[Critique] Alien 4 : la résurrection, de Jean-Pierre Jeunet

Alien 4 : la résurrection, de Jean-Pierre Jeunet (Etats-Unis, 1997)

Note :

Quatrième volet d'une saga mythique, "Alien la résurrection" peut apparaître comme l'épisode de trop de ce qui aurait du rester à tout jamais une trilogie... On est encore deux siècles après la
mort d’Ellen Ripley (éternelle Sigourney Weaver !), qui marquait la fin du troisième opus.
Des scientifiques ont réussi à la cloner, alien inclus dans son ventre, qu’ils ont pu lui extraire pour les besoins de la science ! Bien sûr, ça va mal se passer, la situation va très vite
devenir ingérable et les aliens vous zigouiller tout le monde…

Un cinéaste français à Hollywood, c’est souvent la grosse désillusion ! Là, Jean-Pierre Jeunet – un « alien » en Amérique – réalise globalement assez classiquement son film, avec une application
presque affligeante finalement, tout en ajoutant par ci ou par là sa « patte »… Encore faut-il apprécier son style : mélange d’acteurs fétiches (exaspérant Dominique Pinon !), d’étrangetés
diverses et d’absurdités bof bof, qui font partir son « Alien » dans un parfait hors sujet… Heureusement, le fil de la narration garde le dessus et tient le cinéaste par la bride, malgré un
scénario finalement assez basique et sans grosses surprises… Même la mutation de la créature et tout l’imaginaire biologénéticobizarroïde qui émaille le film ne semble pas si novateur que ça. A
vrai dire, on s’ennuie un peu…

Bon, tout n’est cependant pas à jeter dans « Alien IV ». On retrouve une Ripley en grande forme et pleine d’idées morbides assez réjouissantes ! Son rapport quasi-filial avec l’alien, déjà
esquissé dans « Alien 3 », est ici développé, presque trop et de façon quelque peu
capilotractée, pourrait-on dire… Winona Ryder incarne de son côté un étrange petit personnage, qui se révèlera tout à fait autre chose que ce qu’elle a l’air d’être… Tous les autres, ce sont des
hommes et donc des bêtes, incarnant une vision très sombre et désespérée de l’humanité, qui ne conserve d’humain que le nom désormais… C’est d’ailleurs peut-être là la véritable force de cet
épisode : Jeunet nous présente un monde d’hommes brute duquel toute empathie a disparu, sinon dans la tête d’un clone ou d’un robot, finalement « trop sensible pour être humain ». C’est en cela
que la réplique finale demeure tout à fait judicieuse, Ripley revenant enfin sur la Terre après des siècles d’errance spatiale et se rendant à l’évidence que désormais c’est elle l’« alien »
parmi les hommes, qu’elle ne reconnaît plus…

Mise en perspective :

- Alien, le huitième passager, de Ridley Scott

- Aliens, le retour, de James Cameron

- Alien 3, de David Fincher

Toute la saga "Alien" vue par Phil Siné