jeudi 31 mars 2011

[Critique] Les sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick



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Les sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick (Etats-Unis, 1957)



Note :
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Censuré en France pendant près de 20 ans par peur de « porter atteinte à la dignité de l’armée française », « Les sentiers de la gloire » est effectivement un film profondément antimilitariste…
En 1916, dans les tranchées de la première Guerre mondiale, un général ambitieux et soucieux de sa renommée pousse des centaines de soldats dans l’attaque suicidaire d’une position ennemie
parfaitement imprenable. Après le carnage, le général veut faire fusiller la totalité des soldats encore en vie, qu’il accuse de lui avoir désobéi en refusant d’aller au front comme les autres…
Tempéré dans sa folie par le colonel Dax (formidable et grandiose Kirk Douglas), seuls trois soldats désignés au hasard seront jugés et tués « pour l’exemple »… Un procès à la va-vite sous la
forme d’un « conseil de guerre » tiendra lieu de « parodie de justice ».

Comme à chaque fois dans le cinéma de Kubrick, nous nous retrouvons ici devant un monument de perfection visuelle ! On admire à chaque plan la précision géométrique avec laquelle la caméra se
dirige, pour délivrer à l’écran un déluge d’images épurées et sans bavure… La première partie du film, description précise et quasi chirurgicale d’un fait de guerre marquant, se compose d’une
mise en scène devenue mythique : travellings arrière suivant les mouvements du général dans les tranchées, puis travellings latéraux sur les soldats avançant difficilement au front pendant
l’assaut… Le cinéaste, visiblement omniscient, a toujours l’œil et sait à chaque fois où il va, révélant à nos yeux le plan exact à la seconde et au mouvement près, sans jamais en faire trop… Une
pure merveille et une jouissance cinéphilique absolue !

Avec « Les sentiers de la gloire », Kubrick délivre ainsi dès 1957 (bien avant, notamment, « Full metal jacket ») une œuvre exemplaire, qui pourrait passer aisément pour un modèle définitif du
film non pas « de » guerre mais bien « sur » la guerre. Non pas donc une illustration héroïque de faits d’armes, mais bel et bien le contraire : une dénonciation brutale et politique de la
tragédie guerrière ! Le choix de la première guerre mondiale n’est d’ailleurs probablement pas innocent pour constituer ce « modèle », dans la mesure où elle est la matrice de toutes les guerres
« modernes », qui ont marqué le vingtième siècle…

Par le biais d’un scénario infaillible et de dialogues exemplaires, Stanley Kubrick réussit ainsi à souligner avec une force nécessaire l’absurdité du système militaire et plus généralement de la
guerre. L’ambition et la cruauté des chefs, qui ne cherchent qu’à se faire valoir, en dépit de la vie de leurs propres hommes, dénotent très vite le cynisme et le manque d’humanisme qu’engendre
le milieu guerrier. Le colonel Dax, chargé de défendre les trois soldats condamnés au cours de leur procès expéditif, renvoie du mieux qu’il peut les « bourreaux » à leurs contradictions et à
l’illégitimité de ce procès, en vain… Plus sournois est le retournement dans la définition même de l’ennemi auquel procède habilement le film : les allemands restent finalement invisibles et les
soldats sont finalement condamnés à mort par leurs propres supérieurs hiérarchiques, qui se révèlent ainsi les véritables ennemis… Aberrations d’un système qui marche sur la tête ! L’émotion
demeure constante au cours du film, le spectateur étant en fin de compte invité à vivre le calvaire des soldats au plus près de leur ressenti, mais c’est dans la scène finale qu’est atteint un
niveau paroxystique dans le sentiment humain : après s’être moqués d’une jeune allemande faite prisonnière, tous les soldats sont profondément touchés de l’écouter chanter, reprenant même
sincèrement l’air qu’elle interprète… Au fond, la musique – et l’art en général – vient à bout de toutes les frontières et de toutes les séparations entre les hommes : elle est synonyme de paix
et pourrait faire oublier la guerre une bonne fois pour toute… Hélas, la nature humaine reprendra toujours le dessus…































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mercredi 30 mars 2011

[Sortie] Easy Money, de Daniel Espinosa



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Easy Money, de Daniel Espinosa (Suède, 2009)



Sortie nationale le 30 mars 2011



Note :
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Découvrez l'avis de Phil Siné sur "Easy
Money"































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[Critique] L’agence, de George Nolfi



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L’agence, de George Nolfi (Etats-Unis, 2011)



Sortie le 23 mars 2011



Note :
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Curieuse perspective et néanmoins charmante idée que d’adapter une nouvelle de Philip K. Dick à tendance SF et fantastique par le biais quasi omnipotent de sa romance amoureuse… David Norris est
un jeune homme politique plein de promesses quand il croise par le plus grand hasard le chemin d’Elise, une jeune danseuse un peu fantaisiste, qu’il n’aurait pourtant jamais du rencontrer ! Du
coup, leur histoire sera des plus chaotique, comme si quelque chose, peut-être une force surnaturelle, les empêchait de rester ensemble… Un autre coup du sort (décidément !) va faire entrevoir à
David ce qu’il n’aurait jamais du découvrir : des sortes d’anges gardiens à chapeaux melons, membres d’une certaine « agence », s’incrustent parfois dans la vie des hommes pour les remettre dans
le droit chemin et les faire suivre leurs « destins », desquels ils ne doivent surtout pas dévier et qui sont déjà écrits à l’encre intelligente dans un mystérieux livre interactif (détail un peu
« vintage » plutôt amusant). Quand ces hommes « entre deux mondes » lui expliquent qu’il n’est pas voué à aimer Elise, au risque de compromettre l’avenir qu’on lui a tracé, David ne l’entend pas
de cette oreille et va tout tenter pour défier son destin et tâcher de faire plier ce qui a été planifié pour lui sans son consentement…

