jeudi 31 décembre 2009

Nouvel an et palmarès 2009



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Après avoir établi une sélection de 54 films qui auraient mérité d’apparaître dans mon palmarès intime des meilleurs films de l’année 2009, je me suis retrouvé contraint de faire des choix
drastiques, de procéder à des éliminations injustes et déchirantes et de favoriser finalement la diversité (de genres, de nationalités, de sujets…) à d’autres critères pourtant tout aussi
recevables…
Tout ça pour dire que je livre ici un classement des treize meilleurs films de l’année (dix, c’était quand même un peu juste…), qui est parfaitement subjectif et qui n’a pas la moindre valeur
critique ni la moindre autorité universelle ! Ceci est donc avant tout un instantané en toute innocence de mes coups de cœur de mon année cinéma…






Si « Tetro », tout juste sorti, s’immisce de justesse dans le
classement, de nombreux autres films en ont été rejetés à cause de leur lointaine distance temporelle, qui les a peu à peu rendu moins palpable, même s’ils furent à l’époque autant de révélations
et de chocs visuels ! C’est pour cela, entre autre, que je ne pouvais décemment pas me résoudre à une micro-liste de treize titres sur les 297 films inédits qui m’ont été donné de voir en salle
au cours des douze derniers mois (sur un total de 421 (nombre gagnant même pas fait exprès ! héhé), comme quoi je me fais aussi pas mal de reprises). Je me suis ainsi permis d’établir quelques
sous-catégories ludiques et sans conséquence…




Les 7 coups de cœur de 2009 :

Dans tes bras, d’Hubert Gillet (France)
Everything is fine, de Yves-Chritian Fournier (Canada)
Boy A, de John Crowley (Grande-Bretagne)
Mary et Max, de Adam Elliot (Australie)
Elève libre, de Joachim Lafosse (France-Belgique)
Eden à l’Ouest, de Costa-Gavras (France-Italie-Grèce)
A propos d’Elly, de Asghar Farhadi (Iran)

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Les 7 coups de poing de 2009 :

Gran Torino, de Clint Eastwood (Etats-Unis)
Je suis heureux que ma mère soit vivante, de Claude et Nathan Miller (France)
Canine, de Yorgos Lanthimos (Grèce)
Un prophète, de Jacques Audiard (France)
La journée de la jupe, de Jean-Paul Lilienfeld (France-Belgique)
Welcome, de Philippe Lioret (France)
La route, de John Hillcoat (Etats-Unis)

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Les 5 coups de tripes (à l’air) de 2009 :

La dernière maison sur la gauche, de Denis Iliadis (Etats-Unis)
Vertige, d’Abel Ferry (France)
Jusqu’en enfer, de Sam Raimi (Etats-Unis)
Jennifer’s body, de Karyn Kusama (Etats-Unis)
Zombieland, de Ruben Fleischer (Etats-Unis)

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Les 5 coups d’éclat (de rire) de 2009 :

Whatever works, de Woody Allen (Etats-Unis)
(500) jours ensemble, de Marc Webb (Etats-Unis)
Les beaux gosses, de Riad Sattouf (France)
Romaine par moins 30, de Agnès Obadia (France)
Brüno, de Larry Charles (Etats-Unis)

beaux gosses

Les 3 grands chocs esthétiques de 2009 :

Katalin Varga, de Peter Strickland (Grande-Bretagne-Hongrie-Roumanie)
Les trois singes, de Nuri Bilge Ceylan (Turquie)
Ponyo sur la falaise, de Hayao Miyazaki (Japon)

les trois singes

Les 3 documentaires inventifs de 2009 :

No popcorn on the floor, de Gaël Mocaër (France)
I am because you are, de Nathan Rissman et Madonna (Etats-Unis)
Surfwise, de Doug Pray (Etats-Unis)

no popcorn

Et puis 5 derniers pour la route :

Tokyo sonata, de Kiyoshi Kurosawa (Japon)
Les noces rebelles, de Sam Mendes (Etats-Unis)
The chaser, de Na Hong-Jin (Corée du Sud)
Le bal des actrices, de Maïwenn (France)
Antichrist, de Lars Von Trier (Suède-Italie-Pologne-Allemagne-France-Danemark)

antichrist



Si ce bilan de l’année cinématographique vous inspire, je vous incite alors vivement à le commenter abondamment et sans retenue ! Si vous en avez la patience ou l’envie, vous pouvez aussi me
proposer votre propre palmarès, que je me ferai un plaisir de lire et de critiquer à mon tour…




Très bonne année (cinéphile comme il se doit) à toutes et à tous !






























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  • dimanche 20 décembre 2009

    L’expérience 3D : révolution esthétique ou gadget sans relief ?

    cinema 3D
    Voilà quasiment un an que l’on nous rebat les oreilles en France (et qu’on nous prélève quelques scandaleux frais de location de lunettes au passage) avec la nouvelle « expérience 3D » dans les
    salles de cinéma… D’abord avec des films d’animation pour enfants (avec notamment le bien sympathique « Volt »), puis avec des concerts de grands groupes de rock, des films d’horreur, et désormais
    avec tout type de films grand public, à commencer par « Avatar » actuellement à
    l’affiche… Avec « Avatar » justement, l’arnaque est totale, puisqu’on nous a fait croire qu’il s’agissait d’une révolution « historique » pour ce bon vieux cinématographe. Or, il n’y a quasiment
    pas de différence, si ce n’est le budget et peut-être un plus grand soin technique, entre le nouveau film de James Cameron et tous les autres films en 3D qui fleurissent sur nos écrans depuis des
    mois… Et pour filer la polémique jusqu’au bout, affirmons également que la frontière n’est pas si étanche entre les films en relief de 2009 et ceux que l’on faisait dans les années 50…

    Là, je sens bien que quelques explications techniques peuvent s’avérer nécessaires… En effet, le cinéma en relief existe depuis l’année 1954 (avec « Le crime était presque parfait » d’Alfred
    Hitchcock), mais les premières expérimentations n’ont pas été concluantes. Une nouvelle vague de films en relief, notamment d’horreur, s’est écrasée dans la même indifférence dans les années 80 («
    Les dents de la mer 3 », « Vendredi 13, meurtre en 3D », « Amityville 3D »… bref ! toutes les sagas d’épouvante dont c’était le troisième volet !) Si toutes ces tentatives ont échoué, c’est d’abord
    parce que la technique, dite « stéréoscopique » (et qui est exactement la même que celle que nous connaissons aujourd’hui !), était balbutiante et que le matériel nécessaire à ces projections était
    extrêmement lourd et coûteux… Aujourd’hui, avec le numérique, les projections en 3 dimensions restent un investissement, mais nettement plus abordable qu’à l’époque et plus pratique également,
    étant donné que le même projecteur numérique peut permettre les deux types de projections, en 2D classique ou en 3D (pour laquelle un simple adaptateur sera nécessaire).

