jeudi 31 mai 2012

[Critique] A perdre la raison, de Joachim Lafosse



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(Belgique, France,
Luxembourg, Suisse, 2011)



Sortie le 5 septembre 2012




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Le nouveau film de Joachim Lafosse, réalisateur des puissants « Nue propriété » et « Elève libre », s’ouvre sur sa fin, juste après que le drame ait eu lieu : une mère en pleurs à l’hôpital, qui
demandent à ce qu’on « les » enterre au Maroc, puis un plan large sur un avion chargeant quatre petits cercueils dans la soute… Spectacle glaçant, long et lancinant. L’histoire recommence alors
par le début, encore joyeux et insouciant : un jeune couple qui s’amuse, batifole, s’apprête à se marier et à vivre ensemble… Enfin, « vivre ensemble » est une bien grand mot pour Murielle et
Mounir, puisque s’immisce entre eux deux le bon Docteur Pinget, qui a accepté de ramener Mounir du Maroc et de le prendre sous son aile depuis des années : la coexistence de tout ce petit monde
dans la même maisonnée est à la fois troublante et de plus en plus dérangeante, perturbante, malsaine…

« A perdre la raison » étant tiré d’une histoire vraie, Joachim Lafosse sait parfaitement n’utiliser le fait divers que comme un prétexte pour une fiction symbolique. Son film se transforme en un
inéluctable drame familial sociologique, une critique sociale pure et précise, qui commence dans l’innocence pour se terminer dans l’horreur absolue… Entre temps, l’étau se resserre doucement
mais sûrement sur les personnages, en particulier sur Murielle, qui sombre dans une désespérance psychologique tragique. Le pire étant que l’analyse du cinéaste est claire et limpide, que l’on
voit avec clarté les relations ambiguës et les tensions assassines s’installer, laissant un climat d’oppression étrangler peu à peu le personnage… Le film montre avec justesse et subtilité ces
compromissions du quotidien, ces acceptations de choses qui mènent sournoisement les gens à leur perte. Le long métrage se fait fatalement étouffant, jusqu’à ce dénouement abominable que l’on ne
voit pas forcément tout de suite venir, filmé avec une douceur étonnante et profondément troublante : la mère appelle à elle chacun de ses enfants, qui la rejoignent à tour de rôle comme des
condamnés à mort parfaitement innocents, qui ne savent même pas ce qui les attend…

Si la mise en scène est toujours juste et directe, la dramaturgie d’« A perdre la raison » doit aussi beaucoup à l’intensité de ses interprètes ! Emilie Dequenne, la jeune « Rosetta » des frères
Dardenne, rôle qui lui valut un Prix d'interprétation au Festival de Cannes en 1999, est tout simplement bouleversante dans le rôle de cette mère en souffrance… Quant à Tahar Rahim et Niels
Arestrup, déjà réunis dans « Un prophète » de Jacques Audiard, ils incarnent un couple étrange et ambigu, dont on ne saura jamais véritablement les liens réels : entre manipulations et candeur
dérangeante, on sent bien qu’ils jouent un jeu dangereux qui sera le terrain propice à l’atrocité qui se prépare… Un film marquant et maîtrisé !































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mercredi 30 mai 2012

[Sortie] Je fais feu de tout bois, de Dante Desarthe



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(France, 2012)



Sortie le 30 mai 2012




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De sinueuses fantaisies en absurdes péripéties, "Je fais feu de tout bois" se déroule sur un rythme endiablé et avec surtout un sacré tempérament ! Il dresse le portrait d’un looser magnifique,
qui paraît toujours rester confiant alors que rien ne va comme il le voudrait [...] En plus d’être vive et originale, cette pure comédie loufoque et déjantée de Dante Desarthe nous fait découvrir
des tas de comédiens donnant vie à autant de personnages hauts en couleurs ! […] On sort de « Je fais feu de tout bois » ébouriffé et heureux, avec en tête une ribambelle de répliques
définitivement cultes. Un film savoureux, qui procède en plus à une mise en abyme protéiforme et palpitante du cinéma lui-même : un must !



