samedi 31 mars 2012

[Critique] Obscénité et vertu, de Madonna



obscenite_et_vertu.jpg
(Grande-Bretagne,
2008)




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A l'occasion de la sortie de son nouvel album "MDNA", passez une semaine complètement MADonna sur le blog de Phil Siné ! Pour son premier film comme
réalisatrice, "Obscénité et Vertu" marque une étape importante dans le rapport de Madonna au cinéma : un essai derrière la caméra vraiment réussi, dont le talent sera peut-être bientôt confirmé
par un second long-métrage, "W.E.", en salles le 9 mai prochain...


Pour son premier film comme réalisatrice, Madonna surprend à plus d’un titre, tant son film respire la simplicité et se situe à mille lieues de ce que l’on pouvait attendre de la mégalomanie
galopante de la reine de la pop ! Au contraire, « Obscénité et Vertu » tient plus du petit film indépendant et vraiment personnel, dans lequel l’aura de la chanteuse s’efface complètement au
profit d’une forme de sincérité plutôt sympa et touchante…

Il faut dire que les personnages qu’elle met en scène, tous un peu largués par la vie, sont très attachants. Leur interprétation par des comédiens au charme et au naturel incroyable, dénote en
outre un vrai talent de direction d’acteurs de la part de Madonna… Eugene Hutz incarne notamment AK, le personnage le plus charismatique du film, celui d’un rockeur ukrainien qui rêve de percer
dans la musique et qui en attendant gagne sa vie comme « gigolo sado-maso », humiliant à la demande ici un vieil homosexuel bedonnant et là un jeune homme aimant se faire fouetter comme un petit
écolier devant deux autres écolières coquines… qui ne sont d’ailleurs autre que les deux autres personnages principaux du film, colocataires de AK dans un appartement londonien… Il y a Holly, qui
rêve d’être danseuse de ballet mais se retrouve contrainte par le besoin d’argent de faire strip-teaseuse dans un club pour hommes, et puis il y a Juliette, qui voudrait partir en mission
humanitaire en Afrique mais se contente pour l’instant de récolter des pièces jaunes pour les orphelins africains à la pharmacie où elle bosse…

Tous ces personnages sont ainsi aux prises avec une réalité nécessaire très éloignée de leurs véritables désirs… Et pourtant ils n’abandonnent jamais leurs rêves, ce qui finalement les pousse à
embrasser pleinement la vie ! C’est bien là le message principal du film, évoquant avec pertinence la dualité de la vie et des gens et la nécessité de passer parfois par le mal pour savourer le
bien qui peut en advenir… Le vice et la vertu du titre (« Filth and Wisdom » en VO) est bien à comprendre comme allant de pair, l’un n’allant pas sans l’autre, tel « les deux faces d’une même
pièce » ! « Obscénité et vertu » semble alors insinuer la notion de paradoxe comme une nouvelle forme de logique, typiquement humaine : il n’y a pas de bien sans mal, pas de lumière sans
obscurité, pas de vertu sans vice, et ainsi de suite… Si cette logique illogique, certes assez simpliste et naïve (mais parfaitement juste cependant !), pourra en agacer certains, tous les
spectateurs du film devraient cependant prendre plaisir au ton souvent drôle et décalé qui porte le film avec une belle énergie, intensément humaine ! On rit beaucoup malgré des situations
souvent assez crues ou dramatiques, et Madonna pousse même le « vice » jusqu’à se moquer d’elle-même, notamment lors d’une scène dans la boîte de strip-tease, au cours de laquelle une
strip-teaseuse confirmée dansant sur « Erotica » se fait dégager pour le show d’une nouvelle recrue qui se déhanche sur « Baby one more time » de Britney Spears, qui à l’époque était la jeune
concurrente de Madonna en matière de « pop music » ! (D’ailleurs, qui se souvient encore de Britney aujourd’hui ? N’est-elle pas has-been quand Madonna est, elle, restée plus que jamais au goût
du jour ?)

C’est ainsi avec une belle liberté et une énergie débordante que Madonna se plonge dans sa première réalisation, à la fois subtile et pleine de fraîcheur ! Ses personnages qui parviennent à
surmonter les épreuves de la vie et à accéder à leurs rêves « à partir de rien » et à la force de la volonté évoquent bien sûr le parcours intime de la chanteuse, conférant au long métrage une
note profondément personnelle… Usant d’une mise en scène honnête et « arty », portée par une BO sacrément cool (avec entre autres des chansons d’Eugene Hutz lui-même, leader d’un groupe de
musique gipsy punk quand il ne fait pas l’acteur…), Madonna emprunte visiblement une nouvelle route dans sa carrière qui, si elle risque d’être longue pour parvenir à ses fins, débute en tout cas
sous d’excellents auspices : "J'ai toujours été inspirée par les films de Jean-Luc Godard, Luchino Visconti, Pier Paolo Pasolini et Federico Fellini, et j'espère réaliser un jour quelque chose
qui approche leur génie". Si elle n’y parvient pas encore, on peut dire en tout cas qu’elle y tend dès son premier essai !



 



Perspectives :



- Recherche Susan désespérément, de Susan Seidelman



- I'm Going to Tell You a Secret, de Jonas Åkerlund



- Drowned World Tour, de Madonna (vu par E.V.)































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vendredi 30 mars 2012

[Critique] 2 Days in New York, de Julie Delpy



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(France, Allemagne,
Belgique, 2011)



Sortie le 28 mars 2012




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Après « 2 Days in Paris », Julie Delpy reprend la plupart de ses personnages haut en couleurs pour leur faire passer cette fois-ci « 2 Days in New York », suite vraiment réussie de la délirante
comédie précitée… Les choses ont un peu changé depuis quelques années pour Marion : elle a un enfant, un nouveau petit copain prénommé Mingus (Chris Rock), sa mère est morte et son chat Jean-Luc,
qui se sent peut-être délaissé, vomit ses boules de poils, ralentissant par là même la vie sexuelle du couple… A l’occasion du vernissage de sa nouvelle exposition de photos, Marion accueille
chez elle son père, sa sœur et le boulet que cette dernière a ramené avec elle, qui est aussi l’ex de Marion… ce qui provoquera d’ailleurs une réplique des plus couillue du film, du genre : «
c’est vrai que tu as toujours besoin pour ta chatte d’une bite qui a déjà traîné dans celle de ta sœur ! »

