jeudi 8 mars 2012

[Critique] Cloclo, de Florent Emilio Siri



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(France, 2012)



Sortie le 14 mars 2012




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En parfait petit biopic musical, « Cloclo » comprend bien sûr tous les points forts d’une vie marquante et suffisamment « mélo » pour cartonner sur grand écran : une enfance de déracinés en
Egypte, la fuite électrochoc lors de la nationalisation du canal de Suez, un rapport difficile au père (Œdipe en veux-tu en voilà !), un début de carrière improbable (qui a donc dansé le « Nabout
twist » ?) avant des succès fulgurants et bien sûr une mort tout aussi percutante… Mais entre tous ces passages obligés, diverses anecdotes ou traits de caractères moins connus du chanteur Claude
François sont distillés avec habileté dans un long métrage plutôt bien construit et calibré, lancé sur des rails certes tout tracés mais solides, dont l’efficacité – compromise parfois par
quelques longueurs ou répétitions (l’enchaînement de conquêtes féminines du personnage se révèle notamment vertigineux !) – devrait convaincre le grand public malgré une durée de deux heures et
demi qui pourrait en faire réfléchir certains à deux fois avant de prendre leur ticket…

On découvre ainsi avec surprise certaines failles du célèbre chanteur, qui a révolutionné la variété française en lui injectant une vision très « américaine »… Claude François est présenté comme
un personnage un brin névrosé et extrêmement maniaque, capable de colères régulières aux frontières du caprice enfantin. Cependant, tout semble toujours contrebalancé par une note positive –
résultat de l’implication des enfants du chanteur dans la production du film ? –, comme lorsqu’un musicien rassure son collègue qui vient d’être viré sur un coup de tête par la star en lui disant
qu’il a déjà été renvoyé quatre fois et que la dernière fois Cloclo lui avait offert une montre pour se faire pardonner…

Mais de tels comportements cachent fatalement une fragilité chez le chanteur, interprété de façon troublante et mimétique par un excellent Jérémie Renier, qui visiblement prend son pied à rentrer
presque littéralement dans la peau de la star ! Son incarnation euphorique et borderline, pétrie de cabotinages délirants, fait d’ailleurs assez curieusement glisser le film dans une forme de
parodie discrète, mais juste hilarante ! Entre ses excès (ses dépenses incommensurables) et son air d’abruti notoire, on est toujours surpris lorsqu’il fait preuve d’un sens de la formule mordant
: pour convaincre Étienne Roda-Gil de lui écrire des chansons, il déclare lui avoir balancé qu’il le laissait, lui l’intello de gauche, écrire des chansons pour les filles en socquettes de
Neuilly, quand il continuerait de chanter des chansons débiles et sirupeuses pour les millions de gens des classes populaires… C’est à travers certaines répliques ou certaines situations (France
Gall venant pleurer comme une pauvre cruche devant sa porte), et avec ce je ne sais quoi de charme vintage et de caricature outrée, qu’un ton presque décalé (est-il volontaire ? au fond peu
importe…) vient tout à coup nous décrocher un fou rire… Le sommet est atteint lors de la très attendue « scène de la douche », tellement étirée pour créer ce faux suspense et tellement appuyée
quand l’ampoule de la lampe grésille, que l’on croirait presque voir une séquence de comédie burlesque… Plus proche alors de la comédie farcesque que du biopic dégoulinant d’émotions larmoyantes,
« Cloclo » réussit à faire mouche là où on ne l’attendait carrément pas, et c’est certainement très bien comme ça !



Perspective :



- Gainsbourg (Vie héroïque), de Joann Sfar































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8 commentaires:

  1. J'aime pas les biopics, je ne pense pas que j'irai le voir.
    Mais ce commentaire est en fait là pour dire: elle fait peur, la vache au centre de ta bannière. On dirait qu'elle fait partie d'un gang (style "Le retour des vaches folles tueuses"). Avoue que
    c'est pour ça que tu as choisi cette photo...

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  2. En tout cas la bande-annonce fout les frissons. Si j'ai bien compris il faut le voir au 2d degré...C'est qui le réalisateur ? Il a fait quoi ?

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  3. Bon ba je ne sais pas si j'irais le voir, mais je saurais comment le regarder au moins :)

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  4. J''avais pas du tout envie de le voir mais ton avis mattise ma curiosité ... J'irai pê faire un tour ds les salles pour me faire mon opinion.


    J'ai tjs trouvvé ke Jérémie Regnir ressemblait à Claude François. Pas étonnant k'il ait été choisi !

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  5. J'ai passé un très bon moment devant ce film. Touchant mais sans entrer dans la mièvrerie. Un très bon film !

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  6. Amours, gloire et beauté de "Cloclo" pendant deux heures et demi d'une extrême platitude hagiographique pour dix minutes d'idées de mise en scène vers la fin. A fuir.

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  7. papa tango charlie25 mars 2012 à 01:28

    Je n'ai jamais été fan de Claude François, ses chansons me rappelle les musiques de fête foraine aux manèges,aux auto tamponneuses et aux chenilles quand j'étais gosse. Et pourtant cloclo m'a
    beaucoup séduit, j'ai bien aimé les répliques. Ce qui m'a bien plu aussi c'est que les personnages et les décors était très soignés, presque trop, ça faisait parfois bizarre, presque moderne. En
    tout cas, depuis, j'ai "les magnolias" dans la tête, et aussi "reste". Moi qui n'avait aucun album, j'en ai déjà plusieurs depuis quelques heures ^^ 

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  8. ah oui voilà le genre de variétoche qui reste en tête... moi j'aimais bien avant le film... et du coup après l'avoir vu, je me suis en effet repasser mon best of à la maison ! :)

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