mercredi 31 mars 2010

The man in the black, de Scrat (2006)



 












Voici un petit court-métrage sans prétention et tout à fait intéressant, bel hommage au temps du muet, entre cinéma expressionniste et évocation des grandes figures de la comédie. Avec des jeunes
gens plein de talent !






























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White material, de Claire Denis (France, 2010)

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Note :
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Aidée par l’écrivain Marie Ndiaye au scénario, la cinéaste Claire Denis nous plonge dans une Afrique dure et cruelle, rendue abstraite par son indétermination géographique, avec son « White
material », dont le titre explicite d’emblée les rapports entre les blancs et les populations locales... Rapports tendus, basés sur les idées de colonialisme, de dominations ou encore de propriété.
A qui appartient en effet la terre : à ceux qui l’habitent ? à ceux qui la cultivent ? à ceux qui la prennent ou qui l’achètent ? Autant de questions sans réponse, soulevées insidieusement dans un
film qui met en scène Maria, femme blanche à la tête d’une plantation de café, qui va s’attacher jusqu’à la folie à sa terre, malgré le climat de terreur qui doucement s’installe dans le pays,
malgré les exhortations de tous (sa famille, ses proches, l’armée qui déserte…) à repartir dans sa patrie natale… Le problème, c’est qu’elle se sent désormais d’ici, et qu’elle ne se voit plus
reprendre une vie là-bas… Blanche elle est et restera, blanche toujours tout le monde la verra, mais noire elle aimerait être ! Outre une fable sur les égarements post-coloniaux, « White material »
pose ainsi d’autres questions, plus philosophiques, comme celle de l’identité…

Claire Denis imprègne son style tout au long de ce merveilleux long métrage, aux images fortes et à la poésie moite. Sa mise en scène est unique : à la fois très elliptique et souvent
contemplative, elle semble « errer » dans des images, bien plus que filmer une histoire qui serait trop écrite… C’est tout le lyrisme de ses plans mouvants, qui s’égarent amplement dans les vastes
paysages, comme une rêverie intérieure, comme l’appel d’un monde sauvage, primitif et ethnique, qui vit à l’intérieur des personnages… On est alors comme emporté, presque hypnotisé, dans ce flot
d’images d’un monde en pleine turpitude ! Certaines scènes qui auraient parues importantes à d’autres réalisateurs ne paraissent parfois qu’effleurées du bout de la caméra, qui préfère vaquer ici
et là, reprendre par exemple le regard de Maria, dont le visage se décompose de façon impressionnante au fil des désillusions…

A l’écran, Maria est incarnée par Isabelle Huppert, comme toujours monumentale ! Elle porte le film sur son petit corps fragile et la transformation de son personnage, qui peu à peu voit toutes ses
certitudes s’effondrer dans un monde qui part en vrille, est impressionnante… Le film est en quelque sorte le récit de sa dépossession : elle est dépossédée peu à peu de son « white material », ses
propriétés « physiques »… mais elle va aussi perdre autre chose : son fils, qui a les traits de Nicolas Duvauchelle et qui va progressivement lui échapper, d’une façon quelque peu inattendue. Il
nous montre par ailleurs son très beau et très impressionnant « white material » lui aussi, dans une séquence de nu frontal très puissante ! Claire Denis filme en effet les corps avec une beauté
brute et intense, qui attire l’attention autant qu’elle fascine…






























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mardi 30 mars 2010

Alice au pays des merveilles 3D, de Tim Burton (Etats-Unis, 2010)



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Note :
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Mais où sont donc passés la patte et le talent de Tim Burton ? A la vue de cette débauche (certes très « friquée ») d’effets spéciaux et de guimauve aux couleurs criardes, on est en effet en
droit de se le demander ! Son adaptation d’« Alice in Wonderland » semble pour le coup plus proche d’un « Alice et Johnny Depp in Disneyland » : les aventures s’enchaînent à toute vitesse sans
véritable relief (pourtant en 3D !) et sans que l’on ne retienne rien, sinon d’avoir été très secoué, une fois le tour de manège terminé… C’est plein de vertiges et de surcharges graphiques
inutiles, mais on peine vraiment à y déceler la moindre trace d’émotion ou de fantaisie ! L’esbroufe incessante et vulgaire semble constamment privilégiée à l’intelligence poétique… Pour un film
d’un tel cinéaste tiré d’un livre pareil, c’est quand même un comble ! Non seulement Burton s’efface devant un projet de grosse machine impersonnelle produite par Disney, dans laquelle son style
décalé voire carrément sombre (à la « Edward aux mains d’argent » ou à la « Sweeney Todd » par exemple) ne ressort quasiment jamais, mais il se permet en plus des libertés pas très inspirées par
rapport à l’œuvre de Lewis Carroll, qui perd pour le coup en surprises et en absurdités… Tous les petits plaisirs pervers et pédophiles de la lecture d’« Alice au pays des merveilles » semblent
par ailleurs annihilés, la relecture filmique ayant bien fait son travail d’épuration et de stérilisation, rendant le tout désespérément ennuyeux et vain… On attendait peut-être trop de cette
rencontre excitante de deux artistes torturés et dégénérés, mais un aussi fade résultat est bien triste à voir, tout de même !

Mise en perspective :
- L’expérience 3D : révolution esthétique ou gadget sans relief
?

- Le drôle de Noël de Scrooge 3D, de Robert Zemeckis (Etats-Unis,
2009)

- Amityville 3-D, de Richard Fleischer (Etats-Unis, 1983)































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lundi 29 mars 2010

Halloween 2, de Rob Zombie (Etats-Unis, 2008)

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Note :
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En réalisant ce remake de la suite du célèbre film de John Carpenter, c’est à dire en quelque sorte un « Halloween 2.2 », Rob Zombie (oui, oui, le chanteur devenu réalisateur !) garde le point de
départ du film de 1982… C’est à dire que l’intrigue reprend exactement où le film précédent s’était arrêté, la même nuit d’halloween avec les mêmes personnages. Laurie, très choquée, se retrouve
donc à l’hôpital, et Michael Myers le tueur fou, dont on n’a pas pu retrouver le corps, repart pour un nouveau carnage… Sauf que, au bout d’un moment, le film bifurque : Laurie se réveille d’un
affreux cauchemar et l’on se retrouve deux ans plus tard, alors qu’elle a toujours l’air aussi psychotique !

