dimanche 15 janvier 2012

[Critique] Marina Abramovic : The artist is present, de Matthew Akers



marina_abramovic.jpg
(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 12 décembre 2012




star.gif

star.gif


Voici un documentaire des plus fascinant, qui nous plonge au cœur de l’une des créations les plus hors norme et insaisissable : celle de la performance ! Matthew Akers se propose pour cela de
dresser le portrait de l’une des « artistes performeuses » les plus célèbres : Marina Abramovic… Si elle fut pendant longtemps décriée en tant qu’artiste ou peu appréciée à cause de débordements
parfois trop borderline et choquant de ses « créations », force est de constater qu’elle est désormais très largement reconnue, par les « professionnels de la profession » eux-mêmes, puisqu’une
rétrospective de sa carrière a été proposée au MoMA de New York, moment phare dans son œuvre où elle se livra d’ailleurs à une nouvelle performance, sur laquelle le film revient plus
largement…

A partir d’un matériau abondant (des centaines d’heures de rushes !), le documentariste a bien évidemment dû faire des choix dans sa façon d’aborder le personnage qu’il décrit. Aussi, délaissant
le principe d’une biographie trop conventionnelle ou démonstrative, il préfère très vite se concentrer sur l’art même de Marina Abramovic… Présentant ses multiples expériences et performances, on
est d’abord surpris par cette femme capable de tout donner et de tout sacrifier pour son art, quitte parfois même à mettre sa vie en danger réel ! Entre scarifications – jusqu’au sang ! – et
flagellations diverses et variées, on comprend pourtant très vite que le but de l’artiste n’est pas simplement de choquer pour choquer à l’aide d’images fortes, que beaucoup pourront trouver
insupportables ou scandaleuses. Car au fond, ce qu’elle interroge par ses mises en scène outrées n’est autre que la nature profonde de l’homme ! Faisant parfois littéralement s’entrechoquer les
corps, souvent nus, sur la scène, elle rappelle finalement que la vie n’est qu’une suite de coups que l’on reçoit ou que l’on donne… Et quand elle s’isole à la campagne avec certains volontaires
pour apprendre à ralentir jusqu’à si possible parvenir à ne plus rien faire du tout, c’est la société actuelle qu’elle vise, prise d’excès et de vitesse, partagée entre une consommation aveugle
et un manque de recul évident sur les choses. La folie des hommes est au cœur de sa réflexion, qui devient proprement terrifiante dans sa capacité à faire émerger à nu la bestialité de ses
semblables : lors d’une expérience où elle mettait des armes à disposition des spectateurs face à elle, en leur laissant la liberté d’en faire ce qu’ils voulaient, combien prirent presque
instinctivement le pistolet pour la menacer !

Le plus terrible, c’est que l’on ressent, à travers les images de Matthew Akers, combien l’implication de Marina Abramovic est forte et insensée dans son travail. La violence psychologique de ses
performances devient alors presque palpable… et toute la partie sur l’exposition « The Artist is present » au MoMA se révèle en cela proprement fascinante et émouvante ! Marina s’y exposait
elle-même sans relâche durant trois mois, assise sur une chaise face à une autre chaise où les visiteurs venaient s’asseoir à tour de rôle pour un échange intime et silencieux avec l’artiste.
Tout à la fois éprouvante et passionnante, cette rencontre sans voile avec son public prouve une fois encore le véritable dévouement de la performeuse pour son travail et son acharnement à faire
poindre avec émotion la vérité sur l’homme… « Tout pour l’art », pourrait-on dire pour décrire au plus près les gestes de Marina Abramovic !































  • Plus










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire