jeudi 31 juillet 2014

[Fil ciné] Les films de juillet 2014

Semaine après semaine, suivez le fil des sorties ciné et des films vus par Phil Siné. Les liens renvoient aux critiques des films présentes sur le blog...

Semaine du 2 juillet 2014

- Big Bad Wolves, de Aharon Keshales et Navot Papushado (Israël, 2013)
- Jimmy's Hall, de Ken Loach (Grande-Bretagne, France, 2014)

Semaine du 9 juillet 2014

- Blue Ruin, de Jeremy Saulnier (Etats-Unis, 2013)
- Je voyage seule, de Maria Sole Tognazzi (Italie, 2013)
- Coldwater, de Vincent Grashaw (Etats-Unis, 2013)

Semaine du 16 juillet 2014

- Ablations, de Arnold de Parscau (France, 2013)
- Paris, Texas, de Wim Wenders (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Etats-Unis, 1984)
- L'homme qu'on aimait trop, de André Téchiné (France, 2012)

Semaine du 23 juillet 2014

- Boyhood, de Richard Linklater (Etats-Unis, 2014)
- Au premier regard, de Daniel Ribeiro (Brésil, 2013)
- Maestro, de Léa Frazer (France, 2013)
- American Nightmare 2 : Anarchy, de James DeMonaco (Etats-Unis, France, 2014)

Semaine du 30 juillet 2014

- Mister Babadook, de Jennifer Kent (Australie, 2013) ☝☹
- Echo, de Dave Green (Etats-Unis, 2014)
- La Planète des singes : l’affrontement,de Matt Reeves (Etats-Unis, 2014)
- Moonwalk One, de Theo Kamecke (Etats-Unis, 1970) ☝☹

lundi 28 juillet 2014

[Cinéma] Obvious Child, de Gillian Robespierre

Obvious Child
de Gillian Robespierre
(Etats-Unis, 2014)

Sortie le 3 septembre 2014



Elle est sympa Donna, et l’actrice Jenny Slate sait très vite rendre ce personnage attachant, avec ses airs de fille « normale », plutôt naturelle et spontanée… Si elle met en scène sa vie (très) quotidienne dans des numéros de « stand up » dans un bar de paumés, son destin de looser malgré elle s’avère plutôt banal : elle se fait larguer, déprime, rencontre un garçon a priori pas du tout fait pour elle, dont elle tombe malencontreusement enceinte… Le sort semble s’acharner (gentiment) sur elle, mais c’est pour le plaisir du spectateur, qui devrait trouver dans « Obvious child » un film réellement sympathique, à la fois drôle et intime. Son scénario très empathique sait aussi être fantaisiste et prendre certaines situations à contre-courant : le dénouement de l’intrigue est notamment au moins à moitié surprenant, en parvenant à dédramatiser une décision pas si courante dans le cinéma américain… Enfin, « Obvious Child », vous l’aurez compris, se révèle en réalité bien plus « new-yorkais » que véritablement « américain » !

samedi 26 juillet 2014

[Cinéma] Coldwater, de Vincent Grashaw

Coldwater
de Vincent Grashaw
(Etats-Unis, 2013)

Sortie le 9 juillet 2014

★★

Certes, « Coldwater » n’est pas le premier film à nous plonger dans l’univers sordide et brutal des centres de détention pour mineurs de l’Amérique profonde et haïssable : Kim Chapiron et son « Dog Pound » ou « Les révoltés de l’île du diable » (côté norvégien) en sont des illustrations récentes réussies ! Le film de Vincent Grashaw demeure pourtant un vrai choc, tant il va assez loin dans la perversité et le sadisme de ces univers carcéraux sans règles, où des ados agités se retrouvent privés de leurs libertés sur simple décision de leurs parents… La violence, autant physique que psychologique, qu’ils subissent ne peut finalement que les transformer en êtres plus violents encore… ce que cherche sans doute à nous dire le cinéaste par un dénouement quelque peu perturbant par son extrême bestialité ! Le film est fort, mais il le doit aussi à la qualité de ses jeunes interprètes, à commencer par PJ Boudousqué, incarnant le personnage principal, et véritable révélation de « Coldwater ».