Lisez la critique complète de "Je fais feu de tout bois" par Phil
Siné































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mardi 29 mai 2012

[Critique] Le grand soir, de Benoît Delépine et Gustave Kervern



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(France, Groland, 2011)



Sortie le 6 juin 2012




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On reconnaît très vite la patte du duo Delépine / Kervern dans « Le Grand soir », qui s’inscrit dans la droite lignée de « Louise-Michel » et « Mammuth » : un humour très « grolandais », enveloppé dans une
tonalité funambulesque entre un réalisme social tragique et une poésie trash capable de confiner au sublime ! Dans une de ces zones commerciales sinistres des périphéries urbaines, où les
populations se ruent le week-end pour consommer plutôt que d’aller respirer l’air de la campagne, on suit l’itinéraire de deux frères : le premier, volontairement marginal, se fait appeler « Not
» et se définit comme « le plus vieux punk à chien d’Europe », et le second, Jean-Pierre, vendeur dans un magasin de literie à la vie rangée et conventionnelle, va finir par rejoindre son frère
dans la rue après son licenciement et l’implosion de son univers en toc… Bien allumés mais ô combien humains, tous les deux vont entreprendre une révolution contre cette société matérialiste et
glacée !

Furieusement politique, « Le Grand soir » dénonce avec énergie et conviction les dérives de notre société pourrie : le décor bétonné et couvert de parkings de la zone commerciale est un symbole
fort de la déshumanisation de notre monde, où l’argent et la consommation effrénée ont laissé triompher l’égoïsme et l’indifférence… Mais les séquences tournées depuis le centre de
vidéosurveillance du site, où l’on entend les dialogues de méfiance constante des agents de sûreté sur les images d’individus soi-disant « louches » captées par les caméras, finissent de nous
faire froid dans le dos ! Une dimension tragique de la modernité émerge alors de certaines scènes, à la fois simples et troublantes : quand Jean-Pierre, au bout du rouleau, tente une immolation
par le feu en plein magasin, c’est l’indifférence totale des gens qui l’entoure qui choque probablement le plus… ou quand les deux frères passent devant une grange et qu’ils y trouvent un homme
sur le point de se pendre, on croit un instant que « l’esprit punk » a sauvé cet homme… pour cependant le retrouver pendu de façon plus rock’n’roll quelques scènes plus tard !

Au milieu de ce monde tragique, les deux frères, bientôt renommés « Not » et « Dead », font figure de respiration salvatrice. Chacun est épris de liberté en dépit du monde qui se resserre sur eux
et les étouffe : la scène où Not apprendre à Dead comment marcher « librement », sans cravate « laisse » comme soumission au système, détendu pour bien adhérer au sol et surtout toujours en
mouvement et sans but afin de se rendre disponible aux choses, est une très belle métaphore de ce que devrait être la vie même… Pour fuir la tristesse de leur quotidien, ils ont aussi leurs
rêves, les représentant portés par la foule en plein concert des « Wampas » : carrément fun et punk ! Ils sont des marginaux, mais ils sont beaux, et on finit par les admirer, notamment dans leur
volonté à y croire coûte que coûte, à ce fameux « Grand soir » : mais malgré tous leurs efforts pour exécuter leur grand projet révolutionnaire, ils se heurtent à l’immense difficulté de
mobiliser les foules aujourd’hui, tant chacun est désormais enfermé dans sa petite vie égoïste et étriquée (moi le premier d’ailleurs, je ne vous lancerai pas la pierre…)

Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel campent merveilleusement ces deux frères résistants et se fondent très bien dans l’ambiance de ce film hors norme, comme d’ailleurs la plupart des acteurs que
l’on y retrouve, souvent des habitués du cinéma de Kervern et Delépine, même pour de courtes apparitions : Bouli Lanners (la conversation qu’il tient avec si peu de mots avec le père des deux
frères est un pur instant de grâce populaire), Miss Ming (qui insuffle une jolie poésie en quelques secondes seulement), Gérard Depardieu, Yolande Moreau… et Brigitte Fontaine (dont les chansons
participent en outre formidablement à la bande son du film) en mère complètement ravagée dans un rôle qui lui va comme un gant ! Tous confèrent au « Grand soir » ce ton si particulier et
savoureux, mélange d’hilarité régressive, d’humour noir plus grave et de lyrisme parfaitement inattendu… Le discours qui parcourt le film ne peut en outre que convaincre, même si comme toujours
ceux qui auraient le plus besoin de le voir n’iront sûrement pas. Dans sa volonté punk et anarchiste de transformer le monde, on retient parmi beaucoup d’autres une image saisissante et ultra
symbolique : celle d’un homme qui se bat contre un arbre au milieu d’un champ vide, au prétexte que celui-ci s’érigeait devant son chemin… La morale se révèle très fine, car si l’homme fait plier
l’arbre sur le sol, celui-ci se redresse effrontément juste après alors même que l’homme reste terrassé : le triomphe de la nature sur la connerie humaine ?



Perspectives :



- Découvrez l'avis de Nico (Ecran-Miroir) sur "Le grand soir", surpris d'avoir été conquis par le
film !



