mercredi 30 juin 2010

A bout de souffle, de Jean-Luc Godard (France, 1960)



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Note :
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« Il faut ! » commence par dire Michel Poiccard, au commencement d’« A bout de souffle ». Moi je dirais même plus : Il faut ABSOLUMENT voir le film de Godard ! Autant par pur plaisir, car le film
est un bonheur absolu, enfilant les pépites seconde après seconde, que pour mieux comprendre la « nouvelle vague », dont « A bout de souffle » est en quelque sorte un « manifeste » et la figure
de proue…

Premier long métrage de celui qui se fait aujourd’hui appeler par ses seules initiales, « A bout de souffle » suit l’itinéraire entre Marseille et Paris de Michel Poiccard, interprété par un
Jean-Paul Belmondo jeune et formidable ! Poiccard, suite à un vol de voiture et au meurtre d’un policier, sera traqué tout au long du film et forcé de fuir, sans cesse, jusqu’à finir par
s’effondrer au bout d’une rue parisienne, touché par une balle et littéralement « à bout de souffle »… A Paris pour retrouver de l’argent, il renoue avec une jeune américaine qu’il cherche à
entraîner avec lui dans sa fuite, avec Rome pour toute perspective. Cette jeune femme est interprétée par la magnifique Jean Seberg.

En partie improvisé (le tournage paraissait s’inventer au jour le jour, Godard écrivant son scénario et les dialogues pour ses comédiens bien souvent la veille pour le lendemain), le film en
impose tout d’abord par son extrême liberté et son audace, faisant entrer à l’époque le cinéma français dans la « modernité », comme le roman l’avait fait juste avant lui… Cela signifie
principalement un tournage libre et ouvert, en décors naturels, laissant la caméra se déplacer sans entrave, pour raconter un récit non linéaire, parfois évasif, faisant exploser toutes les
règles de la narration traditionnelle. On suit les personnages de scènes en scènes avec une dynamique de l’urgence : seul leurs actes et leurs facéties comptent ! Quant à la psychologie, elle
explose elle aussi, livrant des personnages loin du manichéisme habituel : Poiccard a tué et n’en demeure pourtant pas moins sympathique à nos yeux… le héros y perd son statut et devient donc
ambigu.

Godard crée à chaque plan une mise en scène d’un genre entièrement nouveau, inventant une sorte de « poésie du faux raccord »… Il multiplie en effet les sautes d’image, les coupures incessantes,
opérées lors d’un montage rendu le plus énergique et le plus « fou » possible. Il conserve cependant une logique et une cohérence dans ses dérives audiovisuelles, n’hésitant par exemple pas à
faire commencer une réplique dans un plan pour la terminer dans un autre, qui théoriquement marquait une ellipse temporelle… Magique et unique !

Mais ce n’est pas parce que Godard se jette à pellicule perdue dans la modernité qu’il en oublie pour autant le passé… Son film est, comme la plupart de ceux qui suivront, hyper référencé
(références autant littéraires que cinématographiques, d’ailleurs), et le jeune cinéaste n’hésite pas à employer quelques clins d’œil rigolos pour illustrer la querelle de l’ancien et du moderne
: dans une scène, une jeune femme tend à Poiccard un exemplaire des « Cahiers du cinéma » en lui demandant s’il n’a rien contre la jeunesse, et lui de rétorquer aussi sec « moi j’aime les vieux !
»

Rejeté violemment par certains à sa sortie, « A bout de souffle » est depuis devenu un grand film culte… Cela en partie à cause de ses nombreuses scènes mythiques et inoubliables : Jean-Paul
Belmondo regardant le spectateur droit dans les yeux pour lui dire « Allez vous faire foutre ! », Jean Seberg vendant des journaux à la criée sur les Champs-Élysées et s’exclamant « New York
Herald Tribune ! », Belmondo passant le pouce sur ses lèvres dans la première image du film et Seberg faisant de même à la fin en déclamant son « Qu’est-ce que c’est dégueulasse ? »… On retrouve
également Jean-Pierre Melville himself dans le rôle d’un certain Parvulesco, un auteur apparemment célèbre qui se fait interviewé par une horde de journalistes : entre deux questions drôles ou
ironiques (genre « Aimez-vous Brahms ? », titre du dernier roman en date de Françoise Sagan) auxquelles il répond par de courtes phrases efficaces en forme d’aphorismes, le personnage de Jean
Seberg réussit à lui demander « Quelle est votre plus grande ambition dans la vie ? », ce à quoi il répond : « Devenir immortel… et puis… mourir ! » Réponse à première vue paradoxale, qui cache
finalement peut-être le désir de tout artiste en puissance, à commencer par Godard, devenu aujourd’hui immortel aux yeux du monde, et qui peut donc désormais… mourir ?



