vendredi 5 novembre 2010

Buried, de Rodrigo Cortés (Espagne, 2010)



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Note :
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Film concept plutôt futé et finalement assez réussi, "Buried"  raconte le calvaire de Paul, pauvre civil américain (ou plutôt « civil américain pauvre ») pris dans une embuscade en Iraq et
enterré vivant par des "terroristes", qui menacent de le laisser mourir là s’il ne convainc pas les siens de verser une rançon. Prisonnier de sa boîte, il dispose alors de quelques heures pour
essayer de se sortir de cet enfer claustrophobique. On assiste à 1h30 de film entièrement tourné de son point de vue, à l'intérieur de son cercueil. Malin, le scénario affuble le personnage d'un
téléphone portable qui lui permet de garder le "contact" avec le monde extérieur. Celui-ci possède même une option caméra vidéo, alors on vous laisse imaginer le truc...

Bien sûr, le film reste avant tout un pur exercice de style. Virtuose, certes, mais cantonné au seul défi qu’il s’est lancé, qui procure son petit effet, c’est vrai. D'inspiration hitchcockienne,
le concept de mise en scène (façon "Lifeboat", qui se déroule entièrement sur un
canot de sauvetage en pleine mer, ou "La corde", qui donne l'illusion d'un seul et même plan séquence de 90 minutes dans un unique appartement) sait rivaliser de trouvailles diverses et
surprenantes pour garder le spectateur en haleine ! Chaque séquence renouvelle les perspectives, les éléments sont révélés dans une progressivité intelligente et soutenue, et surtout la
réalisation, toute en tension, parvient à faire jouer de vraies petites scènes d’action dans cet espace hyper réduit : on pense notamment à l’intrusion d’un serpent dans le cercueil, au risque
d’incendie imminent ou encore aux effets d’un bombardement qui a lieu en surface… Autre gageure incroyable à souligner : le début du film et quelques autres moments sont plongés dans le noir
intégral, ce qui, outre une économie indéniable pour le budget du film, permet un travail sonore intéressant et une immersion efficace du public dans l’expérience de claustration…

Habile petit film de genre, donc, « Buried » s’essaie également, avec un peu moins de talent cependant, à la saillie politique façon charge anti-américaine « c’est pas bien d’avoir fait la guerre
aux Iraquiens »… C’est juste et recevable, bien sûr, mais c’est amené d’une façon assez grossière, avec une psychologie à la hache : l'"innocent" américain et le "terroriste" iraquien se
renvoient dos à dos la responsabilité du conflit entre leurs nations. On préfère nettement la petite moquerie de l’esprit très procédurier des Américains, à travers le cynisme de l'employeur de
Paul, qui le vire dans sa terrible situation afin de se dégager de toute responsabilité vis à vis de son sort et afin d’éviter de verser l’argent de l’assurance à sa famille… Ca ou encore le
suspense presque clownesque de l’ultime séquence prouve en outre que le cinéaste ne manque pas d’humour, et c’est tant mieux !































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7 commentaires:

  1. Tu confirmes mes craintes, un film concept sans profondeur...

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  2. Voilà un avis un peu rosse. En dehors du tour de force technique et narratif (qui il faut le souligner une fois de plus, est toujours très soigné et ne cède jamais, le concept aidant, aux
    facilités de la bougeotte très à la mode en ce moment), je trouve au contraire que son approche de la situation de la guerre en Irak (et plus largement la condition des otages sur tous les points
    chauds de la planète) adopte un point de vue pour le coup très éloquent. Eloquent parce qu'il place tout un chacun au côté de Paul (on ne peut faire plus proximal), un type ordinaire qui n'a
    rien demandé à personne et qui se trouve otage d'enjeux qu'il ne maîtrise pas. C'est un point de vue qui ramène l'existence de tout un chacun à sa juste dimension (du fond de son tombeau il
    reproche à son interlocuteur américain de ne pas se soucier de lui autant que s'il s'agissait d'un diplomate kidnappé), qu'elle soit politique ou économique d'ailleurs. A sa juste valeur aussi
    (cinq millions de dollars puis un million de dollars ? quelle différence ça peut bien faire ?). Tout ça tient parfaitement dans la boîte et nous fait traverser son heure et demi sans la
    moindre baisse de régime. Une nouvelle preuve que souvent, au cinéma, avec peu on peut dire beaucoup.

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  3. Oui, ici l'humour agit, sans jeu de mots, comme une vraie bouffée d'air frais dans ce huis clos de dingue. On en parle aussi sur ASBAF : http://www.asbaf.fr/2010/11/buried-irak-vue-du-cercueil.html

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  4. je préfère lire tes critiques quand j'ai déjà vu le flim.


    a l'inverse même si ça me donne souvent envie de me rendre dans les salles obscures, ta tendance à spoiler peut parfois gâcher le plaisr du spectateur cinéphile. on aimerait peut-être nous
    aussi découvrir le film, ses effets, ses surprises...

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  5. j'ai lu de très bonnes critiques un peu partout: très envie de le voir en tout cas !

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  6. Le portrait de l'Irakien terroriste un peu grossier ? Je n'ai pas eu du tout cette sensation, bien au contraire. Pour moi, la bombe de cette année.

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  7. c'est un très chouette exercice de style en tout cas ! :)

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