Voilà, le ton est donné : on parle très cru dans « 2 Days in New York », mais surtout on parle très « vrai », avec un mode comico-réaliste absolument savoureux, quelque part entre crises
d’hystérie désopilantes et humour beaucoup plus tendre… Partant toujours de situations de la « vraie vie », Julie Delpy parvient à faire vivre un esprit joliment équilibré, tenant tout autant de
l’ironie, de l’absurde ou du burlesque… On rit beaucoup dans ce deuxième volet des aventures sentimentalo-familiales de Marion, probablement presque autant que dans le premier, surtout lors de
moments paroxystiques dans le délire « delpyen » : une scène où les personnages décident de mesurer le zizi de l’enfant de Marion, une autre dans laquelle Vincent Gallo en personne « avale »
l’âme de Marion (celle-ci l’ayant vendu lors de son expo, par pur dessein « conceptuel »…), plusieurs séquences encore où l’anglais et le français s’emmêlent et donnent des dialogues de non-sens
et de quiproquos hilarants !

Au fil de cette nouvelle tranche de vie, on prend plaisir à retrouver ici et là des souvenirs du premier film, à travers le personnage du père aux comportements souvent décalés par exemple (vas-y
que je te raye une limousine l’air de rien, vas-y que j’essaie de passer la douane avec des tonnes de saucissons planqués sur moi…), celui de la sœur complètement nympho ou même la brève
apparition de Daniel Brühl, l’ancien taré du McDo parisien, que l’on retrouve ici au journal télévisé prêt à prendre son envol depuis le sommet d’un arbre… Il faut dire que si ça fonctionne,
c’est que la réalisatrice parvient à appliquer une nouvelle fois une formule gagnante : une mise en scène alerte et rythmée (elle expédie par exemple efficacement et en moins d’une minute la
visite touristique de New York) et des lignes de dialogues qui font toujours mouche, drainant un maximum d’idées malines, issues de la vie quotidienne, de l’actualité, de la politique… en un mot
de la vie elle-même, dont le film tout entier semble une jolie simulation, en forme de réjouissante bouffée d’oxygène !



 



Perspective :



- Le Skylab, de Julie Delpy































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jeudi 29 mars 2012

[Carte blanche] Drowned World Tour, de Madonna (vu par E.V.)


madonna_drowned_world_tour.jpgTournée
mondiale (9 juin - 15 septembre 2001)



A l'occasion de la sortie de son nouvel album "MDNA", passez une semaine complètement MADonna sur le blog de Phil Siné ! Chaque show de la "Queen of the pop"
étant comme un blockbuster cinématographique en live, l'intrépide E.V., sujet de la Reine et fan du prince, se souvient pour vous de son premier concert de Madonna au cours de la tournée du
"Drowned World Tour"...



La tournée du monde englouti

Un immense « M » - celui de Majesté ? - apparaît sur l'écran central tandis que la superstructure d'écrans et de projecteurs monte au ciel au son des premières notes de la chanson éponyme,
laissant apparaître la silhouette évanescente de la chanteuse, d'abord simple ombre née pour contrer le jour des projecteurs et, à mesure que le spectacle avance, leur faire concurrence.
Telle est l'entrée sur scène de Madonna pour son Drowned World Tour : d'une sobriété qui ne lui ressemble pas. La voix est assurée  lorsqu'elle entame ce morceau intimiste, écrit à
la naissance de sa fille Lourdes. Drôle de choix que cette ballade vaporeuse et mélancolique pour commencer ce show incroyablement rôdé. Celui du cœur sans aucun doute, de quoi créer une intimité
incroyable, en ouverture, et laisser penser au collégien (moi) qu'il se trouve en tête à tête avec la chanteuse – tout suffocant qu'il était, noyé dans la fosse d'un Bercy surchauffé en ce jour
de juin 2001.

Première rencontre avec Madonna qui invite son public à célébrer avec elle la musique qui fait se rassembler la bourgeoisie et les rebelles.

Cinq tableaux composent ce spectacle dont le souvenir vivace fait encore éclore des étoiles dans mes yeux. Madonna - caméléon qui se réinvente en empruntant les divers chemins ouverts dans les
albums Ray of light et Music. Le mot « piste » employé pour désigner les morceaux d'un album prend ici tout son sens : je passe en effet (et Madonna avec moi) de la piste de
danse/transe à la piste sableuse d'un Don't tell me. Du rock punk (guitares saturées et crête rose), au manga en passant par  le Grand Ouest et l'Amérique latine de Don't cry
for me Argentina
. La Reine nous fait visiter son royaume. Elle est une blonde en kilt destroy (image et préfiguration de ce qu'est, et sera son mariage avec Guy), une geisha volante et une
cow girl, tour à tour ou tout à la fois. Lors de cette tournée, Madonna franchit le cap des années 2000 en faisant voler son chapeau dans une sublime chorégraphie de western pop.

Le concert s'achève sur une rétrospective imagée et syncopée des mille visages qu'elle a empruntés jusqu'alors. Music résonne comme un hymne avant qu'elle ne quitte la scène lâchant un «
thank you, good night » qui claque comme un ultime coup de fouet à mes oreilles à sa cause acquises et aujourd'hui ravies de découvrir MDNA. Adn addictif de la Reine qui chante encore,
dans les ruines de ce monde englouti.



 



Perspectives :



- Recherche Susan désespérément, de Susan Seidelman



- I'm Going to Tell You a Secret, de Jonas Åkerlund































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mercredi 28 mars 2012

[Sortie] Week-end, de Andrew Haigh



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(Grande-Bretagne,
2012)



Sortie le 28 mars 2012




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"Si la dimension homosexuelle du couple formé par les personnages de « Week-end » n’est en rien effacée et les spécificités d’une relation gay dans une société hétéronormée restent clairement et
honnêtement évoquées, ce second film d’Andrew Haigh, nouvel espoir du cinéma britannique et digne héritier d’un cinéma social et réaliste à la Stephen Frears ou à la Mike Leigh, semble pourtant
vouloir donner à la relation qu’il évoque une portée amplement universelle, qui devrait aisément parler à tout le monde […] C’est avec une délicatesse admirable et infinie que le réalisateur
filme ces deux garçons très finement décrits et joliment saisis par la caméra…"



Cliquez ici pour retrouver la critique complète de "Week-end" par Phil
Siné































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mardi 27 mars 2012

[Critique] I'm Going to Tell You a Secret, de Jonas Åkerlund


i_m_going_to_tell_you_a_secret.jpg(Etats-Unis, 2005)




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A l'occasion de la sortie de son nouvel album "MDNA", passez une semaine complètement MADonna sur le blog de Phil Siné ! Avec "I'm going to tell you a
secret", on apprend finalement qu'on entre en Madonna comme d'autres entrent en religion...


