jeudi 5 janvier 2012

[Critique] L’odyssée de Pi, d’Ang Lee



odyssee_de_pi.jpg
(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 19 décembre 2012




star.gif

star.gif

star.gif


Quelle incroyable histoire ! Une véritable « odyssée » en effet, que cette vie de « Pi » : celle d’un jeune homme parti avec sa famille et un véritable zoo flottant sur un cargo, qui prend
malheureusement l’eau en plein océan… Bien vite, le garçon se retrouve seul dans une barque en compagnie d’un zèbre, d’un singe, d’une hyène et d’un tigre, qui va bientôt rester son seul
compagnon de naufrage… et la vie n’est pas facile tous les jours dans une embarcation aussi étroite avec un féroce félin affamé !

Le taiwanais Ang Lee, réalisateur du meilleur (« Garçon d’honneur », « Brokeback Mountain »…) comme du moins bon (« Hulk »), se lance à bras ouvert et avec une énergie communicative dans un
projet casse-gueule au possible ! Déjà, l’histoire en elle-même, tirée d’un roman paraît-il merveilleux, prête à suspicion, mais l’idée même de son adaptation pour le grand écran, pour un film en
images « réelles » (certes truffées d’effets spéciaux), aurait très bien pu se révéler complètement ratée ou parfaitement risible… Or, non : « L’odyssée de Pi » est tout le contraire ! Il faut
dire que le cinéaste y fait très clairement le « pari du cinéma », soit celui du principe que cet art « merveilleux » peut tout dire, tout montrer avec la même conviction, sans le risque du
ridicule, pourvu que l’on ait tout simplement la foi en ce qu’on fait… Aidé par un imaginaire débordant et des images grandioses qui frôlent l’onirisme pur (les tempêtes en plein océan, le
naufrage, l’escale sur une île étrange peuplée de petites créatures sympathiques, l’épisode de la baleine ou des poissons volants… etc.), Ang Lee possède justement cette foi inébranlable en son
film, qui lui permet de nous emporter où il veut et de nous laisser croire à l’inimaginable… C’est exactement la force du plus merveilleux des arts !

Mais en plus du pouvoir évocateur immense de ses images, soutenu par le talent sincère du jeune acteur Suraj Sharma, « L’odyssée de Pi » se révèle traversé d’une profondeur et d’une philosophie
surprenante… Le débat entre l’homme et l’animal, l’animalité en l’homme, les circonstances qui peuvent nous faire renier nos convictions les plus intimes, les autres qui peuvent nous faire agir
de la façon la plus terrible, nous faire commettre malgré nous les actes les plus innommables avec lesquels on devra vivre le reste de sa vie… Si Dieu cristallise de nombreuses réflexions, c’est
avec une intelligence et une diversité assez rare et bienvenue : la multiplicité des religions (que le jeune héros voudrait toutes embrasser), l’idée de l’absence de Dieu, et surtout ce coup de
folie déchirant en pleine tempête, pris dans la tourmente de la fureur océane, où la solitude du garçon se heurte à une absence totale de réponses à toutes ses questions… Avec une jolie
simplicité, Ang Lee trace les contours de l’existentialisme et nous balade avec ludisme entre mensonge et vérité. A l’issue de son odyssée, Pi est poussé dans ses retranchements devant l’histoire
littéralement incroyable qu’il raconte. Contraint de proposer une autre version des faits, plus crédible mais aussi plus sombre, il laisse néanmoins planer le doute, laissant entrevoir qu’au fond
la vérité n’est pas dans les faits, mais plutôt dans le sens que l’on donne aux histoires que l’on raconte…



[L'odyssée de Pi sur Allociné]































  • Plus










13 commentaires:

  1. Je n'étais pas du tout attiré par l'affiche ... c'est bizzare ...mais tu en parles si bien et le réalisateur a quand mm réalisé Brockeback Mountain un superbe film alors je le verrais paut être.


    Merci pour cette mise en valeur avec trois étoiles !


    Bisous et bonne soirée

    RépondreSupprimer
  2. Oooh mais ta critique est merveilleuse, tes trois étoiles font rêver, le film lui-même semble presque magique... je vais vraiment pi-affer jusqu'au 19 décembre, moi! ;p

    RépondreSupprimer
  3. Un joli film, bien réalisé. Pas non plus le grand film qu'on nous promets mais pas mal du tout.

