samedi 7 janvier 2012

[Critique] Take Shelter, de Jeff Nichols



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Take Shelter, de Jeff
Nichols



(Etats-Unis, 2011)



Sortie le 4 janvier 2012



Note :
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Après « Melancholia » de Lars Von Trier et « Le cheval de Turin » de Bela Tarr, l’apocalypse a le vent en poupe au cinéma ces derniers
mois, effet « 2012 » oblige ! Mais à l’image de ces deux autres films, « Take Shelter » propose une vision bien singulière de la fin du monde, une vision « d’auteur » que l’on pourrait qualifier
d’intime tant elle est vécue par une toute petite parcelle de l’humanité à l’écran… Ici, il s’agit d’un père de famille en proie à des cauchemars de plus en plus effrayants, le persuadant bien
vite que le pire est à venir…

Les effets spéciaux et la mise en scène font preuve d’une belle originalité pour rendre les visions du personnage principal à la fois saisissantes et profondément poétiques, presque
mélancoliques, justement, comme dans le film de Lars Von Trier… Des nuées d’oiseaux dansant dans le ciel, d’autres oiseaux s’effondrant morts en pluie sur le sol, des spectacles de tornades
presque apaisées dans le lointain… Comme si l’apocalypse relevait ici d’une douce aspiration de l’homme, celle de se sentir enfin libéré du poids de ce monde dans lequel il n’arrive plus à vivre
et à être heureux…

Habilement, Jeff Nichols dresse un parallèle entre une fin du monde globale et la fin d’un monde plus proche de nous, celui d’une Amérique désespérée et ravagée par une crise et une dépression
dont elle ne voit plus la fin… La famille de notre anti-héros doit faire face à de sérieux soucis économiques : tellement obnubilé par le réalisme de ses cauchemars, il s’endette bêtement pour
agrandir l’abri anti-tempête de sa maison… puis il perd son emploi, et par là même sa mutuelle, qui devait enfin lui permettre de faire opérer sa petite fille atteinte de surdité… Mais son «
désir » de fin du monde, exprimé par ses rêves, n’est-il que le révélateur d’une maladie mentale qui le ronge, comme semble le forcer à croire la raison, les médecins ou encore son entourage
?

Aux côtés de la lumineuse Jessica Chastain (vue cette année dans "The tree of
life
"), Michael Shannon crève l’écran dans le rôle fascinant de ce « Cassandre » contemporain, qui croit devenir fou dans un monde qui s’effondre tout autour, même si ceux qui l’habitent ne
le remarquent pas, tant cet effondrement est subtil et invisible à l’œil nu… Le vice est poussé justement à cette résignation du personnage à sa folie supposée, jusqu’à ce qu’il baisse la garde
et que sa femme le comprenne enfin, à l’instant même où il est trop tard… Le finale se révèle alors époustouflant de calme et d’horreur muette : le dernier calme avant la tempête qui emportera
tout, et pour toujours… A la fois très beau et terrifiant !































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8 commentaires:

  1. Han comment tu spoiles :p
    C'est vraiment un très beau film, un peu trop long peut-être mais qui bénéficie d'une très belle mise en scène et d'une interprétation hors pair.

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  2. Belle critique. J'ai vraiment aimé ce film qui à travers son intrigue blockbusterisé sert un film singulier et vraiment intéressant. J'aime particulièrement l'entreprise de suivre la névrose d'un
    personnage jusqu'à la toute fin. Dans ce sens certaines séquences sont de beaux moments de cinéma.

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  3. Les acteurs sont tous superbes. Un très bon film qui gagne grâce au personnage central qui se soigne, s'interroge autant que le spectateur... 3/4

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  4. Pas vu alors que j'avais très envie de le voir (à la place, j'ai vu Une Nuit :( snif ).

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  5. J'ai véritabelement adoré ce film !!


    Jolie critique surtout la fin mais tu en dévoiles pê trop !

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  6. Une perle ce film, comme toi j'ai beaucoup aimé. L'équilibre entre réalisme et fantastique est parfait, les scènes de rêve sont saisissantes tout comme les simples séquences de dialogue, le tout
    porté par des acteurs incroyables. Puis la fin, quelle fin !

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  7. Je me suis pris "take shelter" en pleine face ce matin. Une puissance qui écrabouille "Melancholia" de très loin. Je ne sais pas si je m'en remettrai avant la fin de la journée.

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  8. avant la fin de la journée ou la fin du monde ? ;)


    tu t'en es remis, ayé ?

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