dimanche 28 novembre 2010

The Swimmer (Le plongeon), de Frank Perry (Etats-Unis, Grande-Bretagne, 1968)



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Note :
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Sorti confidentiellement en 1968, "The swimmer" de Franck Perry avait effectivement de quoi décontenancer ses spectateurs. Aussi bien par sa forme que par ses thèmes, ce film est tout bonnement
unique et précieux... Rien que le pitch se révèle d'ailleurs des plus troublants : après une absence difficile à déterminer, Ned Merrill revient là où il vit avec sa famille (une femme et deux
filles, dont il n'arrête pas de parler sans jamais qu'on ne les voit), dans une chic banlieue du Connecticut. S'invitant chez des voisins, il pique une tête dans la piscine, restant le seul
personnage en maillot de bain quand tous les autres demeurent parfaitement bien habillés... Une étrange idée, soudaine lubie un brin absurde, le saisit alors et il l'expose fièrement à qui veut
bien l'entendre : il va rentrer chez lui "à la nage", piquant une tête dans les piscines de chaque maison entre celle où il se trouve et la sienne !

Défi aussi vain qu'il est symbolique, son cheminement de bassin en bassin sera surtout l'occasion pour lui de revoir défiler sa vie et de constater combien elle est semée d'échecs et de vanité...
Tous ceux qu'il croise lui permettent d'évoquer des souvenirs, mais les dialogues avec eux se remplissent souvent bien vite d'amertume, quand ce n'est pas de violence, de haine ou de rejet... On
assiste alors à la déchéance inattendue et incroyable de ce personnage, qui nous était pourtant apparu si fort et si beau au début du film. Tout au long de « The swimmer », qui n'est pourtant
censé se dérouler qu'au cours d'un même après-midi, c'est comme si on voyait le héros vieillir et "plonger" non seulement dans les piscines mais surtout dans les profondeurs de la nuit... Si les
scènes d'humiliation qu'il subit (des voisins qui le chassent violemment de chez eux ou un employé de la piscine municipale qui lui reproche ses pieds sales avant l'accès au bassin) révèlent une
violence sourde bien palpable, de nombreux signes avant-coureurs nous avaient bel et bien prévenu : un frisson sur la peau du héros, qui pourrait ainsi bien être plus vulnérable qu'on le croit,
ou encore un faux pas qui le fait soudainement boiter, rendant sa nage de plus en plus difficile et de moins en moins gracieuse et athlétique...

Mais "The Swimmer" est aussi l'occasion pour son auteur (et pour son acteur, Burt Lancaster, qui a visiblement eut son mot à dire, laissant finalement Franck Perry claquer la porte pour se faire
remplacer par Sidney Pollack dans les dernières jours de tournage) de montrer avec une belle acuité les travers de la bourgeoisie, et plus généralement de la société américaine de l'époque. On
assiste au spectacle à la fois triste et risible de gens riches pour qui les biens de consommation ne sont qu'un moyen de s'élever en société : il est par exemple flagrant de constater que seul
le personnage principal utilise les piscines pour nager, les autres ne les exhibant que pour organiser « party » et cocktails autour d'elles... Le contraste est plus évident encore quand Ned
Merrill essaie de nager dans le bassin noir de monde de la piscine municipale, à des années lumières des eaux claires et trop tranquilles des piscines privatives... Mais plus que le culte de la
possession, c'est surtout l'oisiveté et la vacuité des vies de ces gens là qui est dénoncé dans le film : toute cette classe bourgeoise, s'ennuyant au point de passer leurs journées à boire ou à
se tromper les uns les autres... Le personnage incarné par Lancaster révèle d'ailleurs très vite sa nature volage, notamment à travers cette séquence ambiguë où on le voit tourner autour d'une
jeune fille tout juste majeure, qu'il essaie d'emmener avec lui dans sa chute. Des scènes "limites" et finalement passionnantes, il y en a en grand nombre dans "The Swimmer" ! Notons encore entre
autres cette scène où l'on voit le héros sauter des haies équestres avec la jeune fille, courrant sauvagement avec elle, comme au temps lointain de sa jeunesse fanée, ou bien ce surprenant «
twist » final lorsque le personnage revient enfin chez lui, et que l’on se gardera bien de révéler ici pour le laisser intact aux yeux du spectateur innocent... Bref ! Ce film inclassable et
juste "impossible" est d'une profondeur et d'une richesse absolument incontournable !































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5 commentaires:

  1. J'ai bien l'intention d'aller l'attraper au Grand Action celui-là !!

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  2. Jamais entendu parler, mais tu m' a carrément donné envie pour le coup, je note ça.....

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  3. j'espère que tu auras l'occasion... note ! note !! :)

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