Gremlins, de Joe Dante (Etats-Unis, 1984)
Note :
A la veille de Noël, Rand Peltzer, inventeur raté d’objets aussi originaux qu’inutiles ou disfonctionnants, trouve un étonnant cadeau pour son fils Billy dans l’obscure boutique d’un mystérieux
chinois… Il s’agit d’un Mogwai nommé Gizmo, mignonne et étrange créature pour laquelle on le met en garde de suivre strictement trois règles importantes : ne pas le mouiller, ne pas l’exposer à
une lumière trop vive (sans quoi il mourrait) et surtout ne jamais – oh, grand jamais ! – le nourrir après minuit… Le Mogwai arrivé au sein de la maison des Peltzer, famille aussi pauvre que
généreuse, ces trois règles seront bien évidemment malencontreusement transgressées et la petite ville tranquille où ils habitent se verra très vite infestée d’abominables créatures avides de
crimes et de sang !
« Gremlins » est le rejeton culte de la fornication accidentelle du cinéma de Spielberg (ici comme producteur) et de celui de Joe Dante. On pourra d’ailleurs observer le curieux accouplement de
leurs deux univers à travers le contraste qu’il existe entre l’atmosphère des fêtes de Noël (innocence spielberguienne) et l’horreur dans laquelle les Gremlins vont plonger la ville (épouvante
typiquement « dantesque »), ou encore entre la créature aux allures de peluche adorable de départ (le Mogwai) et l’immonde transformation qu’elle subit devant la caméra de Dante (le Gremlin)… De
la douceur à l’horreur, le réalisateur de « Gremlins » transforme rapidement ce qui commençait comme un gentil film sirupeux à voir en famille pour les fêtes en terrible spectacle ne lésinant
parfois pas sur certaines scènes gores et violentes : la mère de Billy se débattant avec des Gremlins dans sa cuisine (dont un sera passé au mixer et un autre au micro-onde !), le professeur
sauvagement assassiné par un Gremlin vengeur, le redoutable combat au supermarché à la fin, à coups de tronçonneuse et projections de clous ! « Gremlins » ou comment Joe Dante inventa le premier
film d’horreur pour enfants, rejoignant par là même assez fidèlement l’univers du conte, dans lequel la violence et la cruauté s’avèrent finalement fondateur et formateur pour le jeune
lecteur…
D’un scénario brillamment construit, marqué par des personnages parfaitement campés, le réalisateur tire un film palpitant et jouissif, qui n’a quasiment pas pris une ride avec le temps ! Au
croisement de multiples influences, en particulier celle de la série B, le ton de « Gremlins » demeure probablement ce qui le caractérise le mieux : car le spectacle de l’horreur n’est ici jamais
réaliste, mais au contraire constamment tourné en dérision… Il faut dire que les Gremlins sont de sacrés boute-en-train, jouant autant avec la bêtise qu’avec l’ironie : il faut les voir reprendre
des chants de Noël devant le porche de la maison d’habitants terrifiés, jouer à des jeux pervers dans un bar ou s’esclaffer et se gaver de pop-corn au cinéma devant « Blanche-Neige et les sept
nains »… Ils ont toujours plus d’un gag dans leur sac et redoublent de fantaisie pour tuer les gens d’un air goguenard : foncer dans une maison avec un chasse-neige, dérégler le fauteuil
électrique d’une vieille qui finira par traverser le toit de sa maison… Qu’est-ce qu’on se marre ! Mais d’un rire jaune, à l’image au fond de l’histoire de noël que la petite amie de Billy lui
raconte sur la mort de son père, dont les circonstances sont à la fois drôles et tragiques…
Le titre du film vient d’une sorte de légende urbaine que le voisin un peu fou de Billy lui raconte à moitié saoul : les Gremlins seraient des créatures qui déréglaient les armes et les appareils
technologiques pendant la guerre… Et si tout cela était vrai ? Le film de Joe Dante possède au fond le charme et l’universalité de ces histoires que les enfants se racontent pour se faire peur
dans le noir avant de s’endormir… On sait qu’elles vont nous terrifier et nous faire faire des cauchemars, mais on ressent l’envie, voire le besoin, de les entendre ! Le plaisir d’avoir peur, une
régression peut-être un brin infantile, mais qui vivra toujours en nous tant que d’aussi talentueux cinéastes existeront pour faire des films comme « Gremlins » !
Le jour du Saigneur à l'index !
Un "film d'horreur pour enfants", c'est exactement ça. Je pense que beaucoup de générations ont été (et le seront encore j'espère) "bercées" par ces Gremlins monstrueusement drôles !
RépondreSupprimerje ne sais pas si le film est encore vu par les ados d'aujourd'hui ?
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