lundi 18 janvier 2010

Armadillo, de Janus Metz (Danemark, 2010)



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Note :
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"Armadillo" a provoqué une petite polémique lors de sa sortie au Danemark, essentiellement parce que Janus Metz a donné à son documentaire une forme de fiction... Tout le film suit en effet ces
quelques soldats danois partis combattre comme renforts en Afghanistan pour soutenir les troupes américaines, avec toute la montée dramaturgique nécessaire aux grandes histoires : les adieux à la
famille avant de partir, l'installation et les longs jours d'attente sur le terrain, l'horreur de la guerre et enfin le retour au pays... Sans compter qu'une bande son plutôt cool et rock'n'roll
et savamment distillée sur les images, ainsi qu'un montage bien orienté, font de ce vrai documentaire détourné une fausse fiction exemplaire ! La mise en scène nous conduit d'ailleurs très vite
au cœur de l'action, au plus près des soldats et de leurs petits tracas quotidiens. C'est d'autant plus impressionnant au beau milieu de combats, qu'on en oublie que le documentariste lui-même
risque sa vie "pour de vrai", que les gens que l'on voit meurent "pour de vrai", ou que les soldats danois "achèvent" des talibans blessés au fond d'un fossé "pour de vrai"... Tout cela fait
froid dans le dos, mais une étrange ambiguïté nous taraude aussi : derrière l'horreur qu'ils imposent au combat, on sait aussi qu'ils peuvent se montrer joyeux, sympas, attachants, dans leur vie
de tous les jours. Cette ambiguïté est justement au cœur même du dispositif recherché par Janus Metz : il montre finalement sans démontrer, sans prendre le recul critique habituel sur les choses,
et cherche avant tout à pointer la folie de la guerre et la schizophrénie de ses participants, toujours prêts à y retourner après leur retour au Danemark et malgré le pire qu'ils ont déjà vécu
là-bas... Ces soldats vivent au bout du compte dans une autre réalité que celle du commun des mortels, ce qu'explique d'ailleurs parfaitement le réalisateur : "Je tenais notamment à ce que le
spectateur vive la guerre de l’intérieur, sans avoir un point de vue extérieur sur ce que je décrivais. Du coup, je ne voulais pas que le film soit, comme beaucoup de documentaires, une
succession de témoignages. Ce qui m’intéressait aussi dans ce dispositif, c’était de montrer que la guerre crée une sorte d’hyper-réalité dans laquelle il devient difficile d’évoquer la mort ou
l’extrême violence. Bombardés d’informations et nourris de jeux vidéo, les jeunes gens du film ont du mal à se considérer comme des soldats au combat, car ils n’arrivent plus à percevoir la
réalité telle qu’elle est. C’est pour cela que le film offre une représentation poétique de la réalité."































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3 commentaires:

  1. Je ne pensais pas que ce film puisse être aussi intéressant. Les danois en Afghanistan c'est quand même original, un choc culturel et climatique (lol!!).

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  2. Et bien intéressant peut-être...après c'est souvent au niveau des moyens que ça pêche....En tout cas on est loin des films contemplatifs qu'ils nous balançaient sans arrêt depuis quelques temps!!

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  3. ah bon tu penses à quoi ? mais pourquoi cet apriori pour le contemplatif ? c'est fun le contemplatif en fait ! :)

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