 



Mise en perspective :



- Film Socialisme, de Jean-Luc Godard (France, Suisse, 2010)































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mardi 29 juin 2010

Jeu "Oh my Godzilla !" : Joueur 1 (Knorc)


Voici la première contribution au grand jeu de l'été "Oh my Godzilla" ! C'est Knorc qui s'y colle, en nous livrant une petite bande dessinée humoristique,
établissant un pont surprenant entre les sagas "Twilight" et "Godzilla"...



Pour participer à votre tour, il vous suffit de m'envoyer avant le 21 août une "création" ayant pour thème l'affreux monstre vert Godzilla... Cliquez donc par ici pour obtenir de plus amples informations !



 



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lundi 28 juin 2010

Les petits ruisseaux, de Pascal Rabaté (France, 2010)



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Note :
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Voici un film dans lequel il fait bon vivre et où l’on se sent bien chez soi… Rien que le personnage principal, Emile, y installe bien l’atmosphère : s’il a choisi de s’occuper de bonzaïs, c’est
parce qu’ils ne tiennent pas de place, et s’il a toujours refusé de passer son permis de conduire, c’est qu’il ne supporte pas la vitesse… Pour lui, adepte de la pêche et d’une retraite bien
tranquille, tout doit aller à son rythme, sans brusquerie et surtout avec la plus grande simplicité…

« Les petits ruisseaux » est d’ailleurs bien à l’image de son personnage ! Exaltation de la paresse, du repos, des copains, de la liberté et de la tranquillité, le film semble nous propulser dans
les charmes d’une époque disparue, plus « baba-cool » que jamais… Pascal Rabaté adapte en réalité sa propre bande dessinée, et quand on sait ça, on remarque bien que l’univers du neuvième art
contamine peu à peu le long métrage : la petite voiture orange sans permis d’Emile, qui traverse les paysages de France les plus typiques, les cadrages dans le bar PMU où se retrouvent tous les
amis retraités ou RMIstes, des plans sur des trognes dignes des Bidochons… Tout cela contribue à un ensemble visuel très contrasté, entre caricatures émouvantes et poésie grossière.

Le « ton » employé par « Les petits ruisseaux » est juste parfait ! Des gags souvent énormes, mais toujours plein de tendresse pour tous ces petits vieux, et principalement pour Emile, qui à la
mort de son vieux copains retrouve le goût pour les plaisirs de la vie (et de la chair) avec lesquels il croyait bien ne plus jamais avoir à faire : le film montre ainsi avec beaucoup de naturel
et de sincérité la sexualité du troisième âge… Rien de choquant ou de dégueulasse, mais seulement beaucoup d’amour et de plaisirs ! Même l’amour, d’ailleurs, est célébré avec une totale liberté
de cœur et de mœurs : l’escapade d’Emile dans une communauté de néo-hippie vaut son pesant de zygomatiques ! On rigole franchement et constamment au cours du film : de nombreux jeux de mots bien
verts et bien fleuris viennent s’immiscer au gré de situations souvent tordantes… Et même quand la vie s’assombrit ou quand la mort s’invite tout à côté, Pascal Rabaté semble nous rappeler avec
vigueur que la vie est bien trop courte pour songer à se laisser abattre ! Bien que la mort ne soit jamais loin, la vie doit continuer et le rire est bien l’une des dernières choses à la rendre
encore supportable…

Du côté de l’interprétation, Daniel Prévost est vraiment formidable ! Bulle Ogier est très vieille, mais au fond ça ne fait rien, parce que s’il y a une morale à tirer de ce sympathique petit
film à la cool, c’est bien ça : c’est qu’il n’y a pas d’âge pour renaître et pour profiter de la vie aussi simplement que possible ! Un film qui prend son temps et qui rend la vie plus douce sans
pour autant l’édulcorer, voilà qui est suffisamment rare pour être signalé et d’autant plus apprécié !































