jeudi 15 mars 2012

[Critique] Nouvelle donne, de Joachim Trier



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(Norvège, 2006)




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Premier long métrage de Joachim Trier (réalisateur du sublime « Oslo, 31 août » cette
année), « Nouvelle donne » est un enchevêtrement trépidant et passionnant de références multiples et d’un style percutant et exalté… Portrait d’une jeunesse norvégienne contemporaine, l’histoire
de l’amitié de deux apprentis écrivains et de leur groupe d’amis prêts à faire « Les 400 coups » n’est au fond qu’un prétexte à un exercice audiovisuel brillant et recherché. On est pourtant très
vite happé par les aléas souvent décalés d’un récit déconstruit et un peu foufou, multipliant les audaces narratives, mêlant drame et comédie, passé et présent, souvenirs passés au prisme des
sentiments et évocations d’un futur parfaitement fantaisiste, hilarant par ses tonalités ironiques et caricaturales… Ouf !

Mais sous les allures d’un tableau générationnel tout en uppercuts et en spontanéité rafraîchissante, Trier revendique de nombreuses influences, et particulièrement celle d’une culture française
qu’il évoque volontiers : "Il n'est pas rare que les Norvégiens qui aiment la culture aient une vision romantique de la culture française. Le regard que le film porte sur la France est également
rêveur et un peu naïf. [...] Nous [avec Eskil Vogt, le scénariste] sommes de grands fans de la tradition cinématographique et littéraire de la France." Et cela est parfaitement visible à l’écran,
lorsque ses personnages se retrouvent à Paris le temps de quelques séquences et tant « Nouvelle donne » rappelle par bien des aspects l’impertinence et le renouveau de la « Nouvelle vague »
française ! Mais si le ton complètement foutraque des premiers films de Godard semble parfaitement assimilé à travers une mise en scène qui multiplie les effets de montage déconcertants et les
ruptures de rythmes ou de genres assez brutales, on a en outre l’impression d’une mise à distance d’un cinéma purement formel ou trop intellectualisé : alors qu’ils regardent « L’année dernière à Marienbad » d’Alain Resnais à la télévision,
les personnages manifestent leur scepticisme, l’un d’eux demandant « Mais qu’est-ce que ça veut dire ? » quand l’autre se roule par terre en se tenant le ventre, tant les stridences violoneuses
le mettent mal à l’aise…

Plus poussé par les sens que par l’esprit, « Nouvelle donne » sait cependant imposer sa patte malgré la lourdeur de l’héritage qu’il expose ostensiblement à l’écran… Maîtrise formelle stimulante,
évocations d’un monde artistique et littéraire particulier, ivresses visuelles, bande originale aux mélopées d’une jeunesse désenchantée, réflexions existentielles personnelles, instants de grâce
lancés au milieu d’excès en tout genre… Le style de Joachim Trier se dégage ainsi indéniablement, aidé en sus par la fraîcheur juvénile et spontanée d’acteurs débutants, à commencer par Anders
Danielsen Lie (que le cinéaste retrouvera pour « Oslo, 31 août ») et Espen Klouman
Høiner…



 



Perspective :



- Oslo, 31 août, de Joachim Trier































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2 commentaires:

  1. Je viens de voir "Oslo, 31 août" qui ne laisse pas indifférent(!), et j'ai très envie de découvrir le premier film du réalisateur!

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  2. 1er film très différent du second, aussi bien dans la forme que dans le ton... mais on sent toujours une vraie personnalité chez ce réalisateur... et on retrouve aussi l'acteur principal d'oslo,
    qu'on regarde vraiment sans déplaisir... ;)

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