    Quoiqu’il en soit, la technique reste la même depuis un demi-siècle. Simplement un prix plus abordable permet à un parc de salles plus important que par le passé de s’équiper. Ca pourrait s’appeler
    la « démocratisation » de la 3D. A l’heure où les foyers s’équipent de « home cinema », il s’agit aussi pour les exploitants de se rendre plus attractifs en offrant un spectacle exclusif pour les
    salles. On peut certes expliquer aussi que la projection stéréoscopique s’est nettement améliorée, avec un rendu de l’effet en relief plus impressionnant (grâce à une projection de 48 images par
    seconde sur des projecteurs numériques !), avec également des lunettes plus confortables pour les yeux… Il n’en reste pas moins qu’on ne sort à aucun moment du schéma « projection classique +
    matériel optique pour chaque spectateur ». Afin d’éviter tous les abus de langage que l’on a pu entendre à propos de la 3D moderne, il convient donc de rectifier le tir en précisant que nous sommes
    bien dans un phénomène d’« évolution » et qu’il ne s’agit en aucun cas d’une « révolution » !

    On évitera ici de parler de la qualité des films proposés en relief et on ne s’engagera surtout pas dans un débat pour savoir si la version en trois dimensions d’un film lui apporte quoi que ce
    soit en plus, si ce n’est cet aspect « gadget » de l’expérience, que l’on avait surtout pris l’habitude de faire jusqu’alors dans les parcs d’attraction… Il paraît pourtant évident que le relief
    est un phénomène encore à explorer et qu’il pourrait bien contenir quelques chocs esthétiques à venir, mais force est de constater qu’il n’a pour le moment ni l’audace ni les auteurs adéquats pour
    se hisser vers des sommets ou tendre au génie. Sachant que la stéréoscopie n’est pas une technique objective et que son expérience peut se révéler bien différente d’un individu à l’autre (par cette
    technique, l’effet de relief est en réalité recréé mentalement par l’esprit et n’existe finalement qu’en « théorie », chaque spectateur ayant une réception propre du relief, dépendant de sa
    capacité physiologique), sachant ainsi que certaines personnes ne voit absolument pas le relief dans ce type de projections et sachant aussi que de longues projections en 3D peuvent entraîner de
    fortes fatigues visuelles pour le public, il semble peu probable que cette technique soit faite pour durer… Peut-être ne faut-il la voir que comme une étape (et les mensonges de ceux qui nous la
    vendent comme le nec plus ultra du cinéma moderne n’en sont alors que plus horripilants !) : une étape dont l’aboutissement sera une expérience de la 3D sans lunettes où la projection seule des
    images se suffira à elle-même. A ce moment-là seulement, nous pourrons envisager de parler d’une révolution véritable…

    A noter : un cycle de films en 3D est actuellement proposé à la Cinémathèque française






























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  • mardi 8 décembre 2009

    Arthur et la vengeance de Maltazard, de Luc Besson (France, 2009)




    Note :
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    Luc Besson avait promis de ne plus nous embêter après son dixième film (il avait dit « à 10, j’arrête ! »), eh ben c’est raté ! A moins qu’il considère sa trilogie « arthurienne » comme un seul et
    même film ? Considérant la façon dont se termine celui-ci, c’est probablement le cas… Nous voici donc dans le deuxième volet des aventures d’Arthur, jeune garçon écolo qui va devoir sauver encore
    une fois le peuple des Minimoys (des petits lutins joyeux ? des petites bêtes minuscules qui vivent en harmonie avec leur environnement ?), à croire que ceux-ci ne peuvent plus se passer de lui…
    Enfin surtout la princesse Sélénia, amoureuse d’Arthur, alors justement que celui-ci le lui rend bien, visiblement… On sent que ça ne va pas trop mal finir tout ça !

    Bon, comme dans le premier volet, c’est le gros bordel dès qu’on rentre dans le monde des Minimoys, avec une véritable débauche d’effets spéciaux et de créatures plutôt moches dans tous les sens.
    Les moments dans le monde « réel » sont supportables, bien que très conventionnels. Le scénario est si léger qu’il pourrait bien s’envoler avant que le film ne s’achève… Tiens, d’ailleurs, un bel «
    à suivre » saute à l’écran, avant même que le film n’ait commencé : rendez-vous donc en 2010 pour connaître le fin mot de toute cette histoire ! Bouh, qu’est-ce qu’on trépigne ! En fait, non pas
    vraiment, vous aurez compris… Pourtant, quelque chose semble fonctionner dans toute cette nonchalance désorganisée et plutôt joyeuse : est-ce le jeune Arthur, personnage plutôt attachant sans être
    énervant et acteur bien casté ? ou est-ce l’humour, simple mais pas nunuche, qui irrigue l’ensemble du film ? Allez savoir… Reste que cet « Arthur, etc. » demeure regardable, bien qu’avoir une
    dizaine d’années devrait bien aider pour l’apprécier encore mieux !

    Finalement, le grand intérêt de ce morceau de saga ratée (Besson voulait avoir sa trilogie à lui, sans doute, un caprice de cinéaste friqué…) demeure la voix merveilleuse de la princesse Sélénia
    (dans le version française uniquement !) Encore que, cette fois, sûrement à cause d’un planning overbooké cette année, Mylène Farmer s’en tient au strict minimum et doit avoir en tout et pour tout
    une dizaine de répliques. Le reste, en outre tout à fait délicieux, ce sont des soupirs, des rires, des toussotements… C’est plutôt mignon tout ça, bien que la meilleure façon de retrouver la
    divine voix de Mylène en ce moment, ce serait plutôt d’acheter son nouveau disque live, tout juste sorti…






























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  • lundi 30 novembre 2009

    L’attaque de la moussaka géante, de Panos H. Koutras (Grèce, 1999)




    Note :