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dimanche 27 juin 2010

Dernières séances : Année bissextile, Le caméléon, Dog Pound


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Année bissextile
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de Michael Rowe (Mexique, 2010)
> Caméra d’or à Cannes, voici un très beau film sur l’ultra moderne solitude, dans lequel une jeune femme est prête à toutes les extrémités (notamment sexuelles) pour un peu de tendresse et de
chaleur humaine… C’est à la fois beau et intense, un peu cru, filmé en huis clos dans un appartement et en plans fixes qui durent (comme la bite !)

Le caméléon
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de Jean-Paul Salomé (Canada, France, 2010)
> Malgré un sujet a priori passionnant (l’usurpation d’identité d’enfants disparus par un jeune homme confus), le film a bien du mal à nous intéresser. Le cinéaste aurait certainement gagné à
moins diluer son intrigue à travers plusieurs personnages et à se concentrer sur le « caméléon » en question, par ailleurs magnifiquement interprété par le non moins magnifique Marc-André Grondin
!

Dog Pound
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de Kim Chapiron (Etats-Unis, 2010)
> Un film fort et brutal, véritable plongée dans l’enfer d’une prison pour mineurs. Une atmosphère à la violence palpable, une mise en scène coup de poing et de jeunes acteurs très
convaincants… Déjà vu, certes, mais néanmoins bien (re)vu !































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samedi 26 juin 2010

Mon Top 15 des films les plus Gay !


En ce jour de Gay Pride parisienne (pardon, je veux dire de « Marche des Fiertés Lesbiennes, Gay, Bi et Trans »), je vous propose un petit « Top » tout personnel des films les plus Gay à mon sens
! Un « best of » bien difficile à établir, dans la mesure où j’ai dressé une liste d’une cinquantaine de (très bons) films avant de me déterminer. Chaque choix fut ainsi aussi déchirant
qu’éprouvant, et j’ai dû renoncer à nombre d’excellents films, et même à certains auxquels je suis très attaché… Pour parvenir au résultat final (et bien évidemment éternellement non définitif),
j’ai essayé de mélanger divers critères, même si celui de ma pure subjectivité domine : outre mon affection pour tel ou tel film, outre également un vague équilibre dans les dates de réalisations
des différents longs métrages, j’ai tenté de privilégier la diversité que toutes ces œuvres proposent dans la forme, dans le fond ou dans la façon d’aborder le sujet… L’unique point commun absolu
à tous ces films étant le respect qu’ils accordent au traitement de l’homosexualité, en s’affranchissant notamment de tous les clichés habituels que ce thème peut voir fleurir.



 




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15. « Omelette », de Rémi Lange (France, 1998)
Le coming-out semi-documentaire et tragi-comique d’un jeune homme : entre bricolage poétique et tendresse troublante…




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14. « Oublier Cheyenne », de Valérie Minetto (France, 2006)
Un film méconnu et pourtant sublime sur un couple de lesbiennes, dont l’une, adepte des principes de la décroissance et d’une vie plus modeste, est attirée par une existence isolée à la
campagne.




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 13. « The Rocky horror picture show
», de Jim Sharman (Etats-Unis, 1975)





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12. « Maurice », de James Ivory (Grande-Bretagne, 1987)
Une fameuse adaptation d’un roman sulfureux de la littérature anglaise, signé E.M. Forster. Hugh Grant et James Wilby sont très crédibles dans une liaison hélas impossible…




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11. « Le secret de Brokeback Moutain », d’Ang Lee (Etats-Unis, 2006)
Le film « respectueusement gay » le plus apprécié des « gentils » hétéros ! Ca nous change de « La cage aux folles » et c’est signé par le réalisateur du non moins fameux « Garçon d’honneur
»…




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10. « Ma vraie vie à Rouen », d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (France, 2003)
Le journal intime filmé d’un jeune ado qui se découvre homo… Touchant, inventif et très beau !




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9. « La mauvaise éducation », de Pedro Almodovar (Espagne, 2004)
Une histoire à la fois dure et effrénée, réalisée avec brio par le plus « folle » et réjouissant des cinéastes au monde !




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8. « Créatures célestes », de Peter
Jackson (Nouvelle-Zélande, 1996)

Probablement la plus belle œuvre à ce jour de Peter Jackson, inspirée d’un fait tragique, mettant en scène deux jeunes filles à la passion dévorante…




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 7. « Were the world mine », de Tom Gustafson
(Etats-Unis, 2010)





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6. « The Bubble », d’Eytan Fox (Israël, 2007)
Magnifique portrait d’une jeunesse à Tel-Aviv, d’une modernité inouïe : une vie paisible en apparence, bientôt bouleversée par l’histoire d’amour au destin tragique entre un Israélien et un
Palestinien…




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5. « Torch Song Trilogy », de Paul Bogart (Etats-Unis, 1989)
La vie tragi-comique d’un travesti juif : un film très fort et remarquablement interprété par Harvey Fierstein et Matthew Broderick (qui fait une courte apparition remarquée).




