vendredi 19 février 2010

Le temps des grâces, de Dominique Marchais (France, 2010)

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Note :
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Là où les merveilleux films de Raymond Depardon (« Profils paysans », sa trilogie documentaire) insistaient davantage sur le pathos et la nostalgie d'un temps à tout jamais révolu et en train de
disparaître, "Le temps des grâces" élargit les perspectives sur le monde agricole d'hier, d'aujourd'hui et de demain ! Le film de Dominique Marchais ne se contente pas de pleurer sur le sort
inquiétant réservé à l’agriculture actuelle, gangrenée par les lois du profit maximum et de l’économie pas solidaire pour un sous, il offre un panorama probablement exhaustif, riche et argumenté,
une vision complète qui embrasse tous les aspects du monde paysan et agricole français moderne ! Parfois drôle, souvent passionnant, cet état des lieux (plutôt tragique), commenté par tous les
acteurs d’une chaîne complexe et multiple (agriculteurs indépendants ou maillons d’une grande firme, ingénieurs agronomes, biologistes, écrivains et penseurs…), n'est pourtant pas complètement
désespéré et propose même des solutions pour demain, à condition bien sûr de transformer radicalement tout le système d’aujourd’hui, qui pense à trop court terme et ne respecte pas les écosystèmes
essentiels à la vie…

Entre les nombreux témoignages, le réalisateur glisse de nombreuses images, tantôt bucoliques, tantôt inquiétantes avec l’invasion des villes dans le paysage agricole. Il sait se faire poète et
compose des plans magistralement cinématographiques ! Entre les charolaises et les limousines, entre les moutons et les champs de céréales, on apprend comment l’agriculture intensive a détruit
toute la vie et la richesse de nos terres autrefois si fertiles… On entend les enjeux stratégiques et purement économiques des grandes multinationales, qui ont réduit drastiquement la diversité de
la faune et de la flore. On ne comprend pas vraiment le contenu des formations modernes en agronomie, qui privilégient l’enseignement des engrais (au service de leurs fournisseurs, donc !) plutôt
que celui de la richesse d’une nature bien utilisée et entretenue ! En prônant l’intérêt des petites bêtes et des arbres au milieu des champs, « Le temps des grâces » nous rappelle finalement ce
dont nous manquons depuis que l’homme a quitté la nature et sa « terre » d’origine : une philosophie de vie, une certaine forme de simplicité et d’humilité devant ce qui nous fait vivre et que nous
sommes aujourd’hui en train de faire mourir…






























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3 commentaires:

  1. Pour le "panorama exhaustif", je ne pense pas, il faudrait interroger beaucoup plus d'agriculteurs pour ça, non ? En tout cas le film m'a paru très intéressant, parce qu'on parle beaucoup du monde
    agricole dans mon cercle familial, et ça fait bien longtemps que j'entends que la disparition des haies est une catastrophe écologique, pas seulement pour le paysage, mais aussi pour éviter
    des catastrophes naturelles comme les inondations.
    Je trouve la démarche du réalisateur très touchante, cette façon de s'interroger sur l'attachement qu'il a pour le monde rural...il l'exprime bien dans Libé, je te passerai l'article si ça
    t'intéresse.
    Le débat à la fin du film ça partait dans tous les sens, c'était bizarre les réactions épidermiques de tous ces citadins, comme quoi le sujet ne laisse personne indifférent.

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  2. Je suis d'accord avec Adele R. ! J'ai moi aussi beaucoup d'empathie pour le monde paysan... J'avais beaucoup aimé le dernier film de Depardon, "La vie moderne"...

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  3. oui un très beau film, j'avais même eu le droit à une projection présentée par raymond... ;)

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