mercredi 31 août 2011

[Sortie] La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli



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La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli (France, 2011)



Sortie le 31 août 2011



Note :
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Prix des
Blogueurs
au Festival Paris cinéma 2011



La critique enthousiaste de Phil Siné est à lire via ce
lien



(et il vous reste en outre jusqu'à ce soir minuit pour tenter de gagner votre
place pour aller voir le film...
)



































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mardi 30 août 2011

[Critique] Carré blanc, de Jean-Baptiste Leonetti



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Carré blanc, de Jean-Baptiste Leonetti (France, 2010)



Sortie nationale le 7 septembre 2011



Note :
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Un « THX 1138 » à la française, vous en rêviez ? Eh bien quarante ans après, Jean-Baptiste Leonetti l’a fait ! Ca n’a peut-être l’air de rien à vos yeux, difficile aussi de savoir si l’avenir de
Leonetti sera aussi glorieux que celui de George Lucas, n’empêche que dans la frilosité ambiante du cinéma de genre produit en France, « Carré Blanc » fait un sacré effet !

On notera d’abord une ambiance glaciale hyper bien travaillée, léchée à ne plus avoir de salive ! Le rendu terne et glauque de la photographie et la mise en scène languide et quasi géométrique
sont les atouts non négligeables de l’atmosphère qui se dégage de ce premier film choc… Illustration d’un monde totalement déshumanisé, où tout espoir disparaît progressivement, emporté par des
vagues de suicides, et où la violence inouïe du quotidien semble être intégrée et acceptée de tous, parfois même considérée comme un jeu, avec des gagnants et des perdants… Ceux qui ne jouent pas
le jeu, en attentant à leurs jours par exemple, seront « reconditionnés » pour peu qu’ils survivent : jusqu’à ne plus éprouver d’émotion et obéir à un arrière plan social terrifiant… « 1984 »,
nous voilà ! Et c’est d’autant plus troublant que derrière les artifices esthétiques et architecturaux sombres et droits, d’où rien ne dépasse, c’est en fin de compte une illustration « excessive
» de notre monde que le cinéaste nous donne à voir : une « hyper-réalité » qui pourrait bien être notre avenir, si elle n’est pas déjà notre présent…

Les acteurs principaux sont nickels pour incarner une dernière lueur d’espoir dans ce monde de fantômes : l’amour qui lie les personnages de Sami Bouajila et Julie Gayet sera-t-il plus fort que
le système qui broie les individus pour en faire des robots sans âme et sans conscience ? Système tyrannique d’ailleurs parfaitement montré par l’image que donne Leonetti du monde de l’entreprise
: Philippe (Sami Bouajila) est chargé de recruter du personnel pour son entreprise et fait passer toute une série de tests absurdes aux futurs employés – des tests cliniques et violents, souvent
humiliants, qui rappellent ceux de certaines entreprises contemporaines… Terrifiant par l’image, « Carré blanc » l’est tout autant dans la juxtaposition que l’on peut faire du monde qu’il décrit
avec le nôtre. Un premier essai marquant et encourageant !































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lundi 29 août 2011

[Critique] This must be the place, de Paolo Sorrentino



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This must be the place, de Paolo Sorrentino (France, Italie, Irlande, 2011)



Sortie le 24 août 2011



Note :
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« This must be the place », c’est d’abord une composition carrément ahurissante de la part de Sean Penn : il incarne Cheyenne, une ex-rock star vieillissante, qui semble pourtant ne jamais avoir
vraiment grandit, victime probable du syndrome de Peter Pan. L’acteur est tout simplement bluffant dans la peau de ce curieux personnage, entre douce folie et ironie pince sans rire (son petit
rire en coin est absolument tordant). Retiré du monde dans une luxueuse résidence en Irlande avec sa femme, il reste toujours calme et méditatif, maquillé et looké à la mode gothique… Sous ses
apparences de drogué dépressif se cache pourtant un être visiblement sensible et intelligent, dont le regard sur le monde est à la fois sincère et pur, dont la douceur le pousse à accomplir le
bien. Ses rares réflexions, faussement fantaisistes, sont pourtant pleines de bon sens… Avec la mort de son père, à qui il ne parlait plus depuis son adolescence, il va se mettre en quête de ses
origines en retournant aux Etats-Unis : il va poursuivre aussi celui que son père avait recherché toute sa vie durant, un de ses bourreaux nazis lorsqu’il était dans un camp de concentration.

Bizarrement, le sujet principal du film – le retour sur le passé et la relation au père – apparaît relativement tardivement à l’écran et reste dilué dans toute une série de questionnements et de
sous intrigues plus anecdotiques… Le tout forme un long métrage déséquilibré, mais plutôt intrigant dans son étrange ambiance, à la lenteur mélancolique et à la photographie superbe ! Une forme
d’esthétique faussement publicitaire émerge ainsi, mais elle se met toujours au service d’un regard décalé sur le monde, un peu à la façon du photographe Martin Parr. Dans sa résidence, la
piscine creusée n’a par exemple jamais été remplie parce qu’elle sert de terrain de squash parfait… Mais là où le décalage s’avère le plus remarquable et savoureux, c’est lors de cette odyssée de
Cheyenne à travers l’Amérique : sous l’allure d’un monde parfait et lisse, il y a toujours quelque chose de pourri à découvrir, pour peu que l’on gratte un peu sous le verni… Les images nous
emmènent aussi vers un monde absurde, toujours poussé vers la démesure : là où une sculpture de la plus grande pistache du monde se révèle la fierté locale, Cheyenne demande avec une amusante
candeur où se trouve la plus petite ? On aime aussi cette façon dont la cruauté et la perversion humaine passe sans heurt sur le personnage : il se refuse ainsi même à une femme qui se jette sur
lui, par simple et sincère fidélité à sa propre femme… Si un tel comportement peut surprendre de la part d’une ancienne star du rock, elle ne surprend plus d’un personnage superbe que l’on a
appris à aimer, tout au long d’un film riche et surprenant, qui nous emmène là où on ne s’attend pas…































