vendredi 23 mars 2012

[Critique] Harold et Maude, de Hal Ashby



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(Etats-Unis, 1971)




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Il est de ces films dont la vision vous émerveille et vous réchauffe le cœur… De ces films inoubliables que l’on se plaît à revoir, conservant encore intact le plaisir de la première découverte…
« Harold et Maude » est de ces films uniques et fous, profondément revigorants, dont la douce poésie qu’il dégage et l’équilibre qu’il conserve d’un bout à l’autre – en dépit du sujet immensément
casse-gueule qu’il aborde ! – relève quasiment du miracle…

Il faut dire que l’histoire d’« Harold et Maude » garde encore aujourd’hui des perspectives sacrément audacieuses ! La « bluette » sentimentale contée par Hal Ashby ne possède en effet rien de
banale et ne finira sans doute jamais de choquer certaines personnes aux principes moraux trop réducteurs… Car l’histoire d’amour que l’on nous raconte ici est finalement doublement scandaleuse :
non seulement à cause des circonstances de la rencontre entre Harold et Maude (lors d’un enterrement, car tous les deux, hantés par la mort, ont pour passion de venir assister aux oraisons
funèbres d’illustres inconnus), mais aussi parce que la différence d’âge qui les sépare est absolument hors norme (Harold est un jeune adulte de 20 ans aux airs encore adolescents alors que Maud
est sur le point de célébrer ses 80 printemps).

La fascination pour la mort des personnages aurait pu rendre le film lugubre et morbide, et c’est pourtant tout le contraire qui se passe : le ton de l’ensemble se situe quelque part entre la
mélancolie tendre et la comédie douce amère, voire carrément loufoque et burlesque par moments ! La beauté d’« Harold et Maude » est aussi de parvenir à utiliser le thème de la mort pour mieux
nous parler de la vie, de l’amour et du bonheur… Et si le jeune Harold, à l’éducation bourgeoise visiblement sans affection, manifeste à sa mère indifférente son envie de mourir (il simule de
multiples suicides, souvent impressionnants, ce qui donne lieu à plusieurs séquences assez hilarantes), sa relation avec Maude va lui redonner la joie de vivre et le goût pour une nouvelle façon
de voir le monde… Paradoxalement, les tempéraments respectifs des deux héros sont d’ailleurs inversés au début du film : Harold est triste et prisonnier d’une lourde torpeur, quand Maude est
toujours joyeuse et guillerette malgré son âge avancé, sorte de vieille dame indigne et fêtarde, toujours plus dynamique et fonceuse que jamais !

On se laisse ainsi porter par un récit apparemment simple, qui recèle pourtant de merveilleux et très précieux trésors, qui nous font traverser mille émotions, nous laissant alors les yeux
mouillés et le sourire aux lèvres… Tout marche prodigieusement dans « Harold et Maud » : la parfaite complicité des deux acteurs principaux à l’interprétation toute en charme et en finesse (Bud
Cort et Ruth Gordon), les étonnantes ruptures de ton (on passe d’une scène pétrie d’émotions à un gag digne de comique troupier sans que ça ne choque le moins du monde), la bande son remarquable
(notamment les belles chansons de Cat Stevens, à commencer par l’inoubliable « Il you want to sing out, sing out / and if you want to be free, be free… »), sans oublier bien sûr la mise en scène
d’Hal Ashby, qui semble constamment se jouer de nous, oscillant entre le drôle et le drame, entre la vie et la mort… ce que l’on accepte d’ailleurs sans rechigner, pour notre plus grand plaisir,
prêt à revoir ce film touchant et culte pour l’éternité !































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2 commentaires:

  1. Oui, moi aussi j'avais adoré ce film ! Jolie chronique enthousiasmante pour un film enthousiasmant. A tel point que j'en avais même parlé ici, c'est pour dire..

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  2. ah oui, maintenant que tu m'en parles ce billet me revient... j'avais déjà été étonné à l'époque de ton enthousiasme pour le film... ;)

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