vendredi 30 janvier 2009

[Rec]², de Jaume Balagueró et Paco Plaza (Espagne, 2009)

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Note :
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Avouons-le tout de suite : Rec 2 déçoit si on le regarde en pensant au premier
volet
. Il faut dire que comme la plupart des suites du genre, le film a les défauts de ce qui faisait la qualité de l’œuvre originale… Ici, l’effet de surprise est bien tari, surtout que le traitement
demeure identique au précédent Rec. Bien sûr, la surenchère aidant, la suite a plus de moyens, donc plus de caméras subjectives (c’est un peu le principe de la mise en scène), plus de points de
vue, plus d’angles et une marge de manœuvre plus grande pour les cinéastes dans la réalisation… Sauf que non seulement la façon dont les choses sont amenées n’est pas forcément très crédible (une
équipe de super policiers arrivent dans l’immeuble juste après la fin du premier film avec un super équipement, avec des super casques équipés de super caméras…), mais il faut bien reconnaître
aussi que ça n’apporte pas forcément grand chose, sinon une plus grande dispersion. Avec plus de moyens, on a aussi l’impression que l’immeuble s’est agrandi, aussi bien en hauteur qu’en largeur,
ce qui est assez curieux quand on y pense : de nouvelles pièces secrètes apparaissent, révélant plein de nouveaux mystères… Et à propos de « mystère » justement, on touche du doigt le principal
problème de cette suite un peu bâclée comme une vulgaire copie, un peu trop scolaire, du premier opus : le fait de ne jamais vraiment savoir ce qui se passe, qui rendait le premier film si
effrayant, est ici remplacé par un déluge d’explications curieuses et pas toujours convaincantes, un peu bavardes aussi, qui font lorgner le film du côté de « L’exorciste »… On suppose que tout le
côté religieux qui apparaît alors est lié aux origines espagnoles des réalisateurs et de la production ?

Un peu trop explicatif donc, le film est également curieusement construit. Outre l’équipe de policiers, trois ados pénètrent pour s’amuser et pour filmer des « trucs de oufs » dans l’immeuble
démoniaque, mais cette seconde histoire ne nous est montrée qu’après la première, alors qu’elle se déroule en même temps. On a du coup l’impression de deux films mis bout à bout, avec deux
gradations dans l’horreur comme savent le faire les films d’épouvante. Bon, ce n’est pas forcément gênant dramatiquement, dans la mesure où le film demeure plutôt efficace et que les cinéastes sont
toujours aussi malins pour nous terrifier, avec des effets visuels ou sonores parfois assez recherchés ou aux limites de l’impressionnisme… Intéressant ou impressionnant, finalement ! Et même si on
nous tire quelques grosses ficelles pour faire parvenir le métrage à 85 bonnes minutes (la réapparition suspecte de la journaliste du premier film, par exemple, nous laisse entrevoir le dénouement
gros comme une maison !), on ne va tout de même pas bouder notre plaisir, parce que oui, vraiment, le procédé narratif et stylistique de Rec, même si on le connaissait déjà, demeure rudement
efficace et excitant… On a moins peur, certes, mais on jubile encore pas mal !

A revoir : Rec






























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jeudi 29 janvier 2009

Rec, de Jaume Balaguero et Paco Plaza (Espagne, 2008)

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Note :
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J'ai beau réfléchir, je ne vois pas quel autre film m'avait fait une telle impression en salle. A l'époque de la sortie de "Rec" au cinéma, j'avoue avoir été très impressionné... mais au sens
littéral ! Moi qui croyais être totalement immunisé avec toutes les horreurs que j'ai déjà pu regarder, j'ai du coup été très étonné de sortir ainsi lessivé de la projection. Quasiment d'un bout à
l'autre du film, on est là sur son siège, on a du mal à trouver une position confortable, on tourne, on est de plus en plus tendu, on s'agrippe à l'accoudoir (ou à son voisin pour les plus
chanceux...), on tremble de tous ses membres et on claque des dents, on sent ses cheveux nous tirailler le cuir chevelu et nos poils se hérisser un peu partout, on est au bord de la nausée (mais on
est mal, vu que ça veut pas sortir...), bref ! on n'est pas au top et c'est finalement plutôt grisant... Rec, des espagnols Jaume Balaguero et Paco Plaza, fait en fin de compte cet
effet-là : celui d'une terrible attraction de fête foraine dans laquelle on ne veut d'abord pas monter et une fois qu'on y est qu'on regrette d'avoir prise mais qu'une fois sorti de là on est
rudement content de l'avoir fait ! Limite si on veut pas y retourner d'ailleurs, parce qu'on se dit qu'en fait, c'est super excitant... En fait, Rec est un film très malin : il utilise
toutes les ficelles les plus subtiles de l'horreur, à commencer par la règle numéro 1 si l'on veut VRAIMENT faire peur au spectateur, celle de ne quasiment rien lui montrer ! Car la peur étant un
phénomène purement irrationnelle, c'est toujours ce que l'on imagine qui nous effraie bien mieux que ce qu'on peut voir "en vrai". Voir l'horreur détruit finalement la peur (ou en tout cas
l'amoindrit) dans la mesure où découvrir le fin mot des choses exorcise en partie tout ce que l'on avait fantasmé jusque-là. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si Rec se termine dans le
noir complet : on ne voit plus rien, tous les sens sont en éveil et le moindre son, le moindre mouvement distingué dans la pénombre devient la pire chose possible ! L'effroi est bel et bien là...
L'utilisation de la caméra subjective y est aussi pour beaucoup ! Depuis Blair witch, le procédé n'est pas nouveau, mais rarement il avait été exploité avec autant de force et de
perversité... Rec, c'est finalement l'histoire d'une petite équipe de télévision qui accompagne une petite patrouille de pompiers au cours d'une nuit. Appelés dans un immeuble où une
petite vieille a pété les plomb, ils vont être confronté à l'inattendu, et à partir de là ce sera fatalement l'escalade dans l'horreur... Horreur du dedans (que je m'abstiendrai de vous révéler
ici, sympa comme je suis...), mais aussi horreur du dehors, puisque l'immeuble va très vite être confiné par les autorités. Les survivants (pour combien de temps encore ?) sont donc complètement
piégés, cernés de toute part dans un huis clos épileptique. Epileptique comme le caméraman d'ailleurs, et comme le film tout entier, puisque nous n'avons bien sûr que les images capturées par le
journaliste qui filme, avec interruptions et autres altérations de l'images et du sons de rigueur, exactement "comme si vous y étiez" ! Heureusement d'ailleurs que le film ne dure pas plus
longtemps (1h20), sans quoi je pense il y aurait pas mal de traumatismes dans le public en fin de séance... Déjà que moi j'ai eu du mal à m'en remettre ! ça a bien du me prendre une à deux heures
après être sorti avant de retrouver une pulsation cardiaque "normale", un poignet droit qui arrête de trembloter et une pupille gauche qui cesse de sautiller partout dans mon oeil. On est en droit
de se demander quand même pourquoi le caméraman filme tout le temps au lieu de chercher d'abord à sauver sa peau, mais cette fausse incohérence est résolue dans la séquence finale, où plongés dans
le noir, le seul moyen de voir demeure la torche de la caméra, puis, lorsqu'elle est cassée malencontreusement, la vision infrarouge de l'appareil... et quelle vision d'ailleurs ! Brrr... Le plan
ultime restera probablement très longtemps dans les rétines et les annales de l'épouvante !






