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4. « J’ai tué ma mère », de Xavier Dolan (Canada,
2009)

Un petit chef-d’œuvre incroyablement maîtrisé par un jeune acteur-réalisateur surdoué ! Premières amours bien particulières et rapports matriarcaux tumultueux…




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3. « Les roseaux sauvages », d’André Téchiné (France, 1994)
Initialement prévu pour la télévision, ce film est probablement le plus beau d’André Téchiné : jamais on aura aussi bien filmé les premiers émois amoureux de l’adolescence, avec en prime de
jeunes acteurs débutants tous merveilleux (Elodie Bouchez, Gaël Morel, Stéphane Rideau).




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2. « My own private Idaho », de Gus Van Sant (Etats-Unis, 1992)
Une œuvre intense et solaire, mythique et mélancolique, sur l’odyssée amoureuse et désespérée de Keanu Reeves et River Phoenix sur les routes de l’Amérique…




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1. « Get real » (ou « Comme un garçon »), de Simon Shore (Grande-Bretagne, 1998)
Film culte tout personnel, mon numéro un n’est rien d’autre qu’une bluette amoureuse teintée d’homophobie entre deux lycéens…

Bien entendu, tout cela c’est sans compter des dizaines d’autres merveilles que j’ai malheureusement dû laisser sur le bord du chemin, à moins après de faire un Top 50, voire un Top 100… Il est
des sujets qui fatalement nous préoccupent plus que d’autres ! J’aurais notamment pu intégrer à ce beau palmarès des films comme « Garçon stupide », « Mysterious skin », « Tropical Malady », « A single man », « CRAZY », « The crying game », « Les chansons d’amour », « Beautiful thing
», « Boys don’t cry », « Scènes de chasse en Bavière », «
Presque rien », « Certains l’aiment chaud »… etc.

Maintenant, si vous aussi décidez aujourd’hui ou demain (ou encore après…) d’établir votre propre Top sur le sujet, n’hésitez pas à me le signaler pour que je le mette en lien dans mon article !
Quel bonheur infini serait par ailleurs de pouvoir lire un jour les « Top films gay » de mes camarades blogueurs Foxart (bien évidemment !), Alexandre Mathis, Cachou, Knorc, ou pourquoi pas de tous les tarés de «
La pellicule brûle »… (Liste non limitative, n’hésitez donc pas !)



 



Autre Top au top :



- Le top 12 des films LGBT de Cultiste



- Le top 10 des films LGBT de Miss Babooshka



- Le top 15 des films gay selon Cachou



- Le top 15 des films gay selon Heavenlycreature (un pseudo à la mesure de son top !)



- Le top 15 des films gay selon Ffred



- Le top de pierreAfeu































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vendredi 25 juin 2010

Fatal, de Michael Youn (France, 2010)



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Note :
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Avis à tous les réfractaires à l’humour subtil et léger de Michael Youn : il est fort à parier que vous n’aimiez pas ce film, dans la mesure où ses gags y sont toujours aussi fins qu’auparavant…
Par contre, il est probable que tous les anciens spectateurs des temps bénis du « Morning live » (l’émission qui réveille tes voisiiiiiins !) trouvent leur compte dans « Fatal », nouvelle œuvre
commise par l’agitateur susnommé. Alors que ses précédents films n’étaient pas, avouons-le, des plus folichons, on ne peut qu’être enthousiaste à la vue de celui-ci, le tout premier qu’il réalise
d’ailleurs lui-même (tout seul comme un grand), et qui possède toute la fougue et toute l’hilarité communicative de l’ami Youn !