- Dom ne tarit pas d'éloges sur le film lui non plus !



- Mammuth, de Gustave Kervern et Benoît Delépine































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lundi 28 mai 2012

[Critique] Cosmopolis, de David Cronenberg



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(France, Canada, 2012)



Sortie le 25 mai 2012




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« Cosmopolis » est un film étonnant, excitant, dérangeant… L’un de ces films qui résiste aussi, que l’on n’aime pas forcément d’emblée, comme une évidence… « Cosmopolis » est surtout un film
captivant, comme un long voyage sous hypnose, comme un rêve éveillé ou bien plutôt un cauchemar assez symptomatique de la dérive civilisationnelle actuelle… Car le nouveau
festival cannes 2012
film de David Cronenberg, adapté du roman du même
nom réputé inadaptable de Don DeLillo (dont le film reprend d’ailleurs les dialogues abscons et étranges), est peut-être avant tout une œuvre symbole, une forme de métaphore brillante et
terrifiante du système socio-économique contemporain en train de s’effondrer. Quasiment entièrement filmé depuis l’intérieur d’une énorme limousine blanche, « Cosmopolis » ressemble à une
déambulation urbaine dans les dernières agitations et les derniers soubresauts d’un monde qui va à vau-l’eau…

Protégé dans sa voiture blindée où il peut avoir tout ce qu’il veut, le jeune Eric Packer, l’une des plus grande fortune du monde travaillant dans la haute finance, est l’incarnation idéale de
l’égoïsme exacerbé qui ronge notre monde. N’ayant qu’une seule obsession en tête (se faire couper les cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville), le jeune homme a l’air de se foutre
royalement de tous les avertissements que lui donnent ses gardes du corps pour le décourager : la ville est en « alerte maximum » à cause de la venue du président des Etats-Unis, et quand bien
même les menaces d’attentat se déplacent et se resserrent progressivement sur sa propre personne (ce qui en dit long sur ceux que l’on considère les plus « puissants » aujourd’hui), Packer
persiste dans son désir de changement capillaire… Figé dans une espèce d’indifférence ou d’arrogance désincarnée, il incarne justement précisément le vide que génère l’argent et une forme de
mélancolie désespérée qui gangrène la jeunesse même, happée par des désirs vains basés sur la monétisation de toute chose…

Pour figurer ce personnage, l’ex-Edward-le-gentil-vampire-de-Twilight Robert Pattinson étonne
véritablement dans un rôle à contre-courant de tout ce qu’il a pu jouer jusqu’à présent… On dirait d’ailleurs que Cronenberg prend un plaisir sadique à casser son image de jeune homme romantique
lisse et propret, et cette destruction est en soi parfaitement fascinante : la froideur constante du personnage, son regard vide et blasé, ses grimaces presque extatiques au toucher rectal
langoureux que lui fait son médecin, ses désirs de destruction (une envie soudaine et morbide de découvrir ce que cela fait de tuer brutalement quelqu’un) et d’autodestruction (il va lui-même à
la rencontre de celui qui veut le tuer), ou encore sa coupe de cheveux parfaitement improbable dans la dernière partie du film… On est surpris de voir cet acteur porter aussi génialement le film,
celui-ci étant d’ailleurs de tous les plans, contrairement aux autres personnages réduits la plupart du temps à de courtes apparitions… Mais quelles apparitions pour certains ! On retient
notamment Juliette Binoche en train de s’empaler avec gourmandise sur la bite de Pattinson ou encore Mathieu Amalric jouer les entarteurs rebelles et anti-système à moitié fou…

Après un film un peu décevant (« A dangerous method »), l’enthousiasme est en
tout cas de taille à la vue de ce magistral « Cosmopolis », pour lequel on retrouve d’ailleurs la vraie personnalité du réalisateur Cronenberg… Sa mise en scène rappelle même ici certaines de ses
anciennes obsessions, qu’on ne lui avait plus connu depuis un certain temps : il y a notamment cette fascination typique du cinéaste pour l’organique, notamment dans la mesure où l’on découvre
que la vérité du film naît de l’intérieur du rectum de Robert Pattinson… A l’issue d’un échange époustouflant entre Packer et son assassin – un homme médiocre qui appartient aux couches sociales
écrasées par le système –, d’où il ne ressort en outre qu’une opposition stérile et ambiguë dans la mesure où chacun est renvoyé à ses propres contradictions et à son égoïsme, on comprend en
effet la signification de la découverte du jeune homme au sujet de sa prostate, qui serait « asymétrique ». Alors même que les financiers veulent dompter le monde à leurs lois exactes et à leurs
savants calculs, il s’avère que la nature même est pétrie d’imperfections ou d’exceptions qui font que le monde n’est pas rationalisable comme ils le prétendent… « Cosmopolis » se termine alors à
un point d’orgue fulgurant, comme des points de suspension sur notre avenir même !