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Tetro, de Francis Ford Coppola (Etats-Unis-Argentine, 2009)

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A 70 ans, Francis Ford Coppola demeure encore aujourd’hui un cinéaste éminemment moderne ! Avec « Tetro », il signe un nouveau chef-d’œuvre (dont on ne le croyait pourtant plus capable depuis bien
longtemps…), dans lequel il fait exploser toute la virtuosité et l’intensité d’un tournage en numérique. En conservant une beauté des plans et du cadre d’un classicisme époustouflant, il parvient
paradoxalement à nous émerveiller d’images parfaitement neuves… Tout au long du film, il offre des cadrages saisissants et sidérants, qu’on ne devrait plus oublier de sitôt ! Maître omnipotent d’un
film sans la moindre faute de goût, il joue d’ailleurs avec le temps et les époques, confondant et brouillant la forme et le récit : si le film se déroule de nos jours, on ne le devine que
discrètement, par l’apparition furtive d’un téléphone portable ou d’un ordinateur, et si le présent est brillamment éclairé dans un sublime noir et blanc contrasté et presque irréel, le passé
explose de couleurs vives et violentes. Faisant ainsi fi de toutes les conventions passées, Coppola illumine son film d’une lumière noire sensible et puissante, qui nous hypnotise littéralement dès
les premiers plans, et même dès ce générique lui aussi entre impression classique et décalage novateur, multipliant les flous et les surimpressions…

Ce nouveau coup de maître (et de maestro, comme son père Carmine Coppola !) mêlant puissance opératique, histoire mythique et mise en scène aux frontières du fantastique, s’ouvre sur l’arrivée du
jeune Bennie chez son frère Angelo, parti en Argentine depuis des années pour rompre avec sa famille… Chaque plan est d’une précision exaltante et d’une grandeur écrasante : Bennie semble prendre
un chemin duquel il ne pourra jamais faire marche arrière, tellement tout a l’air de se refermer sur lui comme un piège… Accueilli avec gentillesse par la femme de son frère, les larmes sur ses
joues dans le noir juste avant qu’il ne s’endorme, parce que son frère n’aura pas voulu sortir de sa chambre pour l’apercevoir, finiront par nous bouleverser. En moins de dix minutes, Coppola
parvient à nous happer irrésistiblement dans un récit qu’on ne quittera à aucun moment durant encore deux heures qui passent à toute vitesse… Avec un talent incroyable pour raconter ses histoires,
le cinéaste nous plonge dans une tragédie familiale lyrique et foisonnante, qui questionne les mythes antiques et modernes, s’imprégnant alors d’un universalisme époustouflant, mais qui sonde
également la profondeur des rapports humains, en particulier les rapports fraternels ou les rapports filiaux entre un fils et son père…

Les rivalités et les règlements de compte en famille sont d’ailleurs bien souvent sublimés dans « Tetro », à travers les multiples représentations qu’y glisse Coppola. La réalité laisse souvent la
place au mythe et à l’art, bien plus enclins à révéler la vérité, semble nous dire en sous-texte le film. Angelo est un écrivain sans œuvre, qui se fait appeler Tetro, pseudonyme diminué de son nom
et de celui de son père Tetrocini, compositeur virtuose et seul génie de la famille, comme il l’assène violemment à son fils. Superbement interprété par Vincent Gallo, Tetro dit à son petit frère «
Ne regarde pas les lumières ». Quand il lui dit cela, Bennie (irradiant Alden Ehrenreich, véritable révélation du film !) est hypnotisé par les phares des voitures meurtrières qui fondent sur lui,
mais on ne peut s’empêcher d’y entendre une allusion aux « feux de la rampe », le jeune homme venant d’être révélé dramaturge en réécrivant l’œuvre inachevée de son frère. Ces lumières du théâtre
sont d’ailleurs tout aussi monstrueuses, à l’origine de rivalités familiales atroces. C’est pourtant bien l’art de la représentation sur scène qui aura le dernier mot, offrant alors toute la
violence et la virtuosité de son absolu pouvoir cathartique. C’est en jouant enfin la pièce que l’aîné avait délaissée dans une malle abandonnée que le grand patriarche, père trop puissant qui
éclipsait tous les autres artistes de la famille, meurt et qu’un autre père, plus surprenant, peut enfin (re)naître… La figure du parricide se joue sur scène pour pouvoir enfin se révéler dans la
réalité !

