samedi 27 novembre 2010

Le nom des gens, de Michel Leclerc (France, 2010)



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Note :
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Faut-il se fier au « nom des gens » ? Sous les consonances et les prononciations se révèlent bien souvent des apparences trompeuses : les noms véhiculent alors des mensonges, des secrets ou des
douleurs… Arthur Martin en sait quelque chose, lui à qui l’on fait inlassablement remarquer « Ah, comme les cuisines ! », alors qu’il n’a aucun lien de parenté avec son homonyme célèbre.
Comparaison très parlante au début du film, lorsqu’il assimile son nom à celui des joueurs d’une équipe de football coréenne, qui portaient tous le même, quand ce n’était pas le prénom qu’ils
avaient aussi en commun ! « Arthur Martin » est un nom si commun et tellement porté en France qu’il a décidé de vivre une vie tout ce qu’il y a de plus tranquille et discrète, banale et au fond «
muette », comme le secret qui règne dans sa famille à propos du passé, qu’il convient toujours de contourner en trouvant sans cesse de nouveaux sujets de conversation pour ne parler de rien…
Jusqu’à ce qu’il rencontre Bahia, un véritable phénomène qu’on croit d’abord indienne par son prénom mais dont le nom, Benmahamoud, ne cache pas des origines algériennes, contrairement aux
allures physiques parfaitement française de la jeune fille : comme quoi le nom des gens, il ne faut pas s’y fier…

Avec ce « Nom des gens », justement, Michel Leclerc envoie un film culotté et bien balancé à la figure du spectateur, qui a priori pouvait ne pas s’y attendre… Une comédie gaucho et grivoise,
encore une, avec des comédiens sympas, mouais… Eh bien non, vous n’y êtes pas ! Ce long métrage passionné et passionnant est bien plus que ça et atteint des sommets que l’on n’osait pas imaginer
! Rien que le scénario, rythmé et endiablé, à la narration palpitante et aux voix off intelligentes, réussit à mêler des millions de sujets, qu’ils soient drôles ou sérieux, tendres ou graves… Le
long métrage se fait ainsi tour à tour politique, social, historique, sentimental, burlesque, aborde dans une même réplique les délices de la crème chantilly et les camps de concentration… Tout
ça pourrait être indigeste et pourtant tout passe, résultat probable de savants dosages et de sérieux travaux d’écriture !

Mais ce que réussit plus que tout Michel Leclerc, c’est cette capacité à faire tenir son film sur un fil, comme un funambule, en lui faisant dire des choses intelligentes sur un mode hyper léger
! Prenez par exemple le personnage de Bahia : légère et courte vêtue, un peu pute mais terriblement aimable, ses idées simplistes et vite envoyées pourraient paraître bébêtes et atrocement
caricaturales… et pourtant qui lui donnera tort : tous les gens de droite ne sont-ils pas, après tout, des fachos qui ne pensent qu’au fric et à rétablir la loi du plus fort ? Et puis ce
passe-temps apparemment stupide qu’elle a adopté pour rendre le monde plus beau, celui de coucher avec ces fachos de droite (les « niquer » au sens propre donc !) pour les convertir à ses idées…
Eh bien n’empêche que ça marche !

Sara Forestier est juste épatante dans ce rôle rafraîchissant et (sur)vitaminé ! Jacques Gamblin parvient aussi à être très bien et très touchant dans ce personnage rentré qui va enfin s’ouvrir
au monde et aux autres au contact d’une fille qui n’est tellement pas lui, mais qu’il aime déjà si fort… Il forme tous les deux un couple tellement mal assorti qu’il en devient parfaitement juste
et beau ! Tous les personnages (et leurs acteurs) ont d’ailleurs quelque chose de profond et d’extraordinaire : une vérité et une intensité qui frappe ! Jusqu’à cette apparition inattendue et
sympathique d’un homme politique déchu, perdant magnifique… Le personnage de la mère d’Arthur aussi, est très fort : toute sa vie, elle l’aura passé à nier le passé et ses origines juives, la
déportation de ses parents… Tout se souvenir alors d’un coup s’avèrera bien sûr trop difficile à supporter pour cette vieille femme fragile. Le film se fait à la fois symbolique et émouvant quand
Arthur apprend sa mort au téléphone, un cygne inerte dans les mains et son futur (Bahia) qui revient lui dire qu’elle l’aime ! Ces moments à la fois inimaginables et qui sonnent pourtant si
vrais, il y en a des quantités dans « Le nom des gens », comédie populaire et magnifique, qui rappelle ce qui compte vraiment malgré les saloperies de la vie, et qui sait marquer profondément les
esprits, nous laissant dans une émotion toute paradoxale, entre rires et larmes, le sourire jusqu’au oreille et la gorge nouée… On en ressort définitivement sous le charme.































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6 commentaires:

  1. C'est comme si j'avais déjà acheté mon ticket...

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  2. Quand j'aurais ma carte UGC Illimité et si il passe encore la semaine prochaine, j'y vais. La B.A. m'avait fait bien rire (le coup du bulletin de vote). Ta critique enthousiaste m'a furieusement
    donné envie d'aller le voir.

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  3. J'ai suivi ton conseil et j'ai adoré ! Dès le début du film c'est tellement drôle et émouvant quand les 2 personnages racontent leur enfance. Après ça s'enchaîne un peu vite et y'a beaucoup de
    choses, peut-être trop ? Mais ne boudons pas nos plaisirs je trouve aussi qu'il y a des seconds rôles magnifiques, sa mère à lui, son père à elle et l'apparition de Lionel Jospin, très très
    fort. Qu'est-ce que ça fait du bien de rire un peu du 2ème tour des présidentielles de 2002, on a l'impression d'exorciser un peu...

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  4. Ce film a le mérite de l'originalité, où comment une gauchiste se sert de son cul pour virer les plus ou moins fachos de droite (mais pas de gauche ?!) vers la gauche politique... Un scénario
    plein d'idées mais qui se complique trop ; la pédophilie transforme cette comédie en comédie dramatique... Dommage car tout d'un coup le film fait beaucoup moins rire que prévu et surtout donne
    au sens politique du film moins d'importance en créant un précédent psychologique qui n'a rien à voir avec l'engagement politique. Une incohérence qui gâche un peu le plaisir. Un très bon et joli
    film qui aurait pu frôler la 4ème étoile sans ce choix "pédophile". 3/4

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  5. Ah ! on est d'accord ;-))) J'ai adoré ce film !  Le discours de la pute politique est l'idée du siècle. Bonne semaine à toi.

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  6. ça t'a donné des idées pour convertir les gens ? ;)

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