lundi 19 mars 2012

[Critique] Nouveau souffle, de Karl Markovics



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(Autriche, 2011)



Sortie le 14 mars 2012




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Voici un premier film impressionnant dans sa modestie même… En donnant l’impression d’un minimalisme complet, aussi bien dans ses images que dans ses dialogues, « Nouveau souffle » parvient à
dire l’essentiel d’une vie, et à travers elle ce qui pousse toute existence à avancer, coûte que coûte… A travers le triste destin de Roman, 18 ans, purgeant sa peine dans une maison de
correction depuis ses 14 ans, abandonné par sa mère et ayant grandi dans un orphelinat, le réalisateur Karl Markovics montre en effet comment quelqu’un peut se convaincre de continuer à vivre en
étant confronté au mépris des autres et à la mort…

Loin cependant d’un récit initiatique à l’optimisme béat, « Nouveau souffle » opte plutôt pour un traitement beaucoup plus sombre et réaliste. Aidé par une mise en scène à la sobriété et à la
sécheresse toute autrichienne (voir le cinéma d’Haneke ou plus récemment de Schleinzer), Markovics privilégie toujours l’économie – de plans, de mouvements, de dialogues
–, quitte à présenter des personnages très froids et peu amènes à l’empathie : "Je voulais créer un environnement extrêmement aride en termes de communication. Je tenais à ce que le spectateur
soit plongé dans un quotidien ordinaire, et qu'il ne cherche pas, par exemple, à donner trop de sens aux longues plages de silence, car les autres scènes ne sont pas non plus très loquaces. Les
rares dialogues, eux, sont chargés de sens". Le cinéaste va ainsi droit à l’essentiel, montrant son personnage principal, au mutisme souvent éloquent, portant toute sa douleur et sa solitude
extrême, se heurter aux comportements cliniques et glaçants, voire parfois méprisants, des gens qui l’entourent : les gardiens de la prison, ses collègues de travail, son instructeur, et même
cette mère qu’il finit par retrouver... Le jeune Thomas Schubert, quasiment de tous les plans, est parfait dans ce rôle tout en retenue et en intériorité.

De grandes idées parviennent à hisser « Nouveau souffle » à un niveau de cinéma très impressionnant. Ce sont comme des principes pertinents qui fonctionnent à la façon de métaphores
existentielles absolues… Il y a d’abord ces scènes à la piscine, qui expliquent en partie le titre du film : « je voulais aborder les thèmes de la respiration et du besoin de mouvement en prison
», explique le réalisateur. S’excluant du groupe formé par les autres détenus, Roman préfère nager des longueurs seuls à s’épuiser plutôt que de faire des jeux aquatiques… Essoufflé, un gardien
lui apprend à contrôler sa respiration, mais fuit aussitôt que Roman se répand en larmes… Ses plongeons dans la piscine rythme ainsi le film, jusqu’à cette descente jusqu’au fond du bassin, où le
jeune homme reste statique, s’empêchant de remonter à la surface : ses « compagnons » de cellules plongent pour venir le regarder, mais personne ne l’aide néanmoins… jusqu’à ce que le besoin et
la nécessité de respirer le fasse remonter fatalement à la surface. C’est seul que Roman doit donc trouver ce « nouveau souffle » » régénérateur qui lui permettra d’avancer : et c’est là
qu’intervient un autre élément important, celui du travail qu’il choisit d’exercer dans une entreprise de pompes funèbres… C’est ainsi confronté à la mort des autres, et notamment à celle d’une
femme qu’il croit être sa mère, que Roman va se tourner vers la vie, ou tout du moins vers l’avenir : continuer, essayer, chercher des réponses, tourner la page du passé, respirer… plutôt que se
résigner simplement. C’est ce que semble nous dire l’ultime plan du long métrage, à la composition et à la beauté remarquable, dont le mouvement d’ascension élève « Nouveau souffle » au rang de
très grand film !































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4 commentaires:

  1. Tu as enfin réussi à le voir... et tu spoiles toujours autant petit coquin

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  2. Ben c'te question, tu étais même venu mettre un comm' mon totor


    Là : http://lesnuitsduchasseurdefilms.com/2011/05/28/nouveau-souffle-atmen-de-karl-markovics-quinzaine-des-realisateurs-2011/#comments

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  3. Je suis comme les éléphants mon petit, j'en ai la grâce et la mémoire ^^


    PS. Et je me souviens de TOUT ! surtout des films ou des gens qui les commentent

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  4. roh... moi j'aime énormément les éléphants ! peut-etre à cause de leur trompe, je ne sais pas... ;)


    mais ça impressionne une mémoire comme ça ! et ça fait un peu peur aussi... je vais surveiller tout ce que je peux écrire comme conneries sur ton site, du coup ! :)

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