Documentaire sur la tournée mondiale du « Re-invention tour » de la reine de la pop Madonna en 2004, « I’m going to tell you a secret » est une incursion palpitante et passionnante au cœur des
coulisses du spectacle, sur la façon dont est gérée au quotidien une entreprise aussi titanesque et en même temps bien plus que tout cela ! A vrai dire, au-delà des images backstage ou des
captations des concerts (à tomber par terre ! – et seules façon de voir des images du live, à ce jour jamais paru en vidéo dans son intégralité), le film se déroule plus volontiers comme un
carnet de voyage personnel, ponctué au rythme des différentes capitales par où passe la tournée… Une sorte de journal intime, si l’on peut dire, dans lequel Madonna se confie visiblement avec une
belle sincérité et une forme d’honnêteté qui lui est propre…

Si cette période dans la carrière de la star fût l’une des plus décriée, à cause notamment de ses engagements politiques (une Madonna pro-Démocrate et grimée en Che Guevara sur la pochette de son
album « American Life ») et surtout spirituels (son « étude » de la Kabbale), elle fût probablement aussi l’une des plus intéressante et des plus incroyable artistiquement parlant ! Il n’y a qu’à
voir ses prestations pharaoniques sur scène pour s’en rendre compte : ses « re-inventions » musicales et chorégraphiées de « Vogue », de « Music », de « Like a prayer » et son interprétation
musclée d’« American Life » parlent d’elles-mêmes… « La scène devient un animal sauvage qu’il faut dompter », déclare la « Queen of the pop » en personne !

Des déclarations, justement, il y en a beaucoup dans « I’m going to tell you a secret »… Elles peuvent être très drôles, comme lorsque Madonna affirme tranquillement avoir la diarrhée le soir de
la première, ou lorsqu’elle balance des blagues à la con, à mille lieues d’un glamour sophistiqué que l’on attendrait d’une personne comme elle, vouée en idole par le monde entier : « Quelle est
la différence entre une popstar et un terroriste ? On peut négocier avec un terroriste ! » dit-elle pour confirmer l’exigence et le contrôle total de son travail… Mais ses paroles peuvent se
faire beaucoup plus intimes et profondes au fur et à mesure que le film progresse : entre une lecture du Zohar et une visite au péril de sa vie en Israël sur la tombe de Rav Ashlag (kabbaliste
admiré et auteur du livre pré-cité), elle semble obligée de se justifier à l’égard des nouvelles philosophies qu’elle professe… Elle devient alors dans ces moments-là extrêmement touchante et
sensible, et ses mots, que survolent des images d’une beauté empreinte de panthéisme, sont comme un baume apaisant pour les cœurs de ceux qui l’écoutent…

Au fond, Madonna ne prône rien d’autre que l’amour de l’autre, qui passe notamment par une constante réinvention de soi, une nécessité de changer, de se renouveler pour ne pas mourir et sombrer
dans le chaos… Entre des rencontres étonnantes (Michael Moore (dont la glorification de Madonna sur scène fera dire à un fan à la sortie du concert qu’il ne pensait pas venir à une convention
démocrate), Iggy Pop…), des prières délirantes avant chaque concert et cette attention constante à l’autre (la chanteuse s’inquiète sans cesse pour ses danseurs et ses collaborateurs…), on se
rend alors compte que Madonna a véritablement changé et qu’elle s’est parfaitement réinventée par rapport à l’image qu’elle donnait d’elle dans « In Bed with Madonna » en 1991… Elle a désormais
des enfants et pense à l’avenir. Elle fait de grands rêves de paix sans pour autant faire preuve de naïveté : « La seule chose qui va changer le monde est la spiritualité, pas la politique. La
politique va toujours dans le sens du vent. Elle n'offre pas de vraies solutions ». Le film s’achève sur une image de fraternité entre un enfant juif et un enfant palestinien… « I’m going to tell
you a secret » a ceci de merveilleux qu’il semble opérer à un glissement subtil sur la main même de Madonna : après avoir érigé son majeur à la face du monde en philosophie du cul et du « I don't
care », elle change désormais de doigt pour montrer la voie de son index... Elle chante « Imagine » en levant cet index vers le ciel et ce geste la pousse vers des sommets inouïs ! « I've always
thought that my job was to make people up. But it's not enough just to wake people up. You've got to wake people up and give them a direction ». Oh oui, Madonna, c’est ça : montre nous la bonne
direction !



 



Perspective :



- Recherche Susan désespérément, de Susan Seidelman































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lundi 26 mars 2012

[Critique] Recherche Susan désespérément, de Susan Seidelman


recherche_susan_desesperement.jpg(Etats-Unis, 1985)




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A l'occasion de la sortie de son nouvel album "MDNA", passez une semaine complètement MADonna sur le blog de Phil Siné ! Avec "Recherche Susan
désespérément",
on assistait alors aux premiers essais "dramatiques" d'une jeune star débutante...