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dimanche 28 août 2011

[Critique] Les Ruines, de Carter Smith


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Les Ruines, de Carter Smith (Etats-Unis, 2008)



Note :
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Si l’intrigue de « The ruins » repose sur un postulat assez classique en matière de film d’horreur, le long métrage n’en demeure pas moins une bande horrifique cool et efficace, avec un
sympathique petit air de série B bien fendarde…

Tout commence donc sans surprise, avec un groupe de jeunes touristes américains cherchant l’aventure dans un pays exotique (enfin, le Mexique, faut pas aller trop loin non plus…) : pour terminer
leurs vacances en beauté, ils quittent la piscine de leur hôtel et s’en vont explorer des ruines « secrètes » qui ne sont sur aucune carte… enfin, sauf celle qu’un autre touriste leur a
griffonnée en vitesse pour les guider ! Les voilà donc loin de la civilisation, sans réseau sur leurs portables (sinon ça serait trop facile), prêts à tous se faire buter les uns après les
autres… Ils se retrouvent bien vite isolés dans les fameuses ruines et cernés par une bande d’autochtones armés qui les empêchent d’en sortir… et pour cause : en pénétrant les lieux, ils ont été
contaminés par une étrange plante rampante et carnivore, qui se mettra même bientôt à pousser sur leur corps ! Top délire…

Tout est bien sûr très schématique dans la psychologie des personnages et leurs actions / réactions devant la menace : mais une telle caricature rend justement la chose ensorcelante, un peu comme
cette plante capable de mettre ses ennemis sous son charme, en imitant par exemple la sonnerie d’un téléphone ou la voix des personnages… on nagerait presque en pleine poésie ! On suit alors le
film mi-incrédule, mi-amusé, et on finit même par bien prendre son pied lorsque l’horreur surgit ici et là, même si l’on ne sait parfois plus s’il faut en rire ou crier ! Les effets gores sont
plutôt sympas, l’animation de la superplante (façon « monstroplante » dans « Jayce et les conquérants de la lumière ») se révèle convaincante et la structure du récit s’équilibre très bien à
travers ses divers rebondissements… Les charmes de la série B s’y ajoutent avec bonheur, par le biais des agissements des personnages et notamment par cette séquence incroyable, où pour sauver un
de leurs amis dont les membres inférieurs servent de terreau pour les plantes, la bande décide de l’amputer joyeusement des deux jambes… Pour cela, rien de plus facile : il te suffit de briser
l’os avec une grosse pierre, de découper la jambe avec un opinel bien affûté et de cautériser le tout avec une poêle bien chaude et bien dégueu ! « Fendard », puisqu’on vous le dit…



 



Au cours des précédents jours du Saigneur































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samedi 27 août 2011

[Déclaration d’amour] 9 fois 13 Honoré


christophe_honore.jpgOde à un Bien-aimé…




La première fois que j’ai été confronté à l’œuvre de Christophe Honoré, ce devait être en 2005 ou en 2006, lorsque son téléfilm « Tout contre Léo », version adulte de son roman pour enfant, a
enfin été rendu visible, après que M6, qui l’avait produit en 2002, ait renoncé à le diffuser pour une malheureuse scène d’amour entre deux garçons, que le cinéaste avait alors refusé de couper…
parce que l’art avant tout, et bien avant la censure, évidemment !

Et puis il y a eu l’expérience du grand écran, avec « Dans Paris », et puis surtout « Les chansons d’amour ». Une révélation pure et simple : un film que j’ai aimé
d’amour au premier coup d’œil, un film qui m’a parlé à la première réplique, un film qui m’a mis à nu et bouleversé… L’un de ces films rêvés, que l’on n’osait imaginer voir un jour, et qui
pourtant se déroulait là devant mes yeux, sans fausse note, exactement comme le long métrage que j’avais toujours désiré en secret…

J’ai alors découvert à rebours « 17 fois Cécile Cassard » et « Ma mère
», des films un peu à part, moins aimables au premier abord mais tout aussi originaux et sincères… Et puis j’ai lu les romans d’Honoré, aussi : quelques textes pour la jeunesse, mais surtout «
L’infamille », « La douceur », ou encore ce « Livre pour enfants » pour adultes… Et toujours ce même plaisir, cette même intimité partagée… Troublant. « Parce que je suis un narrateur homosexuel.
Ce qui n’aura pas échappé à mon lecteur confident. Parce que j’ai dans l’idée que mon lecteur – si tant est que j’admette être lu, et que donc ce livre, et les romans qui ont précédé, et les
films sont bien des lettres adressées à ce confident – est convaincu des préférences de mon sexe »*. Continuez de lire à la page 25…