Tout le film semble ainsi construit sur des jeux de correspondances entres les différents personnages et les récits qui courent, à l’œuvre… Les deux frères semblent chacun le reflet inversé de
l’autre, de part et d’autre d’un miroir (ou d’une psyché ?). Si le jeune Bennie a d’ailleurs besoin d’un miroir pour déchiffrer les fragments manuscrits écrits par son frère, il est également
amusant de constater que le plâtre porté au début du film par Tetro à sa jambe gauche se déplacera ensuite sur la jambe droite de Bennie, suite à un nouvel incident automobile. L’accident évoque en
flash-back la mort de sa mère à Tetro/Angelo, morte dans un accident de la route alors que lui-même la conduisait. Alors que Tetro a ainsi « pris » sa femme à son père, on verra ensuite que le père
s’est vengé en lui prenant à son tour sa petite amie pour en faire sa femme, future mère de Bennie… La tragédie prend alors des accents de fable psychanalytique d’où les pulsions refoulées seront
expulsées par l’art. L’épilogue amène enfin un aveu de tendresse dans tout cet océan de glaciation affective : « On est une famille » dira Angelo pour clore le film, quittant enfin son rôle de
frère qu’il n’a jamais accepté pour endosser celui d’un nouveau père pour Bennie… Magistral !






























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mercredi 28 janvier 2009

Erik Nietzsche, mes années de jeunesse, de Jacob Thuesen (Danemark, 2009)

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Note :
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Voici une nouvelle petite merveille danoise, réalisée par Jacob Thuesen, d'après le scénario d'un certain Erik Nietzsche, pseudo un rien mégalo derrière lequel se cache le non moins égotiste génie
Lars Von Trier ! Ce dernier, apparemment remis de sa récente dépression, campe la voix du narrateur de cette histoire, qui relate les années d'apprentissage d'un jeune homme innocent à l'école de
cinéma du Danemark, évocation vraisemblable des jeunes années de Lars en personne ! Le titre original du film contient le chiffre "1" : je ne connais pas suffisamment la langue danoise pour en être
certain, mais ne devons-nous pas nous attendre à une nouvelle trilogie à la Von Trier (après son évocation de l'Europe, son triptyque "coeurs d'or" et sa série (hélas inachevée !) de deux volets
sur les Etats-Unis), en forme de récit autobiographique de la vie d'un génie autodidacte ? Si cela est, il convient alors de vivement s'en réjouir à la vue d'Erik Nietzsche, mes années de
jeunesse
, petit joyau drôle et cynique... Le juvénile et timide Erik / Lars ne restera ni puceau, ni innocent très longtemps, confronté à la faune sinistre et pathétique du milieu du septième
art. Mais si son originalité et sa créativité débordante demeurent incomprises et souvent rejetées lorsqu'elles sont confrontées aux cadres rétrogrades et aux normes fumeuses de "l'apprentissage"
scolaire, le jeune homme finira par intégrer le cynisme ambiant pour mieux le transgresser et l'adapter à sa propre vision des choses... Plutôt que d'abandonner ses illusions, il les maquillera un
court moment et les préservera au plus profond de lui pour mieux les faire exploser à leur véritable place, soit bien haut tout au-dessus des autres ! De manipulé, il deviendra manipulateur, mais
jamais gratuitement et toujours pour l'amour de l'Art absolu ! Erik Nietzsche est en fin de compte un superbe récit d'apprentissage, non seulement du monde du cinéma mais aussi de la vie
même... Sans compter que le film contient un humour caustique et percutant, qui fait mouche de bout en bout !






























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mardi 27 janvier 2009

On s’fait la valise, docteur ? de Peter Bogdanovich (Etats-Unis, 1972)

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« What’s up, doc ? » (c’est le titre original du film, nettement plus onomatopéique que son homologue français) est une comédie burlesque et alerte, à déguster sans modération, le sourire aux
lèvres constamment dessiné et la gorge déployée à de nombreuses reprises… Défilant à un rythme d’enfer et très soutenu, merveilleusement équilibré, ce petit chef-d’œuvre de Peter Bogdanovich est
proprement irrésistible ! Concourant pour une bourse en musicologie et sur le point d’épouser une mégère toute fripée, le timide et maladroit Howard Bannister ne sait pas encore ce qui l’attend
lorsqu’il croise le chemin de Judy Maxwell, une jeune femme mythomane et audacieuse, pleine de fantaisie et s’entichant du bel Howard sans lui laisser le choix. Ajoutez à cela une histoire de
bijoux volés et de gangsters, ainsi que de quatre valises identiques qui n’en finissent pas d’être interverties malencontreusement, et vous aurez une idée plus précise de l’atmosphère absurde et
pleine de quiproquos qui irradie le film…

Entre une course poursuite débridée et des passages de chambres en chambres dignes des meilleurs cartoons, ce film vraiment charmant utilise tous les types d’humour possibles, ce qui ne le rend que
plus délirant encore : laissant dominer les gros gags visuels et rocambolesques hérités du cinéma burlesque, il se permet aussi des incursions dans le comique de situations ou de répétitions, ou
dans un humour plus fin et verbal, rendu pétillant par la qualité de l’interprétation… On commence avec la délicieuse et sémillante Barbra Streisand dans le rôle de la vamp aguicheuse et culottée,
qui porte le film comme jamais ! Dans le rôle d’Howard, le jeune premier Ryan O’Neal est dans un registre qui lui correspond tout à fait. Sa présence sera d’ailleurs l’occasion de tourner en
dérision une réplique culte du film « Love story », dans lequel il interprétait le
jeune amoureux, de façon fine et hilarante, avec un clignement de cils jubilatoire de Barbra Streisand… Quand le générique de fin apparaît, on est déçu que ça ne puisse pas durer plus longtemps !






























