dimanche 17 janvier 2010

Le Guépard, de Luchino Visconti (Italie, France, 1963)



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Note :
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« Le guépard » (à ne pas confondre avec « Le gay part » que signa Visconti à la fin de sa carrière comme pour mieux tirer sa révérence) est un merveilleux documentaire animalier où l’on croise
des guépards donc, mais aussi des lions, des chacals, des moutons… sachant que chacun d’entre eux, comme le fait remarquer le personnage de Burt Lancaster, croit être "le sel de la Terre" !
Visconti place ainsi les thèmes historiques et politiques au coeur même de son film adapté de l'unique roman de Giuseppe Tomasi Di Lampedusa, contant la déchéance des guépards au profit des
chacals, ou en d'autres termes : la défaite de l'aristocratie sur les troupes révolutionnaires ou sur une nouvelle bourgeoisie montante... Mais en procédant à un portrait minutieux de la société
italienne de 1860, à travers sa reconstitution historique incroyablement détaillée, Visconti cherche pourtant avant tout à tendre vers l'universel. "Si nous voulons que tout reste inchangé, il
faut que tout change", dira encore le prince Salina, comme pour mieux signifier que tout grand changement historique ne fait que réinstaurer un même système, avec ses règles et ses jeux de
dominations, mais simplement avec de nouvelles classes sociales... L'éternel et vain recommencement de l'histoire !

Palme d'or à Cannes en 1963, "Le guépard" fut immédiatement couronné d'un grand succès public et critique, largement mérité.
Mais bien plus que ses pensées philosophiques sur la marche de l'Histoire, le film a très certainement bien mieux "accroché" son public pour son casting international flamboyant (outre Burt
Lancaster, on trouvera notamment Alain Delon et Claudia Cardinale) et pour ses évocations sentimentales... Le romanesque brûle ainsi d'un bout à l'autre de ces trois heures de métrage, à travers
la passion folle et moderne d'Angelica et Tancrède, la mélancolie de Salina devant l'inéluctable passage du temps et l'imminence de la mort qui rode, ou encore cette mythique scène de bal, d'une
durée de 50 minutes, qui nécessita quelques 40 nuits de tournage !

Autre aspect étonnant (et détonnant) du film, un certain humour, inattendu, le parcourt plaisamment... Un humour parfois acide au détour de quelques répliques "cultes" : "Le mariage ? Un an de
flamme… et 30 ans de cendres !" Un humour souvent irrévérencieux, notamment à l'égard de l'aristocratie et de ses ridicules, ou même de la religion, que Visconti aime à moquer : la femme de
Salena, par exemple, se sent toujours obligée de prier à la moindre affection de la part de son mari... Mais on retient aussi une distance ironique plutôt hilarante dont on se demande aujourd'hui
si elle est volontaire : le personnage de Claudia Cardinale, notamment, dégage un érotisme exacerbé et poussif, roulant des pupilles et se mordant les lèvres plus qu'il ne faut... et que dire
encore de son rire mythique lors d'un repas guindé, rire provoquant et intarissable dont tout spectateur du "Guépard" ne peut que garder un souvenir charmé et amusé !































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5 commentaires:

  1. Je ne l'ai pas encore vu, mais ça donne envie. A ma grande honte je ne me souviens pas de l'humour de Ludwig ou le crépuscule des dieux ni de Rocco et ses frères qui m'avait
    traumatisée... Mais nul doute que Visconti, du fond de sa tombe, aura apprécié ta superbe blague du début !

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  2. Quel film magnifique... Dans mon top100 de l'histoire. Le film parfait de la beauté de l'écrin jusqu'au fond du propos tout y est superbe. Chef d'oeuvre incontestable. 20/20

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  3. Visconti était tellement méticuleux que tout est évidemment volontaire, la distanciation comme l'humour (il y a toujours de l'humour chez Visconti, il est souvent acide, mais il est là). Et La
    Cardinale n'a sans doute jamais été aussi belle...

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  4. Oh my gode, Visonti... Je perds les eaux à chaque fois que je vois un de ses films. Le guépard est absolument parfait, y a rien à jeter. Des costumes à Claudia Cardinale
    en passant par la mise en scène et les dialogues, tout est beau dans ce film.
    PS : très bon le jeu de mot, je le note celui-là ^^

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  5. wah, si visconti te fait perdre les eaux à chaque fois, tu dois avoir une famille sacrément nombreuse ! :)

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