. « The brood » (qu’on peut traduire par « la
progéniture »), son titre original, est bien plus caractéristique, surtout lorsque l’on connaît un peu mieux le sujet du film… Un docteur expérimente une nouvelle technique de psychothérapie sur
une femme, qui en affrontant les démons de son passé engendre des petits enfants monstres qui s’en vont régler leurs comptes à ceux qui lui ont causé tous ses désordres psychologiques : à savoir
son papa qui la battait, sa maman qui laissait faire, et bien sûr la nouvelle amie de son mari, qui s’est interposée entre eux…

Le plus génial des cinéastes canadiens sait parfaitement ménager le suspense et faire monter la tension crescendo, jusqu’à une révélation finale des plus déconcertantes et dégoûtantes… Car dès
ses premières œuvres, il parvient à imposer son style et ses obsessions caractéristiques, à base de chairs mutantes et de défaillances psychologiques aux limites du malsain… En s’attaquant ici à
la cellule familiale, qu’il fait exploser par sa représentation abominable des rapports parents / enfants, il va au bout de ses fantasmes ! A travers les petits êtres aux allures d’enfants qu’il
dote d’une bestialité féroce et sanguinaire, il personnifie le besoin de vengeance de chacun à l’égard de ses propres géniteurs : ils doivent payer tout le mal qu’ils ont fait en nous mettant au
monde ! Entre psychanalyse et désordre biologique, le film conserve toujours la froideur et la sécheresse propre au cinéma de Cronenberg : une mise en scène précise et concise au service d’une
histoire glaçante. On retient l’une des scènes finales, quand le mari est saisi d’effroi à la vue de sa femme dotée d’un utérus externe, duquel elle sort un petit fœtus ensanglanté qu’elle se met
à lécher… On est bien dans le cinéma primitif du réalisateur, capable des pires représentations perverses et dégénératives. Puissant, malgré son petit côté vieilli...



 



Mise en perspective :



- L'intégrale Cronenberg chez Cachou



- Scanners, de David Cronenberg (Canada, 1981)































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samedi 26 février 2011

[Critique] True Grit, d’Ethan et Joel Coen



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True Grit, d’Ethan et Joel Coen (Etats-Unis, 2010)



Sortie le 23 février 2011



Note :
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Pour venger la mort de son père, la jeune et déterminée Mattie Ross, 14 ans, part à dos de poney à la chasse à l’homme avec deux justiciers de l’Ouest sauvage… Vengeance, justice, primes, colts,
chevaux, grandes plaines désertiques en panoramique : avec « True Grit », les frères Coen remettent au goût du jour le western d’antan, en respectant scrupuleusement sa mythologie tout en lui
insufflant une nouvelle vie ! Tout a l’air trop parfait ici pour être vrai : entre des décors ou des accessoires hyper léchés ou un passage dans une rivière profonde qui ne mouille pas, on se dit
tout de même que l’on est dans une relecture merveilleuse de la légende de l’Ouest, à mille lieues de tout réalisme… Les cinéastes crient finalement leur admiration pour le genre, tout en lui
appliquant une subtile ironie.

Mais à part des dialogues et des accents uniques en leur genre ou des scènes de comédie aux portes de l’absurde (quand Jeff Bridges et Matt Damon jouent à qui tirera le mieux sur des objets en
plein vol, on se marre quand même bien !), on ne reconnaît pas forcément ici la « patte » des deux réalisateurs plus que ça… Ils semblent rechercher au contraire à livrer un hommage au western
assez fidèle à ses origines, sans le surcharger d’une mise en distance qui apporterait un peu de trouble ou de décalage sur le film, comme ils en ont pourtant l’habitude… Du coup, « True Grit »
devient peut-être le film le moins estampillé « Coen » des deux frères, tout en demeurant cependant d’excellente facture, notamment à l’aide de sa mise en scène précise et brillante et d’une
photographie renversante !