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lundi 26 janvier 2009

Amityville 3-D, de Richard Fleischer (Etats-Unis, 1983)

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Le principal intérêt de revoir un film en 3D des années 80, c’est de pouvoir ensuite le comparer aux films en relief d’aujourd’hui. Et de pouvoir ainsi confirmer que la technique, si elle a depuis
été grandement améliorée, demeure exactement la même que celle utilisée de nos jours : le procédé est le même, les effets sont ressentis de la même façon par le spectateur, comme j’essayais de l’expliquer dans un précédent article. Bien sûr, force
est de constater que la mise en scène en 3D d’ « Amityville » demeure très approximative, avec pas mal de ratés et des images floues, voire carrément dédoublées… Bref ! La technique était encore
instable et pas encore prête à envahir les écrans de cinéma…

Côté artistique, « Amityville 3 », sous-titré « le démon » (excusez du peu…), appartient à cette (trop) longue tradition des sagas de films d’horreur qui se sont poursuivies plus qu’il n’aurait
fallu et qui donnent l’impression de films en série, réalisés à la chaîne et peut-être même avec les pieds ! Au programme, nous avons droit à un couple de journalistes plutôt sceptiques qui vient
étudier la terrible maison du diable des deux précédents films, construite sur un cimetière indien et où des tas de choses terribles sont survenues… ce que l’on nomme plus communément une maison «
hantée ». On a droit entre mille merveilles à un radiateur qui explose, à des bourdonnements d’insectes tueurs, à un freesbee rouge qui vole (!), à un espadon mort qui vole aussi et qui fait super
peur avec son gros nez pointu… On est sidéré par un scénario désespérément absent, par des acteurs mauvais comme des manches à balai, pas vraiment aidés par leurs personnages par ailleurs, ceux-ci
ayant une épaisseur psychologique proche de celle d’une paramécie décédée… La mise en scène grand-guignolesque est surtout l’occasion de filmer en gros plan tout et n’importe quoi, pourvu que ça
ait son petit effet sur les spectateurs qui auraient la (mal)chance de voir le film en 3D ! (dont votre serviteur, qui est sorti de la salle les yeux exorbités et un début de conjonctivite…)

Mais quoi qu’on en dise, tout cela est tellement énorme et insensé, un film pareil aurait tellement dû ne jamais exister, qu’on se marre à s’exploser le regard tellement on atteint des sommets dans
le ridicule et l’énAUrmissime ! Si la maison explose à la fin (étrangement de son propre chef, soit dit en passant…), une mouche maléfique s’en réchappant est là pour nous signifier que le « Mal »
existe encore… et surtout pour assurer les épisodes 4, 5, 6, etc. à venir !






























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Country teacher, de Bohdan Slama (France-République tchèque, 2009)

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Réalisé par Bohdan Slama, dont c'est le deuxième long métrage, Country teacher raconte l'exil mystérieux d'un jeune professeur de biologie de la ville à la campagne. Sans trop déflorer le
récit, on dira que le "secret" de ce jeune homme humble et "sensible" consiste à fuir ses désirs et finalement à se fuir lui-même... Autour de lui va se construire progressivement le schéma d'une
tragédie classique : il va s'installer chez une agricultrice délaissée par son mari, qui va tomber amoureuse de lui, qui se montrera en fin de compte plus intéressé par le fils adolescent de cette
dernière, qui lui-même aime une jeune fille qui le quittera pour un autre... Chaque personnage s'avère au bout du compte frustré de ses désirs insatisfaits, qui l'enferment dans une profonde
solitude. Le film parle d'incommunication et de désespoir, des malheurs qui naissent des amours non partagées, voire pire : de l'accomplissement d'un désir à sens unique... Refoulant constamment
ses propres sentiments, demeurant en retrait du monde et des autres, Petr (le professeur) finira par succomber à une pulsion qui le dépasse, et, après un fugace moment de plaisir né de
l'accomplissement du désir, suivra un grand malheur... Rongé par la culpabilité, le personnage tentera même le pire ! Tout au long du film, il se montre constamment désolé pour tout, "s'offrant"
fondamentalement aux autres, se mettant du mieux qu'il peut à leur service et s'oubliant ainsi lui-même... jusqu'au drame. Pavel Liska interprète magnifiquement cet être faible et sensible, seul
face à un monde hostile... Mais le film, porté par une mise en scène vibrante et sublimée, s'offre aussi de nombreuses bouffées d'optimisme parmi tout ce noir désespoir, sous la forme d'un
véritable hymne à la richesse du monde et à la différence. Par la durée de certains plans, il parvient même à capter magnifiquement l'invisible de l'âme humaine, toute la beauté de l'homme et de la
nature qui le porte et le transcende... Et si Slama parle autant de solitude, c'est aussi pour montrer comment, parfois, plusieurs solitudes parviennent à se rencontrer et à s'apprivoiser : en
témoigne le dernier plan du film, sublime et plein d'espoir, réunissant pour un court instant ces trois solitudes autour d'un jeune veau tout juste né... Un chef d'oeuvre absolu et immanquable
!






























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dimanche 25 janvier 2009

Treevenge, de Jason Eisener



 









Joyeux Noël à tous ! Et surtout n'oubliez pas : avant de faire un sapin de Noël à la maison, réfléchissez-y à deux fois...
































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samedi 24 janvier 2009

Spider-Man, de Sam Raimi (Etats-Unis, 2002)

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Voici une adaptation fidèle à l’esprit du comic-book d’origine et en même temps furieusement cinématographique ! « Spider-Man » est une brillante réussite dans le genre du film de divertissement
hollywoodien, tout en se la jouant constamment décalé… Le plus étonnant, c’est que ça fonctionne à la perfection ! La mise en scène est brillante, les effets spéciaux spectaculaires, l’histoire
cohérente et efficace, et Sam Raimi sait insuffler au tout une certaine forme d’ironie jubilatoire et une profondeur psychologique souvent inattendue…

Dans « Spider-Man », on assiste notamment à un très beau portrait de l’adolescence, sous les traits du charmant et parfaitement anti-star Tobey Maguire. D’abord adolescent mal dans sa peau et
ridiculisé par tous, il deviendra un beau jeune homme qui voit son corps changer et se développer merveilleusement… Il ne sera jamais populaire, mais il apprendra à se défendre et à se moquer du
regard des autres pour continuer la route que le destin trace devant lui. Tant dans le corps que dans l’esprit, l’acteur illustre les changements propres à cette période très perturbante entre
l’enfance et l’âge adulte. Après avoir été piqué par une araignée génétiquement modifiée, son corps et ses capacités se transforment, et ces changements masquent en réalité une métaphore des
mutations adolescentes. Le jeune Peter Parker apprend à redresser son corps, à le bouger et le contorsionner dans tous les sens afin d’arriver à une parfaite maîtrise de celui-ci. La scène où il
cherche à contrôler les jets de toile d’araignée de ses poignets n’est pas seulement hilarante, elle sous-entend que ce jeune homme découvre le bonheur d’une éjaculation contrôlée ! Au cours du
film, on le verra même dessiner lui-même son costume de « l’homme araignée » et l’on sait justement combien il est important pour un ado de soigner son look, comme représentation extérieur de la
personnalité…

