dimanche 25 mars 2012

[Critique] Saw, de James Wan



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(Etats-Unis, 2004)




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La situation de départ de « Saw » ressemble à l’une de ces énigmes absurdes que l’on se raconte parfois comme des blagues de fin de soirée : deux hommes se réveillent dans une pièce aux allures
de salle de bain dont le ménage n’aurait pas été fait depuis un sacré bout de temps ; chacun est attaché à une extrémité de la pièce ; ils ignorent où ils sont et comment ils ont atterri là ; ils
prétendent ne pas se connaître ; et pour finir un cadavre gît dans une mare de sang au centre des lieux… Pourquoi ?

Un scénario machiavélique et fichtrement bien ficelé va justement vous jour du saigneurl’expliquer au fil de quatre-vingt dix minutes de
révélations et de rebondissements, de twists gigognes et de filouteries en tout genre, de flashback et de souvenirs qui rejaillissent au moment opportun… Les pièces se mettent finalement en place
comme les morceaux d’un « puzzle » (ne parle-t-on pas justement dans le film du « tueur au puzzle »), au fur et à mesure que des personnages surgissent et que l’on comprend quel est exactement
leur rôle dans cette sombre histoire, après les avoir soupçonné l’un après l’autre d’être l’instigateur de ce piège gigantesque dont les différents éléments se referment un à un sur chacune de
ses victimes… Bien malin d’ailleurs qui saura deviner avant l’ultime séquence qui est le véritable cerveau de l’opération ! La surprise est de taille…

L’intrigue retorse – et les excès délicieusement grand-guignolesques qui la constitue parfois – est justement ce qui fait tout le sel de « Saw » et l’affuble d’une morale aussi discutable que
passionnante… Après tout, le « tueur » du film n’en est pas vraiment un dans la mesure où il ne commet pas lui-même les meurtres : il se contente de tester sadiquement les limites de l’être
humain, en le mettant en scène dans des situations impossibles où ses pires instincts se réveillent… Chacun se révèle alors tour à tour victime et bourreau, confronté à sa propre volonté de
(sur)vivre. Mais le plus intéressant vient de la culpabilité qui préexiste dans chaque personnage, qui n’a pas été choisi par hasard pour participer à ce « jeu » d’un nouveau genre et dont
l’épreuve correspond à un élément obscur de sa vie intime…

Côté mise en scène, James Wan rivalise d’ingéniosité et de virtuosité, en dépit d’un budget des plus modeste… Il en profite du coup pour transformer le genre du « survival », que l’on connaissait
jusque-là plutôt tourné en pleine nature, et le contraindre à l’espace réduit d’un huis-clos : un bel exemple de contrainte économique qui permet rien de moins que de renouveler un genre ! Mais à
propos de cinéma de « genre », force est de constater que « Saw » est à la tête du phénomène de mode des « torture porn » dans les années 2000, en en devenant la figure de proue par le biais
d’une franchise comptant pas moins de sept opus entre 2004 et 2010. Cependant, si le film est devenu culte depuis – et à juste titre, avouons-le –, il est pourtant loin d’être le plus gore de ce
qui a été fait dans le domaine : peut-être même bien au contraire… Sa réalisation relève en effet souvent du pur effet de suggestion dans les scènes les plus sadiques et atroces, mais une forme
de suggestion qui aurait été comme « inversée ». L’image montre par exemple tout des horreurs que sont obligés de s’infliger les personnages, et en gros plans qui plus est, mais cela est rendu
quasiment subliminal par la force d’un montage ultra-rapide et haché jusqu’à la nausée… Cet effet visuel – pénible pour les uns, jouissif pour les autres – est d’ailleurs devenu la marque de
fabrique de toute la série des « Saw », dont la violence sadique pour lesquels on les a souvent condamné, n’est pourtant rien de moins que le révélateur moral des pulsions contenues en chaque
personnage et par extension en chaque spectateur du film… Cet aspect philosophique de la saga se laisse cependant bien souvent écrasé par le « plaisir coupable » que l’on éprouve à la vision de
ce thriller horrifique rudement excitant !



 



Perspectives :



- Saw 3D : Chapitre final = Saw 7 (vu en 2D), de Kevin
Greutert



- Index du Jour du Saigneur































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2 commentaires:

  1. Très bonne critique, j'aurais mis chef d'oeuvre dans la mesure où il a lancé un genre et l'a sublimé par la même occasion.

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