    Pour commencer par un bon mot, osons le dire bien haut : cette moussaka est un pur régal ! Tous les ingrédients y sont parfaitement dosés et c’est un bonheur pour les papilles… Loin d’être le nanar
    que le titre laisse présupposer, « L’attaque de la moussaka géante » est avant tout une parodie efficace et réussie des séries B et autres films de monstres, genre Godzilla… Plus ou moins inspirée
    par « L’attaque des tomates tueuses », son pendant américain (avec toute une série de films, dont le deuxième épisode est réputé pour voir figurer George Clooney à son casting !), la « Moussaka »
    raconte comment, à la suite de la téléportation ratée d’une belle blonde extraterrestre (qui navigue dans l’espace à bord d’une soucoupe volante rose Barbie avec une belle brochette d’autres
    blondes décérébrées), celle-ci se retrouve dans une part de moussaka qu’un petit garçon donnait à son chien. La part de moussaka, bien sûr, devient énorme et se met à terroriser toute la ville
    d’Athènes, laissant de nombreuses victimes sur son passage. Le film joue à fond la carte parodique et les scènes de panique dans les rues de la capitale grecque sont des moments à hurler de rire :
    tout le monde court dans tous les sens en criant alors que la moussaka avance à la vitesse d’un escargot sur eux… Pourtant, celle-ci parvient quand même à les atteindre et les tuer par des
    magnifiques projections gazeuses ! C’est de la pure poésie… Le budget ultra-réduit du film (aucun acteur n’a été payé durant le tournage, souvent des amis du réalisateurs d’ailleurs), lui permet
    d’étaler sa pauvreté à chaque plan : image dégueulasse, effets spéciaux ridicules (la moussaka est filmée en très gros plan et vaguement collée ensuite à une autre image avec les acteurs), décor
    minimal, la même prise répétée trois fois (une montée d’escalier, histoire de montrer que le personnage grimpe haut dans l’immeuble)… Tout respire le film amateur fait par des amateurs –
    amateurisme d’ailleurs parfaitement assumé et exploité –, ce qui le rend finalement réellement drôle et plaisant.

    Le plus drôle, c’est que « L’attaque de la moussaka » ne se contente pas d’être un film potache, sorte de pastiche de pastiche ironique à souhait. Il propose en effet une véritable satire politique
    (avec la présence, notamment, d’un homme politique dépassé par les évènements et incapable de gérer sa famille par la même occasion) et surtout une critique incisive des médias (si, si !) On
    retrouve ainsi la télé quasi omniprésente tout au long du film, regardée de façon hypnotique par les divers personnages. Chaque chaîne relate seconde par seconde le déroulé du massacre de la
    moussaka, chacune à sa manière : l’une axe sur le sensationnel, cherchant à montrer le plus de cadavres possible, l’autre cherche à calmer les esprits, le présentateur répétant ad libidum qu’il n’y
    a pas lieu de paniquer, une autre encore dresse le thème astral de la moussaka… L’un des personnages principaux est d’ailleurs une journaliste, alliée à son caméraman, qui se montrera prête à tout
    pour arriver à trouver une image ou un témoignage exceptionnel, histoire de faire décoller sa carrière.

    Enfin, il est nécessaire d’évoquer tout le côté très « kitsch, camp & queer » du film, qui s’avère en réalité une œuvre « gay friendly » très en avance sur son temps… De la part d’un film grec,
    est-ce vraiment étonnant ? Tout fleure bon l’homosexualité assumée et relâchée dans la « Moussaka géante » : la soucoupe volante très disco, certains passages en mode « comédie musicale », des
    astrophysiciens qui s’enfilent tous en blouses roses, ainsi qu’un merveilleux trio de travelos branchés et top fashion, en goguette dans les rues d’Athènes, dont l’excellente Tara, héroïne grosse
    et hyper-expressive, qui n’est pas sans rappeler la sublime Divine, la muse des films de John Waters… Les extraterrestres, toutes blondes et de sexe féminin, peuvent nous laisser supposer qu’elles
    viennent d’un monde à peu près semblable à l’île de Lesbos. D’ailleurs, lorsque la femme de l’homme politique, plutôt frustrée sexuellement (son mari lui fait l’amour alors qu’elle reste
    endormie…), s’échappe à la fin avec les filles de la soucoupe volante, alors même que son homme est mort, ne faut-il pas y voir la révélation de sa véritable identité sexuelle, enfin assumée ? Et
    si elle laisse son fils derrière elle, au fond peu importe, puisque le nouveau couple formé par Tara la transsexuelle et l’astrophysicien gay, qui s’aime visiblement d’un amour sincère, sera là
    pour le recueillir et peut-être… l’adopter ? Ainsi, ce superbe film sociologique de Panos H. Koutras s’achève sur une nouvelle image de la famille, recomposée et décomplexée, dont le modernisme
    laisse éclater tout le génie de son réalisateur !






























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    dimanche 29 novembre 2009

    Southland tales, de Richard Kelly (Etats-Unis, 2006)




    Note :



    Oh mon dieu, quelle déception ! Le deuxième film de Richard Kelly (coincé pourtant entre deux
    chefs-d’œuvre : « Donnie Darko » et « The box »), n’est effectivement pas une merveille… Le problème principal, probablement, vient
    de ce scénario très brouillon, qui part dans tous les sens et essaie de nous raconter une histoire que l’on a finalement beaucoup de mal à suivre. On comprend les grandes lignes : l’Amérique
    déclenche une troisième guerre mondiale suite à une attaque nucléaire ; elle renforce de façon quasi-orwellienne sa sécurité intérieure ; contraint de trouver des alternatives au pétrole, un
    générateur d’énergie perpétuelle fonctionnant avec le mouvement des océans est créé, mais celui-ci ralenti sensiblement la rotation de la Terre, ce qui perturbe les cerveaux humains… hum, comment
    dire… Le problème réside surtout dans la façon dont toutes les histoires individuelles sont évoquées et ramenées progressivement les unes vers les autres jusqu’au dénouement apocalyptique final :
    c’est mou, c’est long et agrémenté de nombreuses circonvolutions inutiles, offrant un ensemble des plus embrouillé… On assiste à tout ça un brin ennuyé.

    Bon, c’est vrai que tout n’est pas à jeter dans « Southland tales » : Richard Kelly réussit de très jolis plans et sait créer une atmosphère bien particulière… Il parvient finalement à faire un «
    film d’ambiance », visuellement assez soigné. Mais cela n’a hélas jamais suffi à faire un film… On mettra donc ça sur le compte du « syndrome du deuxième film raté » et on reprendra la carrière du
    cinéaste à « The box », son troisième film très brillant. Gageons que tous les films
    qui suivront seront merveilleux !






