D’abord, on ne peut qu’être bluffé par le rythme effréné de l’ensemble, par l’enchaînement incessant des gags énAUrmes et des répliques de la mort qui tue, et par la déferlante visuelle, qui
découle d’une mise en scène finalement hyper bien calibrée et maîtrisée… Si le film possède de menus passages à vide ou quelques scènes moins bandantes que les autres, on demeure tout de même
impressionné par la multitude d’idées et d’effets, pour la plupart plutôt bidonnants : entre les canapés Canapi et l’étonnant voyage d’un guéridon, entre une savoyarde très coquine qui se fait
démonter (pardon : des « montais », les bons biscuits locaux) dans sa chambre et un mouton sauvage aussi dangereux qu’hilarant, on se retrouve dans un univers à la fois complètement idiot et
absurde, tellement débile qu’il en devient joyeusement régressif… Bref, en d’autres termes : on se marre bien !

Tout ça, c’est sans compter aussi que « Fatal » possède un regard étonnamment critique et pertinent sur la société actuelle. Cela surprend d’autant plus que Michael Youn s’attaque en premier lieu
à celle qui l’a vu naître : la télévision ! Faut voir les caricatures de présentatrices décérébrées qu’il filme, les émissions de télé-réalité débiles et gratuitement méchantes qu’il démonte sous
nos yeux en décortiquant abondamment toute leur bêtise et leur cruauté… Il n’épargne pas non plus leurs spectateurs, ces êtres méchants et sans la moindre compassion, qui sont pourtant très
probablement les premiers qui iront voir le film… Très fort !

Et puis comme le film évoque l’itinéraire du chanteur de rap Fatal Bazooka, l’« univers sale » de la musique y est « fatal »-ement très prégnant. En filmant la chute de son avatar musical hyper
caricatural, Michael Youn commence bien sûr par se moquer de lui-même et de l’incertitude de sa propre carrière, ponctuée de bides… Mais ça ne l’empêche pas non plus (pour notre plus grand
bonheur par ailleurs !), de parodier moult chanteurs ou chanteuses françaises, parfois même par l’intermédiaire de petits clips tordants ! Il propose également un pastiche bien trash des «
Enfoirés », sous le nom subtilement choisi de « la tournée des Enculés », qui chantent tous pour la grande cause caritative des petits enfants violés (ou violets, au fond c’est presque pareil).
Il faut entendre les paroles pour le croire : « Pédo, file d’ici ! Pédo, file très loin ! Pédo, file d’ici avec tes sales manies ! » Douteux, certes, mais rudement audacieux : un beau pavé dans
la mare du politiquement correct ambiant… Le rappeur « Fat Baz », comme le surnomme ses hordes de fans, nous réserve encore bien des surprises, comme une sublime chanson d’amour à la fin du film
(je vous préserve, pour une fois, l’effet de surprise) ou encore sa capacité héréditaire de faire de la chanson « à chier », mais au sens propre du terme ! (je vous laisse imaginer) En bref, «
Fatal » nous offre du gras, du graveleux, du lourd, de la gaudriole, certes, mais de la gaudriole bien moins stupide qu’elle n’y paraît de prime abord, qui en plus de divertir à la truelle peut
contenir un début de message et de réflexion…































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jeudi 24 juin 2010

L'île aux fleurs, de Jorge Furtado (Brésil, 1989)


 












 



En ce jour de grève générale et de lutte des classes, pour tenter de maintenir ce qu'il nous reste un peu d'acquis sociaux dans notre beau et grand pays de modernité et de liberté, je vous
propose de voir un formidable court métrage brésilien, à la fois drôle et terrifiant, qui illustre avec beaucoup de pertinence et d'intérêt le concept de liberté dans nos absurdes sociétés
capitalistes, où tout doit passer par le Dieu Argent !































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mercredi 23 juin 2010

Dernières séances : L'illusionniste, Les mains libres, Les meilleurs amis du monde


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Les meilleurs amis du monde
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de Julien Rambaldi (France, 2010)
> Des acteurs sympas (Marc Lavoine, Pierre-François Martin-Laval, Léa Drucker), quelques gags marrants et parfois un peu vachards, mais le tout se noie un peu trop vite dans le lourdingue et
les bons sentiments… ça distrait, mais ça ne fait que passer !

Les mains libres
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de Brigitte Sy (France, 2010)
> Une mise en scène peut-être un peu faible pour ce film d'amour carcéral entre un prisonnier et une réalisatrice de documentaire, adapté d'une histoire vraie. Les acteurs sont très bons, à
commencer par Ronit Elkabetz.