Retrouvez l'avis plus mitigé de Neil sur le film



Autres films de David Cronenberg :



Chromosome 3 (1979)



A Dangerous Method (2011)



Faux-Semblants (1988)



La mouche (1986)



Scanners (1981)































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dimanche 27 mai 2012

[Critique] Poultrygeist : Night of the Chicken Dead, de Lloyd Kaufman



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(Etats-Unis, 2006)




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Quoi de plus romantique – et discret – pour Arbie et Wendy que d’aller jouer à frotti-frotta dans un ancien cimetière indien pour fêter la fin du lycée à Tromaville ? Si les dizaines de mains de
zombies sorties de terre pour les tripoter ne les gênent pas trop pendant qu’ils s’amusent (c’est même plutôt le contraire, Arbie conservera même religieusement le doigt qu’un zombie aura laissé
dans son anus en restant persuadé qu’il s’agit d’un plug d’amour utilisé par sa bien-aimée…), c’en est jour du saigneurautre chose de la présence d’un gros pervers voyeur qui se masturbe allégrement en les matant à proximité… Arbie et Wendy décidant du coup de
partir, ce dernier se verra traversé de part en part (comprendre du rectum à la bouche) par un bras de zombie bien décidé à récupérer le slip d’Arbie qu’il était en train de renifler «
érotiquement »… Ce petit prélude vous laissera aisément imaginer de quoi « Poultrygeist », réalisé par le grand patron des productions Troma en personne (le Dieu vivant du bis Lloyd Kaufman !),
est capable – c’est à dire du pire, et même au-delà !

Sans compter que vous ne serez alors qu’au début de vos surprises, tant ce film au rythme et à l’humour déjanté réserve d’énormités en tout genre… Jugez plutôt de la suite : de retour à
Tromaville quelques mois plus tard, Arbie retrouve Wendy en lesbienne activiste, bien décidée à en découdre avec le nouveau fast-food de la chaîne American Chicken Bunker construit sur le
cimetière, en compagnie de ses camarades du CLAM (College Lesbian Against Megaconglomerates). Attristé de la lesbo-conversion de sa dulcinée, Arbie décide alors de travailler pour le fast-food,
par pur esprit de contradiction. Sauf que tout est plutôt douteux à l’intérieur, et les âmes des indiens Tromahawks dont les sépultures ont été profanées vont s’emparer de l’esprit des poulets
morts pour semer la pagaille ! Le film enchaîne alors les situations et les rebondissements incroyables, laissant le spectateur dans un état d’hallucination et d’hilarité permanente : un énorme
monsieur se « vide » littéralement dans les toilettes du restaurant après avoir avalé un œuf de poulet zombifié, un jeune mexicain homosexuel nommé Paco Bell et « sauçant » les plats au gré de
ses masturbations se verra haché menu pour se transformer en burger parlant (d’excellents conseils par ailleurs), un grand échalas zoophile astique son manche dans une carcasse de poulet zombie
et se retrouve avec un manche à balai à la place de la bite, manche qui aura bien sûr préalablement traversé son rectum… et tout ceci n’est quasiment rien par rapport à tout ce que l’on peut voir
dans « Poultrygeist » !

Le film de Kaufman se révèle en effet une pure production « Troma », avec ce qu’il faut de gore et de trash, d’explosions intestinales et de perversions poussives ! Mais entre le sang, le caca,
le vomi et le sperme, c’est toujours l’humour qui triomphe, même s’il s’accompagne souvent de répugnance et de dégoût… et c’est justement ça qu’on aime et qui fait depuis longtemps la marque de
fabrique du cinéaste-producteur ! Si le film porte dans son titre même sa volonté parodique et décalée (« Poultrygeist : Night of the Chicken Dead » renvoyant aux classiques du cinéma de genre
que sont « Poltergeist » et « La nuit des morts vivants »), ce mélange improbable des genres révèlent alors des séquences magnifiques, quelque part entre le dérapage inimaginable et la pure
jouissance de cinéphages (pour peu qu’on soit amoureux du Z et du bis !) : les séquences chantées (car « Poultrygeist » sait aussi se transformer en comédie musicale à l’occasion !) en sont
d’ailleurs les fleurons, lorsque Arbie chante sur le parking devant les manifestants ou lorsqu’il entonne le déjà culte « Fast Food Love » entouré d’une bande de lesbiennes dénudées… et délurées
!