Mais d’un bout à l’autre du film, on ressent aussi des forces obscures en marche et un semblant de tragédie shakespearienne plane en permanence sur la tête de notre (anti-)héros… Tout commence à
vrai dire par une expérience fondatrice, une fois que Peter Parker est devenu Spider-Man. S’étant fait arnaquer par un organisateur de combats de catch, il laisse s’enfuir le malfrat ayant volé
l’argent de l’arnaqueur. Sauf qu’en n’intervenant pas, il se rendra compte qu’il a laissé filer celui qui tuera son oncle, véritable père de substitution pour lui. Sa vengeance, induite par une
culpabilité dévorante, sera terrible et c’est ce qui rend Spider-Man comme un personnage rempli d’ambiguïté. Un drame insoluble se noue d’ailleurs entre les différents personnages, qui conduira le
héros à tuer le père de son meilleur ami, mais à ne rien lui en dire… Le mensonge et la trahison, mais surtout le sens du bien et du devoir (qui seront d’ailleurs filés dans les épisodes qui
suivront), explosent à l’écran dans une sublimation extraordinaire. La scène finale dans le cimetière est de ce point de vue exemplaire : on se croirait tout à coup dans un épisode du « Parrain » !
Une véritable obsession à faire le bien va naître en notre héros juvénile, spécialement avec la phrase de son oncle, qui revient constamment en réminiscence : « un grand pouvoir implique de grandes
responsabilités ». Comme par exemple renoncer à l’amour dans un déchirement du cœur, afin d’accomplir sa mission de héros comme une fatalité. Spider-Man nous le confie lui-même en voix off à la fin
du film : le don qu’il a reçu là n’est rien d’autre en réalité qu’une malédiction !






























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vendredi 23 janvier 2009

Le père de mes enfants, de Mia Hansen-Love (France, 2009)

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Le film s’ouvre et se ferme sur des plans de circulation dans la ville de Paris. Quand les premiers sont sursaturés de signes, d’enseignes et de couleurs, au point que l’on ne distingue finalement
plus rien dans un univers oppressant, les derniers semblent plus ouverts, plus libres et moins anxiogènes, au moment justement où les personnages quittent la capitale… « Le père de mes enfants »
est un film prenant d’un bout à l’autre, grâce à la mise en scène précise et intelligente de Mia Hansen-Love, qui nous immerge parfaitement dans cette intrigue circulaire, construite sur les
nombreux aller-retour entre Paris, la province et même l’étranger… Un long métrage qui joue en somme sur la géographie et qui parvient à en tirer un sens pertinent et percutant.

L’exploitation spatiale parcourt d’ailleurs tout le film, à commencer par les aléas incessants de ce très beau personnage de Grégoire Canvel, incarné par le charismatique Louis-Do de Lencquesaing,
en mouvement perpétuel, se débattant constamment avec la vie… C’est bien simple d’ailleurs : à partir du moment où il s’arrête, où il se permet une sieste dans son bureau, où il se retrouve face à
son propre reflet dans l’écran éteint de son ordinateur, c’est là que rien ne va plus et qu’il décidera très soudainement d’en finir avec la vie. La scène du suicide est filmée très brutalement et
en même temps furtivement, ce qui ne la rend que plus inattendue encore… Durant toute la première partie du film, on découvre pourtant sous ses traits un personnage alerte et bon vivant, heureux en
ménage et exerçant un métier qui lui plait. Il est producteur indépendant de films et l’on découvre à travers lui un métier passionnant et surtout très prenant. L’homme est attentif à tout et à
tous, ce qui le rend bien sûr un peu moins disponible pour sa petite famille, mais il est pourtant loin d’être un père ou un mari absent… Ce personnage remarquablement écrit et interprété s’inspire
en outre d’un producteur ayant réellement existé et que la réalisatrice a côtoyé juste avant sa disparition brutale en 2005 : Humbert Balsan.

Dès le début du film, on découvre donc un homme qui respire la joie de vivre et tâche du mieux qu’il peut de la communiquer aux autres. Il va même jusqu’à dire à sa fille adolescente : « J’aimerais
beaucoup que tu te décides à être heureuse ». Comme si le bonheur, au fond, n’était qu’une question de volonté. Pourtant, on sent que l’étau, surtout financier (sa maison de production est au bord
de la liquidation), se resserre sur cet homme qui s’est peut-être épuisé à tout donner aux autres… La grande subtilité de la réalisatrice est de ne pas nous donner d’explication très nette sur la
mort soudaine et désespérée du personnage. Dans la seconde partie du film, on sent bien que chaque personne de son entourage cherche à savoir pourquoi il a fait ça : est-ce la ruine qui le guettait
? ce tournage d’un film suédois qui n’en finissait pas et auquel il tenait si fort ? un sentiment d’échec ? un passé plus trouble qu’on ne le pensait ? un geste inconsidéré ? Si l’une de ses filles
se sent abandonnée et trahi par son père, une autre va se retrouver à enquêter sur un secret familial ressurgi… La mère, de son côté, va chercher à conclure en beauté le travail inachevé de son
mari. Chacun, au fond, va chercher à se reconstruire et à aller de l’avant à travers sa quête de sens… C’est beau et subtil, jamais appuyé, et l’on sort de ce « film double » ému ou bouleversé…






























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jeudi 22 janvier 2009

Gamines, d’Eléonore Faucher (France, 2009)