jeudi 24 juillet 2014

[Cinéma] L’homme qu’on aimait trop, de André Téchiné

L’homme qu’on aimait trop
de André Téchiné
(France, 2012)

Sortie le 16 juillet 2014



Après « La fille du RER », André Téchiné poursuit sa métaphore sur les transports en commun avec « L’homme [qu’on ai] métro », nouvelle adaptation d’un fait divers inspiré de l’affaire Agnelet, jeune avocat soupçonné d’avoir tué une riche héritière tombée folle amoureuse de lui… Si le casting royal du film fait forcément son effet (Catherine Deneuve et Adèle Haenel sont épatantes !), on se laisse aussi emporter par cette histoire d’où dépassent quelques aspérités et ambiguïtés, qui auront certainement convaincu le cinéaste de s’aventurer dans ce projet. Si le portrait de la fille Le Roux est intrigant (amoureuse et suicidaire), celui de Maurice Agnelet reste troublant (honnête dans les sentiments qu’il ne porte pas à celle qui l’aime, sans doute malhonnête dans sa vénalité, mais un sentiment d’indécision demeure quant à sa culpabilité). Reste que le film souffre quelques longueurs et que la mise en scène écope de certaines lourdeurs : on a bien compris que la jeune femme était restée une enfant, de là à multiplier les gros plans sur une photo d’elle en petite danseuse, ça finit par lasser… Après le très moyen « Impardonnables », on espère que Téchiné saura très vite reprendre du poil de la bête !

Autres films d'André Téchiné :
Impardonnables (2011)
Les témoins (2007)

mercredi 23 juillet 2014

[Cinéma] Boyhood, de Richard Linklater

Boyhood
de Richard Linklater
(Etats-Unis, 2014)

Sortie le 23 juillet 2014



Quoi qu’on en dise, « Boyhood » demeure d’abord un « film concept ». Concept dont on admire d’ailleurs l’audace, tant cette idée de réaliser le long métrage sur douze ans, histoire de voir
vieillir les acteurs au fur et à mesure, sans à-coups ou maquillages malheureux, était hyper casse-gueule, pour ne pas dire suicidaire, en terme de production : il fallait en effet être un peu
fou pour investir de l’argent dans un travail d’aussi longue haleine, avec tous les risques que cela suppose, surtout dans un domaine aussi fragile que le cinéma… Le résultat final se révèle
d’ailleurs très beau, très fluide et très doux en terme visuel et narratif, et le cinéaste a su rendre palpable aux spectateurs toute l’ampleur de son projet… Les acteurs sont nickel, la mise en
scène très agréable et le scénario suit les aléas simples des vies qui passent, même s’il s’empêtre parfois quelque peu dans la banalité, dans quelques longueurs et détours inutiles, probablement
liés à la disponibilité des acteurs, qui a on l’imagine pu influer les différentes réécritures d’un script forcément en mouvement permanent au fil du tournage… Si l’on s’attache ainsi à un film
qui sait nous emporter, entre rires et larmes, on bute cependant sur certaines lourdeurs dans le discours qu’a voulu asséner Linklater sur le temps qui passe, la vie qui file sans qu’on la voit,
les gens qui nous échappent… D’autres projets sur les mêmes thèmes nous avaient semblé bien plus subtils par le passé, comme par exemple, au hasard, la fabuleuse série « Six feet under » : le concept
de « série », sur lequel s’imprime la durée, qui justement rejoint celui de ce film au demeurant tout à fait intéressant et unique.