Côté gore, on fait le plein, ça c’est sûr : l’amateur de décapitations et de lacérations sanglantes en aura pour son argent ! Mais pour ce qui est du scénario ou de la réalisation, le réalisateur
se plante quand même en beauté… L’histoire est tout d’abord inutilement complexe et torturée, avec des flash-back et de nombreuses séquences inutiles. Le tout apparaît très vite un peu long et
répétitif, ce qui finit fatalement par lasser et ennuyer… On se marre bien aussi devant un symbolisme plus ou moins ampoulé autour d’un cheval blanc, qu’on imagine le garant d’une pureté perdue que
les personnages voudraient retrouver… en vain ! Pour la réalisation, les plans tiennent la route, malgré une photographie souvent trop sombre (on imagine que c’est pour garder une ambiance « film
d’horreur »), mais mis bout à bout ensembles, ça donne un côté brouillon, voire incohérent, des plus perturbant et désolant… Quant au casting, avouons qu’il n’est pas non plus des plus reluisant :
l’interprète de Laurie est plutôt mauvaise (n’est pas Jamie Lee Curtis qui veut, après tout !), et voir le vrai visage (barbu et plutôt banal) de Michael Myers demeure une expérience dont on se
serait aisément passé…

Du coup, on est un peu perdu, déçu, voire affligé, devant ce gros raté auquel on aurait pourtant bien voulu un peu mieux s’intéresser. Surtout que le potentiel semblait là… contrairement au talent
peut-être ? On comprend en tout cas sa sortie « directe en DVD » en France…






























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dimanche 28 mars 2010

Jeu : les 7 degrés de séparation # 12


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Existe-t-il un lien cinématographique entre Tarzan et King Kong, deux
personnages mythiques ayant eu des destins assez proches : deux « bêtes » (ou demi-bête pour Tarzan) tombées amoureuses d’une humaine… Eh bien je vous mets cette semaine au défi de trouver ce
lien ! N’oubliez pas que Tarzan n’a pas eu qu’un seul interprète au cinéma… et que « King Kong » a bénéficié de plusieurs versions depuis celle de 1933 !

La règle du jeu des 7 degrés de séparation est faite pour vous aider si vous débutez…

Adèle R. gagne son 2e point grâce à Catherine et Irène Jacob ! Mais que font les autres ?
Vont-ils la laisser gagner dès cette semaine ? Car avec 3 points, Adèle R. pourrait alors déjà choisir son cadeau parmi les DVD suivants :
- « Akoibon » d’Edouard Baer
- « The calling » de Richard Caesar
- « L’étrange créature du lac noir » de Jack Arnold (accompagné
du documentaire "Retour sur le lac noir")
- « Flandres » de Bruno Dumont (dans une superbe édition collector digipack double-DVD,
débordante de bonus passionnants !)

Vous êtes prêt ? C’est donc à vous de jouer maintenant ! A dimanche prochain, 13h13, pour les résultats et un nouveau jeu !































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La révélation, de Hans-Christian Schmid (Allemagne-Danemark, 2010)

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Note :
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Sur le point de faire condamner Goran Duric, ex-général au moment de l'épuration ethnique en ex-yougoslavie dans les années 90, pour crimes contre l’humanité, la procureure Hannah Maynard voit son
témoin se faire complètement discréditer pour accusations mensongères. Après le suicide de celui-ci, elle découvre que sa sœur, elle, ex-prisonnière de guerre violée par des soldats sous les ordres
de Duric, a des choses tout à fait concrètes à révéler… Le problème est qu’en témoignant, elle met sa vie en danger, ainsi que celles de toute sa famille !

Bâti comme un thriller politique plutôt futé et efficace, qui soigne ses effets avec subtilité, « La révélation » est surtout un film fascinant sur les dessous de la justice internationale, où tout
n’est que moyens de pression et collusions, petits arrangements entre hommes de lois et hommes d’Etat… Duric étant susceptible de devenir le nouveau président en Serbie, un tel procès fait tâche
dans sa carrière politique ! C’est assez effrayant à voir, surtout que le film adopte le point de vue de la jeune femme prête à témoigner et de la procureure, contraintes d’essuyer les menaces et
les humiliations diverses. Cela donne au film un climat anxiogène et haletant, sans pour autant rentrer dans la logique d’une fiction pleine d’action et de rebondissements trop faciles. Tout reste
donc très crédible, et c’est probablement ça le pire ! On se dit alors que tout cela se passe quotidiennement, au sein d’une justice corrompue, qui innocente et libère des hommes dont elle connaît
pourtant parfaitement l’horreur et la culpabilité… Heureusement, il reste encore quelques personnes intègres pour se battre modestement contre ce système, à l’image du personnage de procureure
formidablement interprétée par Kerry Fox. Un film intense et exemplaire, à méditer…






























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samedi 27 mars 2010

Le guerrier silencieux, de Nicolas Winding Refn (Danemark, 2010)

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Note :
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Il est des films que l'on peut vivre comme des "expériences". "Le guerrier silencieux" est de ceux-là... On est d'emblée plongé, je dirais presque « nimbé », dans une atmosphère bien particulière,
avec ce je ne sais quoi de "primitif" dans l'air. Est-ce les grandes étendues scandinaves et écossaises à perte de vue ? Est-ce le choc des corps à corps meurtriers, primaires et carnassiers ?
Est-ce ces mers embrumées que traverse une embarcation rudimentaire ? Tout le film se présente en tout cas comme une immersion visuelle et sonore unique et totale, incroyablement moderne et
culottée ! Le cinéaste propose un vrai regard, une sorte de geste de "cinéma pur", une forme d'"art pour l'art" d'une radicalité formelle absolue, dans laquelle on s'immerge complètement... ou que
l'on rejette totalement ! Il n'y a visiblement pas de juste milieu à tenir devant pareille œuvre, et des départs impromptus de spectateurs en cours de projection sont à prévoir...

Pourquoi un titre aussi mystérieux que « le guerrier silencieux » ? Eh bien d’abord à cause de son personnage principal, qui est un guerrier muet… et borgne qui plus est ! Ce qui veut dire qu’il ne
voit peut-être le monde qu’à moitié ? Le titre original, plus musical, "Valhalla Rising", évoque le lieu où les guerriers les plus valeureux étaient conduits par les Valkyries après leur mort au
champ de bataille : une sorte de paradis où un fastueux festin les attendait… Une quête d’absolu en somme. D’ailleurs, tout le film est construit comme une quête d’un ailleurs, peut-être d’un
nouveau monde… Notre valeureux guerrier est d’abord prisonnier d’un clan païen, maintenu dans une cage de laquelle il ne peut sortir que pour combattre et infliger la mort comme un spectacle,
enchaîné à un poteau. Aidé par un petit garçon blond, qui finira par faire route avec lui et par le surnommer « One-Eye » (étonnante démonstration d’humour au fil du film), il s’échappe en tuant
violemment tout le monde ! L’étonnant duo va alors embarquer avec un groupe de croisés chrétiens (et vikings !) en route pour reconquérir la Terre Sainte à Jérusalem… Sauf que leur traversée de la
mer dans un indescriptible brouillard les mènera en territoire inconnu, vers ce fameux « nouveau monde », visiblement l’Amérique, avec ses Indiens et leurs flèches mortelles, qu’ils découvrent
ainsi bien avant Christophe Colomb !