Il s’agit d’un cinéma 100 % indépendant (le film a été tourné avec trois fois rien et surtout avec l’aide de centaines de fans bénévoles !) et incroyablement culotté, qui cultive l’excès comme
personne, qui n’est certes pas à mettre devant tous les yeux mais dont la teneur parfaitement incorrecte sait aussi se transformer en pamphlet po(u)litique opportun ! Outre le fait d’aligner les
personnages emblématiques de ce qui emmerde profondément une Amérique puritaine et ultra-conservatrice (les homosexuels, les mexicains, l’islam et les femmes voilées…), Kaufman dénonce également
la malbouffe à l’œuvre dans son pays, où les entreprises de restauration rapide donne – parfois littéralement dans « Poultrygeist » – de la merde à bouffer à leurs clients ! Et le plus triste,
c’est bien sûr que ces derniers aiment ça, se transformant inexorablement en volaille mort-vivante…



Index du Jour du Saigneur































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samedi 26 mai 2012

[Jeu] Le Ciné-rébus # 21


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Réponse : The Tree of Life



(z'oeufs - tri - eau - f - la - i - feu)



Trouvé par π



Jouez et gagnez plein de cadeaux avec Phil Siné : guettez la publication des jeux sur le blog, soyez le premier à donner la bonne réponse en commentaire et accumulez un maximum
de points afin de choisir le lot que vous convoitez parmi la liste mentionnée un peu plus bas…



Règle du « Ciné-Rébus » : Déchiffrez le titre d’un film dans le rébus ci-dessus et gagnez un point si vous parvenez à être le premier à donner la bonne réponse en commentaire !



A partir de 3 points cumulés, vous pourrez choisir un cadeau parmi les suivants :
- 1 badge collector « I [love] Phil Siné » (3 points)
- 1 badge collector « I [star] Phil Siné » (3 points)
- 1 lot des 2 badges collector (4 points)
- DVD « The calling » de Richard Caesar (4 points)
- DVD « L’étrange créature du lac noir » de Jack Arnold
(accompagné du documentaire "Retour sur le lac noir") (5 points)
- DVD « Flandres » de Bruno Dumont (dans une superbe édition collector digipack
double-DVD, débordante de bonus passionnants !) (5 points)
- DVD  "Karaté Dog", de Bob Clark (5 points)
- DVD « Tropical Malady », d’Apichatpong Weerasethakul (5
points)
- 1 TV écran plasma 100 cm (1000 points)
- 1 voyage pour 2 personnes à Hollywood (1300 points)
- DVD « Sugarland Express » de Steven Spielberg (6 points)
- DVD « Le candidat » de Niels Arestrup (5 points)



Scores actuels :
Romainst : 11 points 
Titoune : 4 points
Foxart : 4 points
Cachou : 4 points
Docratix : 2 points
MaxLaMenace_89 : 2 points
Papa Tango Charlie : 2 points



π : 2 points
Bruce Kraft : 1 point
Niko (de CinéManga) : 1 point
Squizzz : 1 point
FredMJG : 1 point
Marc Shift : 1 point
Cinédingue : 1 point



 



Bonne chance à toutes et à tous !































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vendredi 25 mai 2012

[Critique] Sur la route, de Walter Salles


sur la route(France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, 2012)



Sortie le 23 mai 2012




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« Sur la route », c’est un peu comme si Walter Salles refaisait ses « Carnets de voyage », mais en moins bien… et surtout sans la dimension  sociale et politique que pouvait exalter sa
représentation de la jeunesse de Che Guevara sous les traits de Gael Garcia Bernal ! Ici, dans cette adaptation du roman culte de Jack Kerouac, la jeunesse respire le vide, et si elle prend la

festival cannes 2012
route, c’est dans le seul but de vaquer,
d’errer et de s’amuser : écouter de la musique dans les bars jazzy, rouler à fond la caisse en fumant des joints, baiser des filles… so fun, quoi, et trop cool… Trop con, surtout, ouais !