Perspective :
Before Midnight, de Richard Linklater

mardi 22 juillet 2014

[Cinéma] Transcendance, de Wally Pfister

Transcendance
de Wally Pfister
(Etats-Unis, Grande-Bretagne, 2014)

Sortie le 25 juin 2014



« Transcendance » aurait pu être un excellent d’épisode d’« X-files » aux grandes heures de la série : son scénario évoque d’ailleurs celui de l’épisode « Clic mortel » de la cinquième saison, passionnante réflexion sur l’implantation d’un cerveau humain dans le cyberespace, écrite à l’époque par l’auteur de SF cyberpunk William Gibson… Du coup, le sujet du film de Wally Pfister n’est certes pas très neuf, mais l’exploration des possibilités technologiques de l’intelligence artificielle, voire de l’accès à l’immortalité de l’esprit via le réseau internet, demeurent des thèmes tellement passionnants et infinis que l’on pourrait les voir illustrer en continu au cinéma ! « Transcendance » n’est certainement pas un chef-d’œuvre, mais ne méritait pourtant pas l’acharnement critique et le bide public qu’il s’est pris : Johnny Depp n’est peut-être pas au meilleur de sa forme, les intentions mégalos de son personnage ne sont pas toujours très fluides, mais la mise en scène et surtout les idées qu’il avance font du long métrage une œuvre plutôt plaisante à regarder, aux allures de blockbuster estival un peu moins musclé et un peu plus cérébré qu’à l’accoutumée…

lundi 21 juillet 2014

[Cinéma] Black Coal, de Yi’nan Diao

Black Coal
de Yi’nan Diao
(Chine, Hong-Kong, 2014)

Sortie le 11 juin 2014

★★

Si le scénario n’est en rien évident à suivre, avec ses ellipses et ses étranges turpitudes, la mise en scène du film demeure quant à elle étincelante et offre à elle seule un spectacle riche et envoûtant, aussi lugubre qu’intense… A travers une intrigue de film noir de chez noir comme le charbon (autour de meurtres aux cadavres dispersés dans des usines de charbon), le cinéaste chinois Yi’nan Diao dresse le portrait d’une Chine violente et amère. Si la critique sociale est bien là, diffuse, c’est par sa vision et l’esthétisme de son long métrage que le réalisateur étouffe le spectateur dans des plans séquences étonnants, des décors confinés, une nuit omniprésente, de la neige où  l’on glisse et patine… Surprenants dérapages, par endroits, qui donnent d’ailleurs à « Black coal » quelques sourires à travers ses rares moments burlesques, jusqu’à des « feux d’artifices en plein jour », conclusion à un film d’une noirceur poisseuse et poétique admirable !

Perspective :
- A Touch of Sin, de Jia Zhang Ke

dimanche 20 juillet 2014

[Cinéma] Ablations, de Arnold de Parscau

Ablations
de Arnold de Parscau
(France, 2013)

Sortie le 16 juillet 2014
Le Jour du Saigneur # 144



Le grolandais Benoît Délépine (ici au scénario) tenait un sacré bon sujet, digne d’un excellent thriller, voire d’un film d’horreur efficace, dont plusieurs scènes d’« Ablations » parviennent d’ailleurs à témoigner… Las, avec cette histoire de type qui se réveille en pleine nature avec un rein en moins et qui va tout faire pour le retrouver, le scénario, intriguant tout d’abord, finit par lasser ou par perdre le spectateur à cause des chemins de traverses, certes inattendus, qu’il finit par prendre. Ca se termine un peu en eau de boudin, si l’on puit dire… Reste néanmoins des audaces de mise en scène (nous suivrons avec attention Arnold de Parscau après ce premier long métrage), une ambiance tout à fait étonnante (avec notamment ces séquences oniriques entre angoisse névrotique et horreur poétique) et des éléments décalés inhérents à la signature de Délépine, présence de la toujours incroyable Yolande Moreau en prime !

samedi 19 juillet 2014

[Jeu] La Star mystère # 28


Réponse : Anthony Perkins
Trouvé par Mister Loup !

