vendredi 7 janvier 2011

Dexter, série créée par James Manos (Etats-Unis, 2006-****)


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Note :
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Dexter Morgan n’est pas tout à fait comme les autres êtres humains. A vrai dire, c’est à se demander au fond s’il l’est, « humain »… Maniaque et méticuleux au quotidien, expert dans l’analyse des
traces de sang pour la police de Miami, il s’adonne dès qu’il le peut à son activité favorite : tuer des gens ! Car Dexter cache bien son jeu : malgré une vie en apparence « normale », bien
qu’éminemment discrète (voire secrète) aux yeux de son entourage (même sa demi-sœur ne se doute absolument de rien), c’est un serial killer redoutable… Mais pas n’importe quel tueur en série non
plus, puisqu’il suit un « code » très précis, hérité de son père adoptif, qui l’oblige à ne liquider que les vrais méchants de notre société, c’est à dire principalement d’autres tueurs. Meurtri
enfant par un terrible traumatisme, Dexter est « né dans le sang » et n’éprouve apparemment plus la moindre empathie pour les autres ni le moindre sentiment humain habituel, ce qui a poussé
l’homme qui l’a recueilli à lui apprendre à vivre autrement, sans que l’on sache vraiment si cet enseignement lui a sauvé la vie ou a fini par le damner…

La beauté de la série tient bien évidemment à l’ambiguïté du personnage de Dexter, qui vit ses activités clandestines, seules à même de le faire jouir, comme une « malédiction ». Il a en lui ce
qu’il appelle « son passager noir », qui a bien du mal à le quitter… Pour se fondre dans la norme, le personnage est ainsi passé maître dans l’art de la dissimulation, et au cours de la série, on
le voit progressivement évoluer : parvenir à avoir une vie amoureuse et sexuelle accomplie, se marier, apprendre à s’occuper d’enfants, et finir même par en avoir un à lui… Il finira par faire
tout comme tout le monde, sans pour autant éprouver les sentiments qui vont normalement avec les situations qu’il traverse. Paradoxalement, alors qu’un tel personnage devrait nous révulser, sa
façon d’être finit par nous toucher et on suit sa transformation au fil des saisons avec beaucoup de bienveillance… Il faut dire que la prestation subtile et nuancée de l’acteur Michael C. Hall,
déjà formidable dans la série « Six feet
under
», y joue pour beaucoup.

La force du feuilleton est par ailleurs garantie par une réalisation efficace et nette, sans fioritures, nerveuse et souvent élégante. Les intrigues sont souvent palpitantes et riches, laissant
parfois une place suffisante à des personnages secondaires attachants et déterminants, à commencer par Debra Morgan, la sœur policière du héros, ou Rita, sa petite amie qui deviendra sa femme…
Les scénarios jubilent à mettre Dexter dans des situations que l’on jurerait inextricables, souvent pour mieux prouver son intelligence et sa force à se tirer de tous les mauvais pas ! Chaque
saison tourne généralement autour d’un serial killer plus important, sur les traces duquel la police de Miami et Dexter sont en concurrence : chaque tueur a ses spécificités et permet d’explorer
dans un large panorama toute l’horreur de la nature humaine…

La nature humaine, justement, qui reste une question posée par la série. Quelle est-elle au juste ? Et si Dexter, qui ne semble pas posséder cette « humanité » qui nous différencie de l’animal,
commet des crimes pour satisfaire ses instincts les plus primaires, il n’en reste pas moins qu’en choisissant ses victimes parmi la lie de l’espèce humaine, il la purge d’une certaine façon de
son « inhumanité »… Au fond, la série pose des questions dérangeantes et profondes, qui vont bien au-delà d’une vision réactionnaire d’un individu faisant justice par lui-même, dans la mesure où
le personnage n’agit pas par rapport à une morale mais par rapport à un « code », qui est avant tout celui de ne pas être pris… Il n’agit pas non plus par esprit de vengeance, mais presque par
instinct de survie ! Quelle que soit la façon dont on essaie d’envisager les situations que la série nous propose, on retombe toujours sur une indéfectible ambiguïté, et c’est probablement de ce
flottement que « Dexter » tire tout son intérêt… Et si à la fin de la saison 4, toutes les cartes sont redistribuées suite à un tragique événement pour le personnage central, la saison 5 sera
l’occasion d’une rencontre étonnante qui va lui permettre de vivre une véritable relation avec quelqu’un, sincère surtout, justement parce qu’il va trouver LA personne avec qui partager tous ses
secrets… Le dénouement se fera plus sombre et amer, bien sûr, mais n’empêche : on croirait que Dexter commence à éprouver de « vrais » sentiments… Et si un « monstre » comme lui peut finir par
redevenir humain, alors peut-être que tout espoir n’est pas complètement perdu pour nous tous ?































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6 commentaires:

  1. "Am I a good person doing 'bad' things or a bad person doing 'good' things ?"


    ;)

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  2. Je ne savais pas que tu écrivais aussi sur les séries!


    J'adore Dexter. Je n'ai pas vu la saison 5 encore mais la quatre aurait pu être la fin idéale.


    T'en penses quoi? Vraiment utile la cinq car je pense que malgré ce qu'il dit, des sentiments il en éprouve depuis le début de la série mais qu'il préfère se cacher derrière l'absence de ces
    derniers pour ne pas avoir à affronter les horreurs qu'il commet...

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  3. salut


    LA série de ces dernières années


    5 saisons et pas une ride


    à voir absolument en VO rien que pour les "Fuck" de Debra

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  4. Personnellement, je trouve que les saisons 2 et 3 sont moyennes. Mais la fin de la saison 4 est démentielle. D'ailleurs, là je vais me mettre à la saison 5, hot, hot.

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  5. Ouais une de ses répliques cultes ! ;)

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