    RépondreSupprimer
  4. Je te rejoins complètement, film sublime qui fait rêver et réfléchir ! A quand l'Oscar du meilleur acteur/animal en images de synthèse ?

    RépondreSupprimer
  5. papa tango charlie19 décembre 2012 à 04:39

    Donc toi tu penses que la vrai version c'est celle où Jus d'Orange est en fait sa mère? Je n'aime pas du tout cette histoire, je préfère celle avec le régime de banane et l'ile carnivore avec ses
    suricates. que d'interrogations, j'ai été sous le charme du film ^^

    RépondreSupprimer
  6. Hé ben, j'avoue que tu donnes drôlement envie, Phil!
    Ca sent l'aventure, la fougue et la poésie...
    Je l'ajoute à ma liste "à voir"!

    RépondreSupprimer
  7. Déçu pour ma part. L'odyssée est trop courte bien que ce soit une merveille. Début trop long et le matraquage religieux n'a plus rien de mystique... 1/4

    RépondreSupprimer
  8. Pas encore vu, non.
    J'espère trouver un créneau en 2013! ;)

    RépondreSupprimer
  9. stanley schnitzler6 janvier 2013 à 02:04

    En afit les deux histoires sont vrais , celle du debut et celle de  la fin , la seule difference est que dans celle avec le tigre , ce dernier représente la partie animale de pi , vus
    subjectivemebnt par lui puisquil est seul et comme sil ce jugait en meme temps , prouvant quil n'est pas devenut fous .Le tigre donc est ole signe annonciateur que pi dans un univers hostile doit
    en revenir au fondamentaux pour survivre .Le zebre représente sa mere et le singe je ne sais plus quel personnage .Le cuisinier est représenté par le derneir animal qui tue le singe puis ensuite
    et enfin sa mère , ce que pi raconte a la fin brièvement .Pi tue cette animal par le biais de son coté animal , le tigre , avec un couteau cest ce quil raconte a la fin ,or les dents de tigre son
    considéré comme des sabres dans la culture de pi .Ce qui fait que ang lee nous montre sa pratique de la mise en abime du fond dans la forme au cinema , en nous trompant et nous imposant une sorte
    de conte alors qu'au devoilement de la castration finale , scène ou il raconte lhistoire sans les artifices , qui s'avèrent etre des représentations metaphoriques de l'etats psychologique 
    des embarqués , on s'apercoit qu'elle est plus cruelle , et donc réaliste , que ce quil nous a conté .Ang lee réussit son paris et nous prouve sa dextérité dans la mise en scène .beau spectacle
    surtout en 3d

    RépondreSupprimer
  10. Et bien ça l'était, magique, et pas seulement parce que le personnage peut réciter des dizaines et des dizaines de décimales de notre chiffre fétiche commun (contrairement à moi) ! Le titre
    original est "Life of Pi" et on y est bel et bien transportés du début à la fin, quel film fabuleux et quelle fierté pour moi ! 


    ps : note que je m'entraîne pour le minuit pile... :D

    RépondreSupprimer
  11. C'est ta belle critique qui m'a fait aller voir ce film une première fois en décembre (suivie d'une 2e très rapidement!) et c'était beaauuu !! A vrai dire, il ne passe pas un jour où je ne rêve
    d'y retourner et surtout de le faire découvrir à quelqu'un qui ne l'aurait pas encore vu. Tout comme le nombre pi, ce film est transcendant (dans presque tous les sens du terme ;) et tu as bien
    raison de dire qu'il fait croire au cinéma, wah, quelle révélation pour moi aussi! Je découvre Ang Lee au passage et ça commence très très fort !

    RépondreSupprimer
  12. Ah tiens, un peu comme Uwe Boll alors ? ;) Mais oui, j'aimerais bien voir d'autres films d'Ang Lee du coup ; il faudrait commencer par "Le garçon d'honneur" plutôt que "Hulk" si j'ai tout bien
    suivi ?

    RépondreSupprimer
  13. juste "garçon d'honneur" en fait... ;)


    je crois que "salé sucré" est pas mal aussi et j'avais bien aimé "hotel woodstock" aussi...

    RépondreSupprimer