Mariée à un riche homme d’affaire, Roberta s’ennuie dans sa vie embourgeoisée… Alors elle cherche l’aventure en parcourant les messages personnels dans des petites annonces de journaux : l’une
d’elle l’intrigue plus particulièrement, celle d’un jeune homme qui « recherche Susan désespérément » et lui donne rendez-vous à un endroit précis… Roberta s’y rend alors pour espionner les
retrouvailles du couple et s’ensuit toute une série de quiproquos qui l’emmèneront dans une intrigue rocambolesque de comédie vaguement policière…

Si le scénario de « Recherche Susan désespérément » n’a pas forcément grand chose de glorieux, le milieu urbain qu’il décrit attise déjà plus la curiosité : un environnement presque « underground
» qui était à la mode à l’époque, la vie (édulcorée) des punks en Amérique, le monde de la nuit où l’on danse, notamment sur les tubes du moment comme « Into the Groove »… Là est d’ailleurs tout
l’intérêt du film, celui de révéler au monde les talents dramatiques de l’interprète de cette chanson, une jeune star montante nommée Madonna, qui allait embrasser la carrière à succès que l’on
sait ! Et c’est plutôt drôle de voir la chanteuse errer à la cool dans son look de « punkette » dans un univers urbain qui lui sied comme un gant : tenues légères et attitudes « provoque » sont
un peu les maîtres mots de son jeu de comédienne sympathique et décontracté… Sans être un très grand film, « Recherche Susan désespérément » permet de passer un bon moment, devenu carrément «
vintage » aujourd’hui et permettant de découvrir le talent d’une autre jeune actrice prometteuse sur le point de décoller : Rosanna Arquette, qui ne croise véritablement le personnage de Madonna
qu’à la fin du film…































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[Critique] Eva, de Kike Maillo



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(Espagne, 2011)



Sortie le 21 mars 2012




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Prix du Public au dernier Festival du Film Fantastique de Gérardmer, ce premier long métrage de Kike Maillo se révèle très vite une pure merveille dans le domaine de la science-fiction… D’abord
parce qu’il possède une vraie identité visuelle, à la fois simple et personnelle, qui le rend en soi profondément attirant… Le budget du film, visiblement plutôt modeste, semble avoir été utilisé
judicieusement, offrant un spectacle d’une sobriété bienvenue et à l’esthétique éminemment soignée, celui d’une société futuriste sous la neige, au charme délicieusement rétro, où la technologie
émane par petites touches dans un univers réaliste qui dans le fond ressemble assez au notre…

Le sujet du film est aussi celui d’une des plus grandes avancées de la science : l’intelligence artificielle. Alex, le personnage principal du film, est un scientifique réputé, à qui l’on demande
de poursuivre un travail qu’il a abandonné dix ans plus tôt : la fabrication d’un enfant androïde autonome et doué d’émotion… Seulement en revenant sur les lieux d’un passé à qui il avait tourné
le dos, Alex retrouve son frère, mariée à la femme qu’ils se disputaient alors… C’est ainsi que la science-fiction s’efface progressivement au profit d’un mélodrame passionné et émouvant !

Il y a de l’humour dans « Eva », ce qui le rend probablement plus charmant encore, mais il y a surtout beaucoup de questions posées, aussi bien personnelles qu’existentielles… Au contact de la
petite Eva, la fille de la femme qu’il a aimé, Alex va développer une relation humaine et bien vivante, avant de comprendre tardivement ce qu’elle représente vraiment pour lui et dans sa vie… Le
cinéaste Kike Maillo explique d’ailleurs très bien les questions qu’il voulait évoquer dans son film : "Lorsque j’ai commencé à considérer l’idée de faire un film de science-fiction portant sur
la robotique, j’en suis arrivé à la conclusion que ce qui m'intéressait le plus étaient les relations entre les êtres humains et les robots. Serait-ce possible que nous puissions être attirés par
ces machines, parfaites et très ressemblantes, de nous sentir proches d’elles, et d’établir des liens émotionnels aussi forts que ceux que l’on a avec d’autres êtres humains ? Sera-t-il possible,
dans un avenir plus ou moins proche, de tomber amoureux et d’aimer une machine, même si nous sommes conscients que ce n’est qu’une « simulation » ? Comment ces nouvelles relations vont-elles
affecter les anciennes, entre humains ?"

Si le thème de l’intelligence artificielle n’est pas un sujet vraiment nouveau (le « Blade Runner » de Ridley Scott, dont la fin d’« Eva » rappelle la mélancolie et le désenchantement, ou le «
A.I » de Kubrick et Spielberg, avaient déjà bien déblayé le chemin), on ne peut pas dire que « Eva » le révolutionne véritablement, mais il en propose une jolie version, à la fois poétique et
décalée, d’où émane une vibrante émotion, en partie transmise par des acteurs très justes… La jeune Claudia Vega est notamment parfaitement naturelle dans le rôle titre, Daniel Brühl très intense
dans la peau du scientifique solitaire Alex, ou encore Lluis Homar troublant dans son incarnation d’un androïde « bon à tout faire » au comportement souvent étonnement humain…































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dimanche 25 mars 2012

[Critique] Saw, de James Wan



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(Etats-Unis, 2004)




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La situation de départ de « Saw » ressemble à l’une de ces énigmes absurdes que l’on se raconte parfois comme des blagues de fin de soirée : deux hommes se réveillent dans une pièce aux allures
de salle de bain dont le ménage n’aurait pas été fait depuis un sacré bout de temps ; chacun est attaché à une extrémité de la pièce ; ils ignorent où ils sont et comment ils ont atterri là ; ils
prétendent ne pas se connaître ; et pour finir un cadavre gît dans une mare de sang au centre des lieux… Pourquoi ?

Un scénario machiavélique et fichtrement bien ficelé va justement vous jour du saigneurl’expliquer au fil de quatre-vingt dix minutes de
révélations et de rebondissements, de twists gigognes et de filouteries en tout genre, de flashback et de souvenirs qui rejaillissent au moment opportun… Les pièces se mettent finalement en place
comme les morceaux d’un « puzzle » (ne parle-t-on pas justement dans le film du « tueur au puzzle »), au fur et à mesure que des personnages surgissent et que l’on comprend quel est exactement
leur rôle dans cette sombre histoire, après les avoir soupçonné l’un après l’autre d’être l’instigateur de ce piège gigantesque dont les différents éléments se referment un à un sur chacune de
ses victimes… Bien malin d’ailleurs qui saura deviner avant l’ultime séquence qui est le véritable cerveau de l’opération ! La surprise est de taille…

L’intrigue retorse – et les excès délicieusement grand-guignolesques qui la constitue parfois – est justement ce qui fait tout le sel de « Saw » et l’affuble d’une morale aussi discutable que
passionnante… Après tout, le « tueur » du film n’en est pas vraiment un dans la mesure où il ne commet pas lui-même les meurtres : il se contente de tester sadiquement les limites de l’être
humain, en le mettant en scène dans des situations impossibles où ses pires instincts se réveillent… Chacun se révèle alors tour à tour victime et bourreau, confronté à sa propre volonté de
(sur)vivre. Mais le plus intéressant vient de la culpabilité qui préexiste dans chaque personnage, qui n’a pas été choisi par hasard pour participer à ce « jeu » d’un nouveau genre et dont
l’épreuve correspond à un élément obscur de sa vie intime…

