lundi 4 janvier 2010

La merditude des choses, de Felix Van Groeningen (Belgique, 2009)

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Note :
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Voici un portrait étonnant et décalé de gens dont la philosophie de vie se rapproche de la « merditude ». En d’autres termes : ils ont une vie de merde et à force de trop en avoir pris l’habitude,
ils s’y sont faits et ne pensent même pas à envisager une autre voie possible… La découverte de la famille Strobbe, habitant un village flamand subtilement nommé « Trouducs-les-Oyes », est un
moment haut en couleurs : une vieille mère vit avec ses quatre garçons, pourtant adultes, qui sont tous beaufs, vulgaires et violents, dans une vieille maison au bord de la ruine… Au milieu de tout
ce pas très beau monde, il y a aussi le jeune Gunther, 13 ans, fils de l’un des quatre ivrognes et d’une femme absente dont on dit qu’elle est une pute ! C’est le point de vue de ce garçon, que
l’on voit écrire ses années de jeunesse quand il est adulte, que le film adopte. Ca pourrait être glauque et misérabiliste tellement leur vie quotidienne est atroce, alternant beuveries et
bagarres. Ca pourrait aussi être carrément lourd et hyper-testostéroné, quelque part entre bière, moto et chansons de Roy Orbison… Mais contre toute attente, ce film plein d’énergie et d’aisance
s’avère souvent drôle et plus sensible qu’il n’y paraît de prime abord… C’est un peu comme dans la famille Simpson : même les personnages les plus désagréables et lourdingues cachent des mystères
absolument fascinants. C’est drôle parce que le patronyme du cinéaste, Groeningen, ressemble justement étrangement à celui du créateur de la série animée américaine : Matt Groening…

Derrière les apparences brutes et crades du pipi-caca-vomi, donc, se cachent des subtilités bien insoupçonnées… Cela est rendu palpable essentiellement par ces aller-retour entre le passé et le
présent du narrateur : Gunther Strobbe. Alors qu’il écrit ses mémoires romancées, avec la ferme intention de devenir écrivain, il craint de se retrouver dans la situation de son père, ayant
lui-même engrossé une femme par accident. Il se comporte d’abord comme un salaud des plus cyniques et essaie désespérément d’enrayer la malédiction familiale, toute cette « merditude des choses »
qui s’acharne sur le sort de tout Strobbe et se transmet de génération en génération… Car au fond c’est bien de ça qu’il s’agit dans ce film : la question de la génération et de la répétition des
choses par le biais de l’éternel retour des mêmes schémas sociaux. Les personnages ont du coup une peur panique de la reproduction… La fin nous ramène pourtant vers de beaux espoirs et une possible
réconciliation entre les différents « âges » : Gunther s’occupe avec gratitude de sa grand-mère sénile et finit par accepter son propre enfant, en lui apprenant à faire du vélo avec une tendresse
infinie…






























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2 commentaires:

  1. J'hésitais à y aller à cause du côté un peu trop badaboeuf... mais ça a l'air bien du coup !

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  2. oui, il ne faut pas se fier aux apparences avec ce film bien plus subtil qu'il n'y paraît...

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