samedi 10 mars 2012

[Critique] Before and After (Le Poids du déshonneur), de Barbet Schroeder


before_and_after.jpg(Etats-Unis,
1996)




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« Before and After », échec commercial dans la carrière de Barbet Schroeder, a bien failli ne jamais traverser l’Atlantique sans la volonté de son réalisateur, qui a permis de faire sortir le
film – sous le titre « Le Poids du déshonneur » – dans une salle en France en 1996. Le long métrage, jamais édité en vidéo en Europe depuis, demeure pourtant un superbe film, subtil et troublant,
sur un drame épouvantable qui s’abat sur une famille des plus banale… Une jeune fille vient de mourir et leur fils Jacob, dont on comprend qu’il en était l’amant, vient de disparaître dans la
nature, laissant suspecter sa culpabilité dans l’affaire. D’autres preuves l’incriminant sont retrouvées par son père dans sa voiture, preuves que ce dernier fait aussitôt disparaître, bien trop
angoissé de voir son enfant finir sa vie en prison…

Dans un décor de petite ville recouverte par la neige, l’univers a priori calme et cotonneux devient vite intenable pour la famille, accusée par ceux qui les entourent de protéger un meurtrier…
La violence, sourde, plane en permanence sur la vie des différents protagonistes, tous plongés dans des abîmes de souffrance intérieure… Schroeder filme avec une finesse infinie la dévastation
psychologique des individus, rendant progressivement « Before & After » à proprement parler bouleversant ! Il y exploite en outre le thème de la famille et de tout ce que l’on est prêt à
faire pour protéger les siens… Les personnages gagnent alors en puissance dramatique à travers l’ambiguïté qu’ils dégagent à tour de rôle : ni bons ni mauvais, manipulant constamment la vérité
(leur avocat inclut une dimension presque comique de ce point de vue là), ils se laissent finalement guider par leur cœur plutôt que par leur conscience…

Si le film aurait pu se transformer en thriller ou en « film de procès » comme les américains en sont friands, Barbet Schroeder préfère ainsi opter pour une perspective plus humaine et
mélodramatique… Les acteurs qu’il dirige – véritables stars de l’époque, ce qui laisse encore plus interrogateur quant à l’échec du film – sont tous absolument parfaits dans des rôles intenses et
psychologiquement complexes : Liam Neeson en père protecteur, Meryl Streep en mère bouleversée et Edward Furlong (le John Connor de « Terminator 2 ») en adolescent neurasthénique traumatisé… Une
belle découverte !

Ce film a pu être découvert en présence de Barbet Schroeder dans le cadre de la soirée d’ouverture du Festival « Théâtre au cinéma », qui se
déroule du 7 au 20 mars 2012 au « Magic cinéma » de Bobigny : une programmation riche et passionnante à découvrir sur le site du festival
Eh oui, il y a une vie pour les cinéphiles en dehors de Paris !































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4 commentaires:

  1. Eh bien figure-toi que je faisais partie de la poignée de spectateurs qui en 1996 ont trouvé le film dans son unique salle. Si mes souvenirs sont bons, c'est à l'Arlequin qu'il était passé. Je ne
    l'ai effectivement jamais revu depuis.

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  2. Elle remonte à quand cette dernière expérience ? Moi je n'ai jamais eu de souci à l'Arlequin je crois, et deux des toris salles sont vraiment bien.

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  3. Ha, effectivement c'est pas cool comme expérience. Un de mes regrets de la fin de l'année dernière c'est de n'avoir pas trouvé le temps d'écrire le billet que je voulais écrire sur mon expérience
    en salle du Cheval de Turin. Hmmm... Je vais peut-être l'écrire tout de même avec un temps de retard quand je serai en vacances la semaine prochaine ;)

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  4. oh oui ça serait chouette ! lors de ma projection, il y a eu qqs endormissements (un peu moi d'ailleurs par endroits... ;) et surtout des départs, mais les gens attendaient bien la fin de chaque
    partie pour se lever par petits groupes... très disciplinés ! :)

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