L’histoire tourne bien sûr autour du principe de libre arbitre, à travers cette histoire d’amour sans cesse contrariée par la providence… On sait bien évidemment dès le départ que les deux
amoureux sont faits pour finir ensemble à la fin du film, puisque l'amour - c'est connu - est bien plus fort que tout, même du Fatum, mais on reste néanmoins captivé par les aléas de leurs
aventures. Le film est en effet bien emballé, rythmé à souhait, plein d’allant, et il faut dire que les deux interprètes (Matt Damon et Emily Blunt) savent nous faire tomber sous le charme ! La
mise en scène est plutôt élégante et les effets spéciaux soignés : l’idée des portes qui s’ouvrent sur des lieux qu’on n’attend pas, par exemple, est une formidable trouvaille… Action, humour et
séduction : cette petite comédie romantique possède tous les ingrédients pour passer un agréable moment, le temps d’un sympathique divertissement… Rien de plus, c’est vrai, mais rien de moins non
plus !



 



Mise en perspective (films avec Matt Damon) :



- True Grit, d’Ethan et Joel Coen



- Au-delà, de Clint Eastwood



- Invictus, de Clint Eastwood































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mardi 29 mars 2011

[Critique] Sueurs froides (Vertigo), d’Alfred Hitchcock



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Sueurs froides (Vertigo), d’Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1958)



Note :
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Adaptation d’un roman de Boileau et Narcejac (« D’entre les morts »), « Sueurs froides » est un film à « twist » qui donne le tournis avec une belle maestria… Il effeuille de tout son long l’idée
de « vertige » émise par le titre original (« Vertigo »), débutant d’ailleurs par la découverte de son acrophobie par le héros, mais il peut être surtout lu comme le récit d’une obsession. Pas
forcément une obsession précise, mais plutôt toute une série d’obsessions, contribuant chacune à rendre le long métrage de plus en plus mystérieux et déstabilisant…

Si la première scène du film, tragique et fondatrice, met en scène le personnage principal du film (James Stewart) aux prises avec sa peur soudaine des hauteurs, tétanisé au point de laisser
tomber du toit d’un immeuble un collègue policier tué sur le coup, il n’empêche pas la scène suivante d’avoir un ton tout à fait badin, révélant le même personnage discutant tranquillement chez
une amie. Mais les ruptures de ton seront nombreuses dans « Sueurs froides », le film se « cassant » même en deux vers son milieu, lors de la mort de son héroïne (Kim Nowak), chutant elle aussi
du haut d’un clocher… Tiens, tiens ! S’il a renoncé à son métier à cause de la mort de son collègue, pour laquelle il se sent coupable, le « héros », prénommé John, acceptera cependant de suivre
la femme d’un ami, sur demande de celui-ci… Le film multiplie ainsi les pistes et les intrigues, nous menant, voire nous manipulant, au gré de ses détours. Mais il met en scène également autant
de personnages ambigus et troubles, qui peu à peu fascinent : si l’homme est victime de vertiges incontrôlables, la femme qu’il prend en filature se révèle tout à fait instable elle aussi, comme
possédée par l’esprit d’une morte, s’étant suicidée à l’âge que vient justement d’atteindre le personnage de Kim Novak… Le mystère s’épaissit et la vérité s’avérera bien entendue encore plus
incroyable que ce que l’on imaginait !

Comme toujours chez Hitchcock, on assiste avec « Vertigo » à une grande leçon de cinéma ! La mise en scène est nette, sans bavure et toujours parfaitement signifiante… On admire le découpage des
scènes de filatures, à mi-chemin entre le polar noir et le romanesque à tendance romantique, quand dans une scène mythique, le héros sauve la femme de la noyade en la sortant de l’onde où elle
s’est jetée… Mais l’élément le plus notable de la réalisation demeure probablement ici l’invention du « travelling compensé », soit un travelling accompagné d’un effet de zoom en sens inverse
pour donner un effet de « vertige » garanti, laissant l’impression d’une curieuse dilatation du décor. Il s’agit bien sûr de la fameuse scène du clocher, où John grimpe les escaliers puis regarde
le bas des marches, en voyant alors le sol s’éloigner de plus en plus… Le procédé fut d’ailleurs surnommé aussi « effet vertigo », puisqu’il était utilisé pour la toute première fois de
l’histoire du cinéma dans ce film.

Une mise en scène qui sert justement le phénomène obsessionnel qui parcourt « Sueurs froides » : l’obsession pour les couleurs (avec l’utilisation de filtres multiples), pour des figures
géométriques (à commencer par celle de la spirale, représentation symbolique du vertige, que l’on retrouve dans des mouvements de caméra circulaires, notamment dans une séquence de rêve
hypnotique et presque psychanalytique, mais aussi dans les figures des escaliers ou du chignon de l’héroïne et de son « double » représenté sur un tableau dans un musée), ou encore obsession pour
la femme, mais qui prend ici des aspects d’étranges déviances…

