mardi 6 mars 2012

[Critique] L’hiver dernier, de John Shank



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(Belgique, France, 2011)



Sortie le 29 février 2012




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Pour son premier long métrage, le réalisateur John Shank décrit les derniers soubresauts d’un monde paysan traditionnel finissant, bientôt avalé tout cru par de nouveaux procédés rationalistes
privilégiant le seul profit au respect de la nature… Ayant repris la ferme et la façon de travailler de son père, Johann s’applique avec attachement – et acharnement – à son héritage et à la
terre où il est né, car il n’a que ça ! Il ne connaît que ça et il ne sait faire que ça, ce qui rend d’autant plus émouvant sa peine et son aveuglement devant l’évidence qui le guette : les
dettes et bientôt la saisie de ses bêtes et de sa propriété…

Politiquement, « L’hiver dernier » pose clairement son propos. Il fait l’effort de présenter les principes de ce monde paysan luttant comme il peut, notamment par le biais des coopératives. Sur
le fond, le film se défend parfaitement, rendant palpable l’étau qui étrangle peu à peu ces pauvres gens… Mais les relations entre les hommes, vite esquissées et parfois approximatives, n’est pas
ce que réussit le mieux John Shank : ce n’est d’ailleurs pas ce qui l’intéresse le plus ! On comprend très vite ce qui le passionne tant dans son sujet et où il cherche peu à peu à nous
emmener…

En s’attachant à son personnage, magnifiquement incarné par Vincent Rottiers, véritable acteur caméléon à la beauté hypnotique (vu notamment dans « Je suis heureux que ma mère soit vivante » ou «
Avant l’aube »), le cinéaste nous montre un rapport à la nature et aux animaux des
plus intense et profond : relations sans parole (un simple claquement de langue permet à Johann de « parler » à ses bêtes), sa vie à la ferme relève quasiment de la communion avec
l’environnement… Bien qu’inégal, le film propose toute une série d’images âpres et portées par la grâce : visions contemplatives de paysages de campagne aux connotations parfois presque
fantastiques, lorsqu’ils sont baignés par la brume ou la nuit… Perdu pour perdu, le héros de « L’hiver dernier » décide à la fin de fuir le monde pour s’immerger complètement dans la nature : une
marche lente et progressive, immersive et englobante, vers un ailleurs apaisant, à des années lumières du désespérant destin que propose une société livrée à des enjeux bassement financiers…































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