Et la passion, dévorante, ne s’est pas arrêtée : il y a eu encore « La belle personne », où jamais la jeunesse n’a été aussi belle, et tendre… Et tout s’est enchaîné si vite, à un rythme que peu
de cinéastes savent tenir avec autant de talent : « Non ma fille tu n’iras pas danser », « Homme au bain », et jusqu’à ces « Bien-aimés » aujourd’hui… Un film par an, minimum. Et en tout 9 films comme autant de
raisons d’être enchanté : 9 fois TRES Honoré…

« Le cinéma nous inachève. Il nous apprend que nous ne sommes pas entiers, que notre construction est fragile. La présomption du sentiment amoureux est une expérience de la déperdition, nous y
revoilà, et quand le cinéma ne nous offre pas cette expérience-là, il est de propagande »*… Les errances de l’amour, le sentiment d’incomplétude, ou même la solitude : le cinéma de Christophe
Honoré nous parle avec une grâce et une beauté infinie de l’intériorité des êtres, fragiles. « Une insoutenable tendresse »* et une tristesse rassurante parcourent tous ses films, transmises par
des personnages touchants, portés par des acteurs et des actrices bouleversants… Une famille de cinéma, que le réalisateur a su s’inventer avec ferveur…

Dans ses films, l’amour est scandé sur tous les tons : il est joyeux, mélancolique, sensuel ou sexuel… Il peut même devenir politique lorsque le cinéaste adapte, avec « La belle personne », le
premier roman d’amour français « La princesse de Clèves », en réaction aux déclarations incultes d’un détestable petit président de la « république » (ce qu’il en reste)… L’amour est « scandé »,
comme si tout était affaire de musicalité : et les chansons d’Alex Beaupain se marient en plus si bien à l’univers d’Honoré… Depuis le refrain de « La Bastille » improvisé sur un banc dans « Tout
contre Léo », la plupart des longs métrages comportent au moins une chanson, comme un moment à part : le magnifique « Avant la haine » au téléphone dans « Dans Paris » ou bien « Comme la pluie »,
à pleurer dans « La belle personne »…

Jusqu’à ces deux films majeurs, « Les chansons d’amour » et « Les Bien-aimés », véritables comédies musicales « en chanté », qui convoquent dans leur
essence l’esprit de Jacques Demy. Les références au cinéaste étaient déjà nombreuses avant ça, depuis la chanson de « Lola » reprise avec délice par Romain Duris dans « 17 fois Cécile Cassard », mais elles explosent ici, dans la capacité d’Honoré à
réenchanter le monde par la musique, à l’instar du cinéma de Demy… Mais un Demy pas qu’à moitié, si l’on peut dire, dans le cas d’Honoré : Il serait finalement un peu comme un Jacques Demy qui
s’assume enfin, au romantisme « prosaïque » plus ancré dans la réalité et surtout carrément libéré sexuellement ! Tout y passe ou presque : homosexualité, inceste, prostitution, ménage à trois,
jeux sexuels, adultère… l’amour sous toutes ses formes, en somme… Question d’époque, assurément !

Pour ses libertés, pour ses audaces, pour l’amour que j’ai de ses films, que Christophe Honoré soit ici honoré et infiniment remercié…

* « Le livre pour enfants », de Christophe Honoré (Editions de l’Olivier)































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vendredi 26 août 2011

[Critique] Les Bien-aimés, de Christophe Honoré



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Les Bien-aimés, de Christophe Honoré (France, 2011)



Sortie le 24 août 2011



Note :
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Comment ne pas bien aimer ces « Bien-aimés » ? Comment résister au charme fou de ce film qui emporte tout avec lui, de 1963 à 2008, de Paris à Londres, en passant par Prague et Reims ? Christophe
Honoré fait éclater les notions temporelles et géographiques pour nous livrer une flamboyante romance, dont le relais serait les amours d’une mère, puis de sa fille… Il fait passer les époques et
les lieux sous nos yeux avec une grâce magique. Il filme avec une fluidité miraculeuse le passage du temps et des espaces : on retient de sublimes ellipses « en chansons », carrément enchanté de
tout ce que l’on voit et que l’on entend ! « Tout est si calme » : avec cette seule chanson, vingt ans passent comme par enchantement, par les voix croisées de la mère et de la fille et surtout
des quatre actrices qui les interprètent dans les deux époques…

"Les chansons ne sont pas des numéros, plutôt des monologues intérieurs, elles sont le moteur qui ouvre la porte au lyrisme. Quand vous faites un film sur le sentiment amoureux, et c’est le cas,
quoi de mieux qu’une chanson pour parvenir à ce que j’appellerais le lyrisme de l’intimité" : Honoré évoque avec justesse ce qu’il est parvenu à faire avec l’intrusion de moments chantés dans son
film, tout comme il l’avait réussi sur « Les chansons d’amour »… Les
personnages y gagnent en profondeur et en émotion, le film en douceur et en tendresse… Il faut dire que les textes d’Alex Beaupain sonnent toujours aussi simples et justes, tour à tour ludiques
ou mélancoliques. Sa verve (non, je n’ai pas dit sa verge !) joyeuse et espiègle, un peu perverse aussi, lui permet par exemple de faire rimer sans complexe « trique » avec « bite » et « nique »
: « Ils viendront bien les coups de trique / Avant de nous mettre en orbite / En Tupolev ou en spoutnik ».

