dimanche 31 juillet 2011

[Critique] Stuck, de Stuart Gordon


jour du saigneurstuck



Stuck, de Stuart Gordon (Etats-Unis,
2007)



Note :  
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Stuart Gordon : la résurrection ! L’un des maîtres incontestés de « l’horreur
qui dérange » dans les années 80 (« Re-Animator », « Aux portes de l’au-delà »…) est de retour avec un film dans lequel le mal n’est plus le fruit d’un élément
fantastique extérieur mais bel et bien celui d’un comportement parfaitement humain… Avec « Stuck », il livre un thriller anxiogène et morbide étonnamment réaliste, peignant notamment le
portrait d’une société contemporaine en pleine déroute.



 



Inspiré d’un véritable fait divers, le récit de « Stuck » est suffisamment
démonstratif et symbolique pour s’imposer très vite comme une pertinente et terrible analyse sociétale. A l’aide d’un montage alterné, on y voit deux personnages opposés qui finiront par se
rencontrer dans la tragique et percutante circonstance d’un accident automobile. D’un côté, il y a Tom, un pauvre type au chômage que l’on voit perdre son logement, expulsé par un ignoble
proprio, puis repartir désespéré d’un rendez-vous avec un conseiller pour l’emploi, qui n’a rien donné malgré les heures d’attente, pour le simple motif que son dossier s’est sans doute perdu et
que Tom n’apparaît pas dans le fichier informatique… Ainsi « clochardisé » en moins d’une journée, Tom se retrouve à dormir sur un banc public, parmi les SDF et les marginaux. De
l’autre côté, il y a Mandi, une aide-soignante sur le point d’être promue, qui se drogue et s’encanaille avec la racaille aussitôt sortie de l’hôpital où elle bosse. Idiote mais pas méchante,
elle percute alors Tom avec son auto, alors qu’elle est sous ecsta : terrifiée à l’idée de se rendre à la police ou de passer à côté de sa misérable promotion professionnelle, elle préfère
cacher son auto dans son garage, alors que Tom agonise encastré dans son pare-brise… Par cet enchaînement de comportements déstabilisants et a priori invraisemblables, Stuart Gordon sonde
pourtant avec une acuité troublante les petites bassesses et l’individualisme forcené qui règnent en maître dans nos sociétés actuelles. Non seulement les faibles peuvent se retrouver au plus bas
de l’échelle sociale du jour au lendemain, mais d’autres individus un peu plus arrivistes qu’eux, guidés par une logique de petit profit égoïste, peuvent les écraser un peu plus et les laisser
dépérir seul dans leur coin afin de servir leurs propres intérêts individuels… Ignominie d’un monde écoeurant et déshumanisé, où seul règne l’argent, la peur et le chacun pour
soi !



 



Mais si « Stuck » réussit une description pertinente du misérabilisme de notre
civilisation « moderne », il n’en reste pas moins un excellent film d’angoisse, dont la faiblesse de moyens n’a d’égal que l’habileté de sa réalisation. Gordon met en scène avec une
belle efficacité cette relation ambiguë entre une pauvre victime et un bourreau malgré elle, qui plonge graduellement dans une violence qu’elle n’aurait pourtant pas imaginé connaître un jour…
Malgré sa construction en huis-clos étouffant, le film multiplie les aléas et maintient un beau suspens quant au dénouement final. Celui-ci viendra littéralement « enflammer » l’écran
avec force, non sans avoir enchainé avant ça un déluge de cruauté et d’atrocités que les amateurs de genre sauront particulièrement apprécier !



 



Au cours des précédents jours du
Saigneur































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4 commentaires:

  1. On à le même avis sur cet excellent film qui parviens à dépasser son manque de moyen. Je te conseil également Edmond de Gordon, qui est encore meilleur que ce film là.

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  2. D'après une histoire vraie Stuart Gordon réalise là un film solide et efficace, son meilleur film et de loin. Le suspense est un bon point mais le côté survival de la fin semble facile et casse
    un peu le côté "psycho-drame" qui ajoutait au réalisme fatal de l'ensemble. En tous cas ce film reste une très bonne surprise. 2/4

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  3. J'adore Stuart Gordon moi aussi et je me languis de découvrir celui-ci. Dans la même veine, je recommande aussi "Edmond", mais également "king of the ants" qui n'est pas sans soulever la même
    interrogation sur le mal.

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  4. je viens de voir "edmond" (j'en reparlerai bientot)


    je retiens ce roi des fourmis alors... :)

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