Jouez et gagnez plein de cadeaux avec Phil Siné : guettez la publication des jeux sur le blog, soyez le premier à donner la bonne réponse en commentaire et accumulez un maximum de points afin de choisir le lot que vous convoitez parmi la liste mentionnée un peu plus bas…

Règle de la « Star mystère » : Devinez quelle personnalité du cinéma se cache sur l’image ci-dessus et gagnez un point si vous parvenez à être le premier à donner la bonne réponse en commentaire !

A partir de 2 points cumulés, vous pourrez choisir un cadeau parmi les suivants en en faisant la demande à 3615philsine@free.fr :
- 1 badge collector « I [love] Phil Siné » (2 points)
- 1 badge collector « I [star] Phil Siné » (3 points)
- 1 lot des 2 badges collector (4 points)
- DVD « The calling » de Richard Caesar (3 points)
- DVD  "Karaté Dog", de Bob Clark (4 points)
- DVD « Tropical Malady », d’Apichatpong Weerasethakul (5 points)
- 1 TV écran plasma 100 cm (1000 points)
- 1 voyage pour 2 personnes à Hollywood (1300 points)
- DVD « Sugarland Express » de Steven Spielberg (6 points)
- DVD « Le candidat » de Niels Arestrup (4 points)
- DVD "Killing Sharks" de Pat Corbitt et Gary J. Tunnicliffe (5 points)
- DVD "Jack Frost" de Michael Cooney (4 points)
- Coffret DVD Série "Le Caméléon" Saison 1 : épisodes 1 à 11 (7 points)
- DVD L’avion de l’Apocalypse, d’Umberto Lenzi (5 points)
- DVD Monster Brawl, de Jesse T. Cook (5 points)
- DVD Subwave, d'Anton Megerdichev (4 points)
- Double DVD Godzilla : Godzilla vs Biollante et Godzilla vs Mechagodzilla II (8 points)
- Nouveau > DVD « Saw » de James Wan (5 points)

Scores actuels :
π : 12 points
MaxLaMenace_89 : 7 points
Cachou : 7 points
Titoune : 4 points
Foxart : 4 points
Mister Loup : 4 points
Docratix : 2 points
Papa Tango Charlie : 2 points
Adèle de Saint-O : 3 points
Martin : 2 points
Bruce Kraft : 1 point
Niko (de CinéManga) : 1 point
Squizzz : 1 point
FredMJG : 1 point
Marc Shift : 1 point
Cinédingue : 1 point
Maitre Savalle : 1 point
Dom : 1 point
Ronnie : 1 point
Stanley Schnitzler : 1 point
Romainst : 1 point
Zo : 1 point
Didi : 1 point
Alceste : 1 point
Tiopirat : 1 point

Bonne chance à toutes et à tous !

dimanche 13 juillet 2014

[Critique] Mad Max, de George Miller

Mad Max
de George Miller
(Australie, 1979)

Le Jour du Saigneur # 143

★★
Longtemps décrié, voire même interdit (pendant un an en France, avant de pouvoir sortir dans une version amputée), pour son incitation à l’extrême violence, « Mad Max » commence pourtant par ces mots : « Demain, peut être. Rien ne condamne mieux la violence que les images qui vont suivre ». Même si la condamnation n’est pas forcément évidente à l’écran, il reste qu’il est assez amusant de constater que le film fut accusé de défendre très exactement ce qu’il prétendait combattre ! Au vu de ce que l’on voit tout d’abord à l’écran (courses poursuites infernales en voitures cabossées, scènes de chasse et de tueries, viols, sauvagerie bien bestiale, membres déchiquetés…), on est effectivement en droit de se poser des questions. Cependant, lorsque l’on réfléchit un tant soit peu à l’histoire, on se rend compte qu’elle comporte une part de critique de la violence ou de la justice personnelle, montrant par exemple que la douleur de perdre ceux qu’on aime demeure toujours aussi vive, même lorsque l’on répond à son désir de vengeance le plus primitif…

