jeudi 5 janvier 2012

[Vidéo] California, d'Abel Ferrara (vu par Nicole Brenez)







Mylène Farmer fait son cinéma chez Phil Siné !



En juillet 2002, l'émission "Court-Circuit" sur ARTE consacre cinq minutes pointues et passionnantes au clip "California" de Mylène Farmer, réalisé par le cinéaste Abel Ferrara. Le commentaire
est signé Nicole Brenez, universitaire et théoricienne du cinéma, spécialiste notamment de Ferrara. Le propos est incroyablement riche et passionnant, comme en atteste la vidéo ci-dessus, et à
l'image des extraits ci-dessous...



"Le clip représente la pointe avancée de la réification fétichiste en régime capitaliste. Ferrara le sait et il aime ça. Comme Jean-Luc Godard lorsqu’il réalise un film d’après une chanson de
Patrick Juvet, Abel Ferrara dénude le ressort fétichiste du clip et le transforme en instrument critique. Comment ? "California" répond à cette question : et si l’Ange de la vengeance était marié
? Le clip pourrait passer en ouverture de n’importe quel congrès féministe, on a rarement affirmé avec autant de violence que les rapports conjugaux étaient le fruit de la domination économique.
À la faveur de cette représentation de la vie conjugale en exploitation sexuelle, "California" montre que, dans le monde de la réification, il n’existe pas plus de différence entre l’épouse et la
pute qu’entre la femme et la pancarte publicitaire : la prostitution n’est pas une iconographie romanesque, c’est la vérité du rapport d’exploitation qui anime l’ensemble des dimensions de
l’existence, de l’environnement urbain à la caresse conjugale, de la fête mondaine au fait-divers criminel. Dans ce monde-là, tous les corps sont interchangeables, et le montage métaphorique de
"California" autorise l’un des plus beaux moments du cinéma de Ferrara, la répartition du même geste de séduction marchande sur 4 corps différents, beaux comme des sérigraphies d’Andy Warhol,
clignotants comme des néons, exploités jusqu’à la mort. Abel Ferrara offre à Mylène Farmer la théorie de sa situation : dans ce monde-ci, les chanteuses sont priées de fermer leur gueule et de
montrer leurs fesses, elles ne chanteront que si elles n’ont rien à dire et leurs petits refrains d’amour résonnent comme autant de ritournelles du silence."



Un peu plus loin, Nicole Bernez parle de "la structure anamorphique des films de Ferrara, [que] développe California et [que] chante, “dans l’rétro, ma vie qui s’anamorphose”, Mylène Farmer, à ce
jour la meilleure analyste de l’œuvre d’Abel Ferrara."



A voir : le clip complet !































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2 commentaires:

  1. papa tango charlie5 décembre 2012 à 04:16

    C'est bien le dernier clip de mylène qui m'a fasciné, avec cette histoire qui force à s'interroger, le tout dans un univers sublimé: un bon mélange avec beaucoup d'inspiration US qui à l'époque a
    bien contribué au renouvellement du style du mythe MF ^^

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  2. mais oui carrément, surtout que ce n'était plus boutbout derrière la caméra ! et ferrara ça claque tout de même ! :)


    aucun des clips qui a suivi ne t'a "fasciné" ? vraiment ? (je te rends ton amour ? l'ame stram gram ? fuck them all ? the farmer project ? etc. ;-)

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