L’intrigue n’est à vrai dire pas le plus grand intérêt du film, et la véracité historique n’intéresse absolument pas le cinéaste, qui dira lui-même : "Le premier jour du tournage, j’étais déprimé ;
je ne savais rien des Vikings et ça ne m’intéressait plus du tout. Quelle idée de faire un film sur un borgne qui n’a ni passé, ni futur ! Mais j’ai décidé de faire confiance à mon instinct. Et
dans ce sens, c’est devenu pour moi aussi un véritable voyage psychédélique vers l’inconnu". Ainsi, son film doit avant tout être perçu comme un « voyage », probablement plus métaphysique que
géographique. L’errance de ses personnages primaires et brutaux à travers ces mondes vierges apparaît d’ailleurs plus comme un grand choc esthétique et émotionnel, comme un poème ou comme une
vision hallucinée de la beauté pure (avec quelques massacres hyper violents empourprés de sang quand même !) que comme une démonstration de raison ! Le film privilégie donc plutôt la sensation à la
compréhension, d’où la nécessité pour le spectateur de se laisser emporter par la fougue de cet émerveillement aux images et aux couleurs sublimes, à la musique grandiose et aux bruitages qui nous
inondent…

Nicolas Winding Refn invente presque un nouveau genre à lui tout seul avec ce film situé quelque part entre fable onirique et tentative expérimentale. Découpé en grands chapitres solennels aux
titres hiératiques (« le sacrifice », « l’enfer », « les hommes de dieu »…), « Le guerrier silencieux » assène sa puissance symbolique. Mais au fond, ce film-là est un peu comme la poésie, simple
et complexe à la fois : il ne s’explique pas… il se v(o)it !

Mise en perspective :
- La critique du film par Alexandre Mathis (sans qui j'ai failli passer à côté de cet
"émerveillement" !)






























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vendredi 26 mars 2010

De ma notation des films

Comme il me faut essuyer régulièrement les plaintes de certains lecteurs indignés, jugeant ma notation pour tel film trop sévère ou manquant cruellement d’étoiles, je me vois aujourd’hui contraint d’expliciter un peu mieux mon système d’évaluation des films. Mais bon, après tout je n’y suis pas non plus tenu, je suis sur mon blog alors je fais ce que je veux… Na !

: « à éviter » (équivalent à une note tendant vers le 0 absolu)
Cette tête de mort demeure la condamnation ultime, vouant au pilori les pires films du monde… Là, je crois que les choses sont claires et indiscutables !

☝☹ : « bof bof ! » (équivalent à une note comprise entre 1 et 2/5 environ)
Ce petit bonhomme attire votre attention de son index levé sur le fait qu’il faut quand même un peu se méfier de ces films, même s’ils ne sont pas complètement désastreux non plus et peuvent présenter un ou deux petits intérêts par-ci ou par-là… Ces films demeurent de toute façon parfaitement dispensables !

: « pas mal… » (équivalent à une note moyenne de 2,5/5)
Avec ma notation, la règle de base pourrait être : là où il y a de l’étoile, il y a forcément du plaisir, même si c’est qu’un tout petit peu… Cette étoile vide caractérise des films tout à fait regardables, même s’ils ne sont pas transcendants non plus…

: « bien » (équivalent à une note avoisinant le 3/5)
Avec une étoile pleine, les films valent déjà la peine d’être vus ! On est déjà dans une catégorie de « bons films », cotés au-dessus de la moyenne. Il manque certainement encore un petit quelque chose pour les rendre inoubliables, mais on peut les regarder les yeux fermés ! (enfin, façon de parler, hein…)

: « très bien » (équivalent à une note approximative de 4/5)
Rien que 2 étoiles et on est pourtant déjà sur des films presque parfaits ! Ces films là sont déjà essentiels dans la culture cinématographique de tout cinéphile qui se respecte…

: « brillant » (équivalent à une note probable de 4,5/5)
Avec 3 étoiles, on est très proche du chef-d’œuvre… On est clairement dans l’œuvre parfaite et nécessaire ! A voir absolument !

: « chef d’œuvre ! » (équivalent à une note maximale de 5/5 !)
On arrive enfin à la notation maximale de 4 étoiles, qui doit garder à tout prix son caractère d’exception. Elle s’applique ainsi à une poignée de films rares et magistraux, dont il convient de conserver le caractère tout à fait unique et spécial par une notation à part… Réservé seulement pour les chef-d’œuvre purs !

En espérant que mon système d’appréciation en 7 catégories (pour le 7e art !) vous paraîtra désormais parfaitement clair et limpide… Bienvenue sur mon blog et bonnes lectures !

: "coup de coeur"
A partir de juin 2012, certains films reçoivent cette distinction pour signifier l'attachement particulier de Phil Siné à un long métrage, en dépit de toute considération de notes décrites ci-dessus...

[Article édité le 10 août 2014, suite au passage du blog d'Overblog à Blogspot, qui a nécessité une transformation des symboles de notation]

Tarzan, l’homme singe, de W.S. Van Dyke (Etats-Unis, 1932)

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Note :
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Ce « Tarzan » est le premier d’une (trop ?) longue série de films, où « l’homme singe », l’homme « bête », est incarné par le légendaire et viril Johnny Weissmuller… Il raconte la rencontre de
Jane, jeune femme de la haute société partie jouer les exploratrices au cours d’une expédition à la recherche d’un hypothétique cimetière d’éléphants plein d’ivoire, et de Tarzan, un homme étrange
vivant dans la jungle parmi les animaux, faisant copain copain avec les chimpanzés et les éléphants… W.S. Van Dyke réalise un film en parfait « exécutant » et en bon « faiseur », qui se révèle
ainsi un simple et pur divertissement grand public, juste bon à impressionner les yeux des spectateurs ébahis du début des années 1930, un peu à la façon d’un « Avatar » aujourd’hui, si l’on y réfléchit… Incluant notamment de nouvelles techniques de
tournage pour l’époque, qui paraissent aujourd’hui complètement ridicules et dépassées : incrustations des acteurs sur des fonds où sont projetées des images proches du documentaire et du
naturalisme, sur la jungle ou les tribus autochtones… Entre les faux crocodiles, les « hippopotames fous » et les lions patauds, on a plus l’impression de faire la visite dominicale au zoo du coin
que de partir pour un safari inattendu ! Les acteurs sont eux aussi vraiment risibles : entre une Jane qui a l’air de faire exprès de tomber d’une falaise (juste histoire de se faire remarquer…) et
un Tarzan capable de pousser son fameux cri avec la même aisance aussi bien depuis le sommet de son arbre qu’à la surface de l’eau alors qu’il est en train de nager, eh ben on n’est pas gâté !

On pourrait également reprocher à ce long métrage un sous-texte un peu douteux, aux limites du colonialisme et de l’esclavagisme : on pense notamment au massacre des pygmées par des héros «
positifs » à la fin du film ou à l’intérêt accordé à la vie des « nègres », dont la valeur n’est évaluée qu’au contenu des sacs qu’on leur fait porter, lorsque l’un d’eux fait une chute mortelle
d’une montagne… Mais bon, c’est tout le côté « vintage » d’un certain cinéma qui n’existe que dans la mouvance de son temps !