Côté mise en scène, James Wan rivalise d’ingéniosité et de virtuosité, en dépit d’un budget des plus modeste… Il en profite du coup pour transformer le genre du « survival », que l’on connaissait
jusque-là plutôt tourné en pleine nature, et le contraindre à l’espace réduit d’un huis-clos : un bel exemple de contrainte économique qui permet rien de moins que de renouveler un genre ! Mais à
propos de cinéma de « genre », force est de constater que « Saw » est à la tête du phénomène de mode des « torture porn » dans les années 2000, en en devenant la figure de proue par le biais
d’une franchise comptant pas moins de sept opus entre 2004 et 2010. Cependant, si le film est devenu culte depuis – et à juste titre, avouons-le –, il est pourtant loin d’être le plus gore de ce
qui a été fait dans le domaine : peut-être même bien au contraire… Sa réalisation relève en effet souvent du pur effet de suggestion dans les scènes les plus sadiques et atroces, mais une forme
de suggestion qui aurait été comme « inversée ». L’image montre par exemple tout des horreurs que sont obligés de s’infliger les personnages, et en gros plans qui plus est, mais cela est rendu
quasiment subliminal par la force d’un montage ultra-rapide et haché jusqu’à la nausée… Cet effet visuel – pénible pour les uns, jouissif pour les autres – est d’ailleurs devenu la marque de
fabrique de toute la série des « Saw », dont la violence sadique pour lesquels on les a souvent condamné, n’est pourtant rien de moins que le révélateur moral des pulsions contenues en chaque
personnage et par extension en chaque spectateur du film… Cet aspect philosophique de la saga se laisse cependant bien souvent écrasé par le « plaisir coupable » que l’on éprouve à la vision de
ce thriller horrifique rudement excitant !



 



Perspectives :



- Saw 3D : Chapitre final = Saw 7 (vu en 2D), de Kevin
Greutert



- Index du Jour du Saigneur































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samedi 24 mars 2012

[Critique] Hunger Games, de Gary Ross



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 21 mars 2012




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Voici donc le nouveau « fléau » pour adolescents à l’heure où « Harry Potter » vient de tirer sa révérence
et où « Twilight » est sur le point de s’achever, laissant
désemparé tout un pan dégénéré et décérébré de la jeunesse d’aujourd’hui… « Hunger Games » est ainsi l’adaptation d’une trilogie littéraire à succès (déjà, on peut se dire qu’il n’y aura au pire
que trois films, sauf si les scénaristes ont encore la bonne idée de diviser les prochains volumes en plusieurs parties, si jamais le succès est au rendez-vous…), qui met en scène une société
futuriste dans laquelle une nation divisée en douze districts punit et intimide ses populations – visiblement pour conserver la paix ? – en laissant s’entretuer chaque année 2 enfants de chaque
district au cours d’un jeu atroce qui montre les dérives d’une télé-réalité ultime !

Si le pitch de départ se révèle plutôt alléchant, laissant envisager une critique sociétale intéressante, on est quand même rudement déçu du résultat final… Le film se transforme très vite en
énième bluette adolescente sirupeuse où l’héroïne va apparemment devoir partager son amour entre deux garçons, sur fond de « Battle Royal » à la sauce hollywoodienne – ou traduit en d’autres
termes : sage et fadasse !

Outre un scénario qui a quasiment tout dit en une vingtaine de minutes (le tout étiré ensuite sur 2h20, imaginez le supplice !), l’histoire se résume finalement à son seul concept de base,
agrémenté comme il se doit de rebondissements inutiles réguliers et de ce qu’il faut de scènes d’actions, ici avec des abeilles tueuses, là avec un incendie de forêt et des boules de feu (!), ou
encore par là avec des gros chiens super méchants… Wahou ! Le tout avec des effets spéciaux pas toujours très maîtrisés, mais avec des jeunes acteurs certes plutôt charmants… Les héros n’auront
bien sûr jamais de sang sur les mains, ce qui aurait permis quelques cas de consciences un poil dérangeant, et ils s’en tirent quand même vainqueurs l’air de rien, non sans avoir vu mourir
d’autres gentils enfants tués par la main de méchants adolescents… Bouh, comme c’est triste alors ! Sans compter qu’au bout du compte, le plus gros des problèmes s’avère que le film ne traite pas
du tout le sujet qu’il promettait, et même bien au contraire ! En effet, c’est à se demander si en sortant de là, l’adolescent débile lambda (a priori la cible principale du public visé)
comprendra qu’il s’agit d’une parodie des divertissements déviants de notre « société du spectacle » contemporaine (et qu’il faut donc absolument rejeter dans le show mortifère qu’ils offrent
façon "jeux d'arène antiques") ou s’il se prendra à rêver d’être lui-même la vedette de ce jeu abject… Un comble !































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vendredi 23 mars 2012

[Critique] Harold et Maude, de Hal Ashby



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(Etats-Unis, 1971)




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Il est de ces films dont la vision vous émerveille et vous réchauffe le cœur… De ces films inoubliables que l’on se plaît à revoir, conservant encore intact le plaisir de la première découverte…
« Harold et Maude » est de ces films uniques et fous, profondément revigorants, dont la douce poésie qu’il dégage et l’équilibre qu’il conserve d’un bout à l’autre – en dépit du sujet immensément
casse-gueule qu’il aborde ! – relève quasiment du miracle…

Il faut dire que l’histoire d’« Harold et Maude » garde encore aujourd’hui des perspectives sacrément audacieuses ! La « bluette » sentimentale contée par Hal Ashby ne possède en effet rien de
banale et ne finira sans doute jamais de choquer certaines personnes aux principes moraux trop réducteurs… Car l’histoire d’amour que l’on nous raconte ici est finalement doublement scandaleuse :
non seulement à cause des circonstances de la rencontre entre Harold et Maude (lors d’un enterrement, car tous les deux, hantés par la mort, ont pour passion de venir assister aux oraisons
funèbres d’illustres inconnus), mais aussi parce que la différence d’âge qui les sépare est absolument hors norme (Harold est un jeune adulte de 20 ans aux airs encore adolescents alors que Maud
est sur le point de célébrer ses 80 printemps).