L'illusionniste
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de Sylvain Chomet (France, 2010)
> Adaptation d'un scénario de Jacques Tati, voici un beau film d'animation pour adultes, à la fois drôle et mélancolique. Un illusionniste dégingandé à la Monsieur Hulot (auquel le film rend
hommage lors d'une étrange séquence dans une salle de cinéma), une jeune fille qui le suit comme un coûteux boulet dont il essaie en vain de se débarrasser, un lapin carnivore : on est vite
touché par l'étonnante poésie qui parcourt cette ode aux derniers "vrais" magiciens, un brin désuète cependant...































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mardi 22 juin 2010

Les moissons du ciel, de Terrence Malick (Etats-Unis, 1979)



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Note :
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Souvent classé parmi les meilleurs films par les critiques du monde entier, « Les moissons du ciel » est ce que l’on peut qualifier d’œuvre majeure et mythique ! « Mythique » d’abord par ses
conditions de tournage : deuxième film de Terrence Malick, le dernier précédant un silence de vingt ans pour le cinéaste (il ne tournera plus rien jusqu’à « La ligne rouge » en 1999), il est le
résultat de bien des passions entre acteurs et réalisateur, mais surtout entre Malick et ses producteurs, puisque le budget est très vite allègrement dépassé ! Alors que Nestor Almendros, le
directeur de la photographie, est en train de perdre la vue au moment du tournage (un comble !), il faut dire que certaines exigences paraissent de prime abord démesurées : pour obtenir une
lumière très particulière, le cinéaste ne souhaite notamment tourner que pendant « l’heure bleue », cette petite demi-heure quotidienne pendant laquelle il continue de faire jour alors que le
soleil est déjà couché…

Pourtant, il faut bien avouer, à la vue des « Moissons du ciel », que le résultat est sacrément payant d’un point de vue purement artistique ! La lumière est en effet magnifique, d’une douceur et
d’une beauté infinie, se rapprochant bien souvent de pures visions de Dieu… Le titre original, « Days of Heaven », est d’ailleurs bien plus explicite que son pendant français pour expliquer
l’aspect divin, paradisiaque, des images du film. Mais Malick se situe plus du côté de l’animisme que de la religion à proprement parler : il trouve sa croyance et plus encore ses « révélations »
dans l’omniprésence de la nature, qui nous entoure de toutes parts… Le vent dans les vastes champs de blé, les animaux domestiques ou sauvages, le feu dévastateur, l’eau des rivières : tous les
éléments cernent parfaitement les personnages dans le film et la puissance de la nature est révélée dans presque tous les plans ! L’homme essaie de dominer la nature, en cultivant les champs ou
en essayant de dompter les flammes, mais au fond c’est les règnes végétal et animal qui le gouverne… Cela apparaît avec encore plus d’évidence lors de l’invasion des sauterelles, qui s’abat sur
les champs comme les plaies d’Egypte dans la Bible : la symbolique demeure très forte !

Mais bien au-delà des images de végétation luxuriante, de castors ou de canards sauvages, « Les moissons du ciel » raconte une histoire puissante et universelle, un mélodrame flamboyant et
passionné, exaltant toutes les émotions humaines, et traité avec une force et une grandeur inégalée ! L’histoire de Bill, qui tue par accident son chef dans une fonderie de Chicago, contraint de
prendre la fuite avec sa jeune sœur (la narratrice du film) et son amie qu’il fait passer pour son autre sœur, se poursuit au Texas où, engagés pour faire les moissons chez un riche
propriétaires, ils vont élaborer un plan qui ne tournera pas du tout comme prévu : apprenant la mort prochaine du fermier, Bill pousse son amie à répondre à ses avances pour récupérer ses
propriétés… sauf que la jeune femme finira par tomber amoureuse de l’autre homme ! Ce tendre drame est filmé comme une tragédie universelle digne des catharsis antiques. Le « style » de Terrence
Malick imprègne chaque plan et chaque image avec une fougue insensée : tout passe par le pouvoir évocateur de l’image, des plans sur les corps et les visages, des couleurs, des regards… Il y a
dans « Les moissons du ciel » une telle économie de mots pour raconter une histoire, que chaque seconde de chaque scène force le respect ! Le pouvoir du cinématographe semble ici élevé à un
niveau rarement atteint chez d’autres auteurs… C’est assez incroyable, presque « magique » et, au milieu de cet univers supra-poétique dans lequel on se laisse embarquer sans rechigner un
instant, se promènent encore les figures sublimes de Richard Gere et de Sam Shepard, dont la jeunesse demeure ici à tout jamais gravée et magnifiée dans le celluloïd !































