vendredi 8 juillet 2011

[Festival] Inside Paris Cinéma 2011 # 4


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Mon mercredi 6 a commencé par une petite séance de rattrapage au Forum des images, qui reprogramme pendant toute la durée du festival les films diffusés au cours de la Nuit du cinéma... Je n'étais d'ailleurs pas le seul à profiter de l'occasion, puisque j'ai reconnu au moins deux cinéphages
parisiens fameux, de ceux qui hantent les salles et que l'on recroise régulièrement lors de projections rares : l'homme à queue de cheval et surtout "plastic man" (que Tred avait merveilleusement évoqué ici, tout en nous en donnant régulièrement des
nouvelles sur son impossible blog). "Plastic man" (aka "l'homme aux sacs plastiques") portait d'ailleurs une superbe chemise à carreaux pour l'occasion, ce qui le change de ses traditionnels
t-shirts ! Mais pour en revenir à la projection, il s'agissait du documentaire "Machete maidens unleashed", étonnant et
délirant panorama de tous les films de série B qui ont pu être tournés aux Philippines dans les années 70 : décors grandioses et mains d'œuvre à foison pour pas un rond, conditions de tournage
douteuses (voire dangereuses !), pour des longs métrages défiant tous les critères de censures et qui ont fait les beaux jours des "doubles programmes" et autres "drive-in" américains... De
nombreux témoignages de grands noms du cinéma bis (John Landis, Pam Grier ou encore le maître Roger Corman en personne !) viennent soutenir une quantité incroyable d'extraits hallucinants et
kitsch des pires choses que le septième art a fabriqué, quelque part entre le gore et le cul, en tout cas toujours en plein dans le réjouissant "n'importe nawak" ! On pourra reprocher une
énumération peut-être trop rapide, qui rend pour le coup presque impossible d'être attentif à tout : le film mériterait alors largement un second visionnage...

Le soir de ce même jour, j'ai pu enchaîner deux avant-premières. La première était celle de "The look", dans lequel
Charlotte Rampling se livre à "un autoportrait à travers les autres" devant la caméra d'Angelina Maccarone. Le film n'a pas encore de distributeur : on ne va pas dire que ça se comprend, mais il
laisse quoi qu'il en soit une opinion plutôt mitigée... A travers une série de rencontres et de conversations avec ses "amis" (Paul Auster, Peter Lindbergh...), l'actrice se livre à diverses
considérations sur des thèmes variés mais universels : le vieillissement, l'amour, la mort, la mise à nue, le regard de l'autre... Certaines réflexions, voire confidences, sont appréciables, mais
l'ensemble s'avère très vite ennuyeux, comme si ces dialogues entre amis finissaient par exclure et mettre à l'écart le spectateur... Dommage, car il y avait matière, surtout avec une aussi
grande actrice, dont on revoit d'ailleurs en parallèle certaines prestations au fil de quelques extraits de films, choisis en fonction des thématiques évoquées. Petit malaise au début de la
séance, la salle étant loin d'être comble, alors que Charlotte était présente en personne, au cœur de ce festival dont elle assure la présidence depuis déjà plusieurs années...

La seconde avant-première me permit de terminer cette journée en beauté, avec un film « classique » (ce qui change de films parfois un peu trop calibrés « festival ») mais intense et passionnant
: "Les hommes libres", d'Ismaël Ferroukhi. Le film évoque la résistance discrète et mal connue d'immigrés maghrébins
pendant la seconde guerre mondiale, notamment par Si Kaddour Ben Ghabrit, alors directeur de la Mosquée de Paris, qui aida de nombreux juifs. Une histoire très belle et très forte, documentée et
subtilement mise en scène, portée par des acteurs magistraux ! Michael Lonsdale et Lubna Azabal (la révélation d'"Incendies") sont impeccables, mais la relation entre deux beaux garçons sensibles (l'un
peut-être plus que l'autre, certes...), superbement incarnée par Tahar Rahim et Mahmoud Shalaby, demeure probablement la plus belle chose du film ! Le regard qu'ils s'échangent à la toute fin du
long métrage, promesse d'une longue et belle "amitié", est à se damner... La petite "entracte" comme on en fait plus au beau milieu de la projection (résultat, vous l'aurez compris, d'un petit
incident technique), laissant dans l'obscurité une salle pleine apparemment bouleversée, n'aura pas eu raison de l'émotion qui transpire tout au long de cette belle "bobine" numérique !