Mais reprenons dans l’ordre : « Mad Max » prétend décrire un univers post-apocalyptique visionnaire, montrant le monde où nous vivons dans un avenir proche. La civilisation serait alors en berne et l’humanité de plus en plus tentée de sombrer dans la barbarie la plus sombre et atroce… La plus grande sauvagerie passerait par le rapport de l’homme à la vitesse et aux engins motorisés, comme si l’homme devait sacrifier son humanité en prenant le volant et en se jetant à toute berzingue sur la route ! L’idée est plutôt bonne et transforme presque le film en grande campagne pour la sécurité routière, tellement on a l’impression que les voitures ont déshumanisé entièrement notre espèce… Il faut voir tous ces hommes rendus complètement fous dans leurs carcasses d’acier, tout juste prêt à se rentrer dedans et à s’entretuer !

Cependant, il faut bien reconnaître que l’aspect « anticipation » du long métrage est très vite expédié au profit d’un pur film d’exploitation, style très en vogue à l’époque en Australie à travers le phénomène de l’Ozploitation. Le côté série B de « Mad Max » apparaît d’ailleurs dès les premières scènes, alors que les cascades automobiles se multiplient à l’écran sans que l’on sache vraiment se repérer avec cohérence dans ce déferlement d’images complètement foutraques et parfois incompréhensibles… Ce n’est cependant pas bien grave, puisque l’on comprend l’essentiel : Max fait partie d’une sorte de « police de la route » qui essaie bien difficilement de faire régner l’ordre dans le chaos général du monde, et il conduit un « interceptor » qui lui permet de poursuivre les méchants comme le terrible « chirurgien » et sa bande de tarés ! L’accident tragique de son coéquipier, brûlé vif, le pousse cependant à vouloir démissionner et il finit par prendre le large un moment avec sa petite famille… Sauf que c’est justement là que tout va basculer : sa femme et son fils vont se faire renverser et la vengeance de Max, qui devient alors complètement « Mad », sera absolument terrible !

A travers le personnage de Max, on passe alors d’un reste de justice civilisationnelle (incarnée par une police qui utilise cependant les mêmes méthodes ultraviolentes que ceux qu’elle pourchasse !) à une justice expéditive toute personnelle et pulsionnelle, et en cela éloignée de tout questionnement moral ou éthique… Dans un monde rongé par le chaos, le microcosme familial symbolisait encore pour Max comme une bulle d’amour et de bonheur, lui permettant de croire encore à la civilisation, mais l’éclatement de cette bulle fait soudainement resurgir toute la sauvagerie que Max contenait jusque là en lui. A partir de là, comme au temps des westerns américains (le bush australien n’a d’ailleurs rien à envier à l’Ouest américain), le héros du film sera entièrement guidé par son instinct de vengeance et affrontera ses ennemis au cours de duels où les chevaux et les revolvers sont abandonnés au profit de bolides d’acier aux pneus crissant sur l’asphalte ! Guidé par la haine, Max sombre à son tour dans la barbarie et révèle même un sadisme incroyable dans la dernière scène, au cours de laquelle il enchaîne sa dernière victime à une voiture sur le point de s’enflammer. Lui tendant une scie, il lui déclame alors : « La chaîne des menottes est en acier trempé. Il te faudrait 10 minutes pour la scier. Ou bien avec un peu de chance, tu dois pouvoir te trancher la cheville en 5 minutes ». On dirait presque du « Saw » dans le texte !

