jeudi 20 janvier 2011

[Critique] Hugo Cabret, de Martin Scorsese



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Hugo Cabret 3D, de Martin Scorsese (Etats-Unis, 2011)



Sortie le 14 décembre 2011



Note :
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Martin Scorsese adaptant un roman pour enfant (signé Brian Selznick) sous la forme d’un film en 3D avait sérieusement de quoi inquiéter… et pourtant, le résultat se révèle purement et simplement
magistral à l’écran ! D’abord peut-être par la force de la fiction, qui semble se dérouler sous nos yeux comme dans un récit palpitant de Charles Dickens : Hugo Cabret est un jeune orphelin qui
vit dans la gare Montparnasse du Paris des années 30 (qui ressemble à s’y méprendre à la gare de Lyon !) et qui va vivre une folle aventure avec la nièce d’un vieux marchand de bonbons et de
jouets, qui possède contre toute attente la clé qui permet d’animer un automate, dernier vestige de son père défunt, qu’il essaie de réparer dans l’espoir de donner un sens à son étrange et
triste existence solitaire… Mais tout ceci n’est que le commencement d’une grande histoire, dont l’inéluctable cheminement va peu à peu nous faire comprendre pourquoi Scorsese s’y est intéressé
avec une telle sincérité et une pareille ferveur : « On m’a donné le livre voilà environ quatre ans, et ce fut un choc, une vraie révélation. Je me suis assis et je l’ai lu d’une traite. Je me
suis tout de suite reconnu dans l’histoire de ce garçon, sa solitude, son lien avec le cinéma, les rouages de la créativité ».

« Hugo Cabret » renferme en effet une profusion d’éléments passionnants et passionnés, qui exaltent avec une folle intelligence une ribambelle de grandes vertus : on y sent à la fois une grande
érudition, une large palette d’émotions, l’esprit de la surprise et de la découverte… tout ce qu’il faut en somme pour réussir l’un des contes de Noël les plus extraordinaires, à découvrir seul
ou en famille, que l’on soit encore un enfant ou déjà une grande personne abîmée par la vie ! Chaque plan est littéralement un enchantement : les acteurs sont tous très convaincants et
bouleversants (particulièrement les enfants d’ailleurs), et la mise en scène du cinéaste est un festival d’hommages et de maîtrise virtuose… L’ouverture du film montrant en un plan splendide et
ébouriffant Paris comme une immense mécanique d’horlogerie annonce que le film parlera – entre mille autre choses – du temps qui passe. Hugo est d’ailleurs en quelque sorte le maître du temps,
puisqu’il s’est attribué la charge de remonter chaque jour les horloges de la gare où il vit, gare dont les entrailles gigantesques et impressionnantes sont filmées à hauteur d’enfant… Ses
cauchemars sont en outre des visions saisissantes : cherchant désespérément sa place dans ce monde, il se rêve devenir un rouage mécanique dans une machinerie où chaque pièce possède justement
son utilité : c’est ainsi d’ailleurs qu’il veut voir le monde, pour se persuader d’y avoir une place… Dans un autre rêve – prémonitoire ? –, il se fait renverser par un train qui déraillera dans
le hall de la gare et s’effondrera plus loin, évoquant un accident réellement survenu à la gare de Montparnasse en 1895, année de naissance du cinéma…

Venons-en au cinéma, justement ! Car outre des hommages divers, notamment à la littérature, la jeune amie d’Hugo dévorant les livres de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, « Hugo Cabret » se révèle
surtout un merveilleux et vibrant hommage au cinématographe… Au cours de plusieurs séquences – lors d’une séance de cinéma clandestine, lors de flashback sur les premières représentations des
frères Lumière –, le film cite ainsi la plupart des grandes références du cinéma des origines et Scorsese se paie ainsi le luxe de nous faire voir des films de Chaplin, Buster Keaton, Lumière ou
Meliès avec la technologie d’aujourd’hui, en 3 dimensions ! Plus discrètement, d’autres allusions sont amenées, comme lorsqu’Hugo se retrouve suspendu à une aiguille de l’horloge de la gare,
singeant ainsi bien malgré lui Harold Lloyd qu’il avait vu un peu plus tôt au cinéma… Mais le plus généreux hommage est bien sûr rendu à Georges Méliès, dont le film retrace finalement la vie, le
« papa Georges » de l’amie d’Hugo n’étant autre que le plus grand magicien du cinéma, déprimé après l’horreur de la première guerre mondiale… Il deviendra finalement comme un père de substitution
pour Hugo (l’identification de Scorsese devant alors être à son comble !), incarnant l’esprit même de la cinématographie : un outil magique pour émerveiller et réenchanter le monde… Pour aider
les hommes à vivre aussi – telle est la force de l’art ! – à l’image du petit Hugo Cabret, pour qui les films sont « comme un refuge »…



Autres films de Martin Scorsese :



After Hours (1985)



Les infiltrés (2006)



New York, New York (1977)
Shutter Island (2010)































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9 commentaires:

  1. papa tango charlie20 décembre 2011 à 01:43

    j'aime beaucoup ta critique, j'ai pour ma part été émerveillé par la beauté et l'émotion dégagée par ce film, dont le coté enfantin n'est jamais agaçant. 

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  2. J'ai moi aussi ete charmee par ce bel hommage au cinema. J'ai toutefois ete peu impressionnee par les personnages des enfants, et j'ai trouve que le film prend un peu trop de temps a se mettre en
    place. Une fois que l'on en arrive a Melies, il n'y a rien a redire, c'est parfait !

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  3. Je serais curieuse de voir ce film, et ta critique dithyrambique m'y incite fortement. Mais je ne veux pas la 3D et ne suis pas sure que c'est possible ...

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  4. On pouvait avoir peur de savoir Scorsese se lancer dans du divertissement familial, et en 3D de surcroît... Mais que neni ! Quel plaisir ce film, sa mise en scène explosive, ses acteurs
    impeccables, son travail réflexif sur le cinéma, et ENFIN une 3D au service du récit. Le film parfait pour Noël.

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  5. Bon, je vais commencer à avoir quand même un peu d'enthousiasme pour ce film que je vais voir samedi...

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  6. Une fois encore nous sommes au diapason (ça doit être l'esprit de Noël) même si mon bémol va à une faiblesse rythmique dans le déroulé du récit. Tout amateur de ciné d'hier et d'aujourd'hui doit
    absolument voir ce film.

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  7. Mouep, Scorsese aurait réalisé Le chat potté que ça n'aurait rien changé, c'est calibré pour les gosses.

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  8. Un très beau film avec un magnifique hommage, j'ai même versé ma larme pendant le visionnage des films ! Mais je trouve aussi qu'il y a un manque de rythme et que la 3D est toujours aussi nulle.
    3/4

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  9. Je suis conscient que le film est intéligent. Mais c'est tellement ennuyant, niais et mal joué par son acteur principal que j'en suis resorti très déçu. Seul les trente derniére minutes sont à
    sauver pour moi.

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