Il est très beau de constater d’ailleurs que cette première chanson du film est un écho parfait à la dernière : construites sur le même schéma toutes les deux, l’une met l’accent sur
l’insouciance de la jeunesse et la légèreté de l’amour (« Je peux vivre sans toi »), quand l’autre est un constat funeste sur la finitude des choses et l’impossibilité de revenir en arrière (« Je
ne peux vivre sans t’aimer »). De la légèreté à la gravité, on passe de la jeunesse à la fin de vie, de la naissance à la mort du sentiment amoureux, et de la possibilité à sa négation dans le
titre même des chansons… La phrase est pourtant la même dans les deux chansons, seul le ton de son interprète change son sens du tout au tout : « Je peux vivre sans toi mais je ne peux vivre sans
t’aimer ». Le temps qui passe trop vite est filmé et chanté avec une acuité bouleversante…

Mais outre le temps qui passe, Christophe Honoré nous parle encore de l’amour, et il le fait avec une passion, une tendresse, une beauté, une douceur, qui lui sont propre et qui nous
transpercent… Il met en relation avec une belle subtilité le temps de l’amour à deux époques différentes : si la mère et la fille sont toutes les deux des « filles légères », la première le
faisait en parfaite insouciance quand l’autre sait ce qu’elle risque à se perdre… jusqu’à une séquence-métaphore d’une force et d’une violence inouïe : l’amour à trois, à quatre si l’on compte le
sida, et l’amour qui transmet la mort surtout, quand Véra sort de la chambre, sans l’enfant qu’elle aurait voulu, mais avec de quoi en finir… un certain 11 septembre 2001 : quand l'Histoire fait
écho aux peines de coeur. Les pistes de lecture se multiplient au fil du film : la transmission de génération entre une mère et sa fille, la transmission de la maladie, et puis la transmission de
l’amour, toujours, avec des chassés croisés infernaux. Car « Les Bien-aimés » est rempli de couples qui se font et se défont, des couples impossibles mais beaux ! Les filles sont attirées par
l’inconnu, symbolisé par la nationalité de leurs véritables amours (un homme tchèque pour la mère, un américain – homo de surcroît – pour la fille), pour leur plus grand malheur d’ailleurs, car
la vie aurait pu être si simple, si elles s’étaient contentées de ceux qui les aimaient vraiment… du coup, les « bien aimés » sont toujours ceux qui nous échappent trop vite, même s’ils
continuent à hanter nos vies, car le cinéaste semble nous rappeler que nos vies n’ont d’importance que par rapport à un nombre infime d’autres personnes, mais des personnes intimes, justement… Le
malheur est que l’on comprend cela bien trop tard, lorsque l’on sait que « rien ne viendra plus à présent ». On semble entendre en filigrane les célèbres mots d’Aragon : « Le temps d’apprendre à
vivre il est déjà trop tard », ou encore « Il n’y a pas d’amour heureux »…

Malgré la tristesse qui émane de son film, le cinéaste ne cesse pourtant de l’égayer, à travers des chansons bien sûr, mais aussi les jeux de l’amour ou encore de multiples citations, comme il en
a pris l’habitude, parce que le présent est toujours un écho du passé. Le film s’ouvre sur des chaussures et des jambes de femmes qui les portent : on pense alors à Truffaut, à « L’homme qui
aimait les femmes », mais aussi au temps du Yé-yé et aux clips musicaux vintage des 60’s… L’ombre de Demy est bien évidemment toujours là elle aussi, avec cette capacité sublime d’« en chanter »
et de sublimer le réel…

De merveilleux acteurs défilent et nous enchantent enfin dans cette comédie musicale inespérée, qui nous arrachent les larmes autant que les rires et qui nous rappelle l’importance de vivre,
chose que l’on oublie trop souvent… Quel plus beau duo que Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni, du coup mère et fille à la ville comme à l’écran, pour illuminer ce film ? On se demande
presque pourquoi Deneuve ne rejoint le cinéma d’Honoré que si tard, alors qu’elle y semble si naturellement (voire génétiquement ?) attachée… Une fois de plus, comme dans « Les chansons d’amour », Ludivine Sagnier, insouciante et lumineuse, est expédiée
après le premier tiers du film, incarnant la jeunesse de la mère dans les années 60 puis 70, où elle ressemble de façon troublante à la Catherine Deneuve des années 60. Sans oublier les seconds
rôles, qui ne manquent jamais de relief : Paul Schneider, Racha Bukvic, Milos Forman, Michel Delpech, le jeune Omar Ben Sellen (que l'on aperçoit à peine mais qui chante une chanson très chouette
sur la BO, malheureusement coupée au montage…), le joli québécois Dustin Segura-Suarez... Et puis Louis Garrel, inséparable de la filmographie du réalisateur ! Il joue avec une belle
sincérité les amoureux transis, puis les veufs éplorés, avec sa grâce éthérée et son visage intense et touchant. S’il a pris en chair, il n’a guère pour autant perdu en charme (la scène à l’hôtel
avec Chiara… hum !), et la barbe qu’il arbore dans la dernière partie du film le rend irrésistiblement sexy…



 



Mise en perspective :



- Homme au bain, de Christophe Honoré (France, 2010)



- 17 fois Cécile Cassard, de Christophe Honoré (France, 2001)



- Les chansons d’amour, de Christophe Honoré (France, 2007)



- Déclaration d’amour à Christophe Honoré































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jeudi 25 août 2011

[Critique] Impardonnables, d’André Téchiné



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Impardonnables, d’André Téchiné (France, 2011)