Du mythe, donc, beaucoup de mythe, mais aussi de l’humour et une bonne dose d’humanité, qui naît essentiellement du beau trio de personnages formé par les deux grands acteurs américains cités
précédemment et une fillette incroyable, Hailee Steinfeld, que l’on s’amuse véritablement de voir tenir tête à tous ces mâles un peu trop virils et sûr d’eux qui l’entourent… Elle est d’ailleurs
la clé de ce beau film, qui l’ouvre avec vigueur et le referme avec une sécheresse surprenante. Dans un épilogue mémorable, on retrouve en effet le personnage de longues années plus tard, devenu
une dame un peu flétrie et rêche, qui a derrière elle une existence très solitaire mais n’en éprouve pourtant aucune amertume… Il y a là une forme d’acceptation un peu triste de la vie dans sa
cruauté et sa noirceur, tout en en demeurant absolument détaché. Comme si les carnages sanguinaires auxquels la jeune Mattie avaient assisté l’avaient aussi privé des émotions que l’on ressent
tout au long de l’existence, qu’elles soient heureuses ou malheureuses…



 



Mise en perspective :



- A serious man, de Joel et Ethan Coen (Etats-Unis, 2010)































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vendredi 25 février 2011

[Jeu] La Star mystère # 5


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Réponse : Naomi Watts



Trouvé par Cachou



Jouez et gagnez plein de cadeaux avec Phil Siné : guettez la publication des jeux sur le blog, soyez le premier à donner la bonne réponse en commentaire et accumulez un maximum
de points afin de choisir le lot que vous convoitez parmi la liste mentionnée un peu plus bas…

Règle de la « Star mystère » : Devinez quelle personnalité du cinéma se cache sur l’image ci-dessus et gagnez un point si vous parvenez à être le premier à donner la bonne
réponse en commentaire !

A partir de 3 points cumulés, vous pourrez choisir un cadeau parmi les suivants :
- 1 badge collector « I [love] Phil Siné » (3 points)
- 1 badge collector « I [star] Phil Siné » (3 points)
- 1 lot des 2 badges collector (4 points)
- DVD « The calling » de Richard Caesar (5 points)
- DVD « L’étrange créature du lac noir » de Jack Arnold
(accompagné du documentaire "Retour sur le lac noir") (5 points)
- DVD « Flandres » de Bruno Dumont (dans une superbe édition collector digipack
double-DVD, débordante de bonus passionnants !) (5 points)
- DVD  "Karaté Dog", de Bob Clark (5 points)
- DVD "Ally McBeal" (les 4 premiers épisodes de la saison 1) (5 points)
- DVD « Tropical Malady », d’Apichatpong Weerasethakul (5
points)
- 1 TV écran plasma 100 cm (1000 points)
- 1 voyage pour 2 personnes à Hollywood (1300 points)



Scores actuels :
Romainst : 5 points
Docratix : 2 points
Violaine : 2 points
Bruce Kraft : 1 point
Foxart : 1 point
Titoune : 1 point



 



Bonne chance à toutes et à tous !































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[Sortie] 127 heures, de Danny Boyle



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127 heures, de Danny Boyle (Grande-Bretagne, Etats-Unis, 2010)



Sortie le 23 février 2011



Note :
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Retrouvez l'avis de Phil Siné sur "127 heures" en cliquant ici































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jeudi 24 février 2011

[Critique] Les femmes du 6e étage, de Philippe Le Guay



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Les femmes du 6e étage, de Philippe Le Guay (France, 2010)



Sortie le 16 février 2011



Note :
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Dans les années 60, Jean-Louis Joubert est un riche bourgeois qui travaille dans les placements financiers, lit le « Figaro » et mène une vie de famille étriquée et conventionnelle, où le moindre
sentiment doit s’effacer derrière les conventions… Lors du départ avec fracas de l’ancienne bonne, sa femme engage une immigrée espagnole qui va le sensibiliser à la cause de ces pauvres femmes
exploitées ayant dû fuir leur pays tyrannisé et qui habitent juste au-dessus de sa tête : au sixième étage de son immeuble… Il faut dire aussi que la jeune et belle Maria possède les charmes
suffisants pour obtenir de lui ce qu’elle veut !

