Note :
« On ne connaît jamais personne ». C’est sur cette acception désabusée et existentialiste que se clôt « Les lois de l’attraction », qui avait pourtant commencé comme tant d’autres « teen » ou «
campus movies » sans âme et sans cervelle, généralement trop fleur bleue et cucul la praline, tout juste bon à nous laisser contempler des jeunes gens à la plastique lisse et désirable… Ici, les
vies trop parfaites et insouciantes de la jeunesse dorée américaine semblent au contraire constamment sabordées, et c’est le trash et la déviation qui l'emporte le plus souvent ! L’ironie prend
le dessus et voir par exemple James Van Der Beek, le jeune homme tout lisse et virginalement pur de la série pour ados "Dawson", en train de se curer le nez, de se gratter les couilles, de se
torcher nonchalamment l'arrière-train ou de baiser à tire-larigot, est un plaisir assez jouissif. L'acteur casse son image, visiblement avec un malin plaisir, dans ce film au ton très différent
des guimauves télévisuelles auxquelles il s’était jusque-là habitué… On pense également à quelques séquences hystériques et plutôt hilarantes, comme celle de deux mères qui dînent avec leurs
rejetons, au passé sexuel commun secret mais intense : l'un des garçons semblent alors complètement débloquer à table, heurtant avec éclat la bourgeoisie étriquée des deux mères et du restaurant
luxueux où ils se trouvent.
Adapté de Bret Easton Ellis, « Les lois de l’attraction » est un film sur les illusions de la liberté. Il décrit le monde de l’adulescence et la façon dont quelques jeunes gens friqués (sauf un)
d’un campus universitaire grandissent avec leurs hormones, leur connerie, mais surtout leur solitude inguérissable… Si Lauren se garde pure en attendant le retour de celui qu’elle croit être son
petit ami (il en sera tout autrement lors de leurs « retrouvailles », et celle-ci d’aller alors baiser avec le premier venu), Paul recherche désespérément une relation avec des garçons qui
systématiquement le rejettent (alors qu’il est super mignon, ce qui reste incompréhensible !), et Sean, lui, deale, erre et nique sans véritable joie, avec cette amertume qui peu à peu
contaminera tout leur univers… Sexe, drogue, mais pas du tout rock’n’roll ! Entre un suicide et une baston méchante, la mélancolie l’emporte et jette ce regard désespéré sur l’humanité…
On retient une mise en scène plutôt originale, notamment grâce à ces nombreux mouvements d'avant en arrière, de bobinage et de rembobinage, de va et de vient, symbole évidemment hautement sexuel
et coïtal pour illustrer visuellement les fameuses "lois de l'attraction"… Si l’affiche du film est toute mignonne, proposant un ensemble de positions sexuelles, souvent audacieuses et
transgressives (tout le contraire d'une sexualité trop conventionnelle et bassement reproductive), de diverses peluches de lapins, de chiens et de nounours, on peut trouver dommage, cependant,
que les espèces ne s’y mélangent pas plus dans un grand tourbillon des genres et des races ! Au fond, c'est un peu la même chose dans le film : y’a de la matière, des idées et de
l’anticonformisme, mais peut-être pas suffisamment… Il manquait peut-être un ingrédient plus corrosif ou inattendu pour aller encore plus loin et pour atteindre la folie d’univers vraiment
déjantés comme ceux de Gregg Araki, autre cinéaste de l’adolescence désenchantée.
Mise en perspective :
- Kaboom, de Gregg Araki (Etats-Unis, 2010)
J'adore ce film... Quel plaisir effectivement de voir Dawson pencher pour le vice ! Par contre je ne vois pas de quelconque rapprochement avec Araki, je verrais plutôt Larry Clark à la rigueur.
RépondreSupprimerMais dans le genre "Les lois de l'attraction" est surement dans mon top 3 - 4/4
J'ai vu ce film il y a maintenant un bon bout de temps (il doit être chroniqué chez moi dans mes toutes premières revues) et j'en garde un souvenir très mitigé. C'est vrai que depuis, j'ai vu le
RépondreSupprimerdernier Araki qui le fait remonter immanquablement à la surface (à moins que ce ne soit plus le bouquin de BEE). A revoir donc, pour désigner le vainqueur du match avery / Araki.
Sacrebleu ! Dans ma hâte, j'ai encore associé le nom de Roger avec celui de ce brave Tex !
RépondreSupprimerContent tu l'aies apprécié ! Enfin voilà, perso, je le préfère largement à Kaboom.
RépondreSupprimerSinon, le roman est passionnant et évidemment, beaucoup plus riche. Le film reprend des personnages principaux pour dériver énormément mais pour moi, c'est la meilleure adaptation d'un roman de
Ellis !
eh bien donc tu auras quand même compris que moi, j'ai préféré kaboom... plus de folie et de couleurs, peut-être ?! :)
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