Fidèle au reste de son œuvre, Hitchcock procède en effet ici à une réification de la femme, ou plus précisément de certains attributs féminins : la fétichisation de la chevelure bien sûr, d’une
femme filmée de dos, suivie par un homme, que certains sont allés jusqu’à interpréter comme le symptôme d’une frustration sexuelle chez le cinéaste… Mais l’obsession passe aussi par les objets :
les vêtements, le maquillage ou encore les bijoux (le pendentif que porte la jeune femme autour du cou), dont le désir méticuleux devient inquiétant lorsque le héros croit rencontrer le sosie de
la femme après sa mort et qu’il cherche à la transformer en la disparue, avec un soin du détail compulsif ! La perversion pure n’est alors plus très loin : en faisant émerger le visage d’une
morte présumée sur une femme lui ressemblant de façon troublante, le personnage de James Stewart plonge alors en plein désir nécrophile… Hitchcock l’avait d’ailleurs très clairement confié à
Truffaut : « Il y a la volonté qui anime cet homme de créer une image sexuelle impossible ; pour dire les choses simplement, cet homme veut coucher avec une morte, c'est de la nécrophilie ». Il y
aurait tant à dire, d’ailleurs, de la sexualité défaillante du personnage : s’il était très clairement impuissant dans le roman, Hitchcock s’amuse à biaiser à travers divers dialogues savoureux
et autres métaphores inattendues. On pense entre autre à cette montée du héros sur un escabeau, marche après marche, pour tester sa sujétion au vertige : une marche, deux marche, et patatra,
c’est la débandade ! Pas de plus belle image pour évoquer des troubles de l’érection, n’est-ce pas ?



 



Mise en perspective :



- Lifeboat, d’Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1943)



- L’inconnu du Nord-Express, d’Alfred Hitchcock (Etats-Unis,
1951)



- Fenêtre sur cour, d’Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1954)































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lundi 28 mars 2011

[Critique] Les yeux de sa mère, de Thierry Klifa



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Les yeux de sa mère, de Thierry Klifa (Belgique, France, 2010)



Sortie le 23 mars 2011



Note :
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« Les yeux de sa mère » est une histoire à voix multiples, espacées, qui finiront toutes par se croiser et se retrouver à l’unisson, à un moment ou à un autre. De là à parler de « film choral »,
il n’y a qu’un pas, même si le « mélodrame » flamboyant, voire exacerbé, conviendrait bien mieux pour le qualifier. Jugez plutôt : un écrivain reconverti dans la publication de biographies à
scandales devient l’assistant d’une célèbre présentatrice télé afin de fouiller dans sa vie et dans celle de sa fille danseuse étoile, qu’il a brièvement connu naguère, pour y trouver la matière
de son prochain volume… Tous les ingrédients sont là pour emporter le spectateur dans un torrent intarissable de folles passions : des relations amoureuses tragiques et insolubles, des rapports
familiaux désagrégés, des secrets du passés qui resurgissent, un enfant caché, des manipulations et des trahisons… Le tout porté par un arrière-plan attractif et tape à l’œil des affres de la
célébrité, qui se permet de mettre en parallèle avec une belle habilité le monde de la danse classique, celui d’un sport brutal comme la boxe et l’univers populaire de la télévision…

Le mélo est bel et bien présent de bout en bout, mais il convient de remarquer très vite que Thierry Klifa se joue de ses codes avec un brio qui impressionne, entre une ironie décalée et un
respect presque amoureux du genre… Du coup, le cinéaste utilise les clichés avec ostentation pour mieux les aligner, les exagère avec fougue pour mieux les transcender ! On nage alors en pleine
ambiguïté, à la fois en plein mélodrame à l’efficacité indiscutable et dans des effets de distanciations discrets, qui nous rappelle à chaque fois les artifices de la fiction… On peut donc
sourire à de nombreuses reprises en regardant « Les yeux de sa mère », mais on n’échappe pas non plus aux pleurs et à l’émotion forte, qui finit par tout emporter et à laquelle on croit
étonnamment malgré les invraisemblances et en dépit de toute raison !

N’empêche qu’en enfilant ainsi tous les rebondissements attendus, Klifa réussit au final à faire passer des choses d’une finesse et d’une sincérité remarquable ! On pense notamment à tous ces
portraits de mères défaillantes malgré elles qui émaillent le film : elles ont fait des erreurs, le reconnaissent et en souffrent énormément… Elles cherchent à se racheter et sont en cela
profondément émouvantes ! Il y a la mère absente (par négligence ou parce qu’elle est morte), la mère qui abandonne, la mère qui ne sait pas s’y prendre… et puis il y a aussi ces mères par
procuration, qui élèvent des enfants qui ne sont pas les leurs comme s’ils étaient les leurs ! Une telle déclaration d’amour à la filiation maternelle évoque forcément le cinéma de Pedro
Almodovar, « Tout sur ma mère » en tête, surtout qu’il y a dans la mise en scène et l’écriture de Klifa les mêmes excès, la même exagération et la même folie débridée, parfois… Autre détail
amusant : le scénario des « Yeux de sa mère » s’aventure aussi du côté de l’incertitude sexuelle, conjuguant les genres avec un trouble étonnant lorsque le jeune boxeur tombe amoureux de
l’écrivain… Sauf que le film s’apprête alors à effleurer la tragédie œdipienne à ce moment là : inceste ou pas, l’ultime séquence du film tend plutôt à nous en convaincre, mais suffisamment
discrètement pour que le doute subsiste. Si le jeune garçon a bien les « yeux de sa mère », devra-t-il finalement se les crever pour avoir voulu coucher avec son père ? Mais ça, l’histoire ne le
dit pas…

Intense et merveilleux, le film est rendu bien plus éclatant encore par la présence de ses acteurs radieux, tous plus talentueux les uns que les autres ! Catherine Deneuve est comme toujours
insurpassable, jouant d’ailleurs avec un personnage de célébrité qui pourrait bien être son propre double fictionnel… Tout le reste du casting est irréprochable et probablement savamment dirigé :
Nicolas Duvauchelle, Géraldine Pailhas, Marisa Peredes (autre clin d’œil almodovarien !), Marina Foïs, Jean-Marc Barr… et jusqu’à Jean-Baptiste Lafarge, un jeune acteur débutant absolument
bluffant, capable d’être à la hauteur de tous les autres et de dire à l’imposante Deneuve d’« aller se faire foutre » tout en demeurant parfaitement crédible… Une vraie révélation !































