vendredi 15 juillet 2011

[Critique] Voltiges, de Lisa Aschan



voltiges



Voltiges, de Lisa Aschan (Suède, 2011)



Sortie nationale le 3 août 2011



Note :
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En pénétrant l’univers de « Voltiges », on comprend très vite qu’un soin particulier et précis a été apporté pour baigner le film dans une atmosphère ouatée, entre sensualité délicate et froideur
consumante… Si l’esthétique glacée et rigide rappelle un peu le sublime « Canine » de
Yorgos Lanthimos
, on demeure très vite absorbé par la beauté de certains plans (exaltation des corps ou de la nature) et la vision quasi géométrique de la mise en scène. Le film met
effectivement en scène deux jeunes filles en fleur et en concurrence dans un centre de voltiges équestres : on les voit souvent ensemble en train de réaliser des figures à l’identique, leurs
mouvements du corps se singeant l’une l’autre… Effet miroir garanti ! Le titre international du film, « She monkeys », d’ailleurs plus fidèle à l’original, est en cela parfaitement
significatif…

Avec « Voltiges », on peut ainsi dire que la réalisatrice Lisa Aschan gagne des ailes dès son premier film ! D’une maîtrise formelle aboutie, il dessine en outre un environnement fictionnel
passionnant, où les rapports humains paraissent essentiellement symboliques et sur-signifiants… La relation entre les deux jeunes filles est symptomatique des rapports adolescents, de la
découverte de son corps et des premiers émois. Mais elle est aussi sujette au principe de dressage et de domination : la cinéaste met audacieusement en parallèle le dressage animalier (des
chevaux ou d’un chien par l’une des adolescentes) et les rapports dominant / dominé, voire frisant parfois le sado-masochisme ou la soumission, entre les jeunes filles. On est également bluffé
par l’illustration de leur rapport au mâle… Leur attirance / répulsion respective rend le film particulièrement ambigu et ambitieux, souvent troublant et finalement toujours subjuguant !

D’autre part, non contente de cette relation sulfureuse, Lisa Aschan se permet même d’aller encore plus loin en décrivant les aléas de la petite sœur d’une des héroïnes, qui n’est encore qu’une
enfant et chez qui point pourtant déjà le désir sexuel. La cinéaste ose alors des scènes hallucinantes et des plus dérangeantes : on assiste ainsi à l’éveil des sens de cette enfant, qui veut
porter un bikini léopard et qui prend certainement du plaisir intime à se faire gratter le ventre par son père ou son cousin adolescent, très gêné par l’amour qu’elle lui porte… C’est inattendu
et culotté, loin des récits d’apprentissage trop convenu, et ça passe avec une aisance de mise en scène folle ! Hyper casse-gueule dans sa description agressive du désir, ce film se révèle
finalement d’une agilité subtile et funambulesque : de la très haute « voltige », en somme !



 



Mise en perspective :



- Festival Paris Cinéma 2011 # 3































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3 commentaires:

  1. Mais qu'est-ce que c'est que ce film encore ?..


    J'ai vu Mathieu D dans L'art de séduire ce soir, tu en parleras ?

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  2. Et tu sais ce qu'il en a pensé de ce film ?


    J'ai entendu Valérie D et Jérémie E tout à l'heure à la radio, il a l'air exceptionnel leur film, j'ai hâte de le voir..

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  3. ah, sage décision de vouloir aller voir le film de val et jerem !


    "l'art de séduire" m'a séduit à ce propos... et valérie y est encore formidable !! (rien que son long monologue à la fin, je trouve ça génial...)

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