Ce que le film réussit le mieux, par contre, ce sont les moments d’intimité entre les deux personnages principaux. Il y a un charme suranné et amusé à voir ainsi Jane et Tarzan s’apprivoiser
mutuellement, à coup de tirades mythiques : « Toi Jane, Moi Tarzan ! » Sans compter la sensualité exaltée par le corps dénudé de l’acteur et par les poses suggestives de l’actrice : le film sera
d’ailleurs rattrapé par la censure pudibonde quelques années après sa sortie… Mais il n’y a cependant guère d’autres lianes auxquelles s’accrocher dans ce film, en fin de compte plutôt bête et
pénible pour le spectateur moderne…






























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jeudi 25 mars 2010

Soul Kitchen, de Fatih Akin (Allemagne, 2010)

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Note :
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Hasard du calendrier des sorties cinéma, le héros de « Soul Kitchen » traverse le film avec un horrible mal de dos, à l’instar du « Bad lieutenant » de Werner Herzog, sorti le même jour dans les
salles… Tout au long du long métrage, on suit le trentenaire Zinos dans ses mésaventures autour du restaurant qu’il essaie de maintenir à flot. Entre une petite amie qui est partie loin, un frère
tout juste sorti de prison et mille autres personnages haut en couleurs, on le voit souffrir des lombes et exécuter à plusieurs reprises les exercices qu’une belle kiné lui a appris pour se sentir
mieux avec son hernie discale… Une nouvelle fois, le mal de dos comme colonne vertébrale d’un long métrage ?

Après les graves et sublimes « Head-on » et « De l’autre côté », Fatih Akin s’offre ce qu’il est convenu de considérer comme une parenthèse réjouissante, débordante d’un humour probablement
salvateur dans son univers d’habitude plutôt sombre… En proposant à son ami Adam Bousdoukos le rôle principal de sa comédie, il place clairement « Soul Kitchen » du côté du film un peu potache
tourné entre copains. Et le film tient tout à fait la route, puisqu’il se montre plein de surprises, très drôle et bien rythmé, accompagné d’une très bonne bande son d’ailleurs, avec ce qu’il faut
de folie pour offrir à son public un bonheur éminemment communicatif !

Certes, l’humour n’est pas toujours très fin et les gags s’enchaînent parfois un peu mécaniquement, mais n’empêche qu’on s’amuse vraiment bien au cours d’un film prêt à servir de véritable «
nourriture de l’âme »… Yeah, man ! Ce que Fatih Akin réussit le mieux, c’est ce beau portrait de groupe solidaire et débordant d’énergie, qui fait mouche dans toutes les scènes ! Les acteurs sont
tous aussi formidables qu’inconnus et leurs personnages ont pour la plupart des caractères bien trempés : on retient notamment le cuisinier un peu psychopathe interprété par Birol Unuel. Un met à
déguster sans modération !






























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mercredi 24 mars 2010

Sexy boys, de Stéphane Kazandjian (France, 2001)

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Note :
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Voici une comédie pour ados sur la sexualité (en grande partie masturbatoire, cela va de soi !) et la vie de couple plutôt calamiteuse, à base de mise en scène désastreuse et d’humour
pipi-caca-zizi-prout-prout… Pourtant, « Sexy boys » est étrangement sauvé de justesse et se regarde sans déplaisir, sans doute essentiellement à cause de ses jeunes acteurs dynamiques et délurés.
On a par exemple le plaisir de retrouver Jérémie Elkaïm et de le voir se transformer radicalement en une
heure et demi, passant d’un jeune homme à l’esprit romantique à un acteur de films pornos… On aura l’occasion de le voir entre mille autres merveilles se mettre une bouteille de bière dans le
derrière et finir aux urgences, se déhancher comme un fou lors d’une soirée alors qu’il est complètement shooté, essuyer une belle crise de priapisme après avoir malencontreusement ingéré quatre
comprimés de Viagra… et ainsi de suite ! Que de choses très subtiles, comme vous pourrez le constater…

« Sexy boys » nous embarque ainsi quelque part du côté de « La boom » sans Sophie Marceau mais avec des adolescents sexués et bien graveleux (un clin d’œil au film de Claude Pinoteau y est
d’ailleurs assez savoureux) ou bien d’un « American pie » à la française. On peut penser aussi au magistral et européen « Français pour débutant » (grande référence, que personne n’aura oublié !),
sorti l’année dernière…

Mise en perspective :
- Jérémie Elkaïm (acteur)
- La reine des pommes, de Valérie Donzelli (France, 2010)






























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Bad Lieutenant : escale à la Nouvelle-Orléans, de Werner Herzog (Etats-Unis, 2010)

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Note :
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Prétendant ne pas avoir vu le film original d'Abel Ferrara, Werner Herzog n'a
donc pas fait un "remake" de "Bad Lieutenant" à proprement parler. D'ailleurs, il ne reste pas grand chose de l'histoire initiale dans cette « escale » : une vague histoire de policier drogué et
au-dessus des lois, avec quelques dettes de jeux, non plus à New York mais à la Nouvelle-Orléans, juste après le passage de l'ouragan Katrina... Voilà pour les grandes lignes, le reste est
radicalement autre et fatalement plus proche de l'univers d'Herzog, qui sait imprimer sa « patte » sur le celluloïd avec une férocité exaltante !

Ici, le « bad cop » mène l’enquête sur les meurtres d’une famille d’immigrants africains, en même temps que sa vie est menacée par des dealers à qui il doit de l’argent… Mais au fond, peu importe
l’intrigue ! D’ailleurs, Herzog nous la fait suivre plus ou moins nonchalamment, privilégiant un regard total sur son personnage… Nicolas Cage est impressionnant dans ce rôle monumental, détraqué
et cassé, multipliant les tics et les expressions de douleurs. D’une intensité extraordinaire, à la fois détestable et drôle, il trouve peut-être là son meilleur rôle !

Optant pour une mise en scène plus "classique", loin de l'hyperréalisme quasiment documentaire de Ferrara, Herzog émaille cependant son film d’étranges visions hallucinées à base d'iguanes chantant
ou de poissons... Si certaines de ces séquences semblent clairement le résultat des trips sous acide du lieutenant, comme les iguanes posés sur l’ordinateur que ses collègues lui disent ne pas
voir, il y a pour d’autres scènes de biens étonnantes incertitudes : l’alligator les tripes à l’air sur la chaussée préfigure-t-il une personne humaine ? La métaphore animalière est filée tout au
long du film : reptiles ou poissons, souvent prédateurs, du serpent d’eau au requin, en passant par l’alligator, cette animalité sauvage et libre est cependant peu à peu détruite, comme cadrée et
canalisée par une civilisation étouffante… Le serpent évolue à la surface de l’eau, mais entre les barreau d’une prison inondée ; l’alligator gît sur une route bétonnée, renversé par une voiture ;
le requin tourne en rond à la fin du film, prisonnier d’un aquarium. Est-ce le symbole de la situation du personnage principal, être impulsif et animal, qui évolue pourtant dans une prison urbaine
? Une urbanité à la dérive, certes, après le passage d’un ouragan destructeur, en proie aux réflexes primaires et animaux des hommes… La boucle est ainsi bouclée entre l’humain et l’animal ! Reste
un petit poisson inoffensif que le lieutenant trouve abandonné dans un verre d’eau sale au cours de son enquête : l’animal est en train certainement de suffoquer, d’étouffer dans un espace où
l’oxygène vient à manquer… Un poème est inscrit sur un papier juste à côté. Dans la dernière réplique du film, le personnage de Nicolas Cage se demandera si les poissons rêvent : de multiples échos
s’étendent ainsi entre les scènes…