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dimanche 27 mars 2011

[Critique] Phantasm 3 : le seigneur de la mort, de Don Coscarelli


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Phantasm 3 : le seigneur de la mort, de Don Coscarelli (Etats-Unis, 1994)



Note :
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Quitte à imposer au film un sous-titre français complètement débile (« Le seigneur de la mort »), il aurait été plus judicieux de choisir une formule du genre « Le maître des boules », tant les
fameuses sphères métalliques commandées par le croque-mort infernal semblent ici au cœur de l’action ! « Phantasm 3 » nous en apprend en effet un peu plus sur cette question laissée en suspens
par les films précédents (entre de nombreuses autres interrogations !) : elles contiennent en réalité des morceaux des cerveaux des morts que le « tall man » transforme ensuite en nains
acariâtres… La fin du film nous présentera dans une séquence mémorable des centaines de sphères ainsi créées, toutes trépignant d’entrer en action pour aller creuser dans quelques chairs humaines
passant par là !

Mais hormis ces menues explications sur les sphères, les origines du croque-mort et le but de ses mystérieuses actions demeurent toujours aussi ésotériques et « phantasmatiques », si l’on peut
dire. Ce n’est cependant pas vraiment un problème, tant l’enchaînement de mystères et d’images étranges sont en quelque sorte la marque de fabrique de la saga culte et unique de Don
Coscarelli…

Même s’il n’est largement pas le meilleur film de la série, alignant les séquences un peu absurdes (la réapparition de Jodi, le grand frère décédé de Mike, sous la forme d’une « gentille »
sphère) ou les gags franchement lourdingues (l’éternel humour potache et graveleux de Reggie), « Phantasm III » a au moins le mérite de renouveler un peu l’histoire et de proposer de nouvelles
perspectives pour les différents personnages…

Si Michael Baldwin reprend ici le rôle de Mike (après avoir été remplacé par James LeGros pour le second opus), il disparaît néanmoins dès le début du film (pas forcément la meilleure idée
du scénario), enlevé par le maléfique « tall man », pour réapparaître une heure plus tard, dans un état de plus en plus affolant, le faisant franchir les portes de la folie… On revient alors au
cœur même de la thématique du premier « Phantasm » !

Du coup, le film est essentiellement mené par le personnage de Reggie, qui va s’affubler en chemin d’un jeune garçon maîtrisant à la perfection les armes à feu et d’une black militaire
spécialiste en arts martiaux, visiblement un brin lesbienne… Leurs incroyables aventures demeurent toujours trépidantes et mouvementées, multipliant souvent les rebondissements et les coups de
théâtre… Au fond, « Phantasm » nous fascine toujours, notamment dans sa capacité à nous mener la plupart du temps là on s’y attend le moins et dans la propension de Coscarelli à enchaîner
parfaitement ses films, commençant chaque nouveau volet exactement avec la dernière scène du précédent : une forme de cohérence au milieu d’une atmosphère d’incohérence ! On se laisse ainsi
emporter dans un mélange délirant d’action, d’aventures, de gore et d’étrangeté, porté par un ton constamment décalé. La saga maintient son principe de départ en baignant son spectateur dans un
océan d’incertitudes et de flottement hallucinatoire : « Ne crois pas tout ce que tu vois », dira d’ailleurs un personnage, « comprendre prend plus de temps ! » Et comme toujours, lorsque l’on
croit que tout est enfin terminé, le film se croit obligé de relancer encore une fois la machinerie, en laissant le mot de la fin au croque-mort géant : « Rien n’est jamais fini ! » Et « Phantasm
4 » fera en effet son apparition quelques années plus tard… (à suivre)



 



Mise en perspective :



- Phantasm, de Don Coscarelli



- Phantasm 2, de Don Coscarelli



- Phantasm 4 : Oblivion, de Don Coscarelli



- Dar l’invincible, de Don Coscarelli (Etats-Unis, 1982)































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samedi 26 mars 2011

[Sortie DVD] Saw 3D (aka Saw 7), de Kevin Greutert



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Saw 3D : Chapitre final = Saw VII, de Kevin Greutert (Etats-Unis, 2010)



Sortie DVD le 10 mars 2011 chez Metropolitan



Note :
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Le 7ème "Saw" ?



 



Pour ce « chapitre final », la franchise culte du gore nous a réservé un(e) « Saw 7 » bien sale ! Les aficionados du genre devraient en effet se réjouir et se pourlécher les babines : « Saw 7 »
enchaîne sans relâche les dépiautages, éviscérations et autres découpages en tout genre de chair humaine, dans des gros plans frontaux bien dégueux… ou délicieux, selon le régime alimentaire de
chacun (on déconseillera quand même le tout aux végétariens à l’âme trop sensible !) N’empêche que l’univers cathartique de la saga continue de fonctionner comme au premier jour et que l’on
s’abreuve de tant d’horreur avec toujours autant de bonheur ! Il faut dire que les façons de trucider les gens ne manquent ici ni de peps ni d’originalité : le spectacle monstrueux et sadique de
la mort est constamment renouvelé pour nos petits yeux avides… On suppose que la vision en 3D du film permettra d’en avoir encore un peu plus plein les mirettes, mais sachez que sa version «
vintage » et plate est déjà suffisamment efficace en matière de sensations fortes, avec quelques séquences particulièrement insoutenables !

