mardi 2 février 2010

Océans, de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud (France, 2010)

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Note :
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Le véritable héros d’« Océans », c’est bien sûr le léopard des mers : cet énorme phoque de l’Antarctique pouvant mesurer 4 mètres de long et peser jusqu’à 500 kilos est de toute évidence celui qui
s’en sort le mieux devant la caméra… Un jeu bouleversant et inoubliable, plein de grâce quand il nage dans les profondeurs océanes ou plein de graisse quand il vient s’échouer comme une masse à la
surface ! De tous les cétacés et les mammifères marins qui l’entourent, c’est bel et bien lui et lui seul qui domine ! Et les pauvres otaries, pâles imitations de phoques juste assez connes pour se
faire bouffer par les orques, peuvent aller se rhabiller… En un mot comme en cent : a star is born ! Vivement son prochain film…

Plus sérieusement, « Océans » est une petite merveille qui, bien plus qu’un documentaire, nous transporte littéralement au fond des mers pour nous faire découvrir toute la faune et la vie
sous-marines… A l’aide d’images bien souvent incroyables, d’une musique et d’un bruitage adéquat, et surtout d’un montage habile et manipulateur, le film parvient à nous embarquer dans une belle
odyssée, subtilement dramatisée et racontant une histoire riche en émotions : la comédie, le drame, le thriller psychologique, le film à suspense et même le gore, tous les genres sont ici convoqués
! Jacques Perrin, qui a l’intelligence de laisser parler les images, nous offre un merveilleux poème contemplatif, qui laisse exploser le spectacle de la nature, où la maxime majeure pourrait être
« manger ou être mangé »… Le somptueux ballet d’oiseaux plongeant pour pêcher, l’impressionnant et tragique repas des orques ou des requins, et jusqu’à la vision du plus cruel des prédateurs :
l’homme ! Tuant toujours plus qu’il n’en faut, capable de couper aileron et nageoires à vif avant de laisser le pauvre animal agoniser des heures au fond de l’océan… De nombreuses séquences
semblent ainsi savamment scénarisées, comme si les animaux interprétaient leurs propres rôles à l’écran : le regard ému d’un varan suspendu devant le décollage d’une fusée, le spectacle comique
très « cinéma muet » des crustacés aux formes étonnantes, des armées de crabes qui s’affrontent dans des combats dignes de « Star wars » ou du « Seigneur des anneaux », le suspense hitchcockien à
faire frémir devant les pauvres bébés tortues essayant de rejoindre l’océan sans se faire attraper par les oiseaux… Tout le film s’avère ainsi intensément cinématographique, il n’y a pas le moindre
doute !

Le seul véritable problème (mais pourtant de taille !) avec ce genre de film, ce sont ses financements tristement sales et peu reluisants… Comme la plupart des films « écologistes » qui sortent en
salle depuis quelques temps, il est en effet financé paradoxalement avec l’argent des multinationales les plus polluantes de notre moins en moins belle planète. Ici, on a notamment droit à un
partenariat avec Total (vous savez : les marées noires…), EDF, la fondation Bettencourt-Schueller-Nestlé… Ces sociétés investissent dans ces « cautions environnementales » pour justement se donner
bonne conscience et continuer leurs horreurs dévastatrices en toute impunité : à une époque plus religieuse, on appelait cela des « indulgences », qui permettaient aux riches d’être acceptés au
royaume de Dieu s’ils donnaient assez d’argent à l’Eglise pour tous leurs péchés… En fait, c’est un peu comme si un film sur l’Holocauste était financé sur des fonds nazis : est-ce tolérable selon
vous ?






























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9 commentaires:

  1. J'ai un souvenir tellement pénible de l'Atlantis de Luc Besson avec l'atroce musique pompeuse de Serra il y a 20 ans qu'il faudrait me payer pour voir ça...
    Par contre je recommande à tous l'excellent doc diffusé en ce moment sur Canal + intitulé Global Sushi: demain nos enfants mangeron des méduses.
    Edifiant, passionnant, révoltant et vraiment très très bon doc !

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  2. Petit message à tous mes lecteurs (ce message je vais le poster partout où je le peux)


     


    Ces derniers temps (mis à part les photos mystères) je ne vous ai pas consacré beaucoup de temps. Et je le regrette car j’apprécie beaucoup ce que vous faites.


     


    Mais j’avais un examen professionnel qui me prenait franchement la tête (révisions nocturnes, stress, pression etc….)


     


    J’ai même freiné grave côté cinéma


     


    Maintenant que c’est derrière moi je vais reprendre un rythme de lecture régulier et réagir à vos chroniques qui ne manqueront pas de m’intéresser


     


    J’espère ne pas vous avoir déçu.


     


    Samom.

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  3. conclusion qui fait réfléchir. Le monde humain est imparfait .. c'est sûr et plus que sûr ...
    se laisser manipuler ..... telle est la question ?
    pourtant pour ceux qui sont ignorants de cette manipulation, peut être en voyant ces images se sentiront ils impliqués dans la sauvegarde de la planète, ..
    bonne soirée

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  4. Ton dernier paragraphe totalement vrai fait vraiment réfléchir !

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  5. ce film a l'air vraiment très très bien !

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  6. Euh, j'ai détesté Microcosmos aussi lol

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  7. je suis assez tenté. J'avais plutot été convaincu par Nous resterons sur terre et We feed the world. Mons par Home. Ici je vois que la cruauté humaine est montrée différement. Perrin est un sacré
    bonhomme quand même. En tout cas, tu nous décrit bien les snesations, je sens presque le sel sur moi et le bruit de la marée. Et pourtant je ne vois pas la mer à Paris...
    si la comparaison avec les nazis est un chouilla forte, elle est compréhensible. Disons que c'est comme si l'Iran financait un reportage sur la démocratie.

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  8. Je suis sciée par ton dernier paragraphe. Merci de me l'apprendre en tout cas.

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  9. J'avoue que moi aussi j'ai été "choquée" par le paradoxe des sociétés finançant le film, dont deux étant particulièrement les plus pollueuses de la planète (notamment pour les marées noires). Cet
    étalage de remerciements en guise de générique de début du film est finalement peu humble.
    Reste qu'Océans est un beau film sur le monde marin.

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