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    Vil romance, de José Celestino Campusano (Argentine, 2009)




    Note :





    Voici un film très « brut de décoffrage », d’une brutalité sourde et d’une crudité nue. Il nous présente la rencontre entre Roberto, jeune sans abri encore innocent, et Raul, brute épaisse
    vieillissante, vivant d’escroqueries et de trafic d’armes. Après un premier contact sexuel brutal, plus proche du viol que de la romance affichée par le titre, Roberto s’installe malgré tout chez
    Raul, comme attiré dans cette relation par quelques désirs sadomasochistes refoulés…

    Dans « Vil romance », c’est le « vil », bien sûr, qui l’emporte. Le film nous montre une Argentine pauvre et violente, d’où les sentiments semblent totalement absent. Ici, on tue et on viole sans
    scrupule, poussé par ses plus « vils » et bas instincts… Aucune loi, aucune force de l’ordre ne semblent régir ce monde désespéré. On voit un enfant acheter une arme à feu, on voit une fille se
    prostituer avec sa mère, on voit un homosexuel macho traiter le nouveau mec de son ex-femme de « pédé » et refuser la sodomie passive, comme incapable d’assumer le moindre instinct « sensible ». Au
    centre de tout, l’argent et la vie matérielle domine dans cette société rongée par la misère et la pulsion primaire. Même Roberto, seul être apparemment « humain » dans cette sombre fable, finira
    par le comprendre à la fin du film, récupérant la maison de Raul, dont il s’est définitivement débarrassé…

    Etonnamment, la seule scène à illuminer le film et à lui apporter un peu d’espoir est une scène quasiment pornographique. Roberto, pour soulager ses besoins sexuels que Raul lui refuse, se trouve
    un amant, avec qui l’amour devient pourtant beau : ils s’embrassent, se caressent, se touchent, se parlent… Quelques instants de finesse dans ce monde de brutes sans âme ? Tout le contraire, en
    somme, de sa relation bestiale avec Raul, et pourtant Roberto se refusera à son tour au jeune homme qui désire le revoir. Le seul semblant d’espoir du film sera ainsi très vite évacué, comme si le
    bonheur ne pouvait de toute façon pas exister, ou tout du moins pas durer…






























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    samedi 28 novembre 2009

    Bienvenue à Zombieland, de Ruben Fleischer (Etats-Unis, 2009)




    Note :







    Ce qui est bien dans Zombieland, c’est qu’il ne se contente pas d’être une parodie de « film de zombies » (comme pouvait l’être un Shaun of the dead, auquel la critique a tendance à le comparer, à
    mon avis à tort, parce que bon… rien à voir !), il est aussi un « vrai » film à part entière, une vraie comédie (parfois pure, d’autres fois dramatique ou même… romantique, osons le dire !) et un
    vrai film de zombies (accessoirement) ! Comment concilier tout ça, dans un film court qui plus est (1h20), vous demanderez-vous ? Eh bien, c’est le défi – et la grand réussite ! – de ce long
    métrage signé Ruben Fleischer…

    La vraie bonne idée du scénario, par ailleurs très bien écrit, c’est d’avoir repris la plupart des clichés et des grandes figures du cinéma de genre afin de mieux les détourner, avec un brio et une
    originalité extraordinaire ! On assiste notamment à mille et une façons de trucider du zombie, par exemple, et chacune de ces séquences sait nous surprendre avec une joyeuseté communicative (il y a
    d’ailleurs le prix hebdomadaire pour celui qui trouvera la meilleure astuce pour tuer un mort vivant : hilarant !) On a droit aussi à une scène de drague entre le puceau et la bombe (blonde) du
    campus (tout droit issue du teenage movie classique), qui tournera au massacre maladroit et délirant de la fille devenue zombie. Chaque personnage est également une sorte d’archétype, qui au fil de
    l’histoire s’avèrera être tout autre chose, à commencer par Woody Harrelson dans le rôle d’un gros dur casseur de zombie qui cache une vérité pourtant bien plus sensible… Bienvenue à Zombieland,
    film très référencé mais jamais avec ostentation, propose ainsi une jubilation de chaque plan grâce à une subtilité tout à faut inattendue.

    Le procédé de narration participe lui aussi de l’extrême plaisir que l’on prend devant ce film. En voix off, le personnage principal, jeune homme inexpérimenté et involontairement asocial (Jesse
    Eisenberg, très doux et à la candeur touchante), nous explique en fait la façon dont il survit dans ce monde post-apocalyptique, à l’aide de toute un série de règles qu’il consigne dans un carnet :
    être endurant, s’échauffer avant de tuer un zombie, se méfier des toilettes, ne pas se conduire en héros… le tout étant bien sûr illustré à l’écran, à travers les aventures qui lui arrivent, à lui
    et à ses compagnons de route, avec tout ce qu’il faut d’humour et de contournements aux règles, bien entendu. L’une des règles s’offre même le luxe de faire passer un message pour la sécurité
    routière, avec une séquence particulièrement tordante pour ouvrir le film, alors que demandez de plus ?

    Zombieland est ainsi un vraie bonne surprise et propose un merveilleux moment de plaisir. Brillamment composé, avec une virtuosité réjouissante, il multiplie les répliques et les scènes qui
    deviendront très certainement vite cultes ! Le pastiche de Ghostbuster ou la mort stupide de Bill Murray (dans un rôle exceptionnel : le sien !) pourraient figurer au panthéon de mon cinéma
    personnel… Le film se pose en divertissement de qualité et ne prêtant d’ailleurs pas à autre chose. Ce n’est probablement pas tout à fait par hasard qu’il s’achève dans une fête foraine : on en
    sort le sourire aux lèvres et tout excité, comme après une journée dans un parc d’attractions… On n’espère alors plus qu’une seule chose : pouvoir y retourner très vite !






























