samedi 2 juillet 2011

[Critique] My little princess, d’Eva Ionesco



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My little princess, d’Eva Ionesco (France, 2010)



Sortie le 29 juin 2011



Note :
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Quand sa mère revient dans sa vie, la petite Violetta, 10 ans et élevée par sa grand-mère, est tellement heureuse qu’elle accepterait n’importe quoi. Ce qu’elle fait, d’ailleurs, en acceptant de
poser pour sa mère, à travers des photographies mises en scène de plus en plus troublantes et ambiguës… La réalisatrice Eva Ionesco plonge dans sa propre enfance pour mettre en scène avec « My
little princess » le drame qu’elle a elle-même vécue : celle d’une petite fille manipulée et exploitée par sa mère, qui l’utilise au sein de photos aux limites de la pédopornographie… Même si le
viol n’est pas avéré, la perte d’innocence demeure elle inhérente pour cette petite fille au prénom apparemment prédestiné (VIOLetta), que l’on oblige à grandir beaucoup trop vite.

Cette étrange relation entre une mère et sa fille, perturbante et presque incestueuse, Eva Ionesco la filme avec une infinie subtilité et une intelligence admirable. Ce qui aurait pu ressembler à
une psychothérapie personnelle pleine de rancœur se révèle finalement le portrait de deux êtres perdus et perturbés qui ne savent pas s’aimer malgré toute la volonté qu’ils y mettent… Pour
incarner cette mère malade, Isabelle Huppert est une fois de plus exceptionnelle, toujours sur la brèche, souvent insondable par son comportement entre douceur mélancolique et furie hystérique. A
ses côtés, on est bluffé par la petite Anamaria Vartolomei, qui réussit une performance hallucinante : non seulement de parvenir à donner la réplique à Huppert quand on est une gamine de 10 ans,
mais surtout d’incarner aussi justement ce personnage de femme-enfant, aux pauses et aux comportements éminemment choquants… On se dit que la direction d’acteur n’a pas du être de tout repos
pendant le tournage !

Si tout n’est pas parfait dans la mise en scène de « My little princess », certaines séquences fortes s’avèrent très parlantes ! Si le film interroge en partie les limites de l’art, à savoir si
l’on peut tout montrer au nom de l’art, on se doute de l’opinion de sa réalisatrice, spécialement lorsque celle-ci nous décrit un univers le l’art particulièrement salace, composé de vieux
vicieux et autres marginaux aux mœurs détraqués… Pourtant, on sent que le regard n’est pas celui d’un juge ! En témoigne les multiples facettes qui constituent le personnage de la mère : «
physiophobe » non sans raison, hantée par la mort ou déclamant qu’« un père constitue un des handicaps majeurs de la nature », un mini-twist final viendra non pas l’excuser mais rappeler que l’on
ne devient pas un « monstre » sans avoir été victime d’autres monstres avant ça… Le film devient alors un grand cri de rage contre un monde où l’on a bien du mal à trouver des coupables pour
tenter de réparer le mal qui a pu être fait. « My little princess » trouve sa force dans cette façon de combattre tous les clichés : croyant que sa fille, devenue folle à hurler, va se jeter par
la fenêtre, la mère ferme les yeux et se met à crier… comportement irrationnel, mais justement typiquement humain. Le spectateur lui-même croit aussi à cette mort soudaine et la suite n’en est
que plus inattendue et percutante !



 



Mise en perspective :



- Copacabana, de Marc Fitoussi (France, 2010)



- Sans queue ni tête, de Jeanne Labrune (France, 2010)



- Lolita, de Stanley Kubrick































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1 commentaire:

  1. Mon Blog(fermaton.over-blog.com),No-9, THÉORÈME INNOCENCE. -  SPIRIT LAND/ZÊTA RIEMANN.

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