Cette nouvelle version de "Bad lieutenant" s'avère peut-être enfin l'un des premiers grands films sur ce qui sera très probablement le grand "mal du siècle" à venir : le mal de dos. Tout le film
est d'ailleurs construit autour de ce détail physique du personnage interprété avec frénésie par Nicolas Cage, grimaçant et éructant la douleur d'un bout à l'autre du long métrage à cause de ses
problèmes lombaires. Le film s’ouvre d’ailleurs sur l’origine de son problème, comme s’il s’agissait là du point déterminant, de la clé pour la compréhension de toute cette histoire : après avoir
parié sur le temps que prendra un détenu dans une cellule inondée avant de se noyer, il finit quand même par sauter à l’eau pour le sauver… Ellipse, puis plan suivant : les radios de sa colonne
vertébrale endommagée par l’incident. C’est à partir de cet acte de bravoure et de bonté pour lequel il est finalement puni, que le lieutenant devient complètement accroc à la vicodine, à la coke
et à une multitude d’autres paradis artificiels, probablement pour soulager sa douleur permanente, qu’il devra d’ailleurs conserver à vie… Etonnant coup du destin, la fin du film le fait retomber
par le plus grand des hasards et par un étonnant jeu de miroir inversé sur celui qu’il a sauvé au début du film, qui depuis est sorti de prison et s’est rangé de la criminalité en décrochant un
emploi dans un hôtel. Le mal de dos du personnage aura peut-être permis un bien pour quelqu’un d’autre. Le lieutenant aura entre temps vu sa vie radicalement changer : fini la drogue, une vie de
couple plus paisible avec celle qui jusque là se prostituait pour lui… et surtout une belle promotion dans son travail : de « bad lieutenant », le personnage serait-il devenu un « good captain » ?
Les dernières séquences ne répondent pas définitivement à la question et orientent le film non pas vers une rédemption mystique à la façon de Ferrara, mais plutôt vers une fausse rédemption, très
humaine et terre à terre, et donc en cela éminemment décevante… On voit le lieutenant passé capitaine rejouer une même scène qu’un peu plus tôt dans le film : l’arrestation d’un couple à la sortie
d’une boîte de nuit pour détention de drogue. Sauf que cette fois-ci la scène est interrompue et l’on ne sait pas si son comportement sera celui du mauvais flic qu’il était ou celui d’un véritable
homme de loi honnête et intègre qu’il est peut-être devenu. Après avoir supporter  et « oublier » son mal de dos par la drogue et la pratique du mal absolu, est-il désormais en mesure de se
résigner et d’endurer le mal sans le soigner lui-même par le mal ? « Les poissons rêvent-ils ? » Peuvent-ils seulement dormir alors que le mal rôde autour d’eux en permanence ? Le capitaine a
peut-être enfin compris qu’accepter la douleur sans anesthésie, sans pouvoir s’endormir et en demeurant par là même vigilant, était peut-être la seule façon de ne pas mourir… Garder les yeux grands
ouverts sur le monde sale et violent : même si ça nous fait atrocement souffrir…

Mise en perspective :
- Bad Lieutenant, d’Abel Ferrara (Etats-Unis, 1992)






























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mardi 23 mars 2010

Flandres, de Bruno Dumont (France, 2006)

flandres


Note :
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Avec "Flandres", Grand prix du Jury à Cannes en 2006, Bruno Dumont signe un puissant réquisitoire anti-guerre, ainsi qu'un film d'une richesse que l'on pourrait croire inépuisable ! En plaçant sa
guerre dans une forme d'abstraction géographique et temporelle, mêlant les tanks et les chevaux, il permet à son long métrage d'accéder au rang de fable universelle. En effet, les décors de
"l'ailleurs", le lieu où se passe la guerre, alternent les tranchées évocatrices de la première guerre mondiale, le désert de la guerre d'Algérie ou la jungle - pourquoi pas - de la guerre du
Vietnam... En quelques scènes archétypiques, frôlant l’abstraction, Dumont propose une vision concise, précise et terriblement affûtée de l'atrocité humaine par temps de conflit armé : le viol
d'une indigène, le massacre de deux enfants soldats, une exécution sommaire purement gratuite, la vengeance froide de l'ennemi... La vision de la guerre dans "Flandres" suit en fait le parcours
mental de Demester, le jeune "héros" du film, déraciné de sa terre natale pour partir au front, la peur au ventre. D'un garçon doux et calme, la violence et l'absurdité militaire va faire un être
parcouru de pulsions bestiales et primaires. La libération de cette violence aura pour le garçon des conséquences désastreuses à son retour en Flandres : peut-on encore aimer ou espérer en l'homme
après avoir vécu de pareilles atrocités aux frontières de la folies humaines ?

"Flandres" s'avère ainsi une véritable réflexion sur les violences enfouies en chaque homme. Parallèlement au voyage au bout de l'enfer de Demester, le cinéaste monte habilement la vie en terre de
Flandres, où le film avait commencé, où le personnage principal a laissé sa vie et où l'attend toujours Barbe, celle qu'il aime et qui lui accordait un peu de chair... à lui comme à d'autres,
d'ailleurs. De troublantes superpositions entre le lieu de la guerre et celui de la vie agricole en Flandres envahissent ainsi peu à peu l'écran. Comme un écho à la descente dans la folie guerrière
de Demester, Barbe va elle aussi sombrer, internée un moment dans un hôpital psychiatrique. Enceinte, elle décide également d’avorter et de faire mourir ainsi l’enfant qui est en elle, tout comme
Demester perd son enfance en se confrontant à l’absurdité militaire. Les scènes où l'on voit Barbe faire l'amour avec des hommes, et particulièrement celle de l'étable au cours de laquelle le coït
est animalisé à son paroxysme, résonnent d'une étrange façon avec la terrible séquence du viol d'une femme par les soldats. Enfin, lorsque Demester revient "au pays" dans les derniers temps du
film, les décors semblent comme autant d'échos à ceux de la guerre qu'il voudrait pourtant oublier : les arbres sont soudainement filmés comme ceux de la jungle, un terrain de motocross rappelle
tout à coup des étendues de désert... Le paysage devient le ressenti émotionnel de Demester, marqué par la guerre, devenu incapable désormais de s'en abstraire tout à fait.