Mais « Saw 7 » n’est pas que cela ! A l’instar des autres épisodes de la série, trop souvent qualifiés à tort de « porn torture movies » sans rien derrière, cet « ultime » opus (c’est comme ça
qu’il est aujourd’hui vendu en tout cas) possède des qualités créatives et artistiques insoupçonnées, qu’il serait grand temps de réhabiliter ! La première séquence de torture, par exemple, est
ici particulièrement intéressante dans la mesure où elle a lieu – fait inédit ! – en public, dans la vitrine d’un grand magasin : à travers cette foule de voyeurs assistant avidement au spectacle
de charcuterie de quelques adolescents à coups de scies sauteuses, le film propose comme une mise en abyme « miroir » plutôt futée à son public avide d’images de plus en plus sanglantes… On
pourrait y lire alors une véritable critique de la violence croissante de nos sociétés pseudo-civilisées !

Cependant, rappelons avant tout que « Saw » est aussi un concept narratif assez fouillé et bien réalisé. Ici, le scénario est une fois encore brillamment écrit, poussant le récit avec une
certaine virtuosité dans des retranchements insoupçonnés. Sans compter que les révélations sont nombreuses, notamment le coup de théâtre final (réapparition incroyable d’un personnage jusque-là
oublié du tout premier film !), tout comme les mises en perspectives avec les autres longs métrages de la saga… C’est stimulant et bien fichu, donnant du relief et un sens à ce que beaucoup
voudraient trop facilement réduire à un enchaînement pur et simple de scènes de carnages atroces et perverses !

Osons enfin comparer l’incomparable et proclamer « Saw » comme un équivalent contemporain de cette bonne vieille Bible ! Chaque film serait alors un chapitre et chaque piège de Jigsaw et de ses
disciples comme les versets de ces chapitres… Chaque verset possédant bien sûr sa petite morale propre. Car au fond, « Saw » est une suite de films remplis de commandements et de conseils pour
une vie meilleure : les mauvais actes y sont systématiquement punis et chaque homme fautif aura une chance de se racheter une dernière fois… Dans « Saw 7 », un imposteur tente même de transformer
en religion les actes de Jigsaw, soutenant que chaque homme ayant survécu à ces horreurs peut en tirer une vraie leçon de vie ! Constituée de 7 films (chiffre magique !), le premier et le dernier
sont comme l’alpha et l’oméga, allant de la « Genèse » à l’« Apocalypse », et il n’est bien évidemment pas innocent que ce dernier chapitre se termine exactement là où le premier film
commençait...



 



Saw 3D



Un DVD distribué par Metropolitan



Date de sortie : 10/03/2011



 



Le genre du "survival" au cinéma



 



Critique réalisée en partenariat avec
cinetrafic































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vendredi 25 mars 2011

[Critique gonzo] Ha ha ha, de Hong Sangsoo



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Ha ha ha, de Hong Sangsoo (Corée du Sud, 2010)



Sortie le 16 mars 2011



Note :
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- Bonjour !
- Bonsoir…
- …
- Ha ha ha ?
- Oui, merci…
- Je savais que vous veniez voir ça…
- …
- Parce que je sais tout !

Aaah ! Paris et ses ouvreuses omniscientes… On vit quand même une époque formidable ! En fait, je n’osais pas prononcer le titre du film à la caissière du cinéma, de peur de la vexer, si jamais
elle pensait que je me moquais d’elle en m’entendant faire « Ha ha ha » ! On n’a pas idée, des fois, d’affubler un long métrage d’un titre pareil…

D’ailleurs, le film de Hong Sangsoo est à peu près une expérience aussi hallucinante et paranormale que ma courte (non-)conversation avec l’ouvreuse avant mon entrée dans la salle… A vrai dire,
si le film raconte vaguement les retrouvailles de deux amis qui évoquent des souvenirs de leur dernière escapade au même endroit où ils ne sont pourtant pas partis ensembles, il est avant tout le
récit d’une beuverie bien arrosée ! Entre chaque séquence de leurs récits respectifs, enchaînant les badinages sentimentaux, parfois tendres et parfois hystériques, et les situations les plus
inattendues, souvent drôles ou burlesques, on peut entendre les deux larrons faire trinquer leurs verres et picoler de plus belle… « Santé ! » paraît être le dénouement et la réponse à toutes
leurs histoires…

J’avoue ne pas avoir toujours compris les tenants et aboutissants des mésaventures racontées par les personnages : le film m’a du coup semblé très embrumé, comme si je m’enfonçais peu à peu dans
les délices vaporeux de l’alcool, dans un mimétisme troublant avec les « héros » de « Ah ah ah », cet étrange éclat de rire parfaitement retenu… Je ne suis pas sûr qu’un tel effet était voulu par
le cinéaste, et du coup je ne pense par avoir tout à fait compris son film… Mais la sensation de ne rien comprendre aux images, de confondre parfois les personnages se croisant à l’écran, cette
impression de « lâché prise » nous endormant peu à peu sur notre siège, finit par donner un certain charme à l’ensemble : un charme soporifique et éthylique, en quelque sorte, avec cet étrange
paradoxe de tirer un plaisir agréable à la vision d’un film qui nous semble parfaitement incompréhensible… Ah oui, et attention aux marches en sortant de la salle, et surtout évitez de prendre le
volant tout de suite après !