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lundi 21 juin 2010

Oh my Godzilla ! (Le grand jeu de l’été)



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Voici l’été, le moment des vacances et des courses tout nu (et tout bronzé) sur la plage, le temps des rires et des chants, et puis des monstres méchants… à commencer par le gros dinosaure tout
vert Godzilla, que j’ai décidé de mettre à l’honneur sur mon blog, par le biais de chroniques de films de la célèbre saga japoniaise, qui seront publiées au fil de l’eau
au cours des prochaines semaines et des prochains mois, mais surtout avec ce merveilleux jeu estival, si subtilement intitulé « Oh my Godzilla ! »

« Oh my Godzilla ! », mais qu’est-ce que c’est ?! vous hâterez-vous de me demander… Eh bien je vous répondrai alors que c’est un jeu à la fois formidable et tout bêbête ! Le principe de base est
en effet à la portée de n’importe quel gogolzilla : il suffit de me faire parvenir une « création » ayant pour thème le personnage de Godzilla avant le samedi 21 août à minuit à
l’adresse mail suivante : phil.sine[at]free.fr (remplacez [at] par @). Par « création », j’entends que vous êtes absolument libre de m’envoyer tout ce qui
peut vous passer par la tête et qui est susceptible de rentrer dans le cadre formaté d’un e-mail : cela peut être la chronique d’un film, une histoire drôle, une création graphique (comme un joli
dessin plein de jolies couleurs…), une fausse critique (un peu comme le « Godezilla » que je
vous ai récemment proposé
), un Haïku, une recette pour cuisiner le Godzilla, pourquoi pas une vidéo (soyons fou !)… et que sais-je encore ! J’ai surtout envie de vous dire : lâchez-vous et
surprenez-moi ! Et même si vous n’êtes pas particulièrement fan de Godzilla, je suis sûr que vous saurez le détourner comme il se doit…

Suite à vos envois par mails, je procéderai à une petite sélection (ou pas) parmi vos « œuvres », que je publierai sur le blog tout au long des deux prochains mois. A partir du lundi 23 août, je
vous demanderai de voter pour votre création préférée et les deux projets ayant obtenu le plus de suffrages au vendredi 10 septembre à minuit se partageront les deux merveilleux cadeaux mis en
jeu ! Celui dont la création sera arrivée en tête choisira le premier parmi les deux lots et le second choisira après lui, ce qui paraît assez logique finalement…

Sachez que vous pouvez participer au concours « Oh my Godzilla ! » autant de fois que vous le souhaitez et que plusieurs projets d’une même personne pourront être retenus…

Pour finir, je me contenterai de vous souhaiter de « bonnes créations » et de vous révéler les fameux lots que vous êtes susceptibles de gagner à l’issu de ce fabuleux jeu-concours de malade
:
- Super Cadeau « Oh my Godzilla » n°1 : un superbe T-shirt tout spécialement conçu à l’occasion de ce concours et donc vous l’aurez peut-être deviné à l’effigie de notre ami
Godzilla
(sous réserve de la bonne volonté de R. et de L., que l’on encourage bien fort…)
- Super Cadeau « Oh my Godzilla » n°2 : un coffret collector digipack double-DVD de deux films de la saga « Godzilla »Godzilla & Mothra : the battle for Earth » et « Godzilla vs Megalon »)
Alors si tout ça ne vous fait pas rêver…































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dimanche 20 juin 2010

Les 7 degrés de séparation : Game over



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Malgré un bel effort de la téméraire Violaine, le point est encore marqué par Foxart cette
semaine
, puisqu’il a réussi à relier haut la main le grand bleu et le grand blond : Pierre Richard > Eric Barbier (réalisateur de « Le serpent ») > Jean-Marc Barr (« Le brasier »,
d’Eric Barbier).

On l’applaudit bien fort, surtout qu’il cumule désormais suffisamment de points pour choisir un cadeau parmi les DVD suivant :
- « The calling » de Richard Caesar
- « L’étrange créature du lac noir » de Jack Arnold (accompagné
du documentaire "Retour sur le lac noir")
- « Flandres » de Bruno Dumont (dans une superbe édition collector digipack double-DVD,
débordante de bonus passionnants !)
A moins qu’il ne préfère attendre la rentrée de septembre, qui verra très certainement fleurir de nouveaux lots, pour se décider, puisqu’il semble déjà posséder ces trois films…

Un nouveau gagnant nous permet ainsi de clore ici « Les 7 degrés de séparation », mais ça ne veut pas dire non plus que le jeu ne refera pas son grand retour un jour prochain sur le blog !