Cette jeunesse décérébrée, qui rappelle celle de James Dean dans « La fureur de vivre » (dont le titre original, « Rebel Without a Cause », confirme justement la vacuité des ambitions de ces
jeunes gens), demeure pourtant joliment représentée sur cette « route » vierge de toute idéologie et de toute destination… Il faut dire que les jolis minois de Garrett Hedlund et de Sam Riley –
côté garçons – ou de Kristen Stewart (l’inexpressive Bela de « Twilight » qui prend ici un bel envol d’actrice !) et Amy Adams – côté
filles – parviennent à faire un bel effet, au point d’être capable de suffisamment charmer et attendrir le spectateur pour faire diversion à propos de l’inconsistance et surtout de la banalité
scénaristique de l’ensemble…

Côté mise en scène, si Walter Salles s’en sort, on ne peut pas dire non plus qu’il révolutionne beaucoup l’esthétique du « road movie », ni même qu’il se montre très audacieux en matière
plastique… Filmer la route, avec une voix off certes sexy mais inutile en surimpression, d’autres l’ont fait précédemment, et même beaucoup mieux que lui ! Filmer la sensualité des corps qui se
cherchent, se frottent et se mélangent, créer des tensions sexuelles de tous les genres, là encore on l’a déjà vu souvent… et en foutrement plus intense ! Son film est certes très beau,
merveilleusement éclairé et mis en boîte, mais avouons qu’il manque sérieusement de force dramatique, de profondeur et même d’âme… ou tout du moins d’une sensibilité « autre » qui le rendrait
vraiment unique. Si « Sur la route » n’est pas désagréable, il faut bien avouer qu’il passe un peu « comme ça » et que l’on a du mal à s’y accrocher vraiment…



Retrouvez également l'avis plus enthousiaste de Dom sur le film !































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jeudi 24 mai 2012

[Critique] Moonrise Kingdom, de Wes Anderson



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 16 mai 2012




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Wes Anderson est un esthète né ! Il l’a déjà de nombreuses fois prouvé, jusqu’à ce « Fantastic Mr. Fox » qui marquait une apogée proprement miraculeuse il y a deux ans…
Il récidive cette fois avec de « vrais » personnages, humains et joués par des acteurs, dans un « Moonrise Kingdom » où tout semble minutieusement théâtralisé à l’extrême ! La mise en scène

festival cannes 2012
est à la fois fluide et maîtrisée, tout en
multipliant les morceaux de bravoure technique assez incroyables : rien que les travellings inauguraux sont absolument admirables, déroulant l’étendue du décor en un seul mouvement (certes
truqué, mais on n’y voit que du feu !) et présentant les personnages au son d’une musique qui décrit la composition d’un orchestre en isolant tour à tour les divers instruments… A partir de là,
le film est un enchevêtrement de détails subtils et savoureux, dont le ludisme fait finalement tout le sel du cinéma de Wes Anderson !

Car le cinéaste est proprement un joueur : il joue avec tout ce qu’il filme, multiplie les petites saynètes surdécoupées, alternant allègrement plans larges et gros plans en permanence, dans des
décors qui semblent toujours parfaitement agencés… Tout est ainsi savamment amené, comme une énumération de situations et de rebondissements logiques, donnant progressivement son rythme – très
soutenu – à ce long métrage original et décalé. Anderson se joue également des clichés en permanence : il aime notamment à donner aux enfants des comportements et des attitudes d’adultes, afin de
justement mieux montrer les ridicules des grandes personnes qui s’agitent un peu vainement autour de la disparition de deux enfants de douze ans, apparemment sincèrement épris l’un de l’autre… On
aime vraiment cette parodie miniature des mœurs et des préjugés, le tout tiré au cordeau de façon impressionnante !

On aime également le ton résolument fantaisiste et grotesque de l’ensemble, où rien de vraiment grave ne semble pouvoir arriver… Quand le jeune garçon amoureux se fait littéralement foudroyé par
un éclair, il en ressort tout juste un peu noirci et un peu plus « électrique », notamment lors des baisers qu’il donne à sa bien aimée ! De même la chute de trois personnages d’un clocher dans
les dernières scènes du film se révèle tout bonnement hilarante ! Wes Anderson s’amuse de tout sans complexe (au point que le film a été classé PG-13 aux Etats-Unis à cause de sa façon de mêler
l’enfance à la sexualité ou encore de faire fumer la pipe à un jeune garçon) et c’est justement cela qui nous amuse le plus dans « Moonrise Kingdom »… Tout comme les acteurs, tous excellents,
depuis la troupe d’enfants parfaitement castés jusqu’au acteurs confirmés et plus âgés : Edward Norton est épatant en chef scout consciencieux, Bruce Willis au top en policier esseulé, Tilda
Swinton délicieusement cruelle en incarnation inflexible des « services sociaux », et le couple bancal formé par Bill Murray et Frances McDormand est un vivier de travers parentaux… A savourer
sans modération et sans se prendre la tête non plus !