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Même si Eléonore Faucher enfonce un bon nombre de portes grandes ouvertes dans « Gamines », elle signe néanmoins une très jolie chronique de l’enfance de trois sœurs, élevées par une mère
célibataire qui fait du mieux qu’elle peut… Dans cette énième histoire sur la question du père absent et pourtant tellement désiré, il faut bien avouer que l’on n’est pas à l’abri des clichés et la
réalisatrice s’y vautre parfois plus qu’il n’y faudrait. L’image du père, pour ces petites filles qui ne l’ont jamais connu, se réduit d’abord à un « lui » dont il faut se méfier, spécialement s’il
vient frapper à la porte de l’appartement. Il devient ensuite une photo volée dans le placard de la mère, qu’il faut cacher et toujours garder précieusement contre soi. Il est enfin ce père que
l’on rencontre beaucoup trop tard et avec qui on se rend alors compte que l’on n’a plus rien à dire… Si le film débute dans une sorte de tristesse alerte et joyeuse, il se termine avec des moments
vraiment poignants et sensibles.

Les scènes de l’enfance sont filmées dans des couleurs un peu passées et fleurent bon la nostalgie dans laquelle chacun pourra piocher des souvenirs qui évoqueront très certainement des choses
toutes personnelles… L’utilisation des voix-off et des anecdotes familiales apportent une légèreté et une fraîcheur plutôt bienvenues, tout comme la bande son composée de musique populaire et de
variétoche universelle. Les trois jeunes actrices font mouche et sont très bien dirigées. Les nombreux aller-retour entre le passé auquel on pense avec mélancolie et le présent pas toujours très
épanouissant permettent à Sylvie Testud de montrer son petit minois aussi étrange que fascinant. Elle est comme toujours excellente dans un jeu d’une discrétion tout en intériorité, en constant
décalage, et qui réserve quelques sursauts étonnants. On observe d’ailleurs au cours du film comme un subtil processus de mise en abyme, le personnage de Sylvie Testud devenant une actrice de
cinéma qui assure la promotion pour son rôle dans un film de… Eléonore Faucher ! Sachant que le roman duquel est tiré « Gamines » a été écrit par l’actrice elle-même, on se dit que la touche
personnelle ne doit pas être très loin… Tout cela n’est pas transcendant, mais plutôt agréable.






























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mercredi 21 janvier 2009

Gens de Dublin, de John Huston (Etats-Unis-Grande-Bretagne-Irlande, 1987)

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Contrairement à ce que laisse entendre le titre français, ce film de John Huston, qui est également son dernier, n’est pas une adaptation du recueil de nouvelles « Dubliners » de James Joyce, mais
l’utilisation d’une seule, celle qui clôt l’ouvrage et qui donne également son titre original au film : « The dead ». Un titre d’ailleurs bien plus parlant et bien plus évocateur à la vision de ce
long métrage à l’ambiance funèbre… Au cours d’une réception pour célébrer l’épiphanie chez les sœurs Morkan, à Dublin en 1904, on assiste à un ballet tantôt gai tantôt mélancolique de discours et
de conversations, de chants et de danses… On est happé par l’enchaînement de ces diverses saynètes, filmées quasiment en temps réel, comme pour mieux signifier l’écoulement du temps qui passe,
lentement mais fatalement… Et peu à peu, au gré aussi de la neige qui tombe au dehors comme au dedans des êtres, c’est la mort, qui guette chaque personnage, qui apparaît en toile de fond à ce film
très beau et très poétique, duquel on ressort tristes, mais paisibles…






























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The proposition, de John Hillcoat (Grande-Bretagne-Australie, 2005)

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Quatre ans avant « La route », John Hillcoat avait réalisé « The proposition »,
jusque-là inédit en France, et qui a la bonne idée de sortir sur les écrans aujourd’hui… Dans ce western étonnant, entre un classicisme exemplaire et une modernité contemplative, un véritable drame
existentiel se noue sous nos yeux, à partir de la fameuse « proposition » faite par un homme de loi à un criminel captif : gracier son jeune frère s’il parvient à lui ramener son autre frère encore
libre mort… L’évocation du fratricide, la foi presque candide en l’homme du capitaine (qui devra d’ailleurs en payer le prix !) : tout est agencé pour nous emporter dans les affres sombres et
métaphysiques de la tragédie ! John Hillcoat filme à merveille cette histoire prenante et violente, aidé par une lumière magnifique et irradiante, ainsi que par Nick Cave, qui signe la musique mais
surtout le scénario… On sort de là éreinté, tant le souffle de cette évocation brillante et sèche nous aura secoué ! On y retrouve aussi avec beaucoup de plaisir la superbe Emily Watson…






























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lundi 19 janvier 2009

Max et les maximonstres, de Spike Jonze (Etats-Unis, 2009)

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En adaptant le bouquin culte de son enfance, Spike Jonze détourne complètement l'album jeunesse essentiellement imagé de Maurice Sendak. Il le dilate, il le transforme, il l'approfondit et il en
fait surtout un spectacle non plus pour les tout petits, mais pour les grands (voire très grands) enfants ! Contrairement au livre qui parlait ‘A’ l'enfance, le film de Jonze parle avant tout ‘DE’
l'enfance... Et il en parle d'ailleurs très bien, avec une poésie et une subtilité qui devraient faire fondre même les plus adultes des grandes personnes qui verront ce long métrage ! A travers le
personnage du jeune Max (fougueusement interprété par Max Records, brillamment dirigé), le cinéaste nous montre avec conviction toute la palette d'émotions propre au monde de l'enfance, avec sa
folie, son insouciance, ses batailles de boules de neige, mais aussi ses peurs, ses pleurs, sa solitude et sa sombre mélancolie... A l'image de Sendak ou de Jonze, Max est d'ailleurs lui aussi un
conteur, à travers toutes les histoires qu'il raconte à sa maman, le soir, pour l'endormir. L'une d'elle évoque particulièrement bien les douleurs de l'enfance, en images simples et en peu de mots
: un jeune vampire mordait des immeubles jusqu'au jour où il s’y cassa les dents. Les siens lui demandant s'il s'agissait de ses dents de lait, il leur répondit que non, que c’étaient les dents
définitives et qu'elles ne repousseraient plus. Ainsi devenu incapable de mordre, le petit vampire en perdit son statut de vampire et fût rejeté par les siens. Il se retrouva tout seul et "The
end"...