« Les femmes du 6e étage » est une comédie à tendance sociale qui n’exploite malheureusement pas assez sa dimension de fable politique pour tendre au militantisme. C’est dommage, d’autant plus
que le discours sur les mœurs ou l’immigration est globalement pétri de clichés et de caricatures : les espagnoles expansives et toujours heureuses, les bourgeois coincés et tristes à mourir…
Tout cela reste finalement très illustratif et ne provoquera certainement pas la moindre gêne chez les nostalgiques du gaullisme ou de l’esclavagisme.

Malgré une mise en scène parfois approximative ou maladroite, le ton de comédie reste quant à lui assez réjouissant, les gags revenant constamment rétablir la balance par rapport à certaines
situations souvent dramatiques… Les acteurs sont tous (et toutes, lors des moments passés au 6e !) délicieux, à commencer par Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain, épatants en caricatures de
bourgeois dignes de la comédie de boulevard ! On regrettera peut-être une fin inutilement romantique, mais cet écart reste tout à fait pardonnable à la comédie enlevée et divertissante que nous
sert ici Philippe Le Guay…



 



Mise en perspective :



- Le nom des gens, de Michel Leclerc (France, 2010)



- Les invités de mon père, d’Anne Le Ny (France, 2010)



- La critique du film par Neil































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mercredi 23 février 2011

[Critique] Le voleur de lumière, de Aktan Arym Kubat



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Le voleur de lumière, de Aktan Arym Kubat (Kirghizistan, 2010)



Sortie nationale le 2 mars 2011



Note :
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« Monsieur Lumière » est un étonnant petit personnage, toujours gai et optimiste, qui apporte l’électricité aux habitants de son petit village Kirghize, quitte à traficoter un peu les compteurs
de ceux qui n’en ont pas les moyens… Avec une générosité savoureuse, il incarne un peu l’espoir au milieu de la misère d’un pays qui a souffert d’une histoire pas toujours très rose.
Bricolo-éolo, il a même conçu une éolienne, qui ne fonctionne pas encore, mais qu’il aimerait proposer comme prototype pour équiper toute la vallée un peu plus loin et permettre aux gens de la
région d’avoir leur indépendance énergétique… Sauf que la cruauté et la corruption règnent parmi les « gouvernants » qui viennent surveiller et piller la vie de la campagne : ils ne feront qu’une
bouchée des rêves et des idéaux de notre héros local !

« Le voleur de lumière » possède des allures de fable et amène ses personnages et ses saynètes avec une certaine grâce, parfois. Interprété à la fois par des acteurs professionnels et
non-professionnels, le film distille par moments un charme semi-documentaire. Le personnage principal, incarné par le réalisateur lui-même, irradie l’image d’une mystérieuse espièglerie et d’un
troublant bonheur qui apaise et inspire l’indulgence… Si un récit par trop éparpillé et quelques plans superflus pourront agacer le spectateur, il faut impérativement reconnaître un vrai talent
de metteur en scène chez Aktam Arym Kubat : son sens du cadre et son approche de l’image et de la photographie (de nombreuses séquences sont investies d’une superbe lumière !) laissent souvent
exploser à l’écran de remarquables trésors visuels… Si le film se termine abruptement par la mort terrible et violente de son gentil héros, l’histoire demeure pourtant traversée d’un optimisme
revigorant : le dernier plan d’une ampoule qui commence à s’allumer doucement grâce à l’éolienne de « Monsieur Lumière » est d’ailleurs porteur d’une belle promesse pour l’avenir… On sent bien
que le réalisateur souhaite redonner l’espoir à son peuple meurtri !































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mardi 22 février 2011

[Critique] Dirty Dancing, d’Emile Ardolino



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Dirty Dancing, d’Emile Ardolino (Etats-Unis, 1987)



Note :
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Le succès inattendu de « Dirty Dancing » à l’époque de sa sortie relève sans doute proprement du miracle, y’a pas à dire ! Budget riquiqui, acteurs débutants, cinéaste inconnu au bataillon… et
surtout une histoire niaiseuse au possible dans un village de vacances pour familles friquées des années 60, au sein duquel naîtra une passion tumultueuse entre un beau professeur de danse et une
fille à papa encore ingénue. Et pourtant ! Cette bluette pour adolescentes en chaleur a fait le tour du monde et fait mouiller des millions de petites filles (et même parfois de petits garçons
!)

