Star wars épisode 3 : La revanche des Sith, de George Lucas (EU, 2005)

Note :

« L’amour rend aveugle », dit on communément… Eh bien ça n’a jamais été aussi vrai que dans cet épisode de « Star wars », dans lequel Anakin Skywalker est tellement amoureux de sa Padmé bien
aimée, qu’il sera prêt à tout pour la sauver d’une mort en couche, qu’il pressent dans des visions prophétiques ! Toujours aussi instable dans ses choix, parce que justement guidé par ses
impulsions plus que par sa raison, il se laissera ainsi séduire par le côté obscur de la Force vers lequel le chancelier Palpatine, qui se révèle être un redoutable seigneur Sith, souhaite le
voir basculer. Il l’attire par la promesse d’un grand pouvoir, qui lui permettra de vaincre la mort, notamment celle de sa femme, qui porte le fruit de son amour. Pour le convaincre, Darth
Sidious / Palpatine n’hésitera pas à le manipuler par des raisonnements sophistes : « Le bien est une question de point de vue », lâchera-t-il sournoisement…

Les répliques cultes ne cessent ainsi de tomber dans cette « Revanche des Sith », qui s’avère très vite être le meilleur épisode de la seconde trilogie, ainsi qu’un des meilleurs épisodes de
toute l’hexalogie lucasienne ! Une des plus grandioses et intenses saillies verbales est probablement celle de Padmé au Sénat, lorsque Palpatine promet la paix galactique contre un peu plus de
sécurité et d’artillerie militaire, sous les « hourras » de tous les représentants de l’ex-République : « Ainsi s’éteint la liberté, sous une pluie d’applaudissements ! » lâche-t-elle
mélodramatiquement. On est ainsi fasciné par ces dialogues brillants et parfaitement ciselés, par cette déferlantes d’intrigues complexes et néanmoins très cohérentes, par la profusion de coups
de théâtre, de bruit et de fureur, qu’ils soient visuels ou verbaux ! George Lucas nous transporte littéralement dans une dramaturgie savamment construite et dans une tragédie shakespearienne
absolument palpitante et admirable de bout en bout ! Le cinéaste conclut sa saga en fanfare et avec un goût assuré, qui confine au génie et à l’universalité !

A partir du moment où Anakin choisit son camp, après moult tergiversations, dilemmes et interrogations en série, toute l’intrigue enchaîne avec précision les rebondissements et s’érige en
tragédie grandiose et sublime ! Le jeune Skywalker passe de Jedi à Sith et devient Darth Vador, l’incarnation du mal de la trilogie historique de « Star wars »… L’affrontement final entre Obi-wan
et Vador (sous la forme d’un Anakin au regard fou et à la capuche couvrant une partie de son visage) est à la fois terrible et déchirant, comme si deux frères combattaient jusqu’à ce que la mort
du vaincu s’ensuive… mais alors le vainqueur deviendra lui aussi le vaincu, perdant son meilleur ami ! Les évènements se précipitent, le conseil des Jedi capitule, le spectacle de la mort se
répand comme une traînée de poudre, l’équilibre de la Force vacille en faveur de son côté obscur, et l’Empire triomphe derrière Darth Sidious, véritable incarnation du mal ! Tout est perdu et les
Jedi survivants n’ont plus qu’à se cacher en attendant des lendemains meilleurs… Même Padmé, si malheureuse d’avoir perdu à tout jamais son Anakin, finit par mourir de pur dépit amoureux,
exactement comme dans les contes ou la mythologie ! Elle aura cependant pu mener sa grossesse à terme juste avant ça, accouchant de jumeaux, Luke et Leia, séparés pour mieux être cachés, en
attendant de pouvoir incarner « un nouvel espoir » à venir, sujet d’une prochaine trilogie, qui avait inauguré cette magistrale saga d’« heroic fantasy » en 1977…

Précédemment dans "Star Wars" : épisode 1 et épisode 2

La Saga "Star Wars" selon Phil Siné