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jeudi 24 mars 2011

[Jeu] Le Ciné-rébus # 8


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Réponse : Le Grand bleu



Trouvé par Squizzz



Jouez et gagnez plein de cadeaux avec Phil Siné : guettez la publication des jeux sur le blog, soyez le premier à donner la bonne réponse en commentaire et accumulez un maximum
de points afin de choisir le lot que vous convoitez parmi la liste mentionnée un peu plus bas…

Règle du « Ciné-Rébus » : Déchiffrez le titre d’un film dans le rébus ci-dessus et gagnez un point si vous parvenez à être le premier à donner la bonne réponse en commentaire
!

A partir de 3 points cumulés, vous pourrez choisir un cadeau parmi les suivants :
- 1 badge collector « I [love] Phil Siné » (3 points)
- 1 badge collector « I [star] Phil Siné » (3 points)
- 1 lot des 2 badges collector (4 points)
- DVD « The calling » de Richard Caesar (5 points)
- DVD « L’étrange créature du lac noir » de Jack Arnold
(accompagné du documentaire "Retour sur le lac noir") (5 points)
- DVD « Flandres » de Bruno Dumont (dans une superbe édition collector digipack
double-DVD, débordante de bonus passionnants !) (5 points)
- DVD  "Karaté Dog", de Bob Clark (5 points)
- DVD "Ally McBeal" (les 4 premiers épisodes de la saison 1) (5 points)
- DVD « Tropical Malady », d’Apichatpong Weerasethakul (5
points)
- 1 TV écran plasma 100 cm (1000 points)
- 1 voyage pour 2 personnes à Hollywood (1300 points)



Scores actuels :
Romainst : 5 points
Docratix : 2 points
Violaine : 2 points
Foxart : 2 points
Bruce Kraft : 1 point
Titoune : 1 point
Cachou : 1 point
Niko (de CinéManga) : 1 point  



 



Bonne chance à toutes et à tous !































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mercredi 23 mars 2011

[Série] Entourage, créée par Doug Ellin


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Entourage, série créée par Doug Ellin (Etats-Unis, 2004-****)



Note :
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Produit par Mark Whalberg, dont l’expérience a largement servi aux scénarios de la série, « Entourage » décrit la carrière de Vincent Chase, un jeune acteur en pleine ascension à Hollywood, ainsi
que sa vie avec son « entourage » justement, à savoir son meilleur ami d’enfance Eric, qui deviendra son manager dès la fin de la première saison, son frère Johnny « Drama », acteur de série «
has been » et impulsif qui cherche désespérément à renouer avec le succès, et un certain « Turtle », sorte de pique-assiette balourd qui profite du fric de son pote… Car la vie est belle quand on
bosse dans le cinéma : la bande passe son temps à dépenser inconsidérément les millions que gagne Vince et ne pense qu’à faire la fête, incluant bien sûr les filles, le sexe et la drogue à
outrance… Evoluant dans une atmosphère cool et pleine d’humour, émaillé de dialogues crus et relâchés, « Entourage » apparaît comme une sorte de « Sex & the city » masculin dans le monde des
studios hollywoodiens.

Si l’on s’attache avec plaisir et facilité aux différents personnages au fil des saisons, on reste surtout scotché par la vision incroyablement fun et trépidante, et probablement abondamment «
documentée », de la vie et des mœurs dans le monde de l’industrie cinématographique contemporaine qu’offre la série ! La vie de star, ses coulisses et ses à-côtés, le rôle hallucinant des agents
(l’agent de Vince, un certain Ari Gold, hyperactif et manipulateur, multipliant les dérapages verbaux haut en couleurs, lui vole d’ailleurs souvent la vedette !), les négociations des contrats,
les rendez-vous avec les réalisateurs ou les producteurs, les coups de folie et les petits arrangements : « Entourage » offre un condensé à la fois percutant et hilarant de la vie délirante à
Hollywood… Vince et les siens vont alors traverser mille mésaventures entre deux tournages, alternant à une vitesse folle les hauts très haut et les bas très bas, amassant les millions par
dizaines un jour et fauchés comme les blés le lendemain… Il faut dire qu’au lieu d’enchaîner les gros blockbusters comme son agent le lui conseille, le jeune acteur cherche souvent du côté des
projets plus indépendants et risqués, ce qui n’est pas toujours payant pour le portefeuille ! Mais au fond peu importe, puisqu’il se souvient toujours qu’il est né dans la misère du Bronx à New
York et que le fric au fond, ça va ça vient, et c’est pas très grave…

Toujours bien fun, jamais prise de tête (à l’image de ses héros !), chaque (court) épisode d’« Entourage » (environ 20 minutes) se suit avec un vrai délice, surtout que la série nous plonge
progressivement dans une sorte de monde parallèle assez incroyable, dans lequel évolue le tout Hollywood que l’on connaît bien et qui vient faire de nombreuses apparitions remarquées sous la
forme de « guest stars » savoureuses : James Cameron vient y réaliser « Aquaman », un film de superhéros, ou Martin Scorsese une nouvelle version de « Gatsby »… Au fil des saisons, à côté
d’acteurs principaux tous aussi bons les uns que les autres, on voit ainsi défiler du beau monde : Gus Van Sant, Scarlett Johanson, M. Night Shyamalan, Seth Green, Matt Damon… ou encore Eminem,
avec lequel Vince ira jusqu’à se bastonner sévère !