Il faut dire que le soin apporté aux démonstrations de danses est souvent chaud et sensuel, ce qui a forcément de quoi émoustiller les jeunes gens… La bande son est en sus super cool et certaines
chansons sont même devenues mythiques : « (I've had) the time of my life » par exemple, ou encore « She’s like the wind » écrite et interprétée par Patrick Swayze himself ! Patrick Swayze,
justement, revenons-y : il incarne un duo parfait avec sa jeune partenaire Jennifer Grey. D’un couple mal assorti et que tout sépare au début du film, ils vont devenir amoureux fous, notamment
par l’entremise de la danse, « sensualisée » comme jamais dans des séquences de corps à corps cul-cultes ! S’il paraît complètement improbable que l’héroïne puisse apprendre la danse aussi
rapidement (quelques jours d’entraînement acharné suffiront, à suer chaudement avec Patriiiick), le spectacle de son apprentissage demeure néanmoins assez touchant, surtout qu’il est assorti
d’une autre découverte : celle de l’amour… Sans compter que ça donnera au final quelques numéros de danse très jolis et des scènes aussi attachantes que ridicules, comme lorsque les deux
personnages dansent en se regardant amoureusement et en chantant en play back les paroles de la chanson…

Au fond, on jette un regard plutôt compatissant devant ce film so « cul-cute », surtout sans doute si on a déjà croisé sa route au cours de notre adolescence. Qu’on y ait aimé sa représentation
décontractée de la danse ou de l’amour, au fond c’est du pareil au même : le charme avait opéré et on peut alors revoir le film aujourd’hui avec une profonde nostalgie… C’est probablement très
très bête, mais c’est comme ça ! Johnny et Baby : une idylle de vacances qui nous fera rêver « forever », même si c’est ringard de le dire…



 



Mise en perspective :



- L’arnacoeur, de Pascal Chaumeil (France, 2010)































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lundi 21 février 2011

[Critique] Easy Money, de Daniel Espinosa



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Easy Money, de Daniel Espinosa (Suède, 2009)



Sortie nationale le 30 mars 2011



Note :
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Adapté d’un polar à succès de Jens Lapidus, « Easy money » est un film fort et très très noir… On y suit les itinéraires croisés de trois principaux personnages qui évoluent dans le milieu de la
drogue et du crime organisé. Rien de bien novateur dans le fond ou dans la description du milieu, mais une furieuse envie de faire exister à l’écran des personnages absolument passionnants ! JW
est un jeune étudiant en école de commerce, au style de vie modeste, qui va chercher à se faire de l’argent très vite (l’« argent facile » du titre) en s’associant à de dangereux dealers… Jorge
vient de s’évader de prison, mais cherche à gagner une grosse somme d’argent sur un dernier gros coup pour enfin se détacher de toute cette merde… Quant à Mrado, il est chargé d’éliminer Jorge et
va finir par manipuler JW pour arriver à ses fins… Tous les personnages prennent bien sûr la « mauvaise voie » et agissent en dehors des clous et de la loi. Cependant, tous sont confrontés à une
forme de conscience bien à eux, qui semble les obliger à se remettre en cause et à essayer de faire un peu de bien au milieu de tout le mal auquel ils participent pourtant… On assiste alors à de
grands et tortueux dilemme moraux, qui rendent finalement tous ces êtres faillibles, sensibles et attachants, et qui conduiront le film sur les pas d’une sombre et fatale tragédie. Les acteurs
sont tous parfaits, à commencer par le jeune Joel Kinnaman, s’étant déjà fait remarqué en Suède.