Mais terminons sur une note un peu plus gay, avec la présence d’un sous-texte étonnamment « queer » qui s’insinue sournoisement au fil du long métrage… La présence de Mel Gibson tout d’abord, qui ne sera jamais aussi sensuel et sexy à l’écran que dans ce « Mad Max », partagé entre une tendre virilité et une beauté d’éphèbe toute juvénile ! Sa douce plastique contraste d’ailleurs fortement avec son rôle hyper violent dans le film… Que pensez par ailleurs de cette étrange conversation décalée de Max avec son chef Fifi, limite sentimentaliste, où ce dernier fait tout pour empêcher Max de quitter la police : on dirait deux petites fiottes qui n’arrivent plus à se séparer et c’est assez jouissif ! Enfin, impossible de passer à côté des combinaisons en cuir des policiers, hyper moulées et hyper sex, aux limites du SM et du mouvement « queer »… A se demander comment ce film n’a jamais été récupéré par la communauté gay tant ses « codes » y sont indirectement prégnants !

Étonnante perspective :
- Happy Feet, de George Miller

mercredi 9 juillet 2014

[Critique] Xenia, de Panos H. Koutras

Xenia
de Panos H. Koutras
(Grèce, France, Belgique, 2014)

Sortie le 18 juin 2014

★★ ♥

Après le fade et tristounet « Strella », le réalisateur de l’improbable (mais délirante) « Attaque de la moussaka géante » signe une splendide odyssée, aussi généreuse que colorée, avec « Xenia » ! Cette idée d’odyssée, forcément grecque, emprunte bien sûr à Homère, même si son ampleur demeure sans doute plus modeste…

Deux jeunes garçons de 16 et presque 18 ans partent sur les traces de leur père après la mort de leur mère et vivent mille aventures, de violences urbaines en télécrochet façon « Nouvelle star » pour la télévision grecque… Les deux acteurs, Kostas Nikouli et Nikos Gelia, tous les deux impeccables, contribuent largement à l’attachement que l’on peut avoir pour ces deux personnages sensibles et à fleur de peau… Leur origine albanaise et leur désir d’accéder à la nationalité grecque en retrouvant ce père qui les a abandonné, permet au cinéaste de distiller dans son long métrage une dose de critique sociétale, dans une Europe où les nationalismes grondent… Il regrette amèrement la disparition des principes antique de l’hospitalité grecque, en expliquant notamment le sens du titre de son film : "On pourrait traduire « Xenia » par « hospitalité » mais le sens de ce concept ancien est beaucoup plus complexe. C’est une loi respectée par les dieux grecs, qui nous intime d’honorer et d’accueillir les étrangers d’où qu’ils viennent. Zeus, le père de tous les dieux, est également parfois appelé Xenios Zeus, « Zeus l’Hospitalier ». L’hospitalité était un principe et un fondement majeur de la Grèce antique".

Mais face à la noirceur réaliste d’un monde en déroute, on sent que Panos H. Koutras préfère lui opposer une fantaisie colorée, faisant tendre « Xenia » vers l’humour, la générosité et parfois un merveilleux surprenant, à travers notamment les débordements de l’imaginaire du  plus jeune frère, à la gay-titude joliment romanesque et politique : sa passion pour Patty Pravo, une diva italienne des années 70, ou son attachement à un lapin aux multiples avatars, symbole rassurant d’une enfance en train de disparaître, offre une teinte délicieusement fantasque à un ensemble foutraque et généreusement rythmé ! Pour le cinéaste, « Xenia » est une façon intime de parler de sa propre adolescence : "Ce film est un adieu à ma jeunesse. Les années d’adolescence sont les plus intenses que j’ai vécues. En rébellion contre le système, j’avais pour seule trinité le sexe, la drogue et le rock’n’roll. Je me sentais différent, singulier. Mon homosexualité n’y était sans doute pas pour rien".

Entre réalisme noire et poésie arc-en-ciel, bourré d’énergie et d’inventivité, « Xenia » propose ainsi un voyage unique et plein de vie aux spectateurs curieux… Une belle proposition pour débuter l’été et garder espoir en de doux lendemains…

Autres films de Panos H. Koutras :