Avec ce film absolument remarquable, Bruno Dumont poursuit également tout un travail de recherche sur la forme, qu'il avait déjà bien amorcé dans ses œuvres précédentes. Ici, la recherche
chromatique se double d’une utilisation « invisible » des effets spéciaux qui permettent un rendu des couleurs saisissant, notamment lors des scènes dans le désert. Il faut observer encore la
précision des cadrages, de la composition des plans, les mouvements des personnages, l’intensité de la lumière… Le réalisateur parvient à une forme d’épure visuelle, dont la crudité passe à la fois
par l’utilisation d’acteurs non professionnels plutôt « brut » et « primitifs » et par l’économie des dialogues, peu présents et surtout rendus en prise de son direct, gênant parfois la
compréhension du texte mais offrant au film son atmosphère si particulière… « Flandres » atteint alors presque constamment une forme de « grâce cinématographique », tellement rare dans la
production audiovisuelle d’habitude.

« Flandres » est en fin de compte un film polymorphe, qu’il s’avère finalement assez difficile de cerner complètement, tant la richesse de sa mise en scène ou des thèmes qu’il aborde le rend
extensible à l’infini. Ainsi, s’il apparaît d’emblée et de façon presque évidente comme un réquisitoire contre la guerre, il est à noter aussi qu’il peut être lu comme un grand film d’amour, aussi
paradoxal que cela puisse paraître. Après le temps du chacun pour soi et des pulsions animales en chacun, après ce temps de la guerre où Demester est entre autre horreur psychologique contraint
d’abandonner son ami à terre s’il veut avoir une chance de s’en sortir, cela en dépit même de toutes ses supplications, le retour du jeune homme dans sa ferme marque le temps du réapprendre à vivre
parmi les hommes, et surtout comme un homme… Est-ce seulement possible ? Oui, semble nous dire Bruno Dumont, en faisant apparaître l’amour comme un secours salutaire. Si le film nous avait
jusque-là présenté l’amour comme un acte charnel plutôt bestial et primitif, interrogeant également les rapports de sensualité et de désir entre les personnages, réfléchissant aussi à la notion de
fidélité, la fin nous présente un Demester et une Barbe prêts à s’aimer vraiment et pleinement, à deux. Si l’on hésite à lire le long métrage comme une œuvre pulsionnelle et primaire ou comme un
pur film d’amour, la dernière scène et la déclaration ultime qu’elle contient, ce « je t’aime » clair et pur prononcé par Demester, semble cependant nous mettre sur une voie…

Mise en perspective :
- Hadewijch, de Bruno Dumont (France, 2009)
- Retour sur Hadewijch : la mort du cinéma d’auteur ?
- 21 films pour le 21e siècle






























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lundi 22 mars 2010

L’arnacoeur, de Pascal Chaumeil (France, 2010)

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Note :
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Avec son joli titre, « L’arnacoeur » nous raconte les aventures d’Alex, qui se revendique « briseur de couples professionnel ». Son « métier » consiste ainsi à faire rompre une fille de son fiancé
sur la demande d’un tiers, à condition que la fille en question ne soit pas pleinement heureuse dans sa relation… Sauf qu’avec sa nouvelle mission, les choses se corsent, la fille résiste, et il se
pourrait bien que ce cher Alex soit un tout petit peu sur le point de tomber amoureux…

Bon, il convient d’évacuer tout de suite ce qui fâche : malgré les apparences, le scénario n’est pas des plus originaux. C’est le bon vieux refrain de ce duo de personnage qui ne s’entend pas et
qui finiront fatalement dans les bras l’un de l’autre à la fin du film… Ce qui ne manque pas d’arriver par ailleurs !

Rien de transcendant, c’est vrai, mais pourtant, on s’y plaît vraiment bien dans cette histoire. L’intrigue est finalement rondement menée et très bien rythmée, les gags sont pour la plupart plutôt
savoureux et le film sort des sentiers battus de la comédie lourdingue franchouillarde à laquelle on nous a trop habitué… Le modernisme se situe ainsi plus du côté de la mise en scène, des
situations ou de la liberté formelle et narrative que dans l’histoire même et dans ses passages obligés. Sans compter que les acteurs sont assez formidables et irrésistibles ! C’est même grâce à
eux, surtout, que l’on passe un si agréable moment : le duo Romain Duris et Vanessa Paradis fait merveille, et puis quoi de plus réjouissant que de les voir tous les deux jouer à Patrick Swayze et
Jennifer Grey dans « Dirty dancing » ?! On tombe tout simplement sous le charme, avec en prime de beaux éclats de rire…






























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dimanche 21 mars 2010

Jeu : les 7 degrés de séparation # 11

jeu 7 degres

Dans des genres très différents, Irène et Catherine Jacob sont toutes les deux de formidables actrices ! Saurez-vous les rapprocher en un minimum de degrés de séparation et peut-être ainsi
remporter un point à notre grand jeu hebdomadaire ?!

La règle du jeu est en consultation gratuite à cette adresse : il suffit de cliquer !

Le gagnant de la semaine dernière, Foxart, possédant déjà tous les DVD mis en jeu, a décidé de passer son tour et d’attendre l’arrivée de prochains cadeaux avant de se décider…
Le point pour sa belle chaîne entre deux chevaliers va cette semaine à Adèle R. Si elle
parvient à 3 points (à moins que vous ne la surpassiez ?), elle pourra choisir un DVD parmi les suivants :
- « Akoibon » d’Edouard Baer
- « The calling » de Richard Caesar
- « L’étrange créature du lac noir », de Jack Arnold (dans une
fabuleuse édition, accompagnée notamment du documentaire "Retour sur le lac noir")

Bon dimanche à toutes et à tous, bon jeu et à la semaine prochaine, 13h13 pétante !






























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Bad Lieutenant, d’Abel Ferrara (Etats-Unis, 1992)

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Note :
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« Bad Lieutenant » est d’abord la description hyper réaliste d’une terrifiante descente aux enfers. Celle de ce si « mauvais lieutenant » donc, policier aux méthodes pas très légales, drogué,
alcoolique, mauvais père de famille, et parieur invétéré ! Tout au long du film, on suit ses errances dans New York, ville de tous les excès, de tous les péchés et de tous les crimes. En tant
qu’homme de loi, il enquête à sa façon et se considère finalement au-dessus des lois : s’affirmant catholique, il use de pratiques finalement pas très catholiques, détournant de la drogue sur les
lieux de crime pour la refourguer à des dealers, réglant les conflits un peu comme ça l’arrange… Ce personnage est incarné à l’écran avec une intensité folle et désespérée par Harvey Keitel, qui a
visiblement mis tout ce qu’il pouvait dans ce rôle. Il est énorme dans cette incarnation à la fois rageuse et fragile, oscillant entre excès de colère et pleurs incontrôlés…

Pour rendre avec force la pente vertigineuse sur laquelle le personnage est en train de glisser et de s’effondrer à une vitesse démesurément folle, Abel Ferrara use d’une mise en scène
incroyablement brutale dans le regard qu’elle offre sur la ville, lieu sale et désespérant, où évolue la lie de l’humanité. Par une image sans fioriture, il cadre un décor et des personnages très
réalistes. Pour l’intensité du rendu, la légende dit que le tournage s’est d’ailleurs souvent fait à la sauvage, que les scènes de prises de drogues sont authentiques et que le dernier plan, où le
personnage se fait assassiner dans sa voiture en pleine rue, est en prise de vue « réelle », filmant les véritables réactions des passants… et le spectacle est d’ailleurs effrayant, triste
spectacle d’une humanité qui exhale la veulerie et l’indifférence !