La mise en scène de Daniel Espinosa est à l’image de sa narration : très sombre. Mais elle est aussi comme ses personnages : nerveux et torturés ! Maîtrisé de bout en bout, le film nous plonge au
cœur de l’action avec une belle efficacité, aidé par une caméra mobile qui suit les acteurs au plus près, par un montage vif et par des ellipses intelligentes. Les scènes alternent la description
des rapports entre les personnages, souvent tendus, parfois plus humains ou psychologiques, et quelques séquences chocs fichtrement bien fichues ! Les amateurs de polar bien glauque devraient
être comblés par ce film prometteur… Quant aux autres, ils ne pourront que s’incliner devant la maîtrise formelle du cinéaste, appartenant à cette nouvelle vague suédoise que rien ne semble
vouloir arrêter depuis quelques années !































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dimanche 20 février 2011

[Critique] Basket Case 2 (Frères de sang 2), de Frank Henenlotter


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Tous les dimanches, ça va prier, et même supplier, sur le blog de Phil Siné, puisque l'on y célèbre désormais "le jour du saigneur", avec chaque semaine la critique d'un film d'horreur bien gore, bien saignant ou bien
barré...




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Basket Case 2 (Frères de sang 2), de Frank Henenlotter (Etats-Unis, 1990)



Note :
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« Basket case 2 » est la suite directe du premier volet de la
trilogie culte de Frank Henenlotter
: tout commence ici le soir même où les deux frères siamois « séparés » étaient tombés par la fenêtre de l’hôtel où ils logeaient après une violente
dispute… Laissés alors pour morts, il se trouve (fort heureusement pour cette suite !) qu’ils ne l’étaient pas vraiment et qu’une ambulance les emmène du coup à l’hôpital, tous les deux fortement
endommagés tout de même ! L’acteur qui joue Duane (le jumeau à allure humaine, contrairement donc à Belial, le morceau de chair difforme figurant l’autre frère, qui lui est interprété par une
marionnette), Kevin Van Hentenryck, a pris 10 ans depuis le tournage du premier film, mais au fond qu’importe puisque la cohérence n’est pas véritablement le souci majeure dans un film
d’Henenlotter…

On sent que l’amateurisme, qui faisait aussi le charme de l’épisode précédent, a en grande partie disparu, notamment du côté de la mise en scène, laissant alors l’œuvre du cinéaste faire une
belle remontée de la série Z… à la série B ! Henenlotter maîtrise visiblement foutrement bien les codes du cinéma de genre désormais : climat anxiogène, accentuation angoissante de certains sons,
jeux d’ombres portées, bruits mystérieux, gros plans sur des visages hystériques… etc. Et même si « Basket case 2 » se situe toujours du côté du cinéma d’exploitation (ce qui en fait d’ailleurs
aussi tout son intérêt !), on ne peut s’empêcher de ressentir aussi l’influence de grands maîtres du cinéma classique : Hitchcock notamment (une scène hallucinante de meurtre dans un grenier,
entièrement éclairée aux coups de flash d’un appareil photo), mais aussi le Todd Browning de « Freaks » (la vengeance monstrueuse de phénomènes de foires) ou même, pourquoi pas, une part entière
du cinéma expressionniste…

En ce qui concerne l’histoire, on est là aussi incroyablement surpris, le scénario s’aventurant dans tellement de directions différentes et s’éloignant amplement d’une suite trop attendue et
balisée… Après une fuite de l’hôpital sanglante, les « frères de sang » arrivent dans la maison d’une vieille et de sa fille apparemment normale, qui recueillent les êtres « monstrueux » qui ne
trouvent pas leur place dans le monde extérieur… Parallèlement, des journalistes vénaux en quête de scoop vont parvenir à localiser les jumeaux meurtriers en fuite et mettre ainsi en péril
l’avenir de la maison des monstres ! Leur sort s’avèrera bien entendu atroce…

Dans sa description des monstres, le réalisateur s’en donne à cœur joie : tête géante sur courtes pattes, homme à tête de lune, visages difformes, curiosités anatomiques en tout genre… Les
masques grotesques se multiplient à l’écran et donne à l’ensemble un aspect surréaliste assez étonnant, mais surtout une touche absurde et comique très bienvenue. Mais entre une femme enceinte
depuis six ans (dont le futur enfant lui sort du ventre comme un « Jack-in-the-box ») et la copulation immonde et très suggestive de Belial avec une autre « femelle » à son image, entre un humour
hilare et un aspect malsain étrangement fascinant, « Basket case 2 » se présente peut-être avant tout comme un merveilleux ode à la différence !

