jeudi 14 juillet 2011

[Critique] Un amour de jeunesse, de Mia Hansen-Love



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Un amour de jeunesse, de Mia Hansen-Love (France, 2010)



Sortie le 6 juillet 2011



Note :
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Après « Le père de mes enfants », Mia Hansen-Love dresse le portrait
sensible et touchant d’« Un amour de jeunesse », l’un de ceux dont on ne se remet jamais vraiment tout à fait, dans son nouveau film, le troisième… Elle y oppose deux visions de l’amour au sein
d’un jeune couple : trop possessif pour Camille, qui du coup égrène sa mélancolie et pleure à tout bout de champ, et sans doute pas assez pour Sullivan, qui ressent constamment le besoin de vivre
des aventures en-dehors de sa relation, qu’il a peur de voir se refermer sur lui comme une prison… Il va partir et l’abandonner ; elle va se laisser dépérir, puis revivre peu à peu, en se
réfugiant dans ses études d’architecture ou en se laissant surprendre par de nouveaux sentiments amoureux, plus sages et cérébraux…

Mia Hansen-Love filme ses personnages avec une infinie subtilité. Elle prend toujours le temps de les montrer et de les laisser se découvrir aux yeux du spectateur... Les artifices dramatiques de
la fiction deviennent secondaires, seul compte alors la finesse des sensations éprouvées… Tout est émouvant dans « Un amour de jeunesse » : impossible de donner tort ou raison à personne, on
assiste tout simplement au spectacle de la vie et à l’extrême complexité du sentiment amoureux… On pense parfois au cinéma de Rohmer, notamment dans les rapports que les personnages entretiennent
entre eux, ou mieux encore à cause de la diction des acteurs : le jeu du jeune Sebastian Urzendowsky, qui interprète Sullivan, s’avère par exemple assez curieux, comme décalé… mais néanmoins
charmant. Lola Creton est pour sa part très convaincante, ainsi que la totalité du reste du casting !

La mise en scène est toujours très discrète et fluide, mais néanmoins complexe et précise… Elle offre quelques passages contemplatifs très beaux, avec un rapport à la nature qui respire l’amour.
Elle expose également un rapport à l’espace très fin, avec une incroyable intelligence dans les mouvements des personnages, dans leur situation à l’horizontalité et à la verticalité… Dans la
seconde partie du film, on entre ainsi dans un monde très architectural (la relation de Camille avec l’architecte, un homme plus âgé et constant que Sullivan), alors que la première partie
s’avérait plus primitive et plus sensible, plus à l’image de l’œuvre d’art… Le débat entre la maison, qui doit plaire à tous, et l’œuvre de l’artiste, plus égoïste, pendant un cours à
l’université n’a d’ailleurs rien d’innocent : il symbolise l’hésitation de Camille entre ses deux amours…

« Un amour de jeunesse » rayonne ainsi d’une grâce et d’une finesse rare et s’écoule au gré d’une fausse simplicité, montrant le temps qui passe avec une infinie douceur… Il y est en réalité
question de mouvements continus entre l’attraction et la répulsion, entre la terre et le ciel, entre le passé et l’avenir, que Mia Hansen-Love évoque elle-même joliment : "Ma grand-mère qui n’a
pas vu mon film m’a écrit récemment, citant de mémoire Kierkegaard : "La vie ne peut être comprise qu’en revenant en arrière, mais doit être vécue en allant de l’avant." C’est justement ce que
j’ai voulu dire – et faire – avec ce film". Le film n’exclut pas non plus un certain humour, qui contient une réponse amusée aux reproches que la critique pourra formuler à l’égard de la
réalisatrice : Camille et Sullivan sortent du cinéma, et alors que Camille a tout adoré du film, Sullivan s’oppose une fois encore à son avis, accusant le film d’être « trop français »… Que
répondre à ça ?



 



Mise en perspective :



- Le père de mes enfants, de Mia Hansen-Love (France, 2009)































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6 commentaires:

  1. La diction et le jeu des acteurs sont réstés pour moi énervants. Mais bon c'est vrai qu'il y a dans le film une fraîcheur et une émotion à fleur de peau qui est sympathique.

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  2. Pas encore vu, mais ça ne saurait tarder...

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  3. Je ne connaissais pas, mais ça a l'air plutôt chouette :)

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  4. Ayé oui, et je dois d'avouer que même si j'ai trouvé que c'était un p'tit film sympa, j'ai été asseé déçu... J'attends plus de souffle pour un film se déroulant sur 10 ans...

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  5. Merci phil pour ce petit VOD kdô. Mais la déception fut largement à la hauteur de mon attente par rapport à ce film. Dialogues ridicules, mise en scène auteuriste des plus agaçantes (du Rohmer
    pour les nuls), scénario qui pratique l'art du sur place sur dix ans. Affligeant. Il figure assurément parmi les plus consternants qu'il m'ait été donné de voir ces temps derniers.

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  6. oh nooooooooon !!!!!!!! :'(

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