dimanche 16 janvier 2011

Lost in translation, de Sofia Coppola (Etats-Unis, Japon, 2004)



lost in translation



 



Note :
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A travers un aussi joli titre, « Lost in translation » raconte les errances un peu vaines de deux solitudes perdues dans un pays dont elles ne connaissent pas la langue… Il s’agit en l’occurrence
de Bob Harris, un acteur américain venu tourner à Tokyo un spot de pub pour une marque de whiskey, et de la jeune Charlotte, délaissée par son mari photographe dans le même hôtel que Bob… Si
cette dernière se sent ainsi esseulée, le premier ressent tout autant le vide de son existence, si loin de sa femme avec qui il n’échange presque rien (sinon des avis pour le réaménagement de son
bureau) et de son fils dont il a oublié l’anniversaire. Sans oublier qu’il est bien éloigné, aussi, de ce qu’il attendait d’une carrière d’acteur, à s’ennuyer ainsi des heures durant pour de la
publicité…

« Perdu dans la traduction ». Perdus dans la traduction des mots, bien sûr – celle du Japonais, mais la traduction de la conscience et des désirs de chacun des deux personnages, aussi, et
peut-être même « surtout »… Livrés à eux mêmes, sans repères dans un monde qu’ils ne connaissent pas, c’est le moment pour eux de s’interroger sur le sens de leurs vies. Et puisqu’ils se
rencontrent ici et maintenant, tous les deux, est-ce que quelque chose de nouveau pourrait naître ? Est-ce que tout pourrait recommencer pour chacun d’eux ?

Avec une subtilité incroyable, une douceur pénétrante et une simplicité désarmante, Sofia Coppola perd sa caméra sur leurs pas, sur leurs cheminements toujours hésitants et extrêmement pudiques,
et jusque dans leurs errements intérieurs, plus mélancoliques et métaphysiques… Si l’hôtel dans lequel ils évoluent ressemblent à une tour de verre, les mettant pour un temps à l’abri d’un monde
hostile, peut-être n’est-il en réalité rien d’autre que la prison de leurs propres cœurs. A travers son film et une superbe mise en scène, la cinéaste pénètre l’homme et toute sa détresse
moderne, sa souffrance poétique, ses quêtes impossibles et son besoin permanent d’un ailleurs invisible. En ne disant rien, ou si peu, au cours d’une histoire en forme de simple balade sans but,
la réalisatrice finit en réalité par dire beaucoup !

Le plus beau, c’est que le film parvient à parler de solitude et de tristesse tout en conservant en lui un potentiel humoristique diffus et irrésistible… Il faut dire que la présence de l’acteur
Bill Murray dans le rôle principal y est pour beaucoup ! Ses airs de Droopy lunaire font rire, mais le rendent également profondément attachant… Sofia Coppola joue aussi beaucoup avec les mots,
les mœurs ou les décalages linguistiques : savoureuse, cette scène de tournage où Bob se fait traduire les longs monologues japonais du réalisateur en deux ou trois mots anglais seulement… Et
puis il y a aussi Scarlett Johannson, dont la subtile beauté et la douceur cotonneuse donne à cet univers glacé une dimension plus chaleureuse, au point d’émouvoir pour un temps la vie de Bob… et
nos rêves de cinéma.



 



Mise en perspective :



- Somewhere, de Sofia Coppola (Etats-Unis, 2011)































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4 commentaires:

  1. Voilà un chef d'oeuvre celui qu'on veut se rappeler après avoir le décevant "Somewhere"... Car non cher Phil Siné ce film n'est pas la même chose que 3somwhere"... Ce dernier tourne dans le vide
    sans réel fil conducteur et constructif. "Lost in..." raconte une histoire, celle qu'une rencontre qui évolue de l'amitié à un amour platonique. Rien que ça fait une très grosse différence. Le
    scénario est clairement plus étoffé, et surtout le lien qui unit les deux personnages (Johansson-Murray) est au centre du scénario ce qui est le contraire avec le couple père-fille du
    dernier film de Sofia Coppola. 4/4 pour "Lost in Translation" toujours 0/4 pour "Somewhere".

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  2. C'est quand autre chose que Somewhere, non?

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  3. Magnifique!


    Je n'ai rien d'autre à dire!

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  4. Il y a des films qu'on apprécie car l'atmosphère dégagée sent le vrai ! Ce film m'a beaucoup plu.  Solitude, sentiments entrecoupés, jeux d'acteurs réussis... Bravo Madame ! comme quoi on
    peut être "fille de" est d'avoir sa propre façon de faire son cinéma !  Film à conseiller !

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