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    vendredi 27 novembre 2009

    Hadewijch, de Bruno Dumont (France, 2009)




    Note :









    Disons-le tout net, sans avoir peur des mots : "Hadewijch" est un ravissement. Au sens mystique du terme : on est saisit et transporté par l'extase ! Mais attention, il ne s'agit pas de n'importe
    quel mysticisme : il s’agit d’un mysticisme proche de celui d’Hadewijch d’Anvers, une poétesse flamande du XIIIe siècle qui appartenait au mouvement des béguines, un courant spirituel et politique
    de femmes qui se vouaient à Dieu en assimilant l’amour divin à l’amour terrestre. Une forme d’amour de Dieu quasi incarné, en quelque sorte, auquel adhère pleinement le personnage de Céline dans le
    film de Bruno Dumont, dont le patronyme d’Hadewijch lui sert justement de nom religieux dans le couvent où elle se trouve quand on la rencontre.
    Dans ce couvent, elle fuit une vie trop riche dans la bourgeoisie parisienne, coincée entre un père diplomate presque mutique et une mère au bord de la dépression refoulée, isolée sur l’île de la
    Cité. Le couvent est certes une autre forme d’insularité, mais il va lui permettre de s’adonner pleinement à son adoration du Christ, au sens littéral du terme. En extase devant des grilles
    derrière lequel se trouve un figuration de Jésus, le cinéaste nous la montre clairement devant une impossibilité : celle d’accéder au corps du Christ. Ce désir d’incarnation de l’amour de Dieu – on
    va y revenir – la pousse à l’excès dans sa foi et dans sa dévotion et poussent justement les sœurs du couvent à la rejeter dans le monde extérieur…
    Là, elle va se laisser emporter par tous ceux qui croiseront sa route, portée peut-être par une forme de naïveté ou d’insouciance, ou une foi tout simplement… Elle fera ainsi la connaissance de
    Yassine, puis de son grand frère Nassir, qui va l’emmener sur la voie du fondamentalisme religieux, jusqu’à provoquer la violence et la mort au nom de Dieu. Mais au fond, même s’il nous montre la
    bêtise et les excès du fanatisme religieux, de loin et très froidement, la question, vite expédiée, ne semble pas beaucoup intéresser le cinéaste…
    Ce serait ainsi une erreur d’interpréter « Hadewijch » dans une perspective politique ou sociologique et d’établir un  parallèle avec les dérives communautaires de la société actuelle. Ce que
    Dumont cherche avant tout, c’est le beau ! Porté par une mise en scène radicale et précise, le film livre des plans d’une rare beauté. La précision des mouvement de caméra, l’angle choisi avec un
    soin particulier, participent à nous offrir des plans parfaits et sublimes, souvent dépouillés, dans lesquels chaque détail fait sens. Le plus surprenant, c’est que tout le génie de la réalisation
    passe ici par une extrême et sidérante simplicité. Il y a une forme d’économie chez Dumont : économie des scènes, économie des plans, économie du discours… On assiste notamment à ce concert au bord
    de la Seine, au cours duquel Céline et Yassine se séparent sur un malentendu : on n’entend que la musique, jamais ce qu’ils disent, et pourtant tout est là, pas besoin d’en dire plus pour
    expliquer... Jamais de surenchères ou d’effets tape-à-l’œil inutiles dans ce cinéma magistral, qui a pour parents Pialat ou Bresson !
    Parmi les nombreux partis pris de mise en scène (on pourrait en parler des heures durant tellement le film est riche, mais tâchons de faire quelques choix), citons notamment cette omniprésence de
    la verticalité, qui paraît traverser tout le film et tous les lieux que parcourt Céline. Il y a la grue dans le couvent au début du film, il y a les arbres, il y a toutes ces tours dressées vers le
    ciel dans Paris, les réverbères, et jusqu’à ces barres démesurées des immeubles de banlieue… Faut-il y voir l’idée de transcendance par la figuration d’un pont entre la terre et le ciel ? Faut-il y
    décrypter plutôt une métaphore de la virilité, Céline errant en fin de compte dans un monde de pénis en érection ? Ce doute sur l’interprétation des signes résume parfaitement bien tout le parcours
    vers l’incarnation de l’amour de Céline tout au long du film. Elle est d’ailleurs constamment dans l’ambiguïté et le paradoxe par rapport à ça : elle affirme par exemple vouloir rester vierge pour
    se consacrer au Christ juste avant de prendre la main de Yassine et de l’étreindre…
    On voit bien alors toute la démarche du cinéaste, qui utilise finalement le religieux pour mieux en sortir. De la part d’un incroyant, on en attendait pas moins… « Hadewijch » passe en fin de
    compte de la théologie à la philosophie au fur et à mesure que son personnage principal prend conscience de son besoin de l’homme et tout spécialement de son besoin du corps de l’homme… De retour
    au couvent à la fin du film – une fin sublime et poétique tant elle est elliptique et tant elle ouvre les interprétations –, Céline va avoir la « révélation » qu’elle attendait tant : alors qu’elle
    s’apprête à se noyer, un maçon descend d’une échelle (d’un toit céleste ? figuration de Dieu faisant l’expérience de la chair en s’incarnant dans son fils Jésus ?), torse nu (comme un Christ
    crucifié ?), et vient la sauver… Elle l’étreint alors de toutes ses forces et l’on suppose que son amour du corps ne s’arrêtera pas là ! Dumont vient sous nos yeux d’inventer une nouvelle mystique,
    déchargée du poids détestable du religieux. Il l’explique d’ailleurs lui-même : "[Céline/Hadewijch renaît], pleine de grâce et de larmes, à une humanité nouvelle et spirituelle. Une humanité où les
    religions auront regagné les théâtres et retrouvé leur juste représentation, c'est à dire leur pure poésie. Au fond, Dieu n'existe qu'au cinéma, là où l'on peut dignement chercher et croire".
    Chercher, c’est justement son but en faisant du cinéma. Pour lui, l'athéisme ne suffit désormais plus. « L’humanité » a besoin d’autre chose, peut-être d’une nouvelle « Vie de Jésus »…






























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    jeudi 26 novembre 2009

    Scènes de chasse en Bavière, de Peter Fleischmann (Allemagne, 1969)




    Note :