Mais en filmant l’acheminement crasseux du lieutenant vers la mort, Ferrara en propose une vision étonnamment mystique. Des plans de Christ crucifié sont incidemment insérés au cœur de certaines
séquences clé, mais c’est aussi les positions que peut prendre le personnage principal à plusieurs reprises qui évoquent cette figure christique du sacrifié ou du damné. On retient bien sûr
essentiellement ce plan mythique, où Harvey Keitel nu, drogué et débauché auprès de prostituées, s’avance les bras en croix en se mettant à pleurer… Alors, le « bad lieutenant » serait donc un
Jésus moderne ? Tout n’est cependant pas si simple… Si le Christ biblique fréquentait lui aussi plus volontiers les hommes et les femmes des bas-fonds, les voleurs, les prostitués et tous les
marginaux qu’il pouvait trouver, il ne participait pourtant pas lui-même à leurs débauches (du moins, à ce qu’on en dit). Pourtant, notamment par le biais de l’histoire d’une nonne violée sur un
autel par deux jeunes voyous, on s’apercevra que le personnage de Keitel possède un pouvoir proche de celui de Dieu. Comme la bonne sœur qui parvient à pardonner à ses agresseurs, il finira en
effet par faire comme elle, et même à aider les criminels à s’en sortir… Ce sera le dernier effort vers la rédemption, le dernier geste salvateur de cet homme qui vivait jusque là dans les
ténèbres. Il peut désormais mourir, élevé enfin par la grâce de ses derniers instants, capables de racheter toute une vie… Contre toute attente, Ferrara signe peut-être là un film profondément et
indiscutablement chrétien, loin de l’hypocrisie de ceux qui ne conserve de la religion que son apparat et ses rituels. On pourrait ainsi le rapprocher de « La dernière tentation du Christ » de
Martin Scorsese, qui fut très mal interprété à sa sortie et qui fut condamné pour de mauvaises raisons. Scorsese a d’ailleurs très bien évoqué le film de Ferrara : « C’est un film clef, j’aurais
aimé que La Dernière Tentation du Christ lui ressemble. Mais je n’ai pas obtenu certaines images, sans doute parce que je traite directement de l’image du Christ. […] C’est un film exceptionnel,
extraordinaire, même s’il n’est pas au goût de tout le monde. […] C’est également un film pour lequel j’ai la plus grande admiration. On y voit comment la ville peut réduire quelqu’un à néant et
comment, en touchant le fond, on peut atteindre la grâce. C’est le film new-yorkais ultime. […] Si on ose, il faut suivre le personnage jusque dans la nuit. C’est pour moi l'un des plus grands
films qu’on ait jamais fait sur la rédemption… Jusqu’où on est prêt à descendre pour la trouver… »






























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samedi 20 mars 2010

La collectionneuse, d’Eric Rohmer (France, 1967)

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Note :
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Quand un collectionneur rencontre une « collectionneuse », ça donne un affrontement tendre et facétieux, imbibé de philosophie pratique, dans un film d’Eric Rohmer, le quatrième volet de la série
des « Contes moraux ».

C’est l’été, et Adrien laisse s’envoler seule sa petite amie pour Londres, prétextant de son côté la vente d’un objet d’art qu’il doit conclure avec un autre collectionneur. En réalité, il va
surtout profiter de l’occasion pour occuper tout son temps libre à ne rien faire, en s’installant dans une grande maison avec Daniel, un ami vaguement artiste. La quête du néant absolu va alors
devenir la véritable gageure de ses vacances, malgré l’immense difficulté que l’accès à la plus totale inactivité semble revêtir. L’oisiveté ne serait donc pas à la portée du premier venu et Adrien
dira lui-même que dans la société actuelle, il faut du courage pour ne pas travailler !

Cette recherche du vide comme précepte existentiel sera néanmoins gênée par l’arrivée d’Haydée dans la maison, qui viendra en quelque sorte « ravir » (au sens de ravissement) le personnage de son
nihilisme estival. Butinant de garçon en garçon, Adrien la définira comme une « collectionneuse », accumulant les liaisons à dessein, la rapprochant ainsi de lui par le vocabulaire, le terme de «
collectionneuse » évoquant bien entendu son « métier »… Peu à peu se joue un jeu étrange et pervers entre les deux personnages, lui poussant Haydée dans les bras de Daniel avant de le regretter, et
elle refusant effrontément d’ajouter le « collectionneur » à sa propre collection… Adrien finira par repartir vers son amie, la queue entre les jambes (si l’on puit dire).

Badinage sentimental bien plus complexe qu’il n’y paraît, comme c’est souvent le cas chez Rohmer, « La collectionneuse » se veut tour à tour une réflexion sur l’amour, la fidélité et sur l’art.
Confondant les deux, le cinéaste parvient à établir en fin de compte un « art d’aimer » absolument passionnant et bien souvent savoureux… Les acteurs sont frais et possède cette « sensualité
cérébrale » des personnages rohmeriens : on retrouve un Patrick Bauchau jeune et beau, et Haydée Politoff incarne une collectionneuse parfaite et exubérante, dans une mouvance très « nouvelle vague
»…

Mise en perspective :
- Le rayon vert, d’Eric Rohmer (France, 1983)






























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Bus Palladium, de Christopher Thompson (France, 2010)

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Note :
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Fils de la réalisatrice Danièle Thompson, d’habitude plutôt acteur, le petit Christopher (40 tours au compteur cependant) signe ici sa première réalisation, et se montre finalement plus doué que
maman… Il réussit effectivement un film à la mise en scène plutôt fluide et douce, sans temps mort, et en refusant de situer chronologiquement son intrigue avec précision, il parvient à
retranscrire un sentiment de nostalgie presque universel, ou tout du moins adapté à plusieurs générations. En décrivant une époque déréalisée et délicieusement passéiste, quelque part au temps des
33 tours et des magnétoscopes à cassettes, le ressenti mémoriel s’avère finalement plus intéressant et plus payant qu’une description précise et réaliste d’une époque aux contours trop bornés. Le
traitement chromatique de l’image, au teint un peu passé, participe évidemment de cette recherche du bienheureux souvenir un brin idéalisé. L’utilisation également d’images issues d’une caméra 8
millimètres que tient l’un des personnages est un vrai plaisir, permettant de casser la monotonie d’un film trop plan-plan et de proposer à l’écran quelques regards caméras absolument dévastateurs
des acteurs !

