dimanche 14 novembre 2010

En présence d’un clown, d’Ingmar Bergman (Suède, 1997-2010)



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Note :
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Vous qui rêviez depuis si longtemps d'enculer un clown, vous pouvez désormais remercier le génie bergmanien de l'avoir fait pour vous dans ce que beaucoup ont désigné comme le "film testament" du
maître suédois... Alors bien sûr, le clown en question est un clown blanc funeste, au teint livide et malade, qui vient annoncer la mort au personnage principal, mais aussi très certainement à
Bergman lui-même. On a donc bien compris le message : le cinéaste n'a pas peur de la mort, et même il la baise, il la retourne et la sodomise bien profond ! Et d'ailleurs, on peut aujourd'hui
considérer ironiquement qu'il y est bien parvenu, dans la mesure où, même mort, il parvient encore à sortir des films au cinéma... "En présence d'un clown", œuvre tournée il y a 13 ans pour la
télévision, sort en effet pour la première fois en salles cette année.

Mais pourquoi un "film testament" au fond ? "En présence d'un clown" n'est après tout que l'avant-dernier film de Bergman, son ultime création filmique (à ce jour !) demeurant "Saraband". Bien
sûr, on y voit le thème de la mort étalé comme jamais, débordant à chaque coin de pellicule... Par certains dialogues ou certaines situations, parfois complètement décalés ou carrément triviaux,
on comprend bien que le grand Ingmar s'en moque et veut que nous nous en moquions itou, en nous faisant rire avec ! (Mais de là à dire que le film est une franche comédie, je n'irais quand même
pas jusque-là...) Il est vrai que l'on retrouve également dans ce long métrage clownophile toutes les grandes obsessions et les thématiques principales de l'œuvre de Bergman : réflexions
existentielles sur la vie, la folie, la mort, le temps qui passe, la solitude... jusqu'à une belle représentation de la fusion des arts, dans la mesure où Bergman adapte en réalité une pièce de
théâtre qu'il avait lui-même écrite, et qu'au cinéma et au théâtre ainsi réunis s'ajoute encore la musique, l'intrigue évoquant très directement Franz Schubert et son œuvre. Un phénomène de mise
en abyme vient également s'immiscer, histoire de couronner ce grand tout, puisque le film évoque finalement un autre film en train de se faire (le tout premier film parlant au cinéma !) qui vire
d'ailleurs peu à peu à la pièce de théâtre, suite à divers incidents...

D'où vient pourtant cet immense sentiment de frustration à la vue d'"En présence d'un clown" ? Et l'impression surtout que ce film n'égale en rien les immenses chef-d’œuvres qui émaillent toute
la carrière du gigantesque maître suédois, adulé de tous ! Si l'intrigue reste intéressante, notamment dans sa représentation mi-amère mi-légère de l'absurdité de la vie, au tragi-comique assumé
et aux réminiscences shakespeariennes très clairement revendiquées à travers cette citation de "Macbeth" : "La vie n'est qu'un fantôme errant, un pauvre comédien qui s'agite et se pavane une
heure sur scène et qu'ensuite on n'entend plus", ou cette autre, utilisée par Woody Allen (fan
inconditionnel de Bergman par ailleurs) dans son dernier film
: "C'est une histoire de fou, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne veut rien dire"... Si l'intrigue
reste intéressante, disais-je un peu plus haut, on a pourtant bien du mal à s'y abandonner complètement. Et si "En présence d'un clown" est un film honnête, il n'en demeure pas moins d'une
facture indigne pour un mec de la trempe de Bergman ! De là à dire qu'il est symptomatique de la sénilité, du moins de la sénescence, du maître vieillissant, je m'en abstiendrais, bien évidemment
! (Ah, prétérition chérie !)

Mais peut-être faut-il plus simplement accuser la facture trop « télévisuelle » de l’ensemble ? « En présence d’un clown » fait en effet l’effet d’une production « so cheap » et fauchée, tournée
dans une mauvaise vidéo trop laide ! C’est esthétiquement moche, donc, et surtout très gênant, surtout quand on a en mémoire la beauté des images et des plans purement cinégéniques de certains
autres films majeurs du cinéaste…































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2 commentaires:

  1. vu il y a deux semaines avec Nico (Filmosphere). On ne savais pas si on avait bien compris. C'est lénifiant, long, assez moche. Des trucs m'intriguent (la pièce jouée et tout) mais je n'aime pas
    ce décalage d'un prétendu avant gardiste (il invente le cinéma parlant avant l'heure) et un langage de l'époque de MacBeth justment.


    On se fait franchement chier, c'est obtus. Et je n'arriver pas encore à écrire dessus. mais ta critique va peut-être m'inspirer. je vais encore m'en prendre plein la tronche ^^

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  2. wah, si je t'inspire, je deviens donc ta muse ? ça t'amuse ? ;)


    je vais surveiller tes futures publications avec attention... (enfin, comme d'habitude, quoi !)

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