mercredi 31 mars 2010

White material, de Claire Denis (France, 2010)

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Note :
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Aidée par l’écrivain Marie Ndiaye au scénario, la cinéaste Claire Denis nous plonge dans une Afrique dure et cruelle, rendue abstraite par son indétermination géographique, avec son « White
material », dont le titre explicite d’emblée les rapports entre les blancs et les populations locales... Rapports tendus, basés sur les idées de colonialisme, de dominations ou encore de propriété.
A qui appartient en effet la terre : à ceux qui l’habitent ? à ceux qui la cultivent ? à ceux qui la prennent ou qui l’achètent ? Autant de questions sans réponse, soulevées insidieusement dans un
film qui met en scène Maria, femme blanche à la tête d’une plantation de café, qui va s’attacher jusqu’à la folie à sa terre, malgré le climat de terreur qui doucement s’installe dans le pays,
malgré les exhortations de tous (sa famille, ses proches, l’armée qui déserte…) à repartir dans sa patrie natale… Le problème, c’est qu’elle se sent désormais d’ici, et qu’elle ne se voit plus
reprendre une vie là-bas… Blanche elle est et restera, blanche toujours tout le monde la verra, mais noire elle aimerait être ! Outre une fable sur les égarements post-coloniaux, « White material »
pose ainsi d’autres questions, plus philosophiques, comme celle de l’identité…

Claire Denis imprègne son style tout au long de ce merveilleux long métrage, aux images fortes et à la poésie moite. Sa mise en scène est unique : à la fois très elliptique et souvent
contemplative, elle semble « errer » dans des images, bien plus que filmer une histoire qui serait trop écrite… C’est tout le lyrisme de ses plans mouvants, qui s’égarent amplement dans les vastes
paysages, comme une rêverie intérieure, comme l’appel d’un monde sauvage, primitif et ethnique, qui vit à l’intérieur des personnages… On est alors comme emporté, presque hypnotisé, dans ce flot
d’images d’un monde en pleine turpitude ! Certaines scènes qui auraient parues importantes à d’autres réalisateurs ne paraissent parfois qu’effleurées du bout de la caméra, qui préfère vaquer ici
et là, reprendre par exemple le regard de Maria, dont le visage se décompose de façon impressionnante au fil des désillusions…

A l’écran, Maria est incarnée par Isabelle Huppert, comme toujours monumentale ! Elle porte le film sur son petit corps fragile et la transformation de son personnage, qui peu à peu voit toutes ses
certitudes s’effondrer dans un monde qui part en vrille, est impressionnante… Le film est en quelque sorte le récit de sa dépossession : elle est dépossédée peu à peu de son « white material », ses
propriétés « physiques »… mais elle va aussi perdre autre chose : son fils, qui a les traits de Nicolas Duvauchelle et qui va progressivement lui échapper, d’une façon quelque peu inattendue. Il
nous montre par ailleurs son très beau et très impressionnant « white material » lui aussi, dans une séquence de nu frontal très puissante ! Claire Denis filme en effet les corps avec une beauté
brute et intense, qui attire l’attention autant qu’elle fascine…






























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3 commentaires:

  1. Impressionnant. Ce film qui ne m'attirait guère (malgré Huppert qui à mon sens fait un quasi sans faute dans sa carrière) devient d'un coup attrayant. Alors peut-être...

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  2. je vais suremet le voir demain. J'en attends pas mal, j'apprécie Claire Denis.


    Je te dirai ce que j'en ai pensé.


     


    ps : comment tu fais cet encart "au hasard Balthazar!"? Car j'aimerai bien te piquer l'idée, ça doit attirer du lecteur ça non?

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  3. alors alors ?!


    pour les images je crois que ça doit être par là :


    configurer > mise en page > images aléatoires

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