La fascination pour la mort des personnages aurait pu rendre le film lugubre et morbide, et c’est pourtant tout le contraire qui se passe : le ton de l’ensemble se situe quelque part entre la
mélancolie tendre et la comédie douce amère, voire carrément loufoque et burlesque par moments ! La beauté d’« Harold et Maude » est aussi de parvenir à utiliser le thème de la mort pour mieux
nous parler de la vie, de l’amour et du bonheur… Et si le jeune Harold, à l’éducation bourgeoise visiblement sans affection, manifeste à sa mère indifférente son envie de mourir (il simule de
multiples suicides, souvent impressionnants, ce qui donne lieu à plusieurs séquences assez hilarantes), sa relation avec Maude va lui redonner la joie de vivre et le goût pour une nouvelle façon
de voir le monde… Paradoxalement, les tempéraments respectifs des deux héros sont d’ailleurs inversés au début du film : Harold est triste et prisonnier d’une lourde torpeur, quand Maude est
toujours joyeuse et guillerette malgré son âge avancé, sorte de vieille dame indigne et fêtarde, toujours plus dynamique et fonceuse que jamais !

On se laisse ainsi porter par un récit apparemment simple, qui recèle pourtant de merveilleux et très précieux trésors, qui nous font traverser mille émotions, nous laissant alors les yeux
mouillés et le sourire aux lèvres… Tout marche prodigieusement dans « Harold et Maud » : la parfaite complicité des deux acteurs principaux à l’interprétation toute en charme et en finesse (Bud
Cort et Ruth Gordon), les étonnantes ruptures de ton (on passe d’une scène pétrie d’émotions à un gag digne de comique troupier sans que ça ne choque le moins du monde), la bande son remarquable
(notamment les belles chansons de Cat Stevens, à commencer par l’inoubliable « Il you want to sing out, sing out / and if you want to be free, be free… »), sans oublier bien sûr la mise en scène
d’Hal Ashby, qui semble constamment se jouer de nous, oscillant entre le drôle et le drame, entre la vie et la mort… ce que l’on accepte d’ailleurs sans rechigner, pour notre plus grand plaisir,
prêt à revoir ce film touchant et culte pour l’éternité !































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jeudi 22 mars 2012

[Sortie] Bellflower, d’Evan Glodell



bellflower
(Etats-Unis, 2011)



Sortie le 21 mars 2012




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"On aurait aimé mieux aimer cette odyssée en forme de parcours mental un peu barge, mais la réalisation pour le moins poseuse nous empêche d’entrer pleinement dans cette œuvre dont on saluera
néanmoins la tentative plutôt stimulante !"



Retrouvez la critique complète du film "Bellflower" par Phil Siné































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mercredi 21 mars 2012

[Critique] Twixt, de Francis Ford Coppola



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(Etats-Unis, 2011)



Sortie le 11 avril 2012




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"Pour moi, un petit budget est une libération. Dans l’industrie cinématographique actuelle, tant de gens ont leur mot à dire qu’il serait laborieux de se mettre d’accord sur une histoire aussi
étrange et personnelle que celle de Twixt", explique Francis Ford Coppola pour montrer combien changer d’économie de production lui a permis de gagner en indépendance et en créativité au cours de
ces dernières années… Après « L’homme sans âge » et le sublime « Tetro », le cinéaste propose ainsi une nouvelle œuvre parfaitement hors
norme avec « Twixt », dont le titre semble une parodie de « Twilight » (ça commence un peu pareil et ça parle de vampires kitsch et
gothiques…) Mais bon, faut dire qu’il évoque aussi le nom d’une célèbre double barre chocolatée, qui forme comme deux doigts réputés couper la faim, et là ça n’a strictement plus rien à voir…
Plus vraisemblablement, « Twixt » pourrait faire allusion au jeu de société du même nom, peu connu sous nos tropiques, qui est un jeu de combinatoire abstrait assez simple mais qui multiplie les
possibilités : une façon pour Coppola de nous plonger au cœur d’un film littéralement en train de se faire, évoquant le principe même de la création comme un enchaînement de hasards et
d’opportunités…

De son propre aveu, le cinéaste a construit son film en partant d’un étrange rêve qu’il a fait lui-même et qu’il met en scène à travers le personnage incarné par Val Kilmer : cet écrivain raté
(condamné à répéter infiniment les mêmes histoires) fait ainsi lui-même un rêve, qui va d’ailleurs lui inspirer le sujet de son prochain roman, qu’il a tant de mal à écrire… C’est bien sûr le
difficile accouchement de l’œuvre, l’angoisse de la page blanche de l’écrivain ou du scénariste, que Coppola aborde avec « Twixt » ! Et cet étrange récit, partagé entre rêve et réalité et des
esthétiques finalement très contrastées, devient très vite fascinant à suivre au fur et à mesure qu’il se déroule à l’écran, justement parce qu’il nous mène de hasards en surprises, d’absurdités
presque bouffonnes en instants de grâce poétique… C’est un objet à la fois perturbant et passionnant que le réalisateur propose à son spectateur à travers « Twixt » : une forme d’expérience
nouvelle et unique, qui, à défaut d’être parfaite, attise tout du moins la curiosité et l’enthousiasme !

L’univers abordé par le film stimule en outre joliment l’imaginaire, particulièrement les séquences oniriques, presque irréelles, dans des monochromes bleu nuit d’où émerge ici et là quelques
couleurs plus vives… Avec une économie de mise en scène (sa caméra bouge relativement peu), Coppola nous emmène ainsi au bout de la nuit, pour un voyage au pays des rêves et du fantasme, peuplé
par une jeune fille fantomatique (Elle Fanning), des enfants morts, un shérif un peu taré (Bruce Dern), un jeune poète vampiro-gothique (Alden Ehrenreich) et même Edgar Allan Poe (Ben Chaplin) ! Si les contrastes de photographie entre les
différentes séquences ne sont pas des plus subtiles et si le film prend assez régulièrement des allures de série B parfaitement fauchée, sa force est justement d’assumer pleinement les grands
écarts qu’il opère et les ruptures de tonalité qu’il ose entre humour décalé ou scènes d’épouvante pures… Le grand Coppola semble alors en recherche constante dans « Twixt » et c’est peut-être
justement là son sujet le plus passionnant : à la recherche de son scénario, de ses personnages… mais également à la recherche de formes nouvelles, comme à travers cette utilisation très
particulière – et parcimonieuse – de la 3D, laissant le spectateur enfiler les fameuses lunettes qu’au cours de deux séquences seulement, d’une durée totale de projection en relief n’excédant
probablement pas les quinze minutes. Un contraste technique entre 2D et 3D revendiqué par le cinéaste, afin de donner une plus grande importance aux seules séquences les plus à même de se prêter
à une projection stéréoscopique… Décidément, le réalisateur du « Parrain » et d’« Apocalypse now » n’a pas encore fini de nous surprendre !