Sortie le 17 août 2011



Note :
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Adaptation du roman de Philippe Djian, « Impardonnables » est avant tout un film de commande, et n’est malheureusement guère plus que cela… L’intrigue s’y met certes en place avec une certaine
saveur, notamment grâce à ses deux acteurs principaux (André Dussollier et Carole Bouquet) qui forment un duo parfaitement raccord, ainsi qu’au talent de conteur d’André Téchiné, qui a un art
fabuleux pour faire avancer son récit vite et bien, par le biais d’ellipses ou de mouvements de caméra adéquats… La première rencontre entre les deux personnages demeure ainsi une petite
merveille : elle, agent immobilier, l’emmène visiter une villa isolée sur une île, et lui, tombant amoureux par surprise, lui propose de but en blanc de s’installer ensemble, alors même qu’ils
viennent de se rencontrer… et le plus beau, c’est qu’on y croit sans broncher : là réside justement toute la grâce du cinéma de Téchiné !

Ensuite, les personnages secondaires apparaissent, le temps passe, les destins se croisent et les intrigues se resserrent les unes sur les autres… Bien sûr, il y a constamment un beau souffle
romanesque, une puissance et une aisance à filmer le monde en marche que l’on retrouve dans bien peu de cinéma… Mais contrairement aux dernières merveilles que nous avait proposées le réalisateur
Les Témoins » ou « La fille du RER » par exemple), où l’on sentait déjà cette
volonté de précipiter les êtres et les évènements, le fil de l’intrigue nous paraît souvent ici un peu vain et creux… Est-ce dû à l’absence d’enjeux sociaux ou politiques, qui permettaient aux
films précités d’entremêler avec maestria la petite et la grande histoire dans un tourbillon narratif sublime ? Toujours est-il que l’on a bien du mal parfois à se passionner aux chassés-croisés
un brin forcés de tous ces « Impardonnables »…

Il faut dire aussi que les pistes de lectures se multiplient, partent ici et là, et qu’elles ont bien du mal à se retrouver… et surtout à intriguer le spectateur ! Quid par exemple de cette fille
qui disparaît soudainement, sans que les explications qui la ramènent ensuite ne satisfassent tout à fait ? Quid aussi de cette parenthèse où un jeune personnage doit subir les foudres d’une
milice d’homosexuels après avoir lui-même commis un acte homophobe ? Certes, cette sous-intrigue permet à Téchiné de développer ses thèmes de prédilection ou de justifier le titre de son film («
Atteindre à l’intégrité des corps des gens, c’est impardonnable ! »), mais le tout semble bien trop artificiel pour véritablement convaincre… Soyons honnête cependant, le film se révèle
parfaitement regardable et son déroulé fluide et mouvementé est un réel plaisir, spécialement lorsqu’il nous laisse en compagnie du couple à l’origine du récit. C’est simplement le nom apposé à
sa réalisation qui nous fait un peu rager de ne pas avoir eu droit à mieux qu’un simple petit plaisir… Mais on pardonnera aisément ces « Impardonnables » à Téchiné, comme une petite faiblesse
dans une œuvre déjà grandiose et que l’on espère voir reprendre de sa superbe dès le prochain opus !



 



Mise en perspective :



- Les témoins, d’André Téchiné (France, 2007)































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mercredi 24 août 2011

[Critique] Les chansons d’amour, de Christophe Honoré



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Les chansons d’amour, de Christophe Honoré (France, 2007)



Note :
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Honoré, Garrel, Mastroianni… Le générique fait défiler les noms de famille seuls des participants au film, sans en préciser ni la fonction ni les prénoms, le tout sur des images volées dans les
rues de Paris… « Les chansons d’amour » possède dès le départ un romantisme moderne, mêlant une certaine grâce (celle de noms glorieux qui s’imposent en gros à l’écran) et une poétique plus
urbaine, exposant plein cadre la crasse ou la pauvreté d’une ville tour à tour lumineuse et grise… Si le film est une ode à Paris, il n’en devient pas pour autant « parisianiste », comme
certaines mauvaises langues le lui ont reproché (reproche d’autant plus idiot que le réalisateur est un pur produit de la province) : nous en tiendrons pour preuve les aléas sentimentaux modernes
et universels qui composent une histoire pleine de surprises et de chemins de traverse.

En composant avec une histoire personnelle, Christophe Honoré dessine les contours d’une « carte du tendre » d’aujourd’hui, mêlant habilement les sexes et les sexualités, les amours passagères et
les histoires qui durent… Il parle des sentiments, de l’absence, de l’errance affective, avec une grâce touchante et des mots qui pourront faire écho à toute une génération vivant l’amour et ses
drames dans les années 2000. Si « les chansons d’amour » est un beau film générationnel, qui porte et qui transporte tous ceux qui voudront bien en faire l’expérience, il est aussi bien plus que
cela et tend souvent à l’universel, notamment par une forme riche et maîtrisée, à la fois libre et intelligente…