Car au fond, qui sont véritablement les monstres du film : ceux qui en ont simplement l’allure ou ce charlatan « montreur de monstres », exploiteur de la misère humaine, que Belial punit
abominablement au début du film ? Les monstres de la maison de la vieille dame ou ces charognards de journalistes ? Il y a en outre une once de conte de fées dans le film, que ce soit à travers
cette maison presque enchantée, avec une chambre pleine de jouets et de poupées, un mystérieux grenier où l’on accède par une trappe, ou par tous ces êtres monstrueux qui cachent en réalité
chacun un très beau talent enfoui tout au fond d’eux… Sans compter que tout s’achève dans une merveilleuse et affreuse ambiguïté ! Quand Duane découvre que la fille de la vieille avec qui il est
sur le point de conclure cachait elle aussi une horrible monstruosité, alors même qu’il aspirait à devenir enfin « normal », détaché de l’emprise de Belial, il devient fou. Et quand il s’aperçoit
que son frère, en plein ébat amoureux, se détourne enfin de lui (ce qu’il désirait pourtant plus que tout jusque-là), il décide de ré-assumer pleinement sa nature monstrueuse, dans un geste
désespéré et fou, se saisissant d’une grosse aiguille pour recoudre son frère à sa propre chair… Délirant, immonde, et pourtant génialement sublime ! Henenlotter prouve une fois encore qu’il est
le maître d’un « sub-cinéma » bien allumé et définitivement passionnant…



 



Mise en perspective :



- Basket case (Frères de sang), de Frank Henenlotter (Etats-Unis,
1982)



- Elmer, le remue-méninges, de Frank Henenlotter (Etats-Unis,
1987)































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samedi 19 février 2011

[Critique] Jewish Connection, de Kevin Asch



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Jewish Connection, de Kevin Asch (Etats-Unis, 2010)



Sortie le 16 février 2011



Note :
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Premier long métrage de son réalisateur, « Jewish Connection » est inspiré d’une histoire vraie. Il raconte la façon dont des trafiquants de drogue ont abusé de la crédulité de jeunes juifs
hassidiques très pratiquants pour faire passer des pilules d’ecstasy d’Amsterdam à New York, en leur laissant croire qu’il s’agissait de médicaments pour des personnes riches. D’abord assez naïf
sur les valises qu’on lui fait transporter, le jeune Sam Gold comprend néanmoins assez vite de quoi il retourne exactement. Mais au lieu de se révolter, il finira par s’impliquer plus encore dans
l’organisation, fasciné par l’attrait de l’argent facile, qui lui donne par ailleurs les moyens de s’extraire des carcans familiaux et religieux qui pesaient jusque-là sur lui…

Malgré ses imperfections, le film de Kevin Asch s’avère un bon « produit » dans le paysage du cinéma indépendant américain actuel. Il revendique notamment des liens de parentés avec les prémices
du cinéma de Scorsese (notamment « Mean Streets »), à la fois dans sa mise en scène nerveuse et réaliste, et dans le rendu très naturel du jeu des acteurs, dont les dialogues sonnent toujours
justes… Jesse Eisenberg est parfait dans le rôle de ce jeune juif new-yorkais paumé, partagé entre le respect des lois talmudiques ou familiales et l’illégalité du crime organisé… Son jeu tout en
intériorité rentrée exerce à nouveau un certain pouvoir de fascination, comme ça pouvait déjà être le cas dans « The Social Network ».































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vendredi 18 février 2011

[Jeu] Le Ciné-rébus # 6


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Réponse : Giorgino (chef d'oeuvre de Laurent
Boutonnat)



(Gît - or - jean - eau)



Trouvé par Titoune (qui marque son 1er point !)