Du conte de Sendak ne reste finalement que les Maximonstres, ces créatures oniriques et effrayantes, aux faux airs de grosses peluches animées... Avec la ferme volonté de ne pas recourir au
numérique ou à des effets spéciaux dernier cri, Jonze a su créer des "monstres" à l'ancienne, parfaitement réussis formellement et aux visages hyper-expressifs. Toute la partie sur l'île des
maximonstres est d'ailleurs visuellement très belle et d'une originalité bienvennue. Esthétiquement plutôt riche et futé, Jonze constitue un univers coloré et dynamique, à la fois poétique et
inquiétant, doux ou complètement bourrin selon les moments... Un univers à l'image de la conscience du héros également, impliquant notamment des changements de décors pour le moins déconcertant
(l'île possède une forêt dense, un désert à perte de vue et bien sûr un immense océan tout autour), ainsi que des espaces apparemment infini dans lesquels courir jusqu’à épuisement, du corps ou de
l’imagination.

Dans ce monde imaginaire où pénètre Max, c’est à un véritable voyage initiatique auquel on assiste. Fuyant sa maison, sa mère et par là même sa réalité de petit garçon à la famille décomposée,
notre jeune héros s'échappe vers de nouveaux horizons, sur une mer déchaînée, sur un bateau de fortune qu’il conduit en capitaine brave, solitaire et aventurier… Quand il arrive sur l’île et qu’il
fait la connaissance des maximonstres, dont il sera bien vite le roi, d’abord célébré puis déchu, nous sommes bien sûr dans la tête de Max, qui rêve et fantasme. Mais ce voyage intérieur sera une
expérience exemplaire pour lui, qui en sortira grandit, plus riche et plus adulte. Il y apprendra l’inconstance du monde, l’infime durée du bonheur et sa fragilité, et la fatale solitude infinie de
l’âme humaine… D’abord roi aimé et fou de joie, assimilé au groupe avec les maximonstres, qui dorment tous les uns sur les autres pour se tenir chaud, les tensions et les jalousies auront ensuite
raison de toute cette belle harmonie et chacun se retrouvera seul et triste dans son coin.

En s’aventurant même un peu plus loin dans l’analyse, on pourrait proposer une étude psychanalytique du film, dans laquelle chaque maximonstre incarne les fantasmes réifiés et les désirs refoulés
du petit garçon, en mal d’affection et en besoin constant de nouveaux imaginaires à explorer. Dans sa famille, le père est absent et la mère – bien qu’aimante – est surtout démissionnaire. C’est à
l’enfant de bercer sa mère avec ses histoires, c’est à lui aussi de lui proposer le vaisseau spatial qui la protégera de la lave qui envahit la maison, c’est devant lui, enfin, qu’elle s’endormira
et s’abandonnera à la fin du film, le laissant seul gardien de la forteresse familiale… En quittant l’île des maximonstres, sur laquelle il aura du passer mille épreuves, Max tourne le dos à ses
peurs (les maximonstres) et va même jusqu’à leur esquisser un mystérieux sourire depuis son bateau, un sourire vainqueur, avant de les oublier définitivement et de continuer droit devant, car c’est
en traversant cette mer désormais claire et calme, apaisée (contrairement à l’allée), qu’il sortira du monde de l’enfance et deviendra un « grand petit garçon »… Le mythe de la dévoration est
également très présent dans « Max et les maximonstres ». Dès le début, Max se déguise en loup et va même jusqu’à menacer sa mère de la manger si elle ne le nourrit pas tout de suite ! Il finira
d’ailleurs par la mordre avant de quitter la maison. Sur l’île, si le maximonstre Carol (fantasme du père ?) finit par vouloir dévorer Max, roi de pacotille, c’est KW, le double monstrueux de la
mère de Max, qui le fera passer par sa bouche pour le protéger dans son ventre. Max en ressortira gluant (de liquide amniotique ?), renaissant enfin au monde, prêt à devenir l’homme de la maison,
qui en manquait cruellement dans le monde réel…






























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dimanche 18 janvier 2009

Avatar 2D, de James Cameron (Etats-Unis, 2009)

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Si le nouveau film de James Cameron est formellement très réussi, on hésite bien vite à en dire autant de son contenu. Probablement en rupture d’inspiration narrative, son « Avatar » ressemble
effectivement à une resucée de toutes les superproductions hollywoodiennes que l’on ne connaît déjà que trop bien… Une nouvelle saga dans l’espace, avec des gentils et des méchants : au fond,
qu’est-ce que ce film nous raconte de plus ? Et c’est peut-être en cela que l’on peut dire que cette « production » (j’insisterai sur ce mot…) agace : vendue comme un film révolutionnaire, on nous
rabattait les oreilles depuis des mois (sinon des années !) pour nous expliquer qu’il y aurait un avant et un après « Avatar » dans l’histoire du cinéma… Or, en sortant de la projection qui n’aura
finalement été qu’un mix sans grande originalité de « Star wars », d’ « Alien » et autre « Jurassic park », on se sent quand même un brin floué ! Même esthétiquement, on ne peut pas dire que le
genre soit renouvelé : c’est techniquement très travaillé et très joli, mais c’est surtout un salmigondis d’éléments déjà vu au cinéma durant les trois dernières décennies d’effets spéciaux…