Encore une fois, Honoré cite abondamment la nouvelle vague et mêle dans son film le cinéma, la littérature, la poésie ou le théâtre… Il signe un film à la confluence des arts, finalement, inscrit
dans une économie de moyen qui donne justement leur force aux images : certaines séquences de rue semblent prises sur le vif, comme volées, et ajoutent au charme d’un long métrage profondément
touchant et sincère… Outre des tentatives formelles diverses, audacieuses et souvent judicieuses, on reconnaît un hommage évident au cinéma de Jacques Demy, à travers le découpage du film en
trois parties (le départ, l’absence, le retour) qui évoquent celles des « Parapluies de Cherbourg », à travers également une Chiara Mastroianni couronnée reine lors d’un dimanche d’Epiphanie en
famille (tout comme sa mère Catherine Deneuve dans les même « Parapluies de Cherbourg »), ou encore à travers la présence fantaisiste de marins dans les rues de Paris (référence aux « Demoiselles
de Rochefort »). Tout cela sans compter bien sûr les allures de comédie musicale du long métrage…

Avec l’aide de son ami compositeur Alex Beaupain, Christophe Honoré livre d’ailleurs une partition magistrale, à travers des chansons façon nouvelle scène française, joliment mélodiques et à la
teneur textuelle sensible et lyrique… Parfaitement intégrées à la narration, les chansons permettent aux personnages d’exprimer leurs sentiments à merveille, et le fait d’avoir pu utiliser la
véritable tessiture des voix des acteurs pour les chanter rend le résultat plus émouvant encore.

« Les chansons d’amour » s’offre ainsi comme un pur délice acidulé, entre lyrisme et réalisme, entre tendresse et tristesse, traînant sa douceur mélancolique au fond de nos cœurs bien longtemps
après la fin du film… Tous ces personnages, merveilleusement écrits et incarnés, sont devenus comme des mythes modernes, qui nous parlent et se fondent en nous. Les acteurs y sont bien entendus
pour beaucoup, et l’on admire avec quelle maestria Honoré a su se composer l’une des plus belles familles du cinéma contemporain, qu’il fidélise de film en film : Louis Garrel (plus beau que
jamais), Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni, Clotilde Hesme, Grégoire Leprince-Ringuet, Brigitte Roüan… et jusqu’à des apparitions surprises savoureuses, comme celle de Gael Morel au début du
film, filoutant pour passer devant tout le monde dans une file d’attente au cinéma. Le personnage de Ludivine Sagnier s’y rend justement au cinéma, parce que c’est forcément là que tout commence,
et on tombe immédiatement amoureux d’elle lorsqu’elle prend son ticket en disant simplement « Pardonnez-moi s’il vous plait », puisqu’elle va voir le film « Pardonnez-moi » de Maïwenn. Voilà
peut-être d’ailleurs la meilleure définition de ces « chansons d’amour » : un film où l’on tombe amoureux, amoureux des êtres qu’on y croise, amoureux de leurs chansons, amoureux de la ville, de
la vie et de ses hasards, amoureux de l’amour, aussi…



 



Mise en perspective :



- Homme au bain, de Christophe Honoré (France, 2010)



- 17 fois Cécile Cassard, de Christophe Honoré (France, 2001)































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mardi 23 août 2011

[Carte blanche] Mes meilleures amies, de Paul Feig (vu par Laurent)


Dans la manchette de son journal son blog, Laurent déclare tout de go aimer tout à
la fois le Petit Robert et le bruit des haricots verts que l’on équeute, le champagne et les raccourcis clavier, l’autodérision et l’étreinte d’un homme… Cet inventaire à la Prévert dénote un
garçon drôle et sensible, égrenant au fil de ses notes une fantaisiste et douce folie. Entre les fraises et la tendresse, il nous parle au quotidien du sien (de quotidien !), entre ses
découvertes, ses lectures, ses observations futiles ou nécessaires sur le monde, sa vie gay ou pas toujours, ses délires ou ses moments plus philosophes… un garçon passionnant, puisqu’on vous le
dit ! à suivre avec délice… ou même avec d’autres ! Pour Phil Siné, il a bien voulu parler d’un film qu’il vient tout juste de voir au cinéma : « Mes meilleures amies ». Saura-t-il convaincre les
lecteurs cinéphiles et exigeants de ce blog ? On observera de près vos réactions en commentaires…



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Mes meilleures amies, de Paul Feig (Etats-Unis, 2011)



Sortie le 10 août 2011



Carte blanche de Laurent



Blog : Des fraises et de la tendresse



A l’instar d’Annie (Kristen Wiig), personnage principal du réjouissant « Mes meilleures amies » (Bridesmaids), qui, depuis son comptoir de vendeuse de bijoux raille ses clients encore bercés
d’illusions, j’envoie régulièrement des messages mentaux aux tourtereaux qui se bécotent sur les bancs publics bancs publics. « Le mariage ? Malheureux ! Mais vous n’y pensez pas ? L’homme ou la
femme de votre vie n’existe que dans les romans à l’eau de rose. L’amour l’amitié pour la vie n’existent que chez Disney ou Hannah Montana. »

Digression.

Faites-moi plaisir, ne m’invitez jamais, je dis bien jamais, à un mariage. Ne me jouez pas le refrain de « mais tu vas voir, ce sera différent, blablabla » J’ai beau m’armer de l’humeur la plus
joyeuse (et insouciante), je n’arrive pas à croire à ces machins, ces institutions, ces fanfreluches, ces robes choucroutes, ces « le plus beau jour de ma vie », ces « pour le meilleur et pour le
pire » et j’en passe des vertes et des cornues.