Injustement peu connue en France, « Entourage » se révèle pourtant une série de grande qualité, pour peu que l’on aime sa tonalité souvent très « libérée »… Sept saisons, une huitième pour très
bientôt, et même peut-être un film… car il serait sans doute temps, après tout, qu’une série aussi plaisante et palpitante sur le cinéma se donne enfin les moyens de s’échapper du petit écran
pour passer au grand !































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mardi 22 mars 2011

[Critique] The Fall, de Tarsem Singh


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The Fall, de Tarsem Singh (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Inde, 2006)



Note :
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Produit par David Fincher et Spike Jonze, « The Fall » est un film superbe, à l’originalité indéniable, qui n’a pourtant mystérieusement jamais trouvé le chemin des salles obscures en France… Si
l’histoire que raconte ce long métrage est relativement secondaire, elle n’en demeure pas moins pétrie d’émotion pure : dans les années 1920, une petite fille et un jeune cascadeur de cinéma se
rencontrent dans un hôpital, où chacun est en convalescence, la première suite à une mauvaise chute, le second après une cascade qui lui a fait perdre l’usage de ses deux jambes… Pour faire
plaisir à la petite fille, le jeune homme va se lancer dans le récit rocambolesque des aventures extraordinaires de cinq personnages s’alliant pour combattre le cruel gouverneur Odieux, qui leur
a fait à chacun le plus grand mal. Peu à peu, la fiction et la réalité virevoltent et tourbillonnent autour des deux personnages hospitalisés, dont les solitudes respectives se mélangent dans une
vibrante affection…

Si l’on peut être ému par le destin des héros de « The Fall », le film s’impose pourtant avant tout comme une incroyable aventure sensorielle, une expérience audiovisuelle unique et souvent très
troublante… Grâce à un tournage étalé sur quatre années et dans plus de vingt pays, le long métrage marque en effet d’emblée par une identité plastique littéralement extraordinaire : des décors
somptueux, une mise en scène exaltant une lumière intense et des couleurs chatoyantes… il émane de la vision de « The Fall » un sentiment de grandeur admirable, bercée par une poésie picturale
lyrique et proprement incomparable ! Bel objet, le film propose une fantaisie marquante et des enchaînements scénographiques à la fois très impressionnants et d’un genre tout à fait inédit… On
dévore alors ces images avec une délectation sans borne, plongeant littéralement dans cet univers gracieux et esthétiquement jubilatoire !

Mais la beauté du film, en forme d’exercice de style virtuose, n’est pas pour autant stérile : elle sert non seulement une intrigue pleine d’aventures et de rebondissements, mais aussi de très
jolies émotions… La plus belle pourrait être cette subtile sensation de se trouver devant une œuvre somme dédiée à la toute puissance du cinéma. « The Fall » deviendrait alors une sorte d’hommage
admiratif et hiératique au pouvoir évocateur du septième art : si le narrateur de la fiction à l’intérieur de la fiction est d’ailleurs lui-même un maillon très particulier de l’industrie du
cinéma (il est cascadeur sur les plateaux), il démontre par sa seule parole et par son imagination toute la magie qu’il y a à créer des images… Des mots qui créent des images qui créent des
mondes extraordinaires, où se déroulent des histoires qui permettent au cascadeur paralysé de prolonger virtuellement sa vie, et plus largement aux spectateurs de vivre par procuration leurs
rêves les plus fous…































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lundi 21 mars 2011

[Critique] Ma part du gâteau, de Cédric Klapisch



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Ma part du gâteau, de Cédric Klapisch (France, 2011)



Sortie le 16 mars 2011



Note :
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On comprend très (trop ?) bien les intentions de Klapisch à travers cette histoire de pauvre maman virée de son usine en faillite et reconvertie en femme de ménage pour un riche trader solitaire
et arrogant, motivé par le seul argent qu’il tire justement en précipitant les usines dans la faillite, qui pour lui ne sont que des chiffres sur des écrans… Ouf ! Le cinéaste, souvent inspiré
par le passé pour décrire les phénomènes sociaux, livre ici un tableau poussif d’une France coupées en deux hémisphères radicalement séparés : celle d’en haut et celle d’en bas. Opposant dos à
dos les gentils pauvres et les méchants riches, « Ma part du gâteau » laisse un moment croire que le trader finira par se laisser convaincre par sa femme de ménage tellement sympa : sauf que non,
c’est juste un gros blaireau qui ne pense qu’à la thune et à la baise, et qu’au degré où sont les choses, les univers respectifs de chaque personnage ne peuvent de toute façon que s’affronter et
se haïr… Idéologiquement, on ne peut bien sûr que donner raison à Cédric Klapisch : le libéralisme sauvage détruit les vraies valeurs humaines… Sauf que son film s’avère par trop démonstratif !
Il est toujours là, avec sa grosse caméra et ses gros sabots, pour nous montrer combien c’est mieux d’être pauvre que d’être riche, parce que les pauvres, eux, ils n’ont peut-être pas d’argent,
mais au moins ils savent s’amuser… et surtout, ils ont l’amour ! Mais allez me trouver une famille de pauvres qui s’aime comme dans le film et je vous offre un badge… Avec son personnage qui s’appelle si subtilement « France », le réalisateur ne s’avère par vraiment
plus doué lorsqu’il use de métaphores balourdes : lors d’une promenade au parc, la maman pauvre explique à sa fille qu’il faut donner le pain aux canards en visant d’abord les petits, mais sa
fille lui rétorque qu’en faisant comme ça, les gros font alors du mal aux petits pour leur prendre leurs miettes… Youhou ! Sans compter enfin que le film multiplie les situations peu crédibles :
des pauvres qui cuisinent des pâtes Lustucru plutôt que des Leaderprice, par exemple, à qui veut-on faire avaler ça ?!