Jouez et gagnez plein de cadeaux avec Phil Siné : guettez la publication des jeux sur le blog, soyez le premier à donner la bonne réponse en commentaire et accumulez un maximum
de points afin de choisir le lot que vous convoitez parmi la liste mentionnée un peu plus bas…

Règle du « Ciné-Rébus » : Déchiffrez le titre d’un film dans le rébus ci-dessus et gagnez un point si vous parvenez à être le premier à donner la bonne réponse en commentaire
!

A partir de 3 points cumulés, vous pourrez choisir un cadeau parmi les suivants :
- 1 badge collector « I [love] Phil Siné » (3 points)
- 1 badge collector « I [star] Phil Siné » (3 points)
- 1 lot des 2 badges collector (4 points)
- DVD « The calling » de Richard Caesar (5 points)
- DVD « L’étrange créature du lac noir » de Jack Arnold
(accompagné du documentaire "Retour sur le lac noir") (5 points)
- DVD « Flandres » de Bruno Dumont (dans une superbe édition collector digipack
double-DVD, débordante de bonus passionnants !) (5 points)
- DVD  "Karaté Dog", de Bob Clark (5 points)
- DVD "Ally McBeal" (les 4 premiers épisodes de la saison 1) (5 points)
- DVD « Tropical Malady », d’Apichatpong Weerasethakul (5
points)
- 1 TV écran plasma 100 cm (1000 points)
- 1 voyage pour 2 personnes à Hollywood (1300 points)



Scores actuels :
Romainst : 5 points
Docratix : 2 points
Violaine : 2 points
Bruce Kraft : 1 point



Foxart : 1 point



 



Bonne chance à toutes et à tous !































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[Critique DVD] Les créatures de l’Ouest (The Burrowers), de J.T. Petty


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Les créatures de l’Ouest (The Burrowers), de J.T. Petty (Etats-Unis, 2008)



Sortie DVD le 22/02/2011 chez Metropolitan



Note :
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Qu’on se le dise, « Les créatures de l’Ouest » est un film atypique et profondément stimulant ! Malgré certaines faiblesses, liées probablement à un budget limité ou à un scénario parfois
paresseux, laissant des moments de flottement un peu ennuyeux, son mélange détonnant des genres s’avère déjà en soi une pure idée ! Le long métrage de J.T. Petty est en effet le bien curieux
rejeton né de la copulation du western et de l’horreur… Si tout commence avec grâce dans les plaines désertiques de l’Ouest sauvage, au pays des cow-boy à cheval et des indiens à chasser de leurs
terres, tout bascule très vite dans un surprenant film de monstres, dans lequel d’étranges créatures de la nuit dévorent les humains qu’elles croisent…

La mise en scène est souvent remarquable et imite le western avec une vraie classe : décor, costumes, lumière, pesanteur, traversée du désert… tout y est ! Jusqu’à l’histoire, construite comme
une chouette histoire de vengeance : en 1879, trouvant toute une famille de fermiers massacrée, des cow-boys partent à la recherche d’une des filles portée disparue faute de corps et que l’un
d’eux s’apprêtait à épouser… Soupçonnant d’abord une tribu indienne, ils vont alors bientôt s’apercevoir qu’ils sont sur les traces de tout autre chose : une espèce animale terrifiante, qui
drogue les humains pour enfouir leurs corps sous la terre, et venir les manger lorsque leur chair sera plus tendre !

La transition entre le western et l’horreur n’est jamais très nette, plongeant le film dans une constante et passionnante ambiguïté. Si les amateurs de gore pur et dur ressortiront sans doute de
là assez déçu, on reste pourtant admiratif de la façon assez classe qu’a le réalisateur d’entretenir le suspense et le mystère, ne révélant les créatures à l’image que très progressivement. Bien
sûr, elles nous seront révélées plus frontalement à la fin du film, mais on se rend alors compte que là n’est pas vraiment l’intérêt de ces « Créatures de l’Ouest »… Si la terreur n’est donc pas
vraiment au rendez-vous, le plaisir naît en revanche de ces révélations tout en douceur qui mettent les cow-boys sur la piste des monstres : ils découvrent peu à peu leurs marques, leurs
présences ou encore leurs mœurs et leurs comportements… La traque des créatures prend alors une dimension palpitante, surtout qu’au bout du compte, on ne sait plus trop qui est en train de
chasser qui !