D’ici là, sachez qu’il vous sera de nouveau possible de jouer avec Phil Siné dès demain, jour de l’été, avec un grand concours tout spécialement conçu pour cette période de vacances et de
farniente : on espère donc vous voir nombreux pour participer à « Oh my Godzilla : le jeu de l’été », qui sera mis en ligne lundi à partir de 19h13 !































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Air Doll, de Hirokazu Kore-Eda (Japon, 2010)



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Note :
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Le sujet de "Air Doll", construit en forme de conte contemporain, est d'abord des plus étonnant et stimulant : il s'agit en réalité de l'adaptation d'un manga japonais qui évoque l'histoire d'une
poupée gonflable pour fantasmes sexuels qui prend soudainement vie. Tout cela commence donc par surprendre de la part du réalisateur de "Still walking". Ce qui a très vite intéressé Kore-Eda
Hirokazu dans ce projet, c'est la dimension métaphorique du thème de l'air, et notamment la sublime image poétique où un homme regonfle la poupée par le biais de son propre souffle : « [cela] m’a
semblé d’une grande force érotique ; j’ai trouvé ce passage très cinématographique », explique-t-il, « je n’avais jamais abordé un sujet pareil jusque-là, et j’avais donc envie de tenter
l’expérience. Il s’agit d’une sexualité qui passe par le souffle d’un être humain, […] je trouve que l’idée d’être, pour ainsi dire, mis au monde par le souffle d’autrui est une manière très
intime d’établir un lien avec quelqu’un et d’y prendre du plaisir ».

La métaphore de l’air contenu par le corps de la poupée, insufflé par les hommes qu’elle propose de « satisfaire » (même si ce n’est pas forcément choisi, elle n’arrête pas de se répéter qu’elle
n’est qu’une poupée gonflable, seulement là pour satisfaire le plaisir et les désirs des hommes), fait donc plonger le film dans une déconcertante poésie : ça pourrait être trash ou graveleux,
c’est au contraire doux et émouvant… On a beau voir la poupée laver au savon ce qui lui tient lieu de vagin après un coït mécanique et dépourvu de sentiment, qui la renvoie à son statut de «
poupée d’air » et finalement aussi à la mort, le film conserve pourtant une tenue éminemment charmante et quasiment innocente. Sûrement parce que le cinéaste a la très bonne idée de tout filmer
du point de vue de cette poupée qui tout à coup se retrouve pourvu d’un cœur, d’une âme, dont elle ne sait finalement que faire… Quand elle prend vie, elle se met à parcourir la ville et à
s’émerveiller de chaque chose : le monde redevient un grand terrain de redécouvertes infinies…

Quand elle entre dans un vidéoclub, lieu qui permettra d’émettre de nombreuses références cinéphiliques et où elle deviendra employée, elle tombe tout de suite amoureuse d'un jeune vendeur. C’est
avec lui que la sexualité la renverra à la vie, et non plus à la mort… Du moins un certain temps, juste le temps pour lui de lui souffler dans la valve (et non pas dans la vulve, vous l’aurez
compris…) Mais comme tous les hommes, il va lui mentir, en lui laissant croire qu’il est comme elle, ce qui l’amènera à commettre l’irréparable, de revenir vers la mort, mais encore une fois en
toute innocence, comme malgré elle… L’amour, ce ne serait donc que du vent ?

Les métaphores se multiplient délicieusement et judicieusement dans « Air Doll », et culminent peut-être lorsque la poupée se retrouve devant son « créateur », véritable symbole de Dieu, avec qui
elle a une conversation ontologique et métaphysique sur son existence… ou plus largement sur l’humanité. Malgré une apparente trivialité, que l’on ne ressent pourtant jamais, le film nous
apparaît surtout d’une beauté incroyable : on s’émerveille de chaque plan, de chaque mouvement de la poupée (superbement interprétée par l’actrice coréenne Bae Doona), de ses découvertes et de
ses déceptions, de ses questions et de ses envolées célestes (magnifique scène où elle se met à danser en flottant jusqu’au plafond), de cette petite musique qui souffle délicieusement à nos
oreilles, de la magie et de la mélancolie enfin, qui s’immiscent doucement tout au long de ce long métrage bien plus riche et plus lourd que l’air…































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