 



Autres films de Francis Ford Coppola :



- Conversation secrète (1974)



- Tetro (2009)































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mardi 20 mars 2012

[Critique] 30 beats, d’Alexis Lloyd



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(France, Etats-Unis, 2012)



Sortie le 21 mars 2012




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Comme j’avais été assez stupide pour demander à l’agent d’accueil d’un cinéma une place pour « Cinquante cinquante » à l’époque de sa sortie (il a mis environ 3 minutes à comprendre que je
voulais en réalité voir « Fifty fifty »… bref ! « 50 / 50 » en d’autres termes !), cela ne m’a visiblement pas servi de leçon pour comprendre les
subtilités de la langue anglaise puisque je continue à dire aujourd’hui à mon entourage que j’ai vu « Trente beats » au cinéma la semaine dernière… Pourtant, il n’y a pas l’ombre d’une bite dans
le premier film d’Alexis Lloyd, ce que l’on pourra d’ailleurs trouvé fort dommage dans un film intégralement dédié à l’amour !

En réalité, les « 30 beats » du titre sont là pour faire comprendre la notion de rythme et de tempo du langage amoureux et des relations intimes. Le réalisateur prétend d’ailleurs que l’amour a
lieu en trois temps, et comme il met en scène dix histoires « d’amour » dans son film, vous aurez donc bien les 10 x 3 = 30 beats promis par le titre… S’inspirant vaguement de « La ronde » (la
pièce d’Arthur Schnitzler adaptée notamment au cinéma par Marcel Ophüls), le film emboîte ainsi ces dix histoires comme dix petits courts métrages, avec pour chaque récit l’un des deux
protagonistes de l’histoire précédente… vous suivez ?

A voir, ce n’est pas désagréable et même parfois plutôt charmant, bien aidé cependant par la plastique de certains acteurs et certaines actrices, qui devrait sans doute contenter chaque
spectateur de « 30 beats », craquant pour l’une ou pour l’autre en fonction de ses propres canons physiques… Mais dans l’ensemble, avouons que le film ne casse pas trois bites à un castor, pas
même sa queue plate et ramollie, tant il accumule les banalités et les conventions… Trop de légèreté rend au final ce film à sketchs des plus naïf, sans compter que son manque d’audace à montrer
les amours modernes, déviants et multi-sexuels, finit par le rendre bien trop sage et presque vieillot…































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lundi 19 mars 2012

[Critique] Nouveau souffle, de Karl Markovics



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(Autriche, 2011)



Sortie le 14 mars 2012




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Voici un premier film impressionnant dans sa modestie même… En donnant l’impression d’un minimalisme complet, aussi bien dans ses images que dans ses dialogues, « Nouveau souffle » parvient à
dire l’essentiel d’une vie, et à travers elle ce qui pousse toute existence à avancer, coûte que coûte… A travers le triste destin de Roman, 18 ans, purgeant sa peine dans une maison de
correction depuis ses 14 ans, abandonné par sa mère et ayant grandi dans un orphelinat, le réalisateur Karl Markovics montre en effet comment quelqu’un peut se convaincre de continuer à vivre en
étant confronté au mépris des autres et à la mort…

Loin cependant d’un récit initiatique à l’optimisme béat, « Nouveau souffle » opte plutôt pour un traitement beaucoup plus sombre et réaliste. Aidé par une mise en scène à la sobriété et à la
sécheresse toute autrichienne (voir le cinéma d’Haneke ou plus récemment de Schleinzer), Markovics privilégie toujours l’économie – de plans, de mouvements, de dialogues
–, quitte à présenter des personnages très froids et peu amènes à l’empathie : "Je voulais créer un environnement extrêmement aride en termes de communication. Je tenais à ce que le spectateur
soit plongé dans un quotidien ordinaire, et qu'il ne cherche pas, par exemple, à donner trop de sens aux longues plages de silence, car les autres scènes ne sont pas non plus très loquaces. Les
rares dialogues, eux, sont chargés de sens". Le cinéaste va ainsi droit à l’essentiel, montrant son personnage principal, au mutisme souvent éloquent, portant toute sa douleur et sa solitude
extrême, se heurter aux comportements cliniques et glaçants, voire parfois méprisants, des gens qui l’entourent : les gardiens de la prison, ses collègues de travail, son instructeur, et même
cette mère qu’il finit par retrouver... Le jeune Thomas Schubert, quasiment de tous les plans, est parfait dans ce rôle tout en retenue et en intériorité.

De grandes idées parviennent à hisser « Nouveau souffle » à un niveau de cinéma très impressionnant. Ce sont comme des principes pertinents qui fonctionnent à la façon de métaphores
existentielles absolues… Il y a d’abord ces scènes à la piscine, qui expliquent en partie le titre du film : « je voulais aborder les thèmes de la respiration et du besoin de mouvement en prison
», explique le réalisateur. S’excluant du groupe formé par les autres détenus, Roman préfère nager des longueurs seuls à s’épuiser plutôt que de faire des jeux aquatiques… Essoufflé, un gardien
lui apprend à contrôler sa respiration, mais fuit aussitôt que Roman se répand en larmes… Ses plongeons dans la piscine rythme ainsi le film, jusqu’à cette descente jusqu’au fond du bassin, où le
jeune homme reste statique, s’empêchant de remonter à la surface : ses « compagnons » de cellules plongent pour venir le regarder, mais personne ne l’aide néanmoins… jusqu’à ce que le besoin et
la nécessité de respirer le fasse remonter fatalement à la surface. C’est seul que Roman doit donc trouver ce « nouveau souffle » » régénérateur qui lui permettra d’avancer : et c’est là
qu’intervient un autre élément important, celui du travail qu’il choisit d’exercer dans une entreprise de pompes funèbres… C’est ainsi confronté à la mort des autres, et notamment à celle d’une
femme qu’il croit être sa mère, que Roman va se tourner vers la vie, ou tout du moins vers l’avenir : continuer, essayer, chercher des réponses, tourner la page du passé, respirer… plutôt que se
résigner simplement. C’est ce que semble nous dire l’ultime plan du long métrage, à la composition et à la beauté remarquable, dont le mouvement d’ascension élève « Nouveau souffle » au rang de
très grand film !































