Note :
On ne s’attend pas forcément à grand chose en allant voir « Incendies », mais on se prend littéralement le film en pleine face au cours de la projection ! Voici un récit incroyablement puissant,
adapté d’une pièce de théâtre, véritable métaphore universelle sur la quête des origines… On y trouve en effet un frère et une sœur, jumeaux fonctionnant comme les deux côtés inversés d’une même
médaille, confrontés à un secret de famille troublant, qui les pousse à remettre en cause les perspectives de leurs vies, en partant au bout du monde (quelque part au Moyen-Orient, on ne sait pas
trop où exactement d’ailleurs, un peu comme dans les contes) sur les traces du passé de leur mère fraîchement défunte. En mourant soudainement, dans un étrange mutisme, elle leur laisse en
testament deux lettres : l’une à remettre à leur père, qu’ils croyaient mort, et l’autre à un frère, dont ils ignoraient jusqu’alors l’existence… Sauf qu’ils ne sont pas au bout de leurs
surprises : en cherchant des fantômes, on finit parfois par tomber sur soi-même, et après la colère peut-être sera-t-il possible de pardonner ? Sans trop en dire afin de ne pas déflorer une
intrigue passionnante et pour le moins surprenante, voire carrément électrochoc, on peut dire que ce film se dirige lentement, mais sûrement, indice après indice, vers un dénouement implacable et
grandiose, digne des plus puissantes tragédies antiques ! Ces « Incendies »-là seraient-ils alors des feux cathartiques, aussi bien pour les personnages, que pour les spectateurs ?
Mais au-delà d’une intrigue exemplaire et habile, discrètement et presque sournoisement intemporelle et symbolique, comme si elle nous prenait toujours par surprise, Denis Villeneuve propose
également un long métrage d’une haute tenue esthétique ! Malgré des dialogues parfois un peu appuyés et une interprétation pas toujours parfaitement juste, on reste cependant bluffé par un
scénario à l’efficacité dramatique remarquable ! Il y a un souffle romanesque épique dans la mise en scène d’« Incendies », qui demeure d’un bout à l’autre puissamment mélodramatique… Une
atmosphère anxiogène et tendue diffuse un sentiment d’insécurité quasiment constant : les personnages avancent tous avec la peur au ventre et des fulgurances de violence terroriste viennent en un
éclair confirmer leur appréhension. La scène du bus est à ce titre une étape extrêmement douloureuse… mais nécessaire ! Le trouble naît enfin du jeu narratif qui nous permet d’évoluer entre les
époques et les personnages : les alternances entre les temporalités (le passé de la mère, le présent des enfants) sont amenées à travers de très belles transitions, souvent subtiles et diffuses,
nous laissant généralement flotter un instant dans une incertitude temporelle… Entre le charme de l’accent québécois des acteurs, le réalisme remuant de certaines séquences et le lyrisme du
cheminement des individus, « Incendies » est une incontestable réussite cinématographique !
La révélation finale est juste hallucinante et horrible... Et tout le film est passionnant, même dans ses temps morts ! J'ai adoré.
RépondreSupprimerPour le coup, je ne partage absolument pas ton avis, j'ai trouvé le film maladroit, le scénario invraisemblable, les dialogues lourdauds. Les scènes de violence ne sont pas très réalistes et le
RépondreSupprimerréalisateur abuse des scènes de remplissage (le bus roule, les héros marchent). Les personnages secondaires sont caricaturaux. Bref, je suis resté totalement en dehors de ce film assez
artificiel.
Je le savais qu'il fallait que j'aille le voir. Bon, ce sera pour un blu-ray.
RépondreSupprimerJe suis infiniment plus enthousiaste que toi et je me demande surtout où est le bémol du point de vue de l'interprétation ?
RépondreSupprimerQuand à attendre le Blu ray, c'est vraiment dommage sachant que le film vient à peine de sortir au cinéma et qu'il a besoin de spectateurs, il le vaut, il le mérite.
Pour moi c'est un grand film... Mais qui apparemment divise, je le constate ici encore... Hélas...
Comme tu l'as vu j'ai aussi aimé le film. Il est fort et habile, c'est un des temps forts de ce début d'année.
RépondreSupprimerJe ne disais pas ça par rapport aux étoiles, mais par rapport à tes quelques réserves dans ton papier...
RépondreSupprimerAh bah notamment, je ne suis pas du tout d'accord, je trouve le fils vraiment excellent...
D'ailleurs, l'acteur joue le rôle principal de Polytechnique et je pense qu'il faut ABSOLUMENT que tu vois ça !!
Appuyés et redondants ? non Je les trouve très littéraires, ce qui peut en effet les rendre parfois sentencieux, mais perso, j'aime beaucoup ça. C'est devenu tellement rare, à une époque où les
RépondreSupprimerdialogues se doivent de sonner juste, naturels, blabla... Pas sur qu'Eustache ou Truffaut pourraient encore aujourd'hui faire du cinéma sans essuyer ce genre de critiques... J'adore la phrase
"L'enfance est comme un couteau planté dans ta gorge..." par exemple, elle m'a fait violence cette phrase.
Ah bah écoute, c'est bien !
RépondreSupprimerVois Polytechnique, maintenant et tu changeras aussi d'avis sur l'acteur !!!
Si je puis me permettre ce Polytechnique me parait à mettre on top of the list... va voir un peu sur le groupe FB "cinémathèque de groupe"
RépondreSupprimerNon, ça n'est pas moi mais j'ai pensé que ça pourrait t'intéresser...
RépondreSupprimerJ'ai moi aussi beaucoup aimé ce film
RépondreSupprimerles dialogues littéraires et certaines tirades, ou redondances rappellent que c'est une adaptation venant du théâtre, et ça ne m'a pas gêné au contraire.
j'aurai par contre bien envie de voir les deux autres pièces du tryptique. les musiques additionnelles de Radiohead collent parfaitement
Ici à Toulouse le film a beaucoup de succès, je ne l'ai vu que Lundi 31 et j'ai du m'y reprendre à 2 fois car Dimanche je me suis fait avoir, la séance étant complète!
Eh bien, cher Phil Siné, je n'ai pas vraiment aimé ce film. Malgré un très bon sujet, j'ai trouvé la narration confuse, la réalisation trop lourde et le jeu d'acteurs tout simplement consternant.
RépondreSupprimerAlors que cela aurait pu être un film superbe, c'est juste un objet stylistique au sujet grave (pas étonnant qu'il soit nominé aux Oscars). C'est trop maniéré tout le temps et les acteurs sont
trop mécaniques. Du coup, je me suis sentie un peu extérieure à l'histoire. Dommage.
Incendies est pour moi le grand film de ce début d'année! C'est un film à portée universelle, transcendé par la trame antique qui l'inspire. On ne peut être que saisi par la marche implacable du
RépondreSupprimerdestin et la force du texte de Wajdi Mouawad qui transparaît à travers les dialogues des acteurs.
un grand film oui, qui aurait pu etre un chef d'oeuvre s'il n'avait pas quelques imperfections par ci par là...
RépondreSupprimermais toi, tu n'as pas encore vu "black swan" je pense ! :)