Voilà pourquoi je jubile quand, dans « Mes meilleures amies », l’essayage de robes guimauves des futures demoiselles d’honneur tourne au cauchemar scatologique. Quand Annie, frappée par la
malédiction « j’ai un amant, horripilant… mais c’est déjà ça » et « j’ai raté ma vie, peu de chances que "l’homme idéal" déboule sur son blanc destrier », dézingue la parfaite fontaine de
chocolat en y jetant des touffes de gazon qu’elle arrache, furieuse contre sa meilleure amie qui lui a préféré une autre donzelle bien sous tous rapports (belle, riche et non moins parfaite,
jouée par Rose Byrne, l’actrice co-vedette de « Damages »).

Le film dynamite les clichés autant qu’il les alimente. Difficile en effet de faire du neuf sur un sujet, le mariage du ou de la meilleure amie, aussi bateau. Il reste le style, le traitement,
les personnages.

Et force est de constater que les scénaristes s’en sont donné à cœur joie. L’actrice, co-scénariste, s’est écrit un rôle taillé à la mesure de son talent comique. Irrésistible Annie.
Excessivement attachante. Forgée à l’implacable gymnastique du Saturday Night Live, elle a co-écrit des scènes burlesques dignes d’une Bridget Jones qui aurait fricoté avec les Marx Brothers.

Ajoutez à cela deux semaines d’improvisations qu’on imagine aussi studieuses qu’inénarrables, vous obtenez une galerie de personnages dignes des meilleurs soaps américains.

Si je déplore la fin archi-convenue (que les producteurs ont dû imposer aux scénaristes), je me repasse en boucle mentale les scènes d’une Annie, passagère incontrôlable (et hilarante) du vol
Chicago-Las Vegas, d’une Annie usant toutes les ficelles pour se faire interpeller par le troublant Chris O’Dowd, d’une Annie dans une scène étonnamment juste où Megan lui tend un miroir peu
flatteur, l’arrachant physiquement à sa complainte, à ses pleurnicheries.

J’ai lu deci-delà des commentaires de spectateurs déçus par la vulgarité de certaines scènes, attristés par les papiers dithyrambiques de leur critiques chouchous. Ces gens se sont, semble-t-il,
mis le doigt dans la comprenette (bien profond), pensant trouver un propos philosophique où il ne faut voir que divertissement rondement mené, délibérément outrancier. Ils se sont trompés de
salle. Voilà tout.

Les films de « bord d’évier », comme les appelait Michel Audiard, ne m’intéressent pas. Vous savez, ces films où l’on bavarde gentiment accoudé à l’évier, où l’on s’envoie des « il m’a dit… et je
lui ai répondu », dialogues et situations collés au quotidien comme des mouches sur une.

Il y a certes des amateurs pour un cinéma réaliste. Pour ma part, je préfère de loin l’outrance, le burlesque de « Mes meilleures amies ».

Comme un fait exprès, j’apprends aujourd’hui (sans blague), le mariage d’amis chers. J’hésite encore à accompagner mes félicitations de deux tickets de cinéma. Mais entre le sinistre « Melancholia » et le désopilant « Mes meilleures amies », mon cœur a choisi.

Et vous ? 



 



Index des cartes blanches
estivales 2011































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lundi 22 août 2011

[Critique] 17 fois Cécile Cassard, de Christophe Honoré



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17 fois Cécile Cassard, de Christophe Honoré (France, 2001)



Note :
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Dès son premier film, Christophe Honoré fait preuve d’un sens aigu de la mise en scène et d’une fougue libertaire dans son montage disparate. Malgré ses maladresses, « 17 fois Cécile Cassard »
dresse ainsi un superbe portrait de femme tout en consacrant le talent d’un grand cinéaste à venir…

En découpant son film autour de 17 « moments clés » dans la vie d’une femme qui essaie de se reconstuire après la mort de son mari, Honoré livre un rôle en or à l’ensorcelante Béatrice Dalle. Son
personnage est à fleur de peau et abandonne son fils pour s’essayer à une autre vie, dans une nouvelle ville, non sans avoir d’abord pensé à la mort… L’actrice est intense et bouleversante, comme
à l’accoutumée, et incarne à merveille une vie à la dérive, entre pulsion de vie et pulsion de mort. Cécile Cassard va de rencontre en rencontre, entre sensualité presque adolescente et morbidité
tenace, et finira par reprendre goût à la vie. Deux regards caméra de la comédienne tiennent compte de ce changement : l’un, noir et triste, vers le début du film, l’autre, solaire et souriant,
dans le dernier plan du film, centré sur le visage radieux et vivant du personnage au bord d’une rivière…

Malgré un scénario aux enjeux dramatiques assez réduits, le réalisateur fait preuve d’une inventivité constante pour lui donner une teneur véritable à l’écran. Formellement, il tente diverses
audaces : ça passe ou ça casse, mais ça reste toujours intéressant et mu par une volonté de création certaine… Outre Béatrice Dalle, Romain Duris est extra en homo qui rêve lui aussi d’une autre
vie, vers cet ailleurs « magique » que semble rechercher tous les personnages. Ces superbes comédiens portent un film qui a la fougue de la jeunesse, entre expériences visuelles, collages
littéraires et hommages à de multiples figures… A travers ses images, Christophe Honoré crie en effet son amour à un cinéma de liberté, à celui de la nouvelle vague française ou de l’underground
cinéphile ! On retrouve un amoncellement de petites perles ici et là, comme une séquence homo-érotique nocturne « queer » et moite, que l’on jurerait tout droit sortie du « Querelle » de
Fassbinder, ou comme cette scéne dans laquelle un Romain Duris en slip rose se croit dans un film de Jacques Demy en reprenant – chorégraphie incluse – la chanson de « Lola »… Rien que pour ça,
et parce que le film signe les prémices du talentueux réalisateur que l’on sait, « 17 fois Cécile Cassard » mérite le détour !



