samedi 1 janvier 2011

[Critique] Alien, le huitième passager, de Ridley Scott



alien.jpg



Alien, le huitième passager, de Ridley Scott (Grande-Bretagne-Etats-Unis, 1979)



Note :
star.gif

star.gif

star.gif

star.gif




Incontournable référence de la science-fiction horrifique, le premier volet de la saga « Alien » continue de terrifier plus de trente ans après sa sortie ! Force est de constater qu’en se lançant
dans ce film, pourtant inspiré par « La planète des vampires », une série B à la truelle de l’immense Mario Bava, Ridley Scott signait un chef-d’œuvre du genre et ce qui demeure encore
aujourd’hui son meilleur film…

Partant d’une situation assez basique : un équipage de sept membres et un monstre extraterrestre en huis clos dans un vaisseau spatial (le Nostromo), il parvient à créer une forme de l’horreur
hyper efficace et pertinente… Le scénario est d’abord parfaitement écrit, laissant la tension monter doucement, niveau après niveau. Elle est marquée par la découverte de l’alien et par ses
différentes transformations, permettant au spectateur de découvrir à l’écran ce que l’un des personnages présente comme une forme vivante absolument parfaite, et à laquelle il sera par là même
bien difficile d’échapper… La peur est bien entendue rendue palpable essentiellement par une mise en scène très maîtrisée et plutôt futée, qui joue sur l’économie plus que sur la débauche
visuelle… Le réalisateur prend son temps et donne à son film de nombreux temps morts, jouant beaucoup sur les effets de durée, rendant ainsi certaines scènes d’horreur bien plus efficaces. Ce qui
angoisse n’est pas forcément de voir la créature et sa terrible mâchoire dédoublée, mais bel et bien de ne pas la voir ! Tous les plans précédant son apparition, souvent dans un inconfortable
silence, procure chez le spectateur un plaisir paradoxal, entre peur et fascination. Par cette retenue, Ridley Scott rappelle d’un bout à l’autre de son film ce que scandait l’affiche à l’époque
de la sortie du film : « dans l’espace personne ne vous entend crier »… Et ce sont les grandes étendues silencieuses, le vide sidéral et l’absence de réponse à tout appel de détresse qui
paniquent plus que tout ! Jouant sur des cadrages parfois étranges, soit très larges, soit très resserrés, mais toujours étouffants et angoissants, jouant aussi sur un travail méticuleux de la
lumière (ou plutôt des ombres et des absences de lumière en l’occurrence !), le film frôle la perfection esthétique et le choc claustrophobique intense, aidé par un montage alternant dilution du
temps durant les séquences où les protagonistes attendent la venue du monstre et successions de plans rapides et hachés dans les scènes de terreur…

Et puis surtout dans « Alien », il y a la fameuse théorie du « huitième passager », évoqué par le sous-titre français du film… Le premier quidam venu, certes un peu crétin sans doute, se dira «
ah tiens, il y a 7 passagers sur le vaisseau, ce huitième doit forcément être une évocation subtile du fameux « alien », ce monstrueux extraterrestre qui tue tout le monde à bord ». Bon, il
n’aurait peut-être pas entièrement tort… Cependant, il faut remarquer une forte ambiguïté sur la présence d’un neuvième passager, qui pourrait bien être en vérité le huitième ! Il est en effet
présent sur le vaisseau bien avant la venue du monstre et son importance dans la fiction, même si elle n’est pas évidente au premier abord, s’avère pourtant déterminante d’un bout à l’autre du
film : de là à dire qu’il a vraisemblablement plus d’importance que l’alien, il y a un pas que je m’abstiendrais cependant de franchir… Bref ! Cet autre possible « huitième passager » n’est autre
que le chat de Ripley (interprétée par Sigourney Weaver… enfin le personnage de Ripley, pas le chat !) Ce mignon petit miron se nomme Jones et possède un merveilleux pelage roux. Il apparaît au
début du film, mais on ne comprend son importance que bien plus tard. A vrai dire, il disparaît très vite, sentant bien entendu le danger (affirmant ainsi sa supériorité intellectuelle sur la
plupart des autres membres de l’équipage) et préférant alors se cacher dans les méandres du Nostromo. Il réapparaît lorsque l’équipage part à la recherche du monstre pour lui faire sa fête :
après un suspense haletant autour d’une trappe derrière laquelle pourrait bien se trouver l’alien, c’est Jones qui finalement sort de la cachette, avec une présence féline jusque-là encore
inégalée au cinéma ! Partant ensuite à la recherche du chat pour l’enfermer et ainsi ne plus le confondre avec la bête, un des astronautes finira hélas par tomber sur l’immonde créature.
Pourtant, le chat, par l’intensité de son regard et par sa façon de souffler et de cracher l’avait prévenu : attention, le monstre est dans le coin ! Au cours de nombreuses séquences, tout semble
ainsi passer par le regard du chat, révélant sa place essentiel dans le déroulé du film. Il sera le prétexte à bien d’autres rebondissements, comme cette séquence où, alors qu’elle s’apprête à
faire exploser le vaisseau et rejoindre la navette, Ripley place le chat dans une sorte de caisse de transport high-tech, afin de l’emmener avec elle et de tout faire pour le sauver. Il est le
dernier survivant et dans un beau geste d’humanité, elle parviendra d’ailleurs à le garder avec elle jusqu’au bout : cette façon de faire passer du sentiment humain par un geste de bravoure à
l’égard d’un animal est depuis devenu un grand classique dans le cinéma de genre, d’ailleurs… Mais une nouvelle inversion peut être envisagée : est-ce Ripley qui sauve le chat ou le chat qui
sauve Ripley ? On est en droit de se le demander, en effet, au moment où, contrainte de rebrousser chemin avant d’arriver à la navette de secours, Ripley abandonne (lâchement ?) le chat dans sa
caisse et dans les griffes du monstre… Et c’est là que l’immense puissance du chat entre en jeu, car même si la scène a lieu hors champ et que le film préfère se focaliser sur ce que fait Ripley
à ce moment là, force est de constater que lorsqu’elle revient sur les lieux, l’alien a disparu et le chat est toujours bien là, tranquillement, dans sa caisse ! Le chat, créature magique et bien
supérieure aux aliens (et qui nous survivra très certainement !), a clairement fait peur au monstre, qui s’est barré ! CQFD !



Toute la saga "Alien" vue par Phil Siné































  • Plus










4 commentaires:

  1. J'ai vu ce film à sa sortie en salle, il m'avait marqué à l'époque. Aujourd'hui, l'intensité est toujours aussi forte, même si ce huis-clos est un peu longuet, par moment.

    RépondreSupprimer
  2. hey super la théorie du chat ! je n'y avais jamais pensé...

    RépondreSupprimer
  3. Les mots ne sont passez fort pour ce chef d'oeuvre de SF... La perfection du genre pour ce film qui tient plus du thriller que de l'horreur ou de la F... Génial ! 4/4

    RépondreSupprimer
  4. Un VRAI chef d'oeuvre et qui ne prend aucune ride !!

    RépondreSupprimer