Le jeudi 7 fut un retour bien raide à la « compétition », avec l’un de ces films que l’on culpabiliserait presque d’avoir autant haï, un peu comme si on sentait que l’on était
complètement passé à côté sans trop savoir pourquoi… « The Prize », de Paula Markovitch, possède effectivement une atmosphère
et une esthétique bien à lui, de très beaux décors naturels désertiques, ainsi qu’une mise en scène très conceptuelle qui s’attarde sur le quotidien languide d’une petite fille et de sa mère…
L’absence du père rappelle en outre un contexte politique, avec la dictature et l’armée en arrière fond… Sauf que le tout devient très vite insupportable et horripilant : longueurs, vacuité,
hystérie, bande son douloureuse, plans soporifiques… Il y a bien un très beau chien, talentueux et cabotin, qui fait ce qu’il peut pour sauver le film, mais l’attente impatiente et désespérée de
la fin nous prend malgré tout dès le premier quart d’heure du métrage !

Et puis la soirée s’est terminée par une avant-première plutôt plaisante et gay friendly, avec la projection d’« Absent » au Gaumont Opéra Premier, le nouveau film de Marco Berger, dont on avait beaucoup aimé le « Plan B » sur ce blog… Le cinéaste y filme
toujours avec autant de talent les corps qui se frôlent mais ne se touchent pas : il montre avec une belle inspiration la naissance du désir, tout en en refusant l’incarnation effective… Un long
métrage d’autant plus sulfureux qu’il évoque la relation trouble d’un adolescent avec son prof de sport, mais dans une perspective parfaitement renouvelée, pour ne pas dire « inversée » ! Comme
le film sort fin juillet, vous pensez bien qu’on y reviendra très vite…



 



N'hésitez plus : il vous reste jusqu'au 13 juillet pour vous rendre au Festival Paris cinéma... Il y a forcément une projection qui vous ressemble
!



 



Les étoiles du Festival :



- Machete Maidens Unleashed, de Mark Hartley (Australie, 2010)
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- The Look, un autoportrait à travers les autres, d'Angelina Maccarone (France, Allemagne, 2011)
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- Les hommes libres, d'Ismaël Ferroukhi (France, 2011)
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- The Prize, de Paula Markovitch (Mexique, France, Pologne, Allemagne, 2010)
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- Absent, de Marco Berger (Argentine, 2011)
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Précédemment :



- Inside Paris Cinéma 2011 # 0 : la conférence de presse



- Inside Paris Cinéma 2011 # 1 : la soirée d'ouverture (avec le film "Polisse")



- Inside Paris Cinéma 2011 # 2 : la Nuit du cinéma et les débuts de la compétition



- Inside Paris Cinéma 2011 # 3 : Toujours la compétition et Gael Garcia Bernal































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3 commentaires:

  1. Je suis facile à reconnaître, j'ai un livre dans les mains et les lunettes d'Harold Loyd sur le pif :) T'es barbu ?

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  2. Comment !? tu étais au Forum mercredi ? tu étais assis où saleté ?


    PS. Contrairement à toi je n'ai guère envie de revoir le docu que j'ai trouvé plutôt complaisant avec la Corman touch.

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  3. Le garçon qui dit merci quand il dérange ? ^^


    PS. Nan, j'y serais après pour Santo. J'ai déjà revu Fascination y a deux jours. C'est bon. Y n'en peux plou :)

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