 



Mise en perspective :



- Homme au bain, de Christophe Honoré (France, 2010)



- Domaine, de Patric Chiha (France-Autriche, 2010)































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dimanche 21 août 2011

[Critique] The Horseman, de Steven Kastrissios


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The Horseman, de Steven Kastrissios (Australie, 2008)



Note :
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Réalisé avec des moyens visiblement modestes, « The Horseman » prouve une fois encore que l’on peut faire beaucoup avec peu. Dans le domaine du cinéma de genre, ce thriller australien s’impose en
effet comme un vrai choc psychologique et visuel, à l’aide d’une mise en scène nerveuse et maligne, privilégiant souvent la suggestion tout en laissant la curieuse impression au spectateur qu’il
vient de voir la pire chose qu’il pouvait imaginer… Les nombreuses scènes de violences se révèlent très sèches et viriles, tout en surfant sur les notions de films « gore » ou de « torture porn »
à la « Saw », sans pour autant montrer les choses frontalement. Un étonnant mélange qui accouche d’un long métrage brutal et sauvage, nous laissant souvent à la frontière de ce qui distingue
l’homme de l’animal !

Si « The Horseman » raconte encore une nouvelle histoire de vengeance, sa façon de la délivrer s’avère cependant assez originale et intéressante. Un père vient de perdre sa fille tout juste
majeure, à cause d’une bande de pornographes qui l’ont drogué et abusé sexuellement pour les besoins d’un film, puis laissé crever toute seule d’une overdose… Le personnage, perdu et désespéré,
se met alors en tête de venger sa fille en partant sur les traces de ces hommes et en les éliminant un à un. Chaque massacre possèdera son lot de difficultés, mais aussi de virtuosité
sanguinaire, offrant au passage un spectacle d’horreur toujours plus bestial et jouissif pour l’amateur de ce genre de film ! Mais la structure narrative de l’œuvre de Steven Kastrissios réserve
elle aussi une petite surprise du plus bel effet : le scénario nous plonge d’emblée en pleine action avant de nous faire revenir progressivement sur les origines de cette vengeance, par une série
de flash-back explicatifs qui permettent de donner son rythme au long métrage…

Une autre belle trouvaille de « The Horseman » réside dans le personnage d’Alice, une jeune fille qui pourrait être celle du héros justement, et que celui-ci prend en stop en même temps qu’il tue
les responsables de sa souffrance intérieure… Les échanges entre ces deux-là deviennent un peu la caution « émotionnelle » du film, posant des questions sur la filiation, l’attachement, la peine,
la solitude… De là à en avoir les larmes aux yeux, peut-être pas, mais leur rencontre possède au bout du compte une dimension vraiment touchante. Sans compter qu’elle prend tout son sens dans la
dernière ligne droite du film, quand les ennemis du père vengeur les font tous les deux prisonniers, afin de les torturer et de les tuer… La loi du Talion toujours, où la vengeance ne peut
qu’engendrer encore plus de vengeance, et la violence toujours plus de violence : le cercle sans fin du déchaînement des passions humaines ! Il y a peut-être bien quelque chose de shakespearien
dans ce film australien… Mais tout l’intérêt de cette dernière séquence est finalement de permettre au père de venger sa fille pour de bon, par un jeu de substitution, en en sauvant une autre, en
étant présent auprès d’elle alors qu’il ne l’a peut-être pas été suffisamment pour son propre sang… Puissant et furieusement réussi !



 



Au cours des précédents jours du Saigneur































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samedi 20 août 2011

[Fil ciné] Les films de juillet 2011


Index des sorties ciné



Semaine après semaine, suivez le fil des sorties ciné du point de vue de Phil Siné. Les liens renvoient aux critiques des films présentes sur le blog...



 



Semaine du 6 juillet 2011



- J’ai rencontré le Diable, de Kim Jee-woon (Corée du Sud, 2010)
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- Un amour de jeunesse, de Mia Hansen-Love
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Semaine du 13 juillet 2011



- Le moine, de Dominik Moll (France, 2011)
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- Deep End, de Jerzy Skolimowski (Grande-Bretagne, Allemagne de l'Ouest, 1970)

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- Harry Potter et les reliques de la mort (2e partie), de David Yates (Etats-Unis, Grande-Bretagne, 2011)
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Semaine du 20 juillet 2011



- J’aime regarder les filles, de Frédéric Louf (France, 2011)
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- Submarine, de Richard Ayoade (Etats-Unis, Grande-Bretagne, 2011)
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- The Murderer, de Hong-jin Na (Corée du Sud, 2011)
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- Attack the Block, de Joe Cornish (Grande-Bretagne, 2011)
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Semaine du 27 juillet 2011



- Absent, de Marco Berger (Argentine, 2011)
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- Bad teacher, de Jake Kasdan (Etats-Unis, 2011)
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- Happy, Happy, d'Anne Sewitsky (Norvège, 2011)
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- Troll Hunter, d’André Ovredal (Norvège, 2010)
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- Lourdes, de Jessica Hausner (France, Autriche, 2009)
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- L’art de séduire, de Guy Mazarguil (France, 2011)
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- En ville, de Valérie Mréjen et Bertrand Schefer (France, 2011)
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