« Bus Palladium » retrace comme une chronique tendre l’itinéraire de cinq copains qui rêvent de rock et dont le groupe, Lust, commence à avoir un petit succès… On assiste alors aux émois encore
adolescents ou existentiels des personnages, aux tensions et aux fous rires, le tout balancé sur une bande son vraiment sympa, composée par Yarol Poupaud et (un petit peu) par Benjamin Biolay.
Fougueux et plein de fraîcheur, le film doit beaucoup de sa spontanéité à ses acteurs, tous très naturels et attachants… On retient surtout les deux têtes d’affiche sur qui la narration s’attarde
plus longuement : le merveilleux et sensuel Marc-André Grondin (héros pour l’éternité du sublime « C.R.A.Z.Y. ») et l’impulsif Arthur Dupont, très bon dans ce rôle de rockeur dépressif qui ne pense
qu’à brûler sa vie au plus vite…






























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vendredi 19 mars 2010

Nord, de Rune Denstad Langlo (Norvège, 2010)

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Note :
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Alors que sa copine l’a largué et qu’il est en pleine dépression existentielle gonflée au Prozac, Jomar, 30 ans, s’est trouvé une planque au pied d’une piste de ski… Un travail inutile qui lui
permet de passer ses journées à roupiller ou à regarder des documentaires sur les incendies dans les tunnels de montagne à la télévision… Et puis un jour, il met involontairement le feu au chalet
où il a pris sa « retraite » et devant la maison en flamme, il décide d’enfourcher sa motoneige et de partir à travers la montagne pour une « odyssée » extraordinaire, au bout de laquelle il
retrouvera sa « Pénélope » qui l’attend avec son enfant… ou pas ?

Au cours de son périple, il multiplie les aventures et les rencontres aux frontières de l’absurde, traversées par un humour tout à fait particulier, que l’on pourrait peut-être qualifier de «
nordique » : ce fameux « humour norvégien », sans doute… Il va rester un moment aveugle dans la maison d’une petite fille qui vit avec sa grand-mère. Pour dormir, il doit franchir une toute petite
porte avant de pouvoir s’allonger. On se croirait presque dans un conte, et le film possède en effet ce côté « fable » initiatique, montrant le parcours de Jomar, être en formation qui semble
chercher à atteindre enfin l’âge adulte… Un peu plus loin, il fera brûler une nouvelle maison (!), il rencontrera un jeune homme étrange, qui s’assure avec insistance de la non-homosexualité de
Jomar avant de l’accueillir à bras ouverts et de multiplier les gestes hyper affectifs à son égard… Une des dernières étapes de son voyage le fera échanger avec un vieil homme sous une tente, qui
lui offrira une carte pleine de points cadeaux pour un magasin avant de disparaître sous la glace, emporté par sa motoneige à laquelle il s’est attaché… Une scène tragique, mais présentée avec un
piquant des plus tordant ! Tout est un peu comme ça à l’avenant, avec un humour « à froid » si l’on puit dire, mais avec aussi une certaine poésie qui affleure : on retient notamment ce plan où
Jomar s’élance sur ses skis dans un immensité blanche, devenant à l’écran un tout petit point noir insignifiant… Une métaphore de sa propre existence ? « Nord » est ainsi un film ironique, décalé
et en fin de compte plus profond qu’il n’y paraît de prime abord !






























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jeudi 18 mars 2010

Ewan McGregor (acteur)


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Avec pas moins de trois films à l'affiche en un peu moins d'un mois, on peut dire sans l'ombre d'un doute que Ewan McGregor est l'acteur du moment ! Vous pouvez en effet le voir actuellement dans
les salles dans "I love you Phillip Morris", où il incarne
l'amoureux transi de Jim Carrey, dans "Les chèvres du Pentagone", où
il joue une variante de son ancien rôle de Jedi (enfin... pas tout à fait, à vrai dire), et surtout dans le magistral thriller politique signé Roman Polanski : "The ghost writer".

Né le 31 mars 1971, cet acteur écossais s’intéresse d’abord au théâtre et à la musique. Il sera vite rattrapé par la télévision, notamment avec la mini-série britannique « Du rouge à lèvres sur ton
col » en 1993, puis par le cinéma, en devenant assez naturellement l’acteur fétiche du cinéaste Danny Boyle. On se souvient tous de Ewan tout chevelu dans le petit film entre amis au succès
phénoménal « Petits meurtres entre amis », à l’humour noir grinçant et réjouissant, puis de son crâne entièrement rasé dans le film suivant, qui le propulsera sous les feux des projecteurs : «
Trainspotting ». Il y interprète un junkie tout maigre et tout délire, duquel on ne pouvait que tomber furieusement amoureux ! Sa collaboration avec Boyle se terminera en 1997 avec « Une vie moins
ordinaire », une pure folie narrative pleine de fantaisie et de trouvailles, qui fut pourtant injustement boudé par la critique et le public…

Entre-temps, McGregor poursuit son odyssée télévisuelle en y faisant quelques apparitions surprenantes et inattendues, comme dans le quinzième épisode de la saison 3 de la série hospitalière «
Urgences », où il incarne un jeune voyou attachant qui prend en otage l’infirmière Carol Hathaway dans une épicerie…

Sur grand écran, il poursuit son petit bonhomme de chemin de futur grand acteur en jouant dans quelques pépites, comme « The pillow book » de Peter Greenaway (où on a enfin la chance de le voir
intégralement nu !) ou « Le baiser du serpent », premier film du célèbre directeur de la photographie Philippe Rousselot.

On sent une véritable influence de la musique dans sa carrière, surtout lorsque l’on pense à des films comme « Les virtuoses » en 1997, dans lequel il joue de la trompette dans une fanfare, ou
comme « Velvet Goldmine » de Todd Haynes l’année suivante. Jusqu’à l’aboutissement et l’éblouissement « Moulin rouge » en 2001 bien sûr, où on le voit pousser la chansonnette d’une voix
merveilleuse et ô combien sensuelle, aux côtés de Nicole Kidman…

Il jouera aussi dans des films plus discrets, mais néanmoins notables, comme un efficace thriller horrifique signé Ole Bornedal : « Le veilleur de nuit » (dans sa version « remake » américaine),
ou encore comme « Trader », un film assez inattendu et presque visionnaire sur les boursicotages d’un trader !

Viendra ensuite bien évidemment les trois premiers épisodes de « Star wars » : « La menace fantôme », « L’attaque des clones » et « La revanche des Sith », où il incarne le maître Jedi Obi-Wan Kenobi,
donnant au personnage une image jeune et fougueuse après l’interprétation qu’en avait faite Alec Guinness dans la première trilogie…

Ce rôle intergalactique lui ouvre fatalement les portes d’Hollywood en grand, où il s’envole tourner du très bon (le « Big fish » de Tim Burton en 2004), du correct (« The island » en 2005) et
puis… du un peu moins bon quand même ! Mais ça, ça arrive à tout le monde… Et puis Ewan McGregor s’est très bien ressaisi depuis : on l’a vu notamment chez Woody Allen en 2007 (« Le rêve de
Cassandre ») et il n’y a qu’à voir ses films à l’affiche aujourd’hui ! Sans compter que ses prochains projets s’annoncent tout aussi excitant, à commencer par « Knockout », qui sera signé Steven
Soderbergh… Alors longue vie à toi, jeune padawan : que la Force soit avec toi !






























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