    Le film commence par le retour d’Abram dans son village natal. Il était parti à la ville et sa vie là-bas reste obscure et insaisissable aux yeux des villageois paysans qu’il retrouve. La vie
    reprend dans la maison de sa mère et il offre son aide, notamment en mécanique, auprès de tous ceux qui la lui demande. Très vite cependant, la rumeur circule qu’il sort de prison et qu’il avait
    été condamné pour homosexualité… A partir de là, sa vie bascule en enfer et les villageois ne cesseront plus de se moquer de lui. Mais même sous les insultes et les quolibets, Abram, portant
    salopette et chemise de bûcheron à carreaux (déjà un stéréotype d’homosexuel ?) demeure stoïque et d’une gentillesse apparemment à toute épreuve… Jusqu’au drame, bien sûr.
    Devant la bêtise humaine décrite dans ces « Scènes de chasse en Bavière », la scène la plus terrible demeure peut-être celle où la mère d’Abram elle-même affirme devant tout le monde souhaiter que
    son fils s’en aille, pour lui laisser vivre sa vie « normale » au village. Ce rejet de la mère amène les reproches d’une autre villageoise, qui lui rappelle que c’est quand même son fils, malgré
    tout. Dans un pareil tableau, le réalisateur semble nous dire que derrière l’intolérance, il y a avant tout la peur. Pas seulement la peur de l’altérité, de la différence, mais aussi la peur d’être
    faible. A tout prix, chacun veut se sentir fort, le plus souvent parce qu’il est faible lui-même, et pour se sentir fort, le plus simple est de trouver quelqu’un d’encore plus faible à dominer, à
    blâmer ou à opprimer. Force est de constater que dans ce film, la population du village est composée de paysans pauvres et sans avenir, oubliés par la société allemande. Cela n’excuse bien
    évidemment en rien leur comportement, mais contribue en partie à l’expliquer.
    Rien n’est simple, d’ailleurs, dans cette œuvre forte et sans concession. Abram, la « victime » désignée, n’a pas non plus un comportement exemplaire. Les jeux ambigus qu’il entretient avec un
    jeune garçon débile, notamment dans la scène sur le pont alors qu’il lui apprend à faire de la mobylette, apparaissent assez dérangeant à l’image. Certes rejeté de tous et agressé, il finira aussi
    par poignarder la prostituée qui le désire. C’est à partir de là que la « chasse à l’homme » commence, mais comme Abram avait été dénoncé à la police avant ce meurtre, on se demande s’il n’est
    alors pas tant poursuivi pour son homosexualité que pour celui-ci… Dans le rapport instauré entre la masse des bourreaux et la solitude de la victime, le réalisateur semble vouloir démontrer avec
    une éclairante intensité que dans un monde de normalité, ce n’est pas de l’altérité qu’il faut avoir peur, mais bel et bien de la norme et de la morale sociale ou religieuse, débouchant sur les
    pires fanatismes…
    Au service d’un discours sur la tolérance, Peter Fleischmann impose une mise en scène âpre et aux accents documentaires presque ethnologiques. En parallèle au monde des hommes, il filme la
    condition animale : une scène entière montre des cochons en train d’uriner ou de se vautrer dans leurs excréments… Faut-il y voir un symbole de la condition humaine ? La séquence quasi
    sacrificielle du cochon que l’on tue, que l’on blanchit et que l’on éviscère avant de s’en repaître, apparaît comme le meurtre métaphorique d’Abram, que l’on rejette et que l’on bannit finalement.
    A la fin, une ellipse nous fait passer à une grande fête au village : après le sacrifice bestial du marginal, la vie « normale » peut reprendre et perdurer… Une condamnation magistrale de la
    société et du fascisme sous toutes ses formes !






























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    Capitalism : a love story, de Michael Moore (Etats-Unis, 2009)




    Note :





    Après la critique des armes à feu en vente libre dans son pays, de la politique guerrière et impérialiste de George W. Bush ou encore du système de santé américain catastrophique, Michael Moore
    revient à la charge pour s’attaquer cette fois-ci aux racines mêmes du mal dans la société actuelle : le capitalisme !
    Comme pour ses films précédents, le réalisateur emploie toujours un peu les mêmes méthodes. Il assène son discours avec vigueur et conviction, en l’illustrant d’exemples les plus énormes et
    démonstratifs possibles. Son procédé n’a rien de subtil et s’avère volontairement très appuyé, justement pour donner du poids à ses théories. Du coup, on n’est pas dans le documentaire, mais dans
    le pamphlet. Ce n’est pas un reproche, bien au contraire, mais il s’agit surtout de ne pas tout confondre quand on parle du cinéma de Michael Moore. Il fait du film militant, du brûlot social, pour
    appeler les populations trop dociles à la résistance ! Son cinéma est éminemment et nécessairement politique. Il dresse une thèse sur son sujet et ne parle que des éléments qui vont expressément
    dans son sens. Ce n’est pas démagogique, comme on le lui reproche souvent, c’est simplement politique. Et comme Michael Moore se met au service des pauvres et des faibles, c’est en fin de compte
    parfaitement recevable. Comme par le passé, le réalisateur livre un film excessif et n’hésite jamais à en rajouter dans le pathos, même parfois larmoyant en présentant des familles dans des
    situations désespérées. C’est le cas surtout pour toutes ces familles qu’on expulse de leurs maisons, fautes de pouvoir continuer à payer leurs crédits, accordés par les « banques escrocs ». «
    Capitalism » est bien un « pamphlémentaire » du cinéaste le plus redouté des PDG et des présidents, mais on sent cette fois-ci, notamment avec cette fin un brin amère, que Moore a pris conscience
    qu’il ne pourra pas mener le combat tout seul. Il dit qu’il continue à faire ça, mais qu’il lance surtout un appel à tous à le rejoindre. Il rappelle avec la force de l’évidence que tant qu’il sera
    tout seul, tous ses films, tout ce qu’il dénonce, ne serviront à rien !
    En terme de contenu, reconnaissons que l’on n’apprend pas grand chose de neuf dans « Capitalism : a love story », du moins si l’on prend un peu le temps de s’informer sur le monde dans lequel on
    vit… Il reprend divers éléments sur la crise financière, en rappelant que tout ce qui vient juste d’arriver n’est qu’un début de ce qui nous attend… Certes. Ce que le réalisateur réussit le mieux,
    en fait, c’est lorsqu’il met dos à dos la démocratie et le capitalisme, en démontrant très habilement que les deux ne sont pas compatibles, allant même jusqu’à dire que le capitalisme n’est rien
    d’autre qu’un régime dictatorial. Les pressions de Wall Street sur le gouvernement américain prouvent sans tergiverser que l’unique décideur aux Etats-Unis, c’est l’argent, et que le peuple
    américain ne vit plus en démocratie depuis bien longtemps… CQFD !
    Tout cela est très fort et très habile, mais ça pourrait aussi être fort ennuyeux si Michael Moore, gros bonhomme espiègle et sympathique, ne savait pas aussi bien se mettre en scène. On le
    retrouve ainsi encore une fois dans des situations savoureuses, comme lorsqu’il se présente devant les banques pour venir arrêter leurs directeurs ou récupérer l’argent public du peuple américain…
    L’humour, qui traverse ainsi tout le film, contribue à la force de son discours et c’est tellement plus agréable ainsi… Michael Moore doit continuer la lutte !






