Perspective :



- Fantastic Mr. Fox, de Wes Anderson































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mardi 22 mai 2012

[Critique] De rouille et d’os, de Jacques Audiard



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(Belgique, France,
2012)



Sortie le 17 mai 2012




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« De rouille et d’os » est un mélodrame bouleversant, mais peu conventionnel, sur la rencontre improbable d’un type un peu primitif, qui se retrouve avec un fils de cinq ans sur le dos et qui
tente de s’en sortir en multipliant les plans « débrouille », et d’une dresseuse animalière du Marineland, qui suite à un accident d’orque (y’en a c’est la voiture…) se retrouve sans jambes,
clouée à un fauteuil roulant… Certains pourront trouver ça « moignon », mais en fait
festival cannes 2012
pas du tout : elle est très affectée par ce qui lui arrive ! Sauf que le traitement du handicap n’est pas du tout ce qui intéresse à proprement
parler Jacques Audiard dans son film : il s’intéresse bien plus judicieusement aux étranges relations qui unissent les deux paumés et il les filme chacun dans un rapport au corps bien
particulier… Elle dans sa faculté à renouveler son corps sur des jambes bioniques à la « Robocop » (elle se fait tatouer « gauche » et « droite » sur ce qui lui reste de jambes et pénètre avec
une aisance étonnante un univers masculin moite et dangereux) ; lui dans sa bestialité sauvage, dans son impossibilité à maîtriser parfois ses pulsions physiques, primaires, animales, que ce soit
pour se battre ou pour baiser ! Tous les deux, par petites touches, s’apprivoisent doucement, et finissent par former un tout cohérent et insoupçonné… L’image et le symbolisme des corps s’expose
de la première à la dernière image : le film s’ouvrant sur Ali et son fils avançant vers nous sur une route et se refermant sur Ali, Stéphanie et l’enfant, nous tournant le dos et sortant vers un
ailleurs encore vierge, comme une famille recomposée prête à repartir sur de nouvelles bases… Il y aura entre temps ces images frontales de Stéphanie sans ses jambes et cette violence des combats
remplis de testostérones auxquels se livre Ali.

Le goût « De rouille et d’os » proposé par le film, c’est bien sûr celui du sang, autant nécessaire à la vie que préfiguration de la mort, quand il coule en dehors de soit… Ces versants positif
et négatif propres à toute chose, Audiard les fait coexister ensembles, toujours, avec cette aisance qu’on lui connaît depuis longtemps à rassembler les contraires dans une mise en scène
magistrale et admirable ! Celui qui a déjà remporté le Grand Prix du Jury à Cannes pour « Un prophète », maîtrisé de bout en bout, récidive avec une œuvre puissante et riche, où chaque scène,
chaque image, se révèle signifiante… Il sait créer un univers à la fois chaud et glacé, dans lequel cohabite le meilleur et le pire de l’humanité, la douceur mélangée à la plus terrible
sauvagerie, sachant que c’est souvent par la violence que l’on parvient à accomplir des actes d’une grande beauté : c’est le sens, sans doute, de cette séquence hallucinante où l’on voit Ali se
briser les mains pour casser la glace d’un lac gelé afin de sauver son petit garçon en train de mourir juste sous ses yeux… Le personnage n’est plus alors que pulsions, et se découvre enfin père,
par la même occasion ! Dans une maestria visuelle et narrative sublime, le cinéaste montre « l’essence » des choses, justement en insistant sur « les sens » : d’effets sonores étranges, déformant
les voix au point de les rendre parfois inaudibles, à des plans inattendus, il sait capter la vie même, avec ce « réalisme merveilleux » qui lui est propre !

Pour capter la vérité du monde qui l’entoure, Audiard utilise ses acteurs avec une force et un pouvoir d’évocation qui transcende l’illusion même de l’interprétation… Rien que les seconds rôles
sont formidables et confèrent en outre une belle réalité sociale sur la noirceur du monde : Corinne Masiero en caissière qui se fait virer par la faute de son propre frère (Ali), Bouli Lanners
dans le rôle d’un petit truand accomplissant le sale boulot pour des grands patrons qui n’en finissent pas de vouloir mettre la pression à leurs employés, et puis ces hommes qui se battent
sauvagement, au risque de leur vie, pour assurer le spectacle contre un peu d’argent… Mais la puissance dramatique et émotionnelle de « De rouille et d’os » vient bien sûr avant tout des deux
acteurs principaux : si Marion Cottillard ressemble pour la première fois à une actrice et en devient pour le coup bien moins insupportable (ah, la grandeur d’une bonne direction d’acteur !),
c’est du côté - une fois encore après « Bullhead » - de Matthias Schoenaerts que la surprise est la plus époustouflante… L’acteur porte le film à la
puissance de ses poings : son personnage de simplet tout en muscle émeut autant qu’il terrifie ! Sa simplicité le rend beau et sa force brute, souvent, inquiète…