Si « Ma part du gâteau » est aussi léger qu’un éléphant obèse dans son propos, on ne peut pas dire qu’il soit non plus aidé par la plus grand partie de son casting… Les seconds rôles ne sont
vraiment pas fameux et le personnage du trader est incarné par un Gilles Lellouche mauvais comme un manche… Reste la magistrale Karin Viard, qui porte littéralement le film sur ses épaules et qui
excelle dans les moments de comédie ! Elle demeure probablement l’une des plus grandes actrices françaises vivantes aujourd’hui, et l’on ne peut que regretter qu’elle reste aussi sous-employée
par le cinéma… Rien que pour elle, alors oui, cette « part de gâteau » prend une vraie saveur, loin de la fadeur du scénario et de scènes caricaturales, qui alternent les genres sans la
virtuosité que l’on avait connu naguère chez le réalisateur du « Péril jeune ». Un ratage bien intentionné…































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dimanche 20 mars 2011

[Critique] The silent house, de Gustavo Hernandez


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The silent house (La casa muda), de Gustavo Hernandez (Uruguay, 2010)



Sortie le 16 mars 2011



Note :
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Quand le cinéma uruguayen s’essaie au film de genre, ça donne « The silent house », un petit film fauché mais aux intentions malignes, qui malheureusement lorgne un peu trop du côté d’histoires
déjà archi rebattues par le cinéma d’épouvante, majoritairement américain… Une fille et son père s’installent pour passer la nuit au rez-de-chaussée d’une maison délabrée, qu’ils doivent retaper
le lendemain en vue de la rendre vendable. Bien sûr, des bruits inquiétants se font entendre à l’étage au beau milieu de la nuit : l’horreur ne fait alors que commencer… « Cliché ! », pourra-t-on
penser à juste titre.

Rien de nouveau d’un point de vue scénaristique, donc ! La mise en scène n’est pas toujours très palpitante non plus, minée par un manque d’énergie parfois évident : ça bouge, ça tangue, ça
tourne… mais à un rythme étonnamment lent ! On ne parlera pas non plus d’un twist final appuyé et hyper explicatif, sans compter qu’il n’est pas forcément très crédible…

Pourtant, le concept même du film, intégralement tourné en un seul plan séquence (dont on soupçonne cependant un bon nombre de collures dans des plans vaguement flous ou carrément obscurs…),
finit par rendre le film étonnamment intrigant. En effet, ce parti pris un peu fou pour un film d’horreur finit par se révéler carrément pertinent lorsque nous est révélé la vérité dans un
retournement de situation grand-guignolesque : la caméra s’impose en effet comme un point de vue unique, purement subjectif, se confondant finalement avec le regard de la jeune fille… Plutôt
qu’une histoire de maison hantée, on se retrouve alors soudainement devant une exploration psychanalytique d’une névrose visible du personnage, découlant de son lourd passif : un plan séquence
d’une heure vingt comme un voyage au cœur de la folie ordinaire, finalement… Pas finaud, mais pas complètement dénué de sens non plus, le film se termine après le générique de fin par un second
plan séquence de quelques minutes, à la beauté lumineuse, presque poétique : surtout, ne ratez pas ça en quittant la salle aussitôt les lumières rallumées !































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vendredi 18 mars 2011

[Fil ciné] Les films de février 2011


Index des sorties ciné



Semaine après semaine, suivez le fil des sorties ciné du point de vue de Phil Siné. Les liens renvoient aux critiques des films présentes sur le blog...



 



Semaine du 2 février 2011



- Le discours d’un roi, de Tom Hooper (Grande-Bretagne, Australie, Etats-Unis,
2010)

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- Contre toi, de Lola Doillon (France, 2009)
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- Un chic type, de Hans Petter Moland (Norvège, 2009) 
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- De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, de Paul Newman (Etats-Unis, 1972)
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- Chasse à l'homme, de Fritz Lang (Etats-Unis, 1941)
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Semaine du 9 février 2011



- Tron : l’héritage, de Joseph Kosinski (Etats-Unis, 2010)
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- Black Swan, de Darren Aronofsky (Etats-Unis, 2010)
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- Very cold trip, de Dome Karukoski (Finlande, 2010)
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- Qui a envie d’être aimé ? d’Anne Giafferi (France, 2010)
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Semaine du 16 février 2011



- Largo Winch II, de Jérôme Salle (Belgique, Allemagne, France, 2010)
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- Les femmes du 6e étage, de Philippe Le Guay (France, 2010)
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- Sex Friends, d'Ivan Reitman (Etats-Unis, 2011)
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- Jewish Connection, de Kevin Asch (Etats-Unis, 2010)
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- The Hunter, de Rafi Pitts (Iran, 2010)
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- Le journal d'une femme de chambre, de Jean Renoir (Etats-Unis, 1946)
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Semaine du 23 février 2011



- True Grit, d’Ethan et Joel Coen (Etats-Unis, 2010)
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- 127 heures, de Danny Boyle (Etats-Unis, 2010)
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- Amours salées et plaisirs sucrés, de Joaquin Oristrell (Espagne,
2008)

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- Toi, moi, les autres, d’Audrey Estrougo (France, 2009)
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- Butch Cassidy et le Kid, de George Roy Hill (Etats-Unis, 1969)
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