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    mercredi 25 novembre 2009

    Twilight, Chapitre 2 : Tentation, de Chris Weitz (Etats-Unis, 2009)




    Note : 



    Je crois me souvenir que la première adaptation sur grand écran des aventures de Bella et Edward ne m'avait pourtant pas totalement déplu. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'en étais ressorti super
    enthousiaste, mais j'avais trouvé ça "mignon". Gnangnan certes, mais mignon... Eh bien pour cette suite, pourtant quasi copie conforme du film précédent, non seulement j'ai trouvé le film exécrable
    au possible, mais en plus j'en suis ressorti très énervé. Aucune "fascination" ni la moindre "tentation", donc, pour ce chapitre 2, et même plutôt un profond dégoût, notamment pour le sous-texte
    moral qu'il défend...
    D'abord, affirmons-le sans pitié, "Twilight le retour" est un film très médiocre. Il enchaîne les scènes sans intérêt, gouvernées par des dialogues interminables, creux et répétitifs. C'est
    incommensurablement long et l'ennui nous pousse assez vite dans une léthargie interminable, d'où l'on sort de temps en temps pour regarder sa montre et se dire "oh mon Dieu ! encore deux heures !!"
    Mais d'un côté purement cinématographique, ce qui étonne le plus de la part d'un film de cette ampleur, c'est la pauvreté de son univers visuel plutôt « cheap » et la laideur de ses effets
    spéciaux. Si le film a coûté cher, il faut bien constater que ça ne se voit pas du tout à l'écran...
    Pourtant, le pire reste encore à venir... Il réside essentiellement dans les rapports mielleux et pudibond du couple formé par Bella l'humaine et Edward le gentil vampire trop mignon qui mord
    personne (une aberration en soi et une insulte au mythe du vampire !). Depuis le premier film, leur histoire d'amour ne décolle pas et à la fin de ce deuxième film long et éprouvant, il faut bien
    se rendre à l'évidence qu'elle n'a toujours pas décollée. Au cours du film, Edward se sépare de sa belle, soi-disant parce que c'est mieux pour elle (à cause de leur différence, gna gna gna...), et
    celle-ci tombe amoureuse d'un autre garçon, non pas vampire cette fois-ci, mais loup-garou... La pauvre fille, elle ferait bien de consulter à force de tomber dans les bras de tels individus... A
    la fin, aussi incohérent que cela puisse sembler, elle préfèrera son vampire anorexique maquillé comme un travelo (mon dieu ?! mais qu'ont-ils fait au beau Robert Pattinson ??) à un super beau mec
    musclé exhibant son torse athlétique les trois quarts du film... Du coup, on en revient à l'happy end du premier film : leurs lèvres s'effleurent toujours à peine quand ils s'embrassent et pas le
    moindre coup de pieu en perspective ! Ils en sont toujours au même point, noyés au milieu de leur insupportable guimauve dégoulinante, à s'échanger des dialogues remplis de sibyllines allusions
    plus ou moins cryptées sur leur relation au sexe et à la virginité, bla bla bla... Ah, et puis si ! Evènement super original dans la dernière scène : le vampire demande sa petite amie en mariage...
    On en croit pas ses yeux tellement c'est dégoûtant d'(év)angélisme ! D’ailleurs, j’ai entendu de gros éclats de rire fuser dans la salle…
    En évoquant ainsi un idéal d'amour pur, où tout le monde finit par rentrer dans les rangs sacrés du mariage dans une belle robe de vierge candide ou un beau costume bien repassé et sans la moindre
    tache de sang, le film s'impose du coup comme un manifeste politique pour le retour de la droite dure à la tête du gouvernement américain. "Twilight" n'est rien d'autre qu'un brûlot ultra-catho et
    néoconservateur ! Perspective effroyable quand on sait que le film est destiné à des masses d'adolescentes en mal d'idéaux...






























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    mardi 24 novembre 2009

    L’année dernière à Marienbad, d’Alain Resnais (France-Italie, 1961)




    Note :







    Quand il réalise "L'année dernière à Marienbad", bien plus que dans la nouvelle vague du cinéma français à laquelle on l'a souvent associé (à tort ?), c'est dans le nouveau roman qu'Alain Resnais
    cherche à s'inscrire. La présence d'Alain Robbe-Grillet à l'écriture du scénario en est un indice majeur, et il ne faut pas oublier que le film précédent du cinéaste n'est autre que "Hiroshima mon
    amour", écrit par Marguerite Duras. Tout le film, surtout, se présente comme un défit à la fiction, à l’instar des auteurs du nouveau roman, qui cherchaient à casser le déroulement d’une narration
    classique, les portraits de personnages précis et les autres certitudes apportées par une écriture plus traditionnelle… Dans ce film, en effet, on assiste à un enchevêtrement d’images et de mots,
    parfois sans lien avec le reste, parfois dans le désordre, figurant souvent le doute le plus complet. L’histoire de « Marienbad » ? Au fond peu importe ! Une vague histoire de liaison entre un
    homme et une femme mariée survenue l’année d’avant. Aujourd’hui, la femme semble ne pas se souvenir de l’homme. Ou bien non, c’est l’homme qui se trompe… Au fond, c’est l’histoire d’une histoire
    qui se cherche, comme si elle était justement en train de s’écrire sous nos yeux, avec ce qu’il faut de bafouilles, de ratures, d’impasses et de retours en arrière.
    Formellement, « L’année dernière à Marienbad » est tout simplement sublime. A sa vision, il faut se dire avant tout que l’on assiste à la projection d’un très bel objet filmique, que nombreux
    considèrent d’ailleurs comme le plus grand film du cinéma… Après tout, Resnais et Robbe-Grillet ne cherchaient pas forcément à en dire plus. Le réalisateur affirmera d’ailleurs lui-même : « Nous
    voulions nous trouver un peu comme devant une sculpture qu'on regarde sous tel angle, puis sous tel autre, dont on s'éloigne, dont on se rapproche ». Il rêvait en fait d’échafauder « un film dont
    on ne saurait jamais quelle est la première bobine »… Un film à l’intérieur duquel on pourrait se promener d’avant en arrière, duquel on pourrait recomposer les plans ou réagencer l’ordre des
    séquences, un peu comme un pur poème visuel. Pour arriver à cela, ça « travellingue » à tout va, ça compose des images somptueuses, ça statufie les scènes en filmant des acteurs figés, immobiles,
    ça multiplie les angles sur un même sujet, ça met bout à bout deux mêmes mouvements de caméra, mais avec un plan composé différemment (est-ce qu’un plan représente le présent et l’autre le passé
    ?), ça répète une scène avec un effet de variation (la femme s’effondre sur le lit par la gauche, puis par la droite), et puis ça filme dans un noir et blanc merveilleux, fantomatique, presque
    fantastique, qui transforme le long métrage en la statue filmée à plusieurs reprises, en véritable objet de musée, un peu comme de l’art vidéo avant l’heure…
    Mais en tournant « L’année dernière à Marienbad » dans trois lieux différents en prenant soin qu’aucun des trois ne soit Marienbad, Resnais montre qu’il joue avec nous. Le thème du jeu est
    d’ailleurs au cœur du film. Tous ces personnages oisifs qui errent comme des fantômes immobiles dans ce château et ses grands jardins n’ont rien d’autre à faire que de jouer : ils assistent à une
    représentation théâtrale, jouent au tir au pistolet ou s’adonnent à diverses autres activités ludiques. De nombreux jeux de société sont mis en scène : les dominos, des jeux de cartes comme le
    poker ou le fameux « jeu de Marienbad », ayant pris son nom et sa notoriété grâce au film, consistant à disposer des allumettes (ou des jetons, ou des cartes…) en quatre rangées de 1, 3, 5 et 7
    puis à prendre chacun son tour une ou plusieurs allumettes d’une même rangée, jusqu’à ce que le perdant soit désigné en prenant la dernière en place… En mettant le jeu, symbole de l’aléatoire et du
    hasard, en son centre, le film nous questionne ainsi sur les aléas de la vie, le hasard des rencontres, l’incertitude de la réussite ou encore, pourquoi pas, le libre-arbitre… En jouant avec nous
    et en « jouant » au cinéma, en se jouant un peu de nous aussi, le cinéaste ne nous dit-il pas finalement que peut-être la vie n’est qu’un jeu ?






























