mercredi 13 juillet 2011

[Carte blanche] Chambre avec vue, de James Ivory (vu par Brodeuse-Bazar)


Entre broderie et couture, la brodeuse vous accueille dans son bazar au fil de billets variés et colorés, dans lesquels elle présente ses modèles
et ses travaux faits de fils et de tissus. Mais elle ne s’arrête pas là et vous convie souvent à la curiosité, à travers des propositions littéraires et culturelles diverses et éclectiques,
souvent situées quelque part entre Lyon et le Nord, sans oublier bien sûr l’étape parisienne où elle finit toujours par revenir… Pour sa carte blanche, elle a choisi un film qui lui ressemble,
sentimental et britannique jusqu’au bout des ongles !



carte blanchechambre_avec_vue.jpg
Chambre avec vue, de James Ivory (Grande-Bretagne, 1986)



Carte blanche de Brodeuse Bazar



Blog : Brodeuse-bazar



1907. Deux Anglaises de bonne famille, la jeune Lucy Honeychurch et sa cousine Charlotte, une vieille fille aux principes rigides qui la chaperonne, séjournent à Florence. Dans la pension où
elles résident, elles rencontrent le père et le fils Emerson, libres-penseurs, qui leur proposent leurs chambres avec vue sur l'Arno en toute galanterie... Charlotte s'en trouve choquée. Mais
Lucy s'éprend peu à peu de George, le fils, (tout en évitant de se l’avouer) qui lui arrache un baiser sur la bouche. C'en est trop pour Charlotte, qui décide de rentrer à Londres, où Lucy a été
promise à Cecil Vyse, un riche jeune homme si sophistiqué qu’il en devient ridicule et arrogant.
(Inspiré du résumé d’Arte – seule Arte ose encore diffuser ce merveilleux film…)



chambre_avec_vue_1.jpgA la question « quel film
emporterais-tu sur une île déserte ? » Moi ce serait peut-être bien celui-là.
Parce que c’est un petit bijou proche de la perfection !



chambre_avec_vue_2.jpg



C’est romantique à souhait et on y trouve le baiser le plus réussi du cinéma, à la fois spontané et passionné dans un champ de blé. Foudroyant.
C’est british jusqu’au bout des ongles, en partie tourné en Angleterre dans un petit village avec une maison bourgeoise bien classique mais aussi des cottages croquignolets. C’est raffiné et
pittoresque quand c’est tourné en Italie : dans de somptueux paysages de Toscane ou à Florence.
Dans les 2 pays, la nature sauvage y joue son rôle, tantôt paisible (lors du baiser), tantôt violente (lors de l’orage après le baiser).
On peut y lire une critique de l’hypocrisie de la société victorienne coincée et étriquée avec des dialogues qui font mouche, drôles et pertinents. La scène de la baignade dans l’étang bouscule
les conventions, on y voit des hommes nus, et parmi eux, un révérend !



chambre_avec_vue_3.jpg



Les seconds rôles sont tous excellents : le révérend Beebe au regard attentif et amusé, le père de George à la conscience de classe aiguisée, la vieille cousine acariâtre et
rabat-joie, le frère de Lucy nature et rebelle, les vieilles tantes attendrissantes et attendries, le fiancé de Lucy, orgueilleux et creux (Daniel Day Lewis méconnaissable)



chambre_avec_vue_4.jpgLucy est jouée par Helena Bonham
Carter --formidable actrice capable de jouer la fiancée de Frankenstein, la femme de George VI ou la reine rouge d’Alice au Pays des merveilles-- elle est toute fraîche, vive et précieuse.
Lucy pourrait être la petite sœur d’Elizabeth dans le roman de Jane Austen, Orgueil et préjugés, elle aussi devra ravaler sa fierté et avouer ses sentiments. OK Colin Firth ne joue pas le rôle de
George. Mais Julian Sands se défend bien, discret, rêveur, honnête, il me paraît très crédible malgré tout ce qu’on a pu entendre sur son interprétation.



chambre_avec_vue_5.jpg



James Ivory abordera de façon plus grave la satire sociale dans les films Maurice (Phil Siné en
a parlé ici
) et Howards End.

Quelques extraits de dialogues :

Charlotte Bartlett : I would like to thank your father personally
for his kindness.
George : You can't. He's in his bath.
                   
Eleonor Lavish [écrivain en voyage dans la même pension que Charlotte et Lucy] :
I'll let you into a secret.
I have my eye on your cousin.
Charlotte Bartlett : For a character in your novel?
Eleonor Lavish : The young english girl, transfigured by Italy.
And why should she not be transfigured?
It happened to the Goths.

Eleonor Lavish : By going off the track,
you get to know the country.

Eleonor Lavish [à propos de la ville de Florence] :
The smell!
A true Florentine smell. Inhale, my dear.
Deeper.
Every city, let me tell you, has its own smell.

Charlotte Bartlett: I shall never forgive myself.
Lucy: You always say that, Charlotte. And then you always do forgive yourself.

Echanges entre Lucy et son frère Freddy sur leur cousine Charlotte Bartlett
Freddy : Why does she always look like that?
Lucy : Like what?
Freddy : [imitating Charlotte] Charlotte Bartlett.
Lucy : Because, Freddy, she IS Charlotte Bartlett.

Visite d’une Eglise à Florence
The Reverend Mr. Eager: Remember the facts about this church of Santa Croce; how it was built by faith in the full fervour of medievalism.
Mr. Emerson : Built by faith indeed! That simply means the workers weren't paid properly.

Juste avant la baignade
Freddy : [meeting George for the first time] Come and have a bathe.
George : I should like that.
Revered Beebe : [laughs] That's the best introduction I've ever heard. "How do you do. Come and have a bathe."



 



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2 commentaires:

  1. Oh là là, mais oui c'est bien moi...Merci Phil Siné pour avoir mis un peu de moi chez toi ! Bisous

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