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dimanche 18 mars 2012

[Critique] La dame en noir, de James Watkins



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(Grande-Bretagne, Canada, Suède,
2011)



Sortie le 14 mars 2012




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La Hammer semble avoir mis le paquet pour ressusciter un cinéma du passé que l’on croyait à tout jamais révolu et qui avait été durant longtemps son credo majeur : le film d’horreur gothique.
Cela se voit d’emblée à la vision de cette « Dame en noir », composée d’un matériau de base plutôt rutilant : belle photographie, décors somptueux (et surtout rigoureusement choisis !), effets
spéciaux soignés, casting assez chicos (avec à sa tête Daniel ‘Harry Potter’ Radcliffe)… etc. Tout paraissait ainsi voué à la réussite, voire au chef-d’œuvre hommage classieusement vintage,
d’autant plus que la mise en scène de jour du saigneurJames Watkins se révèle très maîtrisée !

Malheureusement, cette histoire de fantôme, de malédiction et de maison hantée, non contente d’être archi convenue et attendue, s’essouffle bien trop vite, laissant un scénario bien mince tourner
à vide au fil de trop longues séquences… Bien sûr, tout le folklore gothico-victorien déployé possède un charme immense, mais le tout enfile les clichés à la pelle et finit par ressembler à un
best-of de vieux films d’horreur reliftés ou à un catalogue d’effets spéciaux, enfilant les situations déjà vues dans le seul but visible de dresser l’inventaire de tout ce qui a déjà pu
émerveiller – ou effrayer – le spectateur adepte de ce genre cinématographique !

Etrange sentiment alors d’assister avec ennui à toutes ces images somptueuses, composant un long métrage qui hélas radote à tout bout de plan : « La dame en noir » ressemble finalement à un
défilé mortuaire de la nouvelle collection printemps-été 2012 (en matière recyclée !) de la Hammer Films…



Tous les Jours du Saigneur en un coup d'oeil !































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samedi 17 mars 2012

[Best Of] Le pot-pourri du 1000e billet !


1000_bornes_25km.jpgA l’occasion du millième article de Phil Siné sur
son blog, celui-ci vous propose de célébrer cet heureux événement avec un petit best of des mille choses qui ont déjà été dites en ces pages… Souvenirs, souvenirs !

Je me souviens avec émotion de ce premier jour hésitant et incertain où Phil Siné n’existait pas encore et où cette «
cinémathèque » était celle d’un « cinéphile cinéphage »


Je me souviens de ma volonté de chroniquer « Giorgino » en tout premier lieu sur mon
blog naissant
, conscient que la sale réputation du film n’était pas là 1000 bornes 50kmpour aider ma crédibilité à lui attribuer la meilleure note possible : j’espère être un peu plus crédible aujourd’hui et mon désir de voir ce chef-d’œuvre de Laurent
Boutonnat enfin réhabilité par le monde du cinéma demeure intact !

Je me souviens d’avoir passé le dernier été à publier des cartes blanches sur les films
favoris de blogueurs et autres personnalités du web
aux talents d’écriture certains ! Je ne les remercierai jamais assez des dix merveilleux cadeaux qu’ils m’ont fait…

Je me souviens d’avoir déclaré ma flamme à Christophe Honoré, le plus doué des cinéastes
de sa génération… qui nous a d’ailleurs peut-être offert son plus beau film l’année
dernière
!

1000_bornes_100km.jpgJe me souviens que le cinéma, ce n’est pas que
dans les salles mais parfois aussi dans des musées : j’ai ainsi pu admirer
Kubrick dans les salles d’exposition de la Cinémathèque
et tester la véracité scientifique de certains films de science-fiction à
la Cité des sciences


Je me souviens d’une semaine thématique amusante sur les lesbiennes tueuses au
cinéma
, le genre de dossier rigolo qu’il faudrait que je réalise plus régulièrement… juste parce que c’est bien fun, et que c’est ça aussi le cinéma !

Je me souviens de « Morse », le plus beau film de l’année 2009, et des « 1000 bornes 100kmAmours imaginaires », le grand vainqueur de
mon top 2010

Je me souviens avec exaltation avoir été couronné « Meilleur chroniqueur
ciné de l’année » par mes pairs
… ce qui n’est pas rien et fait très chaud au cœur !

Je me souviens de ma soirée avec Jérémie Elkaïm au Festival Paris Cinéma

Je me souviens de vrais curiosités présentées comme de purs coups de
cœur
1000_bornes_200km.jpgcinéphiles, mais aussi de vrais grands films de cinéma que malheureusement plus personne ne va voir !

Je me souviens avoir fait Kaboom avec trois gars bien sympas et qu’à cette occasion
mon palpitant a bien failli faire « boom » !

Je me souviens d’inédits carrément cool, comme celui-ci ou cet autre-là, qui j’espère seront très prochainement diffusés largement en France, ne
serait-ce même qu’en DTV…

Je me souviens d’un été très « Godzilla », au cours duquel j’ai reçu des tas de créations bien sympas d’internautes, dont ce bel ouvrage brodé qui tient d’ailleurs désormais une place de choix chez moi !

Je me souviens d’une critique « psy » dans laquelle je m’épanchais
sévère
et 1000_bornes.jpgde critiques « gonzo » où je cassais la nouvelle série « événement » de Canal + et où je frissonnais aux côtés d’autres blogueurs émérites !

J’espère qu’autant d’aussi jolis souvenirs se fabriqueront dans ma mémoire au gré des milles prochains billets… si je continue l’aventure jusque-là, cela va de soi !































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