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    lundi 23 novembre 2009

    Richard Kelly (cinéaste)



    Richard Kelly est un auteur. Au sens européen du terme : il réalise des films dont il a lui-même écrit le scénario... Après deux courts-métrages remarqués, il signe son premier long en 2001, depuis
    devenu culte : "Donnie Darko". La suite est néanmoins moins drôle, puisqu'il
    faudra attendre 2006 pour le voir réaliser son deuxième film, juste après l'écriture du scénario d'un film de Tony Scott passé plutôt inaperçu : "Domino". "Southland tales", ce second long-métrage
    tant attendu, alléchant thriller apocalyptique de science-fiction, bénéficiera même d'une présentation en compétition au Festival de Cannes, mais l'accueil sera si froid que le réalisateur devra
    remonter son film, qui ne sortira finalement jamais en France... sinon directement en DVD, et seulement en mars 2009 ! Heureusement, l'année 2009 sera aussi celle d'un troisième film excellent,
    "The box", à découvrir au cinéma actuellement...
    Le style de Richard Kelly, aux allures de post-ado trentenaire, revisite souvent les genres de prédilection d'un cinéma pour teen-agers : fantastique, science-fiction, thriller, school movie...
    Mais il le fait avec une telle étrangeté et une telle capacité à y insérer une folie captivante que non seulement les genres sont parfaitement renouvelés mais qu'ils débouchent en plus sur de vrais
    grands films, plastiquement passionnant et aux récits souvent très poussés et très écrits... Les effets de narration à nombreuses ramifications ou l'intérêt plastique de nombreux plans évoquent
    souvent un David Lynch, tout en conservant une intégrité propre à Kelly. On demeure bien souvent subjugué par la puissance visuelle et scénaristique de ses films, avec un doute parfois s'ils
    s'assimilent à du génie ou à de la roublardise... Peu importe au fond, dans la mesure où pour le moment, le cinéaste parvient à parfaitement faire illusion !
    Parmi ses prochains projets, il semblerait qu'un remake de "Point limite zéro" soit sur les starting blocks...






























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    Strella, de Panos H. Koutras (Grèce, 2009)




    Note : 



    Disons-le tout net, même s’il n’est pas tout à fait raté, « Strella » n’est pas franchement une réussite… On saura gré à son réalisateur, cependant, de ne pas sombrer totalement dans le sordide
    avec une histoire pareille ! En effet, le propos était pourtant des plus casse-gueule : après quinze ans de prison, Yiorgios sort enfin et rencontre un transsexuel, avec qui il entretient une
    liaison passionnée, jusqu’à ce qu’il se rende compte que son amant(e) est en réalité son fils, qu’il cherche désespérément… Ouch ! Et dire qu’on n’est même pas au bout de ses surprises après
    ça…
    La mise en scène, hélas, est plutôt plate et multiplie les longueurs un peu ennuyeuses… Le milieu décrit, celui des gay, des trans, du milieu grec interlope, aurait pu donner lieu à des scènes
    plutôt marrantes et colorées (façon Almodovar par exemple), mais là rien de drôle, tout demeure même très tristoune, sombre et désespérant… Le sujet traité aussi, celui de la confusion des genres,
    de l’inceste, du désordre sexuel, du complexe oedipien (ou même électrien, si l’on y pense…), aurait pu pousser à une réflexion des plus intéressante sur la nature de la filiation, sur la solitude
    ou sur la profondeur des relations humaines… mais le réalisateur manque cruellement de finesse et de subtilité, assenant quelques répliques chocs et quelques scènes un peu tourmentées,
    malheureusement des plus maladroites… On a souvent du mal à y croire, malgré toute notre bonne volonté !
    Un film plutôt décevant, en fin de compte, malgré un potentiel de départ prometteur… On notera cependant d’étranges séquences très kitschs, mettant en scène un écureuil numérique, censé figurer les
    souvenirs d’enfance perdus du père. On se demande vraiment ce que ça vient faire là (à croire qu’il y avait un reliquat de budget à dépenser ?), sinon à provoquer l’hilarité à trois ou quatre
    reprises au cours du film… ou l’occasion de rappeler que Panos H. Koutras est d’abord un grand cinéaste du n’importe quoi, puisqu’il s’agit bien du même qui, il y a une dizaine d’années, avait
    commis « L’attaque de la moussaka géante » ! Ce film culte sera d’ailleurs projeté ce samedi dans le cadre de l’absurde séance parisienne, et votre
    serviteur en sera, afin de vous chroniquer ce sommet de la série Z très prochainement…






























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