Subtil, le film l’est peut-être plus encore sur le plan idéologique et parfois même politique… A travers certains personnages, on sent bien la charge anti-patriotique et la forte critique de la
conquête de l’Ouest : le racisme à l’égard des indiens, traités comme des bêtes, l’horreur de certains qui se permettent de les torturer sans état d’âme, ou bien encore la façon honteuse dont ils
ont été massacrés sur leur propre territoire… Mais le film sait se rendre plus intéressant encore à travers son basculement dans le fantastique : avec la présence des créatures, le cinéaste nous
parle en effet d’un problème très moderne et contemporain, celui du bouleversement des écosystèmes par la présence trop intrusive de l’homme. Car si les monstres se sont mis à s’attaquer aux
humains, c’est parce que ceux-ci ont exterminé les bisons, qui étaient jusque-là leur nourriture première… « Les créatures de l’Ouest » se transforme alors soudain en merveilleuse petite fable
écologique : puisqu’on vous dit que ce film est incroyable !



 



En DVD :
Les bonus se composent essentiellement de deux mini-"making of" de 5 minutes chacun : l'un sur le tournage, permettant au réalisateur et aux acteurs de s'exprimer brièvement, et l'autre sur la
fabrication des créatures et les différents effets spéciaux utilisés... Ce qui aurait pu s'avérer bien plus passionnant, en revanche, c'est le commentaire audio du réalisateur, qui
malheureusement n'est pas sous-titré pour les non-anglophones... Dommage !



 



Les créatures de l'Ouest



Un DVD distribué par Metropolitan



Date de sortie : 22/02/2011



 



Le genre du "survival" au cinéma



 



Critique réalisée en partenariat avec
cinetrafic































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jeudi 17 février 2011

[Fil ciné] Les films de janvier 2011


Index des sorties ciné



Semaine après semaine, suivez le fil des sorties ciné du point de vue de Phil Siné. Les liens renvoient aux critiques des films présentes sur le blog...



 



Semaine du 5 janvier 2011



- Somewhere, de Sofia Coppola (Etats-Unis, 2011) 
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- Même la pluie, d’Icíar Bollaín (France, Mexique, Espagne,
2011)
 
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- After Hours, de Martin Scorsese (Etats-Unis, 1985) 
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Semaine du 12 janvier 2011



- The Green Hornet (Le Frelon vert) 3D, de Michel Gondry
(Etats-Unis, 2011)
 
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- Arrietty : le petit monde des chapardeurs, de
Hiromasa Yonebayashi (Japon, 2011)
 
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- Harry Brown, de Daniel Barber (Grande-Bretagne, 2011) 
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- Deux de la Vague, d'Antoine de Baecque et Emmanuel Laurent (France, 2011)
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- Poupoupidou, de Gérald Hustache-Mathieu (France, 2011)
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- Incendies, de Denis Villeneuve (Canada, 2011)
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Semaine du 19 janvier 2011



- Au-delà, de Clint Eastwood (Etats-Unis, 2011)
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- Propriété interdite, de Hélène Angel (France, 2011)
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- Le Canardeur, de Michael Cimino (Etats-Unis, 1974)
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- Lifeboat, d’Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1943)
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Semaine du 26 janvier 2011



- Les chemins de la liberté, de Peter Weir (Etats-Unis, 2011)
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- Angèle et Tony, d'Alix Delaporte (France, 2011)
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- Je suis un No Man’s Land, de Thierry Jousse (France, 2011)

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- Shahada, de Burhan Qurbani (Allemagne, 2011)
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- La BM du Seigneur, de Jean-Charles Hue (France, 2011)
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- La loi du silence, d'Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1952)
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- Les visiteurs du soir, de Marcel Carné (France, 1942)
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