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lundi 21 mai 2012

[Critique] Gilbert Grape, de Lasse Hallström



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(Etats-Unis, 1993)




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Coincé à Endora, une petite ville de province, Gilbert est aussi coincé dans une petite vie étriquée et surtout compliquée par son rôle de soutien familial après le suicide du père. Et quelle
famille doit-il s’efforcer de maintenir debout ! Sa mère est obèse au point de ne plus pouvoir sortir de chez elle et son jeune frère est attardé mental… Au point qu’il n’a pas de temps pour lui,
entièrement dévoué aux autres. Jusqu’au jour où une jeune fille débarque, pour un court moment plein de plaisir salvateur. Quand elle lui demande de quoi il a envie, il énumère spontanément tout
ce qu’il veut pour les autres ; et quand elle insiste en disant « Mais qu’est-ce que tu veux pour toi ? », Gilbert a forcément la réplique qui tue : « Je veux devenir meilleur ». Tout le film de
Lasse Hallström est finalement un peu à l’image de cette scène : à la fois très beau et très émouvant, mais peut-être aussi un peu trop pétri de bons sentiments… L’ode à la tolérance, la
tendresse parfois un peu cruelle, tout ça est très bien c’est sûr, mais il arrive un moment où l’on peut penser que c’est trop ! L’accumulation, l’exagération sont des figures dont abuse le
cinéaste, jusqu’à ce final insensé où pour éviter le ridicule à leur mère défunte, dont il aurait fallu évacuer le corps à la grue sous les yeux moqueurs des autres habitants, la famille Grape
décide carrément de brûler la maison, qui lui servira de tombeau pour l’éternité… Waouh ! Bon, il serait cependant injuste de s’en tenir là à propos de « Gilbert Grape » tant il est un très beau
film, au fil duquel on prend un réel plaisir à suivre ces personnages tous un peu uniques en leur genre, un peu pommés, un peu perdus, et surtout très joliment poétiques… La grâce de leur
interprétation y est évidemment pour beaucoup, et si Johnny Depp et Juliette Lewis sont bien sûr très biens et très jolis, ils se font très vite prendre la vedette par le jeune premier Dicaprio,
très crédible et attachant en handicapé mental, rôle de composition brillant et audacieux, prémices d’une carrière qui se révèlera fulgurante !































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dimanche 20 mai 2012

[Critique DVD] Danika, d’Ariel Vromen


danika(Etats-Unis, 2006)



Disponible en DVD depuis le 24 avril chez Metropolitan Filmexport




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« Danika » a le mérite d’être un film pour le moins déstabilisant… Pas vraiment parce qu’il provoque une terreur sans nom de part son statut de film semi-horrifique, mais avant tout parce qu’il
bénéficie d’un scénario et d’une construction étrange et pas toujours très évidente à appréhender… Il nous fait plonger dans le cerveau probablement jour du saigneurcomplètement schizophrène d’une jeune femme qui subit de multiples hallucinations abominables dans sa vie quotidienne : elle voit sa patronne se
faire tuer dans une fusillade à la banque où elle travaille, elle voit le chien du voisin noyé ou encore la vie de ses enfants en grave danger… De là à supposer qu’elle a des visions prophétiques
ou qu’elle réalise en fantasme ses désirs psychanalytiques les plus obscurs, avouez que c’est tentant ! Mais le film décide de nous emporter ailleurs… ou plutôt nulle part, à dire vrai, et c’est
bien là que le bât blesse !

Si Marisa Tomei porte le film avec une belle conviction et que certaines séquences hallucinatoires sont vraiment très bien mises en scène, avec ce qu’il faut de tension et d’efficacité, force est
néanmoins de constater que « Danika » ne propose pas une dramaturgie satisfaisante… Le dénouement se révèle ainsi non seulement peu lisible et incompréhensible de part le climat de confusion dans
lequel il erre, mais il décevra également par son manque d’enjeux ou de cohérence par rapport à ce qui a pu précéder… Du coup, on sort de la « vision » du film assez déçu, voire frustré, d’autant
que l’ensemble commençait plutôt pas mal, installant une atmosphère énigmatique, bien que sans grandes innovations notables non plus… Passable, mais très largement dispensable !



Critique réalisée en partenariat avec
cinetrafic



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Index du Jour du Saigneur































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