mardi 13 mars 2012

[Critique] Possessions, d’Eric Guirado



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(France, 2012)



Sortie le 7 mars 2012




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Inspiré d’un fait divers réel, cette histoire de crimes commis par excès de frustration est filmée comme un film d’horreur. Une perspective plutôt intéressante pour décrire un vrai problème de
société : celui du surendettement dans un univers de tentations matérielles créé par une société de consommation prônant avec ostentation le bonheur dans la propriété et dans les seules «
possessions »… Soit une famille issue d’un milieu populaire qui cherche à fuir son Nord sinistré en s’installant « chez les riches » à la montagne : tout commence pour le mieux avec leurs
propriétaires riches à en crever (c’est le cas de le dire !), jusqu’à ce qu’ils croient que ceux-ci sont en train de les mener en bateau…

Le film propose une vraie réflexion sur les tensions, puis les excès meurtriers, que peuvent engendrer les sentiments comme l’envie, la convoitise et la frustration de ne pas avoir une aussi
grosse maison ou une aussi grosse bagnole que son voisin toujours plus riche que nous : c’est le principe même d’une civilisation consumériste, où le désir de « possessions » génère une
croissance de plus en plus monstrueuse… Mais c’est dans sa mise en scène que le film d’Eric Guirado trouve son intérêt le plus fort, avec ce climat à la fois inquiétant et anxiogène, qui nous
laisse supposer très vite que quelque chose va mal tourner… Sa façon de multiplier les séquences naturalistes et les micro détails, qui permettent de caractériser efficacement les personnalités
et les motivations de chacun, se révèle peu à peu assez fascinant…

Si le film se révèle parfois un peu long et d’autres fois légèrement maniéré, on adhère cependant parfaitement à sa démonstration sociale percutante et troublante, dans la mesure où il est
parfois difficile de se mettre d’un côté ou de l’autre de la barrière : les responsables sont-ils finalement ceux qui accumulent honteusement les richesses au point de pousser les plus pauvres à
les convoiter ou alors ces pauvres-là, justement, poussés à bout par la frustration de leur vie médiocre, au point de prendre parfois des chemins dangereux… Les notions de victimes et de
bourreaux deviennent alors flottantes et ce flou génère insidieusement une incertitude profondément dérangeante.

Pour incarner à l’écran les couples rivaux, Lucien Jean-Baptiste et Alexandra Lamy s’en sortent plutôt bien côté bourgeois honteusement friqués, mais la surprise vient surtout de Jérémie Renier
et Julie Depardieu, qui excellent à jouer les Ch’tis modestes et naïfs, bien beaufs et complètement soumis à un système vicieux qui les dépassent complètement et les poussent dans la spirale de
l’Enfer…































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4 commentaires:

  1. Parceque je suis gay, j'aimerais voir le film

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  2. Un film bien foutu dans l'ensemble, les acteurs sont excellents même si leurs personnages n'évitent pas les clichés. Le vrai soucis c'est une montée en pression pas assez tendu... 2/4

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  3. c'est marrant parce que moi je ne trouve pas que les personnages soient des clichés... je les trouve au contraire très proche de gens bien beauf que je vois dans la "vraie vie"... ;)

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