Un autre problème majeur d’ « Avatar », c’est que James Cameron semble à de nombreuses reprises se regarder filmer. Etant donné le coût pharaonique de sa production (et complètement scandaleux,
d’ailleurs, le budget du film se chiffrant en 4 ou 5 centaines de millions de dollars !), il a du se dire qu’il fallait que ça se voit à l’écran et il s’appesantit du coup lourdement et inutilement
sur ses merveilleux décors et sur les jolies bébêtes qu’il a créé numériquement… Le film apparaît alors bien souvent vain et boursouflé et sa durée flirte dangereusement avec les trois heures
quasiment interminables ! D’un point de vue idéologique, ce n’est pas non plus toujours très subtil : on a droit notamment à un discours écolo bien appuyé à travers ce peuple d’indigènes qui vit en
osmose avec sa planète et communique avec les plantes et les animaux… C’est mignon tout plein, c’est sûr, mais c’est bien souvent amené tout en lourdeur éléphantesque ! Politiquement, c’est un peu
mieux, avec un discours anti-militariste intéressant et une vision affreuse et sévère d’une humanité (d’une Amérique ?) toujours impérialiste et colonialiste… A entendre les cris des indigènes, qui
s’inspirent de ceux des Indiens, on se croirait parfois en plein western, sauf qu’ici, à l’ère des « Inglorious basterds » et autres révisionnismes salvateurs de l’Histoire, ce sont les Indiens qui
gagnent à la fin, conservant leur planète et chassant l’occupant !

Malgré un film au déroulé fort prévisible et une fin plutôt attendue, au cours de laquelle l’avatar du héros devient le héros lui-même, un héros de nouveau entier et retrouvant sa pleine intégrité,
celui-ci étant handicapé au début de l’aventure, on ne peut pas dire non plus que le film soit mauvais. Il aurait certes nettement gagné en efficacité s’il avait duré une heure de moins et si
Cameron n’avait pas refait le coup du « Titanic », à vouloir faire souffler un vent d’amour guimauve sur un film épique et grandiose ! Cameron ne sera jamais meilleur réalisateur, en effet, que
lorsqu’il filme comme un bourrin des récits violents et bruts… C’est dommage et l’on regrette que son talent soi ainsi noyé au milieu d’un flot d’images plutôt inégales, ne nous offrant au bout du
compte que des films moyens. A quand un prochain chef-d’œuvre dans la veine d’un « Terminator 2 » ou d’un « Aliens le retour » ? Avec un film tous les dix ans à son actif, ce n’est visiblement pas
pour tout de suite…






























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samedi 17 janvier 2009

Loup, de Nicolas Vanier (France, 2009)

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« Loup » n’est pas vraiment un documentaire. « Loup » n’est pas totalement une fiction non plus. On pourrait dire que « Loup » est un témoignage fictionnalisé de la vie des Evènes, ces éleveurs de
rennes qui vivent depuis des générations dans les étendues glacées de la Sibérie orientale… Pour Sergueï, l’année de ses seize ans est d’une importance déterminante : il est nommé chef de la grande
harde du clan (composé de 3000 rennes) et il va connaître l’amour dans les bras de la belle Nastazia. Mais le jour où il tombe nez à museau avec une louve et ses louveteaux, il n’arrive pas à la
tuer et toutes ses certitudes vacillent… Le loup, traditionnellement l’ennemi juré des éleveurs de caribous, peut-il devenir un ami ? Un dilemme impossible se met à bouleverser Sergueï, qui se met
alors à mentir aux siens… La loi de la nature ancestrale devra-t-elle fatalement avoir le dessus ?

Malgré une interprétation pas toujours très juste et des dialogues parfois assez ridicules, on est littéralement embarqué sur ces grandes étendues froides et dans ces décors grandioses d’une nature
majestueuse… On admire la beauté du monde à travers le regard pur de Sergueï, qui devra apprendre la loi naturelle de la survie. Une discours écolo nous rappelle aussi que le véritable loup pour
l’homme, ce n’est pas le loup avec qui il cohabite à merveille depuis des siècles, mais bel et bien les autres hommes, qui viennent envahir les territoires tranquilles des Evènes… Un brin naïf
certes, mais un film somptueux qui fait souvent mouche ! On se perd bien volontiers dans les grandes étendues d’une nature sauvage et infinie, et l’on se prend même à se rêver éleveur de rennes,
loin de nos civilisations suffocantes et aliénantes… « Loup » est définitivement le film à voir en famille pendant les fêtes, à n’en pas douter !






























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vendredi 16 janvier 2009

Spermula, de Charles Matton (France, 1976)

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Si l’on en croit le synopsis du film, voici en gros ce qu’il raconte : « Les Spermulites de la planète Spermula veulent conquérir la Terre. Pour cela, ils doivent se débarrasser des Terriens et ont
trouvé un plan : aspirer le sperme de tous les hommes, afin de les épuiser et de les empêcher de procréer. Ils débarquent donc sur Terre sous forme de femmes remarquablement belles ». Oui, oui,
vous avez bien lu ! Ce qui surprend pourtant à la vision du film, c’est qu’on ne comprend absolument rien à ce qu’on nous montre… Et cela malgré une voix off parfaitement ridicule qui essaie
vainement de nous présenter les différents protagonistes. On assiste à un salmigondis d’images étranges, de scènes érotico-comiques et de décorums d’un kitsch absolu ! Tout le côté «
science-fiction », on ne le voit quasiment pas, si ce n’est dans une mise en scène qui joue vaguement sur des flous fantasmagoriques… Mais là encore, c’est plutôt la dimension « porno-kitsch » qui
domine.

Entre une auto-fellation et un nain exhibitionniste, on assiste ainsi à une débauche de scènes érotiques, qui se veulent probablement ironiques et comiques, mais qui ne le sont finalement pas
vraiment... Du coup, on s’ennuie beaucoup devant « Spermula », qui n’est visiblement rien d’autre qu’un bon gros nanar soporifique, tourné dans la vague porno décadente des années 70. Si au moins
le film avait été un peu plus écrit ou si les gags avaient été un peu mieux travaillés, il aurait pu devenir une espèce de film cul-culte qu’on se ferait passer sous le manteau. Mais en fait, il
n’y a pas grand chose à sauver dans cette fable perverse et ratée, qui voudrait sans doute montrer une nature humaine dominée par ses pulsions sexuelles et capables de se perdre pour elles… Reste
peut-être l’occasion de revoir Udo Kier dans le rôle étonnant d’un spermulite mâle à micropénis, bien avant qu’il ne devienne l’acteur fétiche de Lars Von Trier.






























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