samedi 6 mars 2010

L’étrange créature du lac noir, de Jack Arnold (Etats-Unis, 1954)

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Note :
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Inspiré d'une légende urbaine de l'époque, qui voulait qu'un homme-poisson vive en Amazonie, "L'étrange créature du lac noir" raconte l'expédition scientifique à la recherche de cet étonnant
chaînon manquant, capable de respirer aussi bien sous l'eau que sur terre... Sauf que l'animal n'a pas l'air d'avoir des intentions très gentilles, surtout que l'homme piétine clairement son
territoire... Il tombera cependant sous le charme de la "femelle" du groupe, maillot de bain une pièce parfaitement échancré aux cuisses (un vrai scandale pour l'époque, paraît-il !), qu'il voudra
forcément emmener à tout prix avec lui dans sa tanière rocheuse...

Bon, on est clairement dans de la série B avec ce film de monstre légendaire, venant après les films de vampires ou autres Frankenstein, mais proposant pourtant une vraie révolution pour l'époque,
en plaçant la créature en partie sous l'eau, occasion de séquences sous-marines tout à fait novatrices. L'argument sera d'ailleurs utilisé avec force persuasion pour la promotion du long métrage,
surtout que le film est en 3D et doit se faire remarquer parmi la vague des tous premiers films en relief de l'histoire du cinéma, dont la technique balbutiante était lancée alors pour concurrencer
l'arrivée de la télévision dans les foyers américains... La mise en scène est plutôt pauvre et basique, mais on remarque très vite la multitude de plans frontaux sur divers objets (à commencer par
l'horrible main écailleuse du monstre !), histoire d'en mettre plein les yeux aux spectateurs qui auront le privilège d'assister à une projection "rehaussée", peu de salles étant équipées pour la
3D en ce temps-là.

Le film possède un certain charme suranné, qui lui permet de rester encore tout à fait regardable, malgré ses moments franchement creux ou inintéressants. Mieux que ça : une certaine poésie semble
vouloir naître durant certaines scènes. C'est le cas notamment lorsque la jeune femme (interprétée par l'actrice Julie Adams) nage dans le lac et que l'on voit la créature nager en regard
d'elle-même, sous l'eau, comme de l'autre côté d'un miroir... Cette séquence, grâce à la modernité de ses plans, observant par moment le point de vue de la créature, inspirera plus tard Steven
Spielberg pour "Les dents de la mer", surtout que la musique inquiétante rappelle la partition lancinante de John Williams.

Côté frissons, "L'étrange créature du lac noir" a fatalement beaucoup vieilli, et ce qui faisait peut-être peur dans les années 50 fait plutôt sourire aujourd'hui. Le costume du monstre est
cependant soigné et on sent l'effort du scénariste pour rendre son histoire crédible. Le film est en effet émaillé de conversations entre biologistes sur l'évolution du vivant, même si le débat est
plus souvent axé sur les positionnements entre celui qui veut des preuves de la découverte en capturant le monstre et celui qui cherche seulement à l'observer... Peut-on y voir une dimension
écologique avant l'heure ? Surtout qu'une étonnante séquence montre la femme jeter nonchalemment son mégot de cigarette à la surface de l'eau... Puis une autre dans laquelle les personnages
diffusent une drogue dans l'eau, faisant remonter tous les poissons à la surface, anesthésiés... Jack Arnold signe ainsi peut-être un film visionnaire, montrant les méfaits de l'homme sur
l'environnement ? De son côté, l'acteur Ben Chapman, qui incarnait la créature, a exprimé également son empathie pour ce pauvre monstre que l'on est venu déranger dans sa quiétude lacustre : "
C'était un être bon dont le domicile a été violé par des inconnus venus avec de mauvaises intentions. En d'autres mots, que ressentiriez-vous si vous rentriez chez vous un jour et que vous
retrouviez un groupe de personnes faisant la fête dans votre salon? Malheureusement pour lui, il tomba amoureux de la fille et ne voulu pas la laisser repartir".






























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7 commentaires:

  1. J'aime bien celui là. Un bon film de monstre bien représentatif de ce qui se faisait de mieux à l'époque.
    En plus c'est vrai qu'ils essayaient de démocratiser la 3D stéréoscopique en ce temps là (Le crime était presque parfait d'Hitchcock était aussi en 3D cette année là). Peut-etre pas des pionniers,
    mais en tous cas ça innovait à tous les niveaux :)

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  2. Une seule étoile ???!!! Oh ! Radin !!

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  3. Ah bah tout de même, Jack Arnold, c'est pas de la crotte... et puis le film, même daté reste un vrai plaisir... et cette crétaure aujourd'hui devenu mythique en un seul film...
    Ok, ça n'est pas King Kong mais perso, selon ton barème je lui aurais mis 2 etoiles...
    mais bon...

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  4. Pour moi, ce film restera toujours ma première expérience 3D sur la télé, puisqu'il a été diffusé dans La dernière séance et qu'on avait tous nos lunettes en carton ;-)

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  5. Non, je ne les oublie pas (quoique, même pas sur de les avoir vu...) mais ce que je voulais dire, c'est que les grands mythes du fantastiques (Dracula, Frankenstein, le loup garou, le Golem....)
    reposent soit sur de grands mythes populaires ancestraux soit sur des oeuvres littéraires très ancrées dans la culture populaire. Il est assez rare qu'un simple film puisse d'emblée propulser une
    créature comme l'une des plus mythiques de l'histoire du cinéma... Comme King Kong, par exemple, ou Alien, plus récemment... Qu'ils aient eu ou pas des suites importe peu... ces créatures sont
    devenues des icones du fantastique en un seul film, comme Freddy Krueger...
    Il est donc évident que ce film a forcément marqué son époque pour des raisons qui nous échappe sans doute, mais aussi pour la qualité du film.
    personnellement j'aime vraiment beaucoup cette Créature du lac noir, comme beaucoup d'autres films de Jack Arnold (Tarantula, L'Homme qui rétrécit, Le météore de la nuit...)... Mais ça tu l'avais
    compris, je pense ! lol

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  6. Oui, surtout L'Homme qui rétrécit !
    Et d'ailleurs, je te conseille aussi la lecture de l'excellent livre de Richard Matheson dont il est tiré.
    Et de toute l'oeuvre de Matheson, dont le génial "Je suis une légende" qui n'a jamais été vraiment proprement adapté au cinéma...

    Concernant Freddy Kruger... évidemment qu'il existe mais maintenant il m'a largement lâché la grappe, je suis trop vieux et gras pour ce vieux pédophile...

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  7. Je suis d'accord avec Foxart. Une seule petite étoile pour ce spécimen inédit du fantastique (qui lorgne largement sur son cousin simiesque de Skull Island tout de même il faut avouer), que
    beaucoup d'entre nous ont pu "voir de près" pour la première fois grâce aux lunettes bicolores détachables dans le magazine télé, c'est